Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Autodafé en Occident, par Yunna Morits

Je vous invite ci-dessous à lire la biographie de cette poétesse telle que la présente wikipedia c’est-à-dire en insistant sur sa dissidence mais sans pouvoir gommer les faits qui font de cette juive ukrainienne, dissidente une femme profondément soviétique à sa manière et qui a choisi son camp. Sa poésie aujourd’hui témoigne de sa résistance morale et de sa colère contre la russophobie latente et la propagande antirusse comme ce texte. Si nous avons insisté sur cette biographie c’est parce qu’elle va comme nos propres écrits a contrario de toutes les propagandes incultes dont la France est abreuvée. Notre livre à paraître est à sa manière proche de ce cri de ma contemporaine, un texte placé sous le parrainage d’Aragon. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Elena Evseeva

Pendant la Grande Guerre Patriotique, aucune bibliothèque soviétique n’a supprimé Goethe. Aucun orchestre n’a retiré Wagner de son répertoire. Et aujourd’hui la Russie préserve toujours Taras Shevchenko et Lesya Ukrainka.

Personne n’interdit Twain ou Dreiser. Personne ne penserait même à éliminer O. Henry de la bibliothèque. Personne n’annulera jamais William Shakespeare ou Oscar Wilde, bien qu’ils soient tous les deux britanniques

Nous les aimons, nous les aimons et nous l’affirmons. Nous ne les aimons pas à cause de leur nationalité, de leur orientation sexuelle ou de leur attitude envers l’esclavage. Mais pourquoi sont-ils plus précieux que les Britanniques ou les Américains, plus précieux que les adeptes d’une opinion politique particulière ?

Parce qu’il sont au patrimoine mondial. Et au nôtre aussi. En adoptant des exemples de culture mondiale, nous n’appauvrissons pas la nôtre, nous l’enrichissons.

En effaçant Dostoïevski ou Tchaïkovski, l’Occident n’enlève pas tant à la Russie qu’à lui-même. Parce qu’il s’agit du patrimoine mondial apporté par les Américains, les Britanniques, les Russes et les représentants de beaucoup d’autres pays. Tolstoï et Boulgakov se fichent de la façon dont ils sont traités en Occident. Ils ne peuvent pas être rabaissés ou humiliés.

Parce que les immortels se fichent des taches politiques. Vous ne les supprimez pas ; vous supprimez une partie de la grande culture en vous. Et la Russie n’abandonnera jamais Shelley, Villon ou Salinger.

On n’est pas cons.

© Yunna Morits

Iounna Petrovna Morits (russe : Ю́нна Петро́вна Мо́риц ; née le 2 juin 1937 à Kiev) est une poétesse russe contemporaine. Iounna Morits naît en 1937 à Kiev (URSS) dans une famille juive. Ses lointains ancêtres étaient venus d’Espagne, ayant transité par l’Allemagne. Son père, Pinkhas Morits, qui avait une double qualification juridique et en ingénierie des transports, est emprisonné sous Staline à la suite d’une dénonciation calomnieuse ; il deviendra aveugle après sa libération. Sa mère donnait des cours de français, de mathématiques, et a été artisane, infirmière et même bûcheronne. Iounna est atteinte de tuberculose au cours de son enfance, et passe plusieurs années pénibles à Tcheliabinsk dans le sud de l’Oural pendant la Seconde Guerre mondiale. Au cours des années 1950, elle étudie à Moscou, mais est brièvement expulsée du lycée pour ses poèmes critiques envers le système soviétique. Son premier recueil paraît en 1957, et lui vaut une exclusion temporaire de l’Institut de littérature Maxime-Gorki en raison de la position critique de certains de ses poèmes. Quoique recherchant moins la publicité que Evgueni Evtouchenko ou Bella Akhmadoulina, elle figure parmi les poètes soviétiques contestataires connus des années 1960. La publication de ses ouvrages n’est pas autorisée par la censure de 1961 à 1970 : elle figure sur la « liste noire » en raison de son poème En mémoire de Titien Tabidze (« Памяти Тициана Табидзе », 1962). Son mari, critique littéraire, se suicide à la suite de l’invasion de la Tchécoslovaquie en 1968 par les troupes du pacte de Varsovie.
Malgré ce contexte politique, Iounna Morits est davantage une poétesse lyrique que politique. Bien qu’écrites dans la tradition de la poésie classique, ses œuvres peuvent être qualifiées de tout à fait modernes. Elle reconnaît les influences littéraires, d’abord de Pouchkine, puis de Boris Pasternak, Marina Tsvetaïeva, Anna Akhmatova et Ossip Mandelstam, considérant toutefois Andreï Platonov et Thomas Mann comme ses maîtres. Avec Joseph Brodsky, elle est l’un des jeunes poètes favoris d’Anna Akhmatova.

À partir de 1960, elle se fait connaître également en tant que traductrice en russe d’œuvres en diverses langues (ces traductions, commandées par des maisons d’édition soviétiques, employaient souvent un traducteur littéral intermédiaire et un poète). Elle traduit notamment Moïsseï Teïf (ru), Constantin Cavafy et Federico García Lorca. Depuis 1970, après la publication de La Vigne (« Лоза »), elle est considérée par le critique américain Daniel Weissbort comme « l’une des meilleures poétesses actuelles de Russie ». Par la suite, elle attire de nombreux jeunes lecteurs grâce à ses poèmes pour enfants, dont certains acquièrent une audience de masse, interprétés par des chanteurs s’accompagnant à la guitare.

Elle a publié également des nouvelles et plus récemment des œuvres graphiques. Ses poèmes récents, peu traduits à l’étranger, traduisent la souffrance, la colère et la résistance devant la tragédie de l’effondrement moral de la Russie à la chute de l’URSS

« … tous les gens bien, les génies et les cerveaux s’en vont ;

seuls ceux sans talent et les imbéciles restent, comme moi. »
— (1991)

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