Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Tout le monde devra payer : l’Europe a fait un pari mortellement risqué

« Lorsque des pays entiers choisissent de suivre le courant, ils ne vont pas là où ils le souhaitent, mais là où le courant les mène« . Et j’ajouterais, s’il n’y a pas un parti communiste pour nous sortir de ce pétrin, nous sommes mal partis. Un article qui peut nous sembler pessimiste, mais qui est plutôt un avertissement. Encore une fois, et plus que jamais, il faut compter sur nos propres forces (note et traduction de Marianne Dunlop pour histoire et société)

https://ria.ru/20251219/evropa-2063368981.html

Le sommet de l’UE, qui a été pénible (car les décisions prises ont dû être littéralement arrachées au cours de discussions qui ont duré des heures), a mis en évidence la nouvelle situation au sein de l’Union. Par rapport à la phase précédente, des changements positifs sont perceptibles. Il semble que de plus en plus de pays européens soient prêts à accepter la réalité : le pari sur l’écrasement économique et militaro-politique de la Russie a échoué, l’Ukraine (et avec elle l’Occident dans son ensemble) subit une défaite militaire, la stratégie choisie s’est soldée par de lourdes pertes socio-économiques pour l’Europe et menace d’avoir des conséquences encore plus graves.

C’est précisément grâce à cela qu’on a pu observer récemment un scénario encore inimaginable il y a peu. La liste des pays rebelles qui se sont ouvertement opposés au pillage des actifs russes s’est considérablement allongée, passant à sept. La Belgique, figure clé dans cette affaire, n’a pas cédé à la pression, aux promesses et aux garanties des « faucons », ce qui a eu pour conséquence de suspendre une fois de plus la question de la confiscation. Trois pays d’Europe de l’Est (la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque) ont obtenu le droit de ne pas participer financièrement au plan de soutien à Kiev sous la forme d’un « crédit de réparation » de 90 milliards d’euros sur deux ans. À l’issue de la réunion, Macron a déclaré que tôt ou tard, le moment serait venu de renouer le dialogue avec la Russie. Et en marge du sommet, malgré le mécontentement de Bruxelles, la Norvège a conclu un accord avec Moscou pour renouveler l’accord sur la pêche.

Tout cela est vraiment positif, mais très probablement dénué de sens.

Le pouvoir dans l’Union européenne appartient à une coalition de russophobes militaristes qui ont choisi la voie de la guerre contre la Russie. La bureaucratie bruxelloise et les autorités allemandes jouent le premier rôle dans cette coalition, activement soutenues par le Royaume-Uni, qui ne fait plus partie de l’UE. Cette alliance dispose de leviers de pression très importants sur tous les membres de la communauté.

Le maintien de la discipline dans les rangs européens est si strict que seules des circonstances tout à fait exceptionnelles peuvent provoquer une révolte à bord du navire. Il semble que dans le cas présent, ce ne soit pas tant le vol de l’argent russe qui ait été à l’origine de cette situation, mais plutôt la prise de conscience par les autorités des pays concernés que Bruxelles, Berlin et Londres poussent littéralement l’Europe vers une catastrophe, tant sur le plan socio-économique que militaro-politique (voire nucléaire).

Néanmoins, même de telles perspectives n’ont pas donné lieu à une opposition totale à cette politique suicidaire. Il s’agit tout au plus d’un sabotage ponctuel des décisions les plus critiques. Certains pays européens (même si leur nombre a légèrement augmenté) espèrent sortir du trou qu’ils ont eux-mêmes creusé en appliquant une tactique que l’on pourrait qualifier de « pacification de l’agresseur », l’agresseur en question étant les dirigeants de l’UE. Leurs efforts conjoints ont permis de torpiller le développement le plus dangereux des événements (la confiscation des actifs), mais en guise de « compensation », presque tous ont accepté de faire peser sur leurs budgets nationaux, déjà au bord de la rupture, une lourde charge financière pour soutenir Kiev pendant deux ans.

À cet égard, le comportement du Premier ministre belge est très révélateur : De Wever s’est opposé avec véhémence au vol de l’argent russe, mais a activement soutenu l’octroi d’un crédit et s’est répandu en louanges devant la presse dans une rhétorique anti-russe et pro-Kiev. Son désir d’apaiser le ressentiment des « faucons » européens pour leurs plans contrariés était évident. D’autres « frondeurs » se comportent de manière similaire.

Les motivations des parties sont tout à fait transparentes. Bruxelles, Berlin et leur groupe de soutien espèrent que grâce à l’aide allouée, Kiev tiendra encore quelques années, jusqu’à ce que l’Europe renforce son pouvoir militaire, ce à quoi elle s’emploie activement actuellement, et soit prête à entrer elle-même en guerre contre la Russie. Leurs adversaires espèrent quant à eux que le conflit ukrainien prendra fin avant que ces plans ne se concrétisent : peut-être que Trump finira par imposer la conclusion d’un accord de paix, ou que le front des forces armées ukrainiennes s’effondrera, ou qu’un coup d’État aura lieu à Kiev, plongeant l’Ukraine dans le chaos d’une guerre civile, ou qu’un autre événement spectaculaire se produira. En somme, ils vivent dans l’espoir d’une évolution des événements qui anéantirait d’elle-même les intentions des dirigeants militaristes de l’UE.

L’espoir est un sentiment positif, mais en politique, il est très dangereux. Lorsque des pays entiers choisissent de suivre le courant, ils ne vont pas là où ils le souhaitent, mais là où le courant les mène. Et dans le cas présent, le courant pour l’Europe est tracé par von der Leyen, Merz, Starmer et d’autres « faucons » aveuglés par le militarisme et la russophobie, qui croient sincèrement que cette fois-ci, ils ont une chance de résoudre les problèmes de la région grâce à la guerre sur le front oriental. Et lorsque la stratégie qu’ils ont choisie aboutira à son résultat logique, similaire aux précédents, ce ne sera pas seulement eux qui devront en répondre, mais tous les Européens.

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1 Commentaire

  • Xuan
    Xuan

    L’article ne tire pas toutes les conclusions des contradictions matérielles qui divisent L’UE.
    En particulier « C’est précisément grâce à cela qu’on a pu observer récemment un scénario encore inimaginable il y a peu. La liste des pays rebelles qui se sont ouvertement opposés au pillage des actifs russes s’est considérablement allongée, passant à sept. »
    Il s’agit d’un processus en cours déterminé par la réalité de la guerre et par les intérêts opposés au sein de L’UE.
    Cette contradiction ne peut que s’accentuer.

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