Si dans l’esprit de Trump il s’agit d’une alliance dont les Etats-Unis demeureraient plus ou moins comme ils le sont pour le G7 les suzerains, la formule n’est pas exclue de la part de la Chine et de la Russie comme instance de négociation entre grandes puissances, une nouvelle formule également du Conseil de sécurité dont l’Europe et la France se sont exclues d’elles-mêmes.
Dans les milieux de la sécurité et de la politique étrangère à Washington, on discute de quelque chose qui, jusqu’à récemment, aurait semblé impossible : les États-Unis exploreraient la création d’un nouveau bloc stratégique – la « Core 5 » – composé de la Chine, de la Russie, de l’Inde, du Japon et des États-Unis
Oui : un groupe qui laisse l’Europe dehors et qui remplacerait le G7 comme véritable forum de puissance économique et géopolitique.
Selon des sources citées par les médias américains, l’idée n’a pas surpris plusieurs ex-fonctionnaires qui ont travaillé avec Trump. Pour eux, c’est la conséquence naturelle d’un monde où l’Europe a perdu son influence, les États-Unis ne la considèrent plus indispensable mais nuisible et les puissances émergentes veulent s’asseoir à la grande table.
Trump avait déjà dit en juin, avant le sommet du G7 au Canada, que c’était une « grosse erreur » d’expulser la Russie en 2014. « Ils parlent tout le temps de Moscou, mais la Russie n’est pas à table », a-t-il déclaré.
Pour sa part, Poutine a déclaré qu’il ne voulait pas revenir au G7, un groupement qu’il juge sans pertinence dans l’ordre multipolaire en train de se former.
La proposition de Core 5 n’est pas une alliance amicale. C’est l’architecture du pouvoir d’un monde multipolaire dans lequel chacun reconnait l’état des lieux et pèse déjà pour des orientations dans les discussions mais aussi dans les actions :
– les États-Unis reconnaissent qu’ils ne peuvent contenir simultanément la Chine et la Russie.
– La Chine et la Russie cherchent des mécanismes où l’Occident ne peut bloquer leur programme de développement .
– L’Inde et le Japon sont des acteurs décisifs de l’Indo-Pacifique, pas de simples accompagnateurs de Washington.
Et l’Europe ?
Elle est exclue parce qu’elle n’est plus perçue comme un moteur stratégique mais comme un poids : divisée, dépendante et sans autonomie stratégique, incapable de fait de l’acquérir. Pour les États-Unis, le C5 serait un forum pour gérer les rivalités entre grandes puissances, pas pour inviter Bruxelles à faire des discours moralistes.
Si le Core 5 avance, le G7 deviendra un musée du vieil ordre occidental. Et l’Europe, qui a édicté des règles mondiales pendant des décennies, sera réduite à la spectatrice d’un jeu qu’elle ne contrôle plus.
La stratégie de Trump est plus lisible chaque jour, il veut que le multipolarisme inévitable ne se crée ni à Moscou ni à Pékin : qu’il soit conçu à Washington, dans l’acceptation tacite que le 21e siècle sera un échiquier où les puissances royales négocient entre elles… mais c’est ne pas voir la situation réelle qui est justement le fait que la donne a changé et qu’il n’est pas plus que l’UE maitre du jeu mais que les États-Unis sont encore en situation de ne pas contempler le match des gradins et d’y avoir moins d’importance que des petits pays comme Cuba et tous ceux qui ont la force et le courage d’avoir résisté aux USA et continueront à peser dans la balance.
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