Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

L’unité dont nous avons besoin aujourd’hui est celle de ceux qui discutent fortement, mais qui avancent ensemble

Beaucoup de leçons à tirer pour nous communistes français de ce discours exemplaire. Mais aussi l’urgence de développer la solidarité avec Cuba, au moment où les Etats-Unis ne se retirent du bourbier ukrainien que pour mieux accabler leurs voisins d’Amérique latine (note de Marianne Dunlop et traduction de Danielle Bleitrach)

Discours prononcé par Miguel Mario Diaz-Canel Bermudez, Premier secrétaire du Comité central du Parti communiste cubain et président de la République à la clôture du 11e Plénum du Comité central du Parti communiste de Cuba, au Palais de la Révolution, le 13 décembre 2025, « Année 67 de la Révolution »

Auteur: Miguel Diaz-Canel Bermudez | internet@granma.cu

15 décembre 2025

Cuba
Photo: présidence cubaine, Profil Facebook de la

(Traduction de la version sténographique de la présidence de la République)

Chers camarades, membres du Comité central du Parti et invités,

Nous avons eu un Plénum intense en dépit de sa brièveté. La situation du pays l’impose, laquelle a besoin des transformations urgentes, qui ne doivent pas être seulement économiques et structurelles, mais qui exigent également un changement de mentalité quant aux formes et aux méthodes de travail du Parti.

En une seule journée de réunion, nous avons mené des débats approfondis, critiques et, surtout, responsables, en tirant parti des possibilités offertes par la technologie, afin d’éviter des déplacements coûteux de personnel, sans que personne ne soit laissé de côté ; mais à mon avis, le plus grand bénéfice réside dans la qualité des discussions, dans cette manière qualitativement supérieure d’aborder les problèmes lorsqu’on les suit de près grâce à une connexion plus fréquente et plus systématique avec le peuple.

Même la technologie la plus avancée ne saurait surpasser la valeur du contact humain. Nos tâches les plus importantes et les plus urgentes se trouvent sur le terrain, dans les quartiers, les conseils populaires, les municipalités, les provinces, l’oreille au sol et le pied à l’étrier, comme nous l’a si souvent rappelé le général d’armée [Raul Castro].

De ce lien indispensable avec le peuple, source des forces qui soutiennent la Révolution, jaillissent les solutions aux problèmes les plus pressants, c’est cela que nous avons appris à l’école de Fidel.

Ce Parti n’est pas un Parti d’élite, c’est un Parti de masse. Nous ne pouvons pas diriger à partir de rapports, nous avons l’obligation et le devoir de diriger avec le peuple, en regardant les problèmes en face et en profondeur, et en les affrontant avec la participation populaire la plus large possible. Ce n’est qu’à partir d’une perspective collective et engagée que nous pouvons évaluer sereinement les données difficiles du comportement de l’économie au cours des derniers mois, caractérisé par une persécution financière, pétrolière et de toutes sortes contre Cuba.

Il serait surprenant d’avoir des données positives dans une économie traquée avec brutalité et encerclée par la première puissance mondiale, à une époque où même les marchés les plus dynamiques ne sont pas à l’abri de l’incertitude générée par le désordre économique international actuel. Abordons donc directement et sans euphémismes les impacts de ce blocus sur l’économie cubaine au terme d’une autre année difficile.

À la fin du troisième trimestre, le PIB a diminué de plus de 4 %, l’inflation a explosé, l’économie est partiellement paralysée, la production thermique est critique, les prix restent élevés, les livraisons des denrées alimentaires du panier réglementé ne sont pas respectées et les productions agricoles et de l’industrie alimentaire ne satisfont pas les besoins de la population. À tout cela s’ajoutent les pertes coûteuses causées par le passage dévastateur de l’ouragan Melissa.

Cette situation, sans aucun doute critique, exige une intervention opportune et systématique des dirigeants et des cadres afin qu’ils abordent les principaux problèmes avec la population, en évaluant les décisions et les perspectives, un fait qui confirme la reconnaissance de l’autorité des institutions et, en particulier, des représentants du Parti et du gouvernement à tous les niveaux.

Cette certitude ne peut toutefois pas nous soustraire au mécontentement général face à tout ce qui fonctionne mal ou ne fonctionne pas, alors que de partout émergent des critiques à l’égard de l’excès de réunions qui « ne résolvent rien » et de l’inégalité croissante entre de petits groupes de population dont tous les problèmes semblent résolus, certains se vantant même de leur statut économique, tandis que la majorité ne parvient pas à satisfaire pleinement certains besoins fondamentaux.

Cette situation, provoquée en premier lieu par six décennies de harcèlement économique extérieur, est considérée comme un nouveau scénario de : « c’est maintenant ou jamais » par l’ennemi historique de la nation cubaine et les héritiers de l’exil qui ont fait fortune grâce à l’industrie de la contre-révolution et n’ont jamais cessé de rêver d’une autre Cuba soumise et dépendante, clouée comme une étoile de plus sur le drapeau étasunien.

Ce cauchemar mercenaire frustré alimente le renouveau de la détermination impériale d’étouffer la Révolution cubaine en appliquant une politique de pression maximale, d’usure, à coups de mesures coercitives qui limitent sensiblement notre champ d’action, freinent nos rêves et nos efforts pour atteindre la prospérité méritée, tout en violant les droits humains les plus élémentaires du peuple cubain par une agression systématique, soutenue par une lâche campagne d’intoxication médiatique calomnieuse.

Le combat est dur, long et inégal. La règle de l’ennemi est qu’il n’y a pas de règles. Les lois internationales, les engagements en faveur de la paix et du développement sont resté lettres mortes pour l’empire et ses acolytes. Nous l’avons vu à Gaza et nous le voyons aujourd’hui contre le Venezuela. La fin justifie les moyens, semblent-ils nous dire chaque fois qu’ils agissent au nom de la loi illégale du plus fort, même si les représentants du fascisme du 21e siècle ne prennent même pas la peine de l’expliquer.

Au cas où il subsisterait des doutes, en ce mois de novembre chargé de menaces et de dangers, l’empire a de nouveau manqué de respect à la communauté internationale – ou ce qu’il en reste – avec sa nouvelle stratégie de Sécurité nationale, somme grossière de la doctrine Monroe et du corollaire Roosevelt sans fard.

Que faire ? La question classique de Lénine continue d’inclure la réponse : faire, agir, transformer. Plan contre plan, dirait José Marti. Et aussi Fidel, qui nous a clairement appelés à « … nous émanciper par nous-mêmes et par nos propres efforts… », en défiant les puissantes forces dominantes à l’intérieur et à l’extérieur de la sphère sociale et nationale, en défendant les valeurs auxquelles nous croyons au prix de n’importe quel sacrifice.

Ce qui est révolutionnaire, ce sera toujours d’agir et de le faire en mobilisant forces et talent avec des objectifs clairs, en connectant intérêts et demandes du pays à l’utilisation maximale des maigres ressources dont nous disposons.

Ce qui est révolutionnaire, c’est de se lever chaque jour, prêts à affronter avec énergie la négligence et l’offense, l’agression extérieure et les situations complexes qui assaillent les économies de pays comme le nôtre, qui ont été dépouillés de leurs ressources et de leurs droits plus d’une fois, et l’encerclement spécialement conçu pour châtier Cuba, la rebelle pour son audacieuse prétention à rester libre, indépendante et souveraine à quelques milles de l’empire.

Ce qui est révolutionnaire, c’est de continuer à promouvoir et à stimuler la participation et le contrôle populaires, en mettant en avant et en diffusant les expériences édifiantes dont des Cubaines et des Cubains sont les principaux acteurs, individuellement ou collectivement, non pas un jour, mais tous les jours. Ce qui est juste, c’est d’exiger sans relâche que les institutions apportent des réponses efficaces et opportunes, qu’elles soient sensibles aux demandes des citoyens et que les fonctionnaires agissent en tant que tels.

Et il s’agit surtout d’aller là où nos compatriotes vivent, travaillent et étudient, et même là où ils ne le font pas, pour écouter et apprendre de ceux qui font face quotidiennement aux plus grandes difficultés, et c’est aussi pour informer, expliquer, argumenter, orienter, débloquer, aider à organiser et à promouvoir des actions qui leur permettront de relever les défis actuels, non pas comme une mésaventure, mais comme une occasion de résoudre collectivement ce qui peut l’être avec leurs propres forces et ressources.

Nous ne pouvons pas oublier un seul instant que dans les conditions actuelles, la paralysie de nombreuses activités due aux longues heures de coupure d’électricité causées par le manque de combustibles, de lubrifiants et d’entretien des centrales thermiques, bouleverse complètement la vie quotidienne, génère de l’incertitude et accentue les sentiments de désespoir, qui peuvent parfois être inversés simplement grâce à des informations indispensables et opportunes, par un mot d’encouragement et de remerciement pour tout ce qu’ils font avec si peu.

Je l’ai confirmé lors de mes visites dans les municipalités, l’expérience la plus enrichissante du travail politique, celle qui nous dévoile le corps et l’âme du peuple cubain, celle que je ne supprimerais jamais de mon programme hebdomadaire, car elle m’a permis d’atteindre les coins les plus reculés du pays, de rencontrer des compatriotes incroyables qui apportent des solutions là où d’autres ne voient que des problèmes, et de confirmer avec eux la vitalité de la Révolution là où la résistance exige le plus de créativité.

Il y a de la pauvreté à Cuba, répètent chaque jour les médias créés par ceux-là mêmes qui applaudissent le blocus et les mesures d’étranglement. En effet, il y a un énorme manque matériel à Cuba, généré par la politique génocidaire qui rémunère généreusement ceux qui se réjouissent de cette pauvreté. Personne ne peut s’en satisfaire et nous travaillerons sans relâche pour la prospérité que mérite ce peuple.

Mais à côté de cette pauvreté que l’ennemi de cette nation héroïque aime tant voir, il existe une autre réalité que la haine ne leur permet pas de voir : un peuple créatif et travailleur qui ne se rend pas, et il y a des dizaines, des centaines de projets personnels et collectifs qui « défrichent la montagne à mains nues et avec un cœur dans le poing », comme le chantait l’inoubliable Vicente Feliu dans sa chanson A los que luchan toda la vida (À ceux qui luttent toute leur vie).

Ces années difficiles nous montrent clairement les femmes et les hommes qui, chaque jour, se proposent de grandir et d’améliorer le pays, sans attendre d’autre récompense que le résultat de leur travail transformé en progrès. En revanche, il y a ceux qui profitent des besoins et des insuffisances, ceux qui entravent le chemin et retardent les progrès, et d’autres capables de vendre la nation qui les a un jour élevés aux plus hautes instances.

Je me souvenais ces jours-ci de Fidel, et je cite : « L’ennemi connaît très bien les faiblesses des êtres humains dans sa recherche d’espions et de traîtres, mais il ignore l’autre face de la médaille : l’énorme capacité de l’être humain au sacrifice conscient et à l’héroïsme ».

Fidel disait également lors d’une cérémonie de clôture du congrès métallurgique, le 6 juillet 1960 : « Parce qu’une révolution n’est rien d’autre qu’une grande bataille entre les intérêts du peuple et les intérêts contraires au peuple […] elle nous apprend qui sont les hommes et les femmes qui servent, et qui sont ceux qui ne servent pas ; ceux qui ne servent même pas à fertiliser leur terre avec leur sang et leur vie ; elle nous montre lesquels sont faits d’une étoffe humaine, lesquels sont faits d’une étoffe noble et généreuse ; et lesquels sont faits d’égoïsme, d’ambition, de déloyauté, de trahison ou de lâcheté […]

« Dans une révolution, tout le monde doit ôter son masque ; dans une révolution, les petits autels s’effondrent : ceux qui ont essayé de vivre en trompant les autres, ceux qui ont essayé de vivre en se faisant passer pour des vertueux ou des personnes honnêtes, ou en se faisant passer pour des patriotes, ou en se faisant passer pour des courageux. C’est ce que nous enseigne la Révolution […] elle nous enseigne qui sont les vrais patriotes […] et d’où viennent les grands traîtres ».

Je ne pense pas qu’il existe de phrases plus exactes pour décrire les agissements d’Alejandro Gil, dont l’affaire infâme nous oblige à tirer des leçons et des enseignements, en précisant tout d’abord que la Révolution a une tolérance zéro envers ce type de comportement.

Camarades,

La nouvelle stratégie de Sécurité nationale des États-Unis, un mélange, comme je l’ai déjà dit, de la doctrine Monroe et du corollaire Roosevelt, avec un nouveau corollaire, celui de Trump, promet de ramener le monde aux temps sombres du fascisme hitlérien, avec des accents de la conquête sauvage de l’Ouest étasunien et à des pratiques de corsaires et de pirates qui avaient donné une triste renommée à la mer des Caraïbes à l’époque coloniale.

Dans un affront sans précédent aux normes internationales, comme aux temps de Drake et Morgan, Donald Trump vient de lancer ses pirates sur un pétrolier vénézuélien, s’emparant sans vergogne de la cargaison, comme un vulgaire voleur. Il s’agit du dernier épisode d’une série alarmante d’attaques contre de petits bateaux et d’exécutions extrajudiciaires de plus de quatre-vingts personnes, sur la base d’accusations jamais prouvées et dans le cadre d’un déploiement militaire menaçant sans précédent dans une région déclarée « Zone de paix ».

La Révolution bolivarienne est la cible principale du déploiement actuel et menaçant des navires militaires étasuniens dans ce qu’ils entendent continuer à utiliser comme arrière-cour pour leurs méfaits. Malgré les nombreuses manifestations à l’intérieur et à l’extérieur de leur pays contre les plans de guerre dans la région, le locataire de la Maison Blanche, son secrétaire d’État et son secrétaire à la Guerre ne se cachent pas pour menacer le Venezuela et tout autre gouvernement qu’ils considèrent comme hostile.

Cuba dénonce et condamne ce retour à la politique des canonnières, cette diplomatie menaçante, ce vol scandaleux, un de plus dans la longue liste des pillages des biens de l’État vénézuélien, cette ingérence inacceptable dans les affaires intérieures d’une nation qui a marqué le chemin de l’indépendance de Notre Amérique.

Nous ne sommes pas seuls au monde. L’immense soutien de la communauté internationale nous l’a démontré en votant en faveur de la Résolution cubaine contre le blocus à l’Assemblée générale des Nations unies, déjouant ainsi la campagne agressive et inédite de pressions, de chantage et de coercition exercée par le gouvernement des États-Unis pour éviter que ne se répète la condamnation internationale de la politique génocidaire du blocus économique, financier et commercial exercé contre le peuple cubain, laquelle s’est intensifiée à l’heure actuelle.

Nous continuerons à dénoncer le blocus génocidaire et à mobiliser la solidarité internationale. Dans le même temps, nous travaillerons activement à diversifier les relations économiques et commerciales et à renforcer l’intégration avec les nations sœurs d’Amérique latine et des Caraïbes, aujourd’hui gravement menacées d’agression.

Camarades,

L’impact de l’ouragan Melissa et d’autres événements naturels a été largement discuté, reconnaissant la capacité de résistance et de solidarité du peuple. Cette analyse doit nous servir à relever le défi que représente notre rôle en tant que cadres et dirigeants du Parti.

Tout comme nous avons agi alors, en évitant la perte de vies humaines, héroïquement, agissons chaque jour avec la discipline, la rigueur et le courage dont ont fait preuve les combattants et les équipes de direction des Forces armées révolutionnaires et du ministère de l’Intérieur, que nous remercions une fois de plus pour leur héroïsme et leur exemple.

J’étends cette reconnaissance au comportement discipliné, conscient et coopératif du peuple cubain, de ceux qui ont tout perdu et n’ont pas baissé les bras ; ils ne se sont pas assis pour pleurer au bord des chemins inondés, et ils ont été une force déterminante dans la reconstruction de leurs lieux de résidence.

Les dégâts ont été dévastateurs, mais je ne les détaillerai pas pour ne pas trop m’étendre. Je ne détaillerai pas non plus les progrès réalisés dans la reconstruction des provinces de l’est du pays. Je dirai seulement que dès la première minute, après le passage de Melissa, j’ai été convaincu que nous allions surmonter cette épreuve, malgré les conditions difficiles dans lesquelles se trouve le pays. Et cette certitude s’est toujours confirmée par la qualité des troupes qui ont pris la tête de cette tâche difficile : les camarades de la direction du Parti et du gouvernement de la nation qui ont travaillé côte à côte, main dans la main avec les présidentes et les présidents des Conseils de défense des provinces, des municipalités et des zones de défense.

Je sais que dans le feu de batailles aussi intenses, il n’y a pas de temps de tenir des journaux et de prendre des notes, mais j’espère que chacun pourra prendre quelques heures pour reconstituer des moments et des actions qui seront utiles à l’avenir. Nous devons reconstituer les expériences afin de mettre à jour les plans de réduction des risques en cas de catastrophe. L’école cubaine de gestion des catastrophes doit continuer à montrer l’exemple et à donner le ton dans ces missions, ainsi que dans la formation de tous aux menaces futures posées par le changement climatique.

Je profite de l’occasion pour remercier, au nom du Parti, du gouvernement et du peuple cubains, la solidarité nationale et internationale qui soutient la reconstruction des zones les plus touchées.

Camarades,

En raison de son importance immédiate, à moyen et à long terme, je dois évoquer, bien que brièvement, le Programme du gouvernement visant à corriger les distorsions et à relancer l’économie, dont la discussion populaire revêt une importance particulière en ce moment. Je ne m’attarderai pas sur les discussions qui ont eu lieu, mais je dois confirmer certaines considérations que j’estime importantes afin que les propositions de ce Programme débouchent sur des résultats concrets.

Corriger les distorsions et relancer l’économie n’est pas un slogan, c’est une bataille concrète pour la stabilité de la vie quotidienne, pour que les salaires soient suffisants, pour que les aliments ne manquent pas sur la table, pour que les coupures d’électricité cessent, pour que les transports reprennent, pour que les écoles, les hôpitaux et les services de base fonctionnent avec la qualité que nous méritons. Nous avons débattu avec franchise, sans triomphalisme, et nous avons défendu un programme économique qui s’attaque à la racine des problèmes et engage chaque organisme, chaque territoire et chaque cadre.

Nous assumons la nécessité impérieuse d’avancer vers la stabilité macroéconomique. Cela implique de mettre de l’ordre dans les comptes, de lutter contre l’inflation, d’ajuster le Budget pour protéger ceux qui en ont le plus besoin et de résoudre la question complexe du taux de change. Ces décisions ne sont ni faciles ni populaires, mais un Parti responsable ne mise pas sur la facilité, mais sur la solution définitive du problème. La tâche consiste à combiner rigueur économique et justice sociale, et seule la Révolution socialiste peut garantir cette combinaison.

Nous avons placé la production alimentaire au centre des priorités nationales. Une agriculture forte, avec des enchaînements locaux, un soutien aux producteurs et moins d’obstacles à leur gestion, doit changer le panorama. Des directives ont été adoptées pour éliminer les obstacles, améliorer les mécanismes de collecte et de commercialisation, stimuler l’effort productif et mieux accompagner ceux qui travaillent la terre.

Nous avons également réaffirmé le rôle décisif de l’entreprise d’État socialiste, appelée à démontrer dans la réalité son efficience, sa discipline et sa capacité d’innovation. L’autonomie que nous défendons vise à produire davantage, afin de mieux servir le pays, à mettre en œuvre des enchaînements productifs avec le secteur non étatique sans perdre son essence socialiste. Le message est clair : le directeur d’une entreprise d’État doit sentir que chaque peso, chaque ressource, chaque décision est un engagement envers le peuple et non un espace de privilèges.

Nous sommes d’accord sur le fait que sans efficience économique, il n’y a pas de souveraineté possible. Il est donc indispensable de faire un bond en avant dans la gestion des entreprises d’État. Leur autonomie sera élargie, mais aussi leur responsabilité vis-à-vis des résultats. Les OSDE [entreprises appartenant au Système des entreprises d’État cubain] doivent cesser d’être des structures administratives pour devenir de véritables moteurs de développement.

Nous entendons également renforcer, de manière ordonnée et contrôlée, la contribution indéniable des micro, petites et moyennes entreprises [mipypes à Cuba] et des coopératives non agricoles en tant qu’acteurs nécessaires à la dynamisation de la production nationale. Nous travaillerons à leur meilleure intégration dans le secteur étatique. Débloquer de manière énergique et stratégique les investissements étrangers, dans le but d’identifier et d’éliminer les formalités inutiles qui font fuir les capitaux. La priorité, comme il a été annoncé, est accordée aux projets visant à produire des denrées alimentaires, de l’énergie et des devises.

Avancer avec détermination dans la correction des distorsions monétaires, en protégeant toujours les plus vulnérables. Quant à l’unification du taux de change, c’est un objectif incontournable pour la santé économique du pays, que nous devons atteindre progressivement.

J’ai commenté sans trop entrer dans les détails certaines idées. Nous devons consacrer des heures d’analyse et de discussion à la version finale du Plan, en y incluant la consultation indispensable des travailleurs. Nous pensons qu’il en ressortira des propositions audacieuses sur l’exploitation des potentialités et des réserves afin d’aboutir à un Plan davantage axé sur la nécessité urgente de résoudre la situation actuelle du pays.

Nous avons également débattu du Budget de l’État et des priorités d’investissement, des stratégies pour lutter contre l’inflation, du déficit budgétaire, de l’impact du blocus, ainsi que de la crise sanitaire due à l’arbovirose et d’autres problèmes de santé publique.

Un autre axe de nos discussions est la transition énergétique. Cuba doit avancer avec détermination vers un système énergétique plus propre, plus souverain et plus efficient. Mais nous avons clairement indiqué que nous ne voulons pas d’une transition qui laisse pour compte des territoires, des travailleurs ou des familles. Nous voulons et devons promouvoir une transition énergétique juste, qui crée des emplois, dynamise les économies locales et ouvre des opportunités à des techniciens, des ingénieurs, des ouvriers et des communautés.

C’est pourquoi le Plénum a soutenu la priorité accordée aux investissements dans les énergies renouvelables, à l’expansion de l’énergie solaire et éolienne, à une utilisation plus intelligente de la biomasse et aux programmes d’efficience énergétique dans les foyers, les entreprises et les services. Chaque panneau solaire installé, chaque circuit modernisé, chaque équipement efficient qui se généralisera doit également être considéré comme une nouvelle opportunité d’emploi, de formation, de chaîne de production. Nous avons insisté pour que les projets énergétiques incluent des composantes d’emploi local, de formation sur le poste de travail et de participation des communautés. La bataille pour l’énergie est aussi une bataille pour la justice territoriale.

Ce Plénum vise à donner la priorité aux municipalités les plus touchées par les coupures d’électricité, la vulnérabilité climatique et le manque d’infrastructures. C’est là que doivent d’abord être concentrés les investissements, les programmes sociaux et la participation populaire, afin de prouver que la Révolution n’abandonne personne et que nous ne considérons pas la transition énergétique comme un privilège, mais comme un droit.

Quant au développement social, il reste au cœur du projet. Il n’y a pas de Révolution possible sans justice sociale. Nous réaffirmons que, malgré les restrictions, la santé et l’éducation resteront gratuites et de qualité pour tous.

Aujourd’hui, nous quittons cette salle avec des accords concrets, des tâches précises et, le plus important, un plan d’action unifié pour relever les énormes défis qui nous attendent.

Camarades,

En examinant la mise en œuvre des accords des plénums précédentes, nous avons reconnu des progrès accomplis, mais aussi, en toute franchise, identifié des insuffisances, des lenteurs et des obstacles ; la bureaucratie, le formalisme et l’inertie continuent de freiner de manière inacceptable la volonté du Parti et les besoins du peuple. Ici même, il a été clairement dit qu’il fallait changer tout ce qui devait être changé, et cela sera fait. Nous avons proposé et adopté des concepts de travail, des priorités et des actions. Il nous appartient maintenant de mettre en œuvre, de travailler et de respecter nos engagements. Les mécanismes de contrôle seront renforcés et la reddition de comptes sera approfondie et systématique.

Une fois de plus, je porte un regard responsable et optimiste vers la jeunesse cubaine. La jeunesse cubaine ne bénéficie pas seulement des politiques sociales, elle est aussi l’actrice principale de la transformation. C’est pourquoi le 11e Plénum a donné pour orientation à chaque province et municipalité de travailler avec les organisations de jeunesse et d’étudiants à l’élaboration de plans spécifiques pour l’insertion professionnelle des jeunes, pour l’accompagnement de ceux qui ne sont ni étudiants ni travailleurs et pour le développement d’initiatives productives et sociales qui canalisent la créativité et la responsabilité des nouvelles générations. Nous ne nous résignons pas à voir le talent des jeunes se perdre et à ce que la migration continue d’être un projet de vie. La Révolution est née comme un projet de jeunesse et ne pourra se poursuivre que si les jeunes la ressentent et se l’approprient.

Au sujet du travail du Parti, nous avons procédé à un bilan sévère des actions entreprises. Il s’agit de renforcer l’unité politique et le rôle du Parti dans la conduite du pays, des provinces, des municipalités, des institutions et des communautés, en accordant la priorité aux combats économiques, idéologiques et communicationnels que nous sommes appelés à mener chaque jour.

La confiance du peuple dans ses institutions se construit par des faits, des résultats tangibles et une sensibilité à l’égard des besoins quotidiens. L’action coordonnée pour faire face à l’ouragan Melissa est la meilleure preuve de tout ce que nous pouvons accomplir grâce à l’organisation, la discipline et l’unité.

Le déroulement même de ce Plénum nous a confirmé à maintes reprises que notre principale force réside dans l’unité. Une unité fondée sur le débat, la critique et la discipline consciente.

Quant à l’intoxication médiatique et à la désinformation, nous savons déjà qu’il n’y a pas de meilleur antidote que la vérité, le travail systématique et l’exemple. En tant qu’engagements pour le présent immédiat, sur la base des débats qui ont eu lieu ici, je mentionne et confirme les suivants :

–          Enrichir et perfectionner le Programme du gouvernement grâce aux résultats de la consultation populaire en cours.

–          Avancer dans la mise en œuvre des mesures économiques adoptées, avec discipline et contrôle.

–          Garantir que le Budget 2026 réponde aux priorités du peuple et à la défense de la Révolution.

–          Renforcer l’attention portée aux territoires touchés par des catastrophes naturelles, en veillant à ce que personne ne soit laissé pour compte.

–          Promouvoir la participation active des jeunes dans toutes les sphères de la vie nationale.

–          Intensifier la bataille idéologique, culturelle et communicationnelle, en défendant la vérité sur Cuba face à la manipulation et à la désinformation.

Camarades,

Nous arrivons au terme de ce 11e Plénum à un moment particulièrement difficile pour la Patrie. Personne n’ignore les tensions économiques, les pénuries matérielles et les pressions extérieures dont souffre notre peuple, mais personne ne peut non plus nier la force morale, la créativité et la capacité de résistance dont la Révolution a fait preuve à maintes reprises. Aujourd’hui, ce Comité central réaffirme que le Parti ne se place pas en marge des problèmes, mais au centre de leur solution, aux côtés du peuple.

Tout ce que nous avons dit et convenu resterait lettre morte si le Parti n’exigeait de pas de lui-même un mode de fonctionnement différent. Les derniers plénums ont été clairs : nous devons lutter contre le formalisme, la routine, la complaisance, l’aveuglement. Nous avons parlé de critique et d’autocritique non pas comme d’un rituel, mais comme d’une méthode de travail. Aujourd’hui, nous confirmons que le Parti unique de la Révolution cubaine doit être plus démocratique dans son fonctionnement interne, plus proche des problèmes réels des gens, plus exigeant envers ses cadres et plus transparent dans ses relations avec la société.

La mise en œuvre des accords de ce 11e Plénum ne dépendra pas uniquement des documents et des résolutions ; elle dépendra du comportement quotidien de chaque militant, de chaque cadre, du fonctionnement de chaque institution sur le terrain, en particulier dans les municipalités ; elle dépendra de la capacité à écouter, pour rectifier, rendre des comptes, dire la vérité, même si elle est douloureuse, et pour mobiliser les réserves morales et productives qui existent, dans le peuple, qui attend un leadership qui les convoque et les accompagne.

Nous ne négligeons pas la fatigue, l’irritation, l’incertitude qui s’est installée dans certains secteurs de la société, conséquence, en premier lieu, de 66 ans de blocus, aujourd’hui renforcé avec un impact notable sur la vie quotidienne, mais aussi résultat d’erreurs et d’insuffisances qui restent à résoudre. Il serait irresponsable de nier cette réalité et d’éluder la part d’autocritique que nous nous devons de faire. Mais il ne sera pas possible d’affronter et de résoudre les problèmes si nous nous laissons vaincre par le découragement. Nous sommes les enfants d’un peuple qui a fait une Révolution à 90 milles de la plus grande puissance impériale du monde et qui l’a défendue avec succès pendant plus de six décennies.

À la clôture de ce 11e Plénum, l’appel est très concret : pour les cadres du Parti et du gouvernement, nous devons tous sortir de cette salle avec un plan réaliste, avec des délais et des responsables pour chaque accord économique adopté, et rendre compte avec transparence de leurs progrès et de leurs obstacles.

Et surtout, l’appel est à l’unité. Une unité consciente, qui se construit sur la vérité, la participation et la confiance mutuelle. L’unité dont nous avons besoin aujourd’hui est celle de ceux qui discutent fortement, mais qui avancent ensemble.

C’est avec cette conviction et une confiance renouvelée dans la capacité démontrée de notre peuple cubain à relever les plus grands défis et dans la force de nos idées que s’achève cette session de travail du 11e Plénum du Comité central du Parti communiste cubain.

Un travail intense nous attend. Que personne ne s’attende à des solutions faciles ou immédiates. C’est un chemin de lutte, de création, de résistance intelligente, car nous avons pour nous la raison, la force morale et un peuple héroïque comme principale source d’inspiration.

En cette année du centenaire du Commandant en chef [Fidel Castro], honorons sa mémoire par un exercice permanent de critique et d’autocritique, non pas pour les erreurs, mais comme une incitation à l’action transformatrice. En changeant tout ce qui doit être changé. En révolutionnant la Révolution, qui est ce que l’on attend de nous, les révolutionnaires.

Avec Fidel, avec Raul, avec notre peuple !

Nous vaincrons !

La Patrie ou la mort !

Le socialisme ou la mort ! (Exclamations : « Nous vaincrons ! »)

(Ovation.)

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