Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Trump affirme que l’Europe est confrontée à la « disparition de sa civilisation ».

ald Trump

Washington publie son document de politique étrangère stratégique, dans lequel il adopte les points de vue de l’extrême droite, impute le déclin supposé de l’UE à l’immigration et relance l’interventionnisme en Amérique latine. C’est du Zemmour pur jus et comme nous l’avions prévu il ne reste plus à nos « élites politico-médiatiques » crétinissimes que le choix du monde multipolaire mais pour cela il faudrait en France faire le ménage au sein de la gauche, du PCF, celui qui censure pour mieux réserver ses publications à Azov et autres saloperies du même tonneau. Nous sommes tombés bien bas au point de laisser les forces conservatrices unies au capital nous présenter une alternative à l’ordre libéral alors qu’elles ne sont que l’autre face de la même médaille. Un danger extrême et dont nul n’a jamais réussi à se débarrasser par son action propre ; il a fallu en libérer de l’extérieur les peuples qui acceptaient une telle dérive. Nous proposons par ailleurs une analyse de ce qui peut au sein de ces forces conservatrices en particulier en Russie rester anti-impérialiste. Nous avons besoin de lucidité et d’actions réfléchies, nourries de théorie, basées sur l’expérimentation. (note et traduction de Danielle Bleitrach)

Le président américain Donald Trump arrive vendredi à Washington pour le tirage au sort de la Coupe du monde.Brian Snyder (REUTERS)

Iker Seisdedos María R. Sahuquillo

Washington / Berlin – décembre 2025 – 13h58 CET

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Le destin tragique d’une Europe prétendument en déclin, assailli par l’immigration et sur le point de perdre son identité de phare de la culture occidentale, est devenu l’une des obsessions les plus tenaces de l’idéologie MAGA ( Make America Great Again ) durant le second mandat de Donald Trump. Cette obsession s’est cristallisée avec la publication, jeudi soir (tôt vendredi matin en Espagne continentale), de la Stratégie de sécurité nationale des États-Unis, un document controversé signé par le président lui-même.

Ce document de 33 pages expose les priorités de la politique étrangère de l’Administration et passe en revue les intérêts américains dans le monde. Concernant l’Europe, il souligne ses « problèmes économiques », mais avertit que ceux-ci sont « éclipsés par une préoccupation plus grande : la perspective très réelle de l’effondrement de sa civilisation » d’ici « vingt ans, voire moins ». Le cas échéant, ajoute le document, il ne sera pas certain que « certains pays européens disposeront encore d’économies et de forces armées suffisamment robustes pour demeurer des alliés fiables » de Washington. « Notre objectif devrait être d’aider l’Europe à infléchir sa trajectoire actuelle », conclut-il.

Cette idée consiste à reprendre les arguments relatifs au déclin du continent, arguments utilisés par les partis d’extrême droite européens, de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) à Vox en Espagne, afin de le déstabiliser. Le texte privilégie explicitement le soutien à ces partis et la « culture d’une résistance à la trajectoire actuelle de l’Europe » de l’intérieur. « Les États-Unis encouragent leurs alliés politiques en Europe à promouvoir ce renouveau de l’esprit [occidental], et l’influence croissante des formations patriotiques européennes est assurément source d’un grand optimisme », ajoute-t-il.

Le texte énumère plusieurs responsables de ce prétendu déclin : « L’Union européenne et d’autres organismes transnationaux qui sapent la liberté politique et la souveraineté, les politiques migratoires qui transforment le continent et créent des conflits, la censure de la liberté d’expression et la répression de l’opposition politique, la baisse des taux de natalité et la perte des identités nationales et de la confiance [des différents pays] en eux-mêmes », déclare le gouvernement des États-Unis.

Ce document, qui expose les priorités, est traditionnellement publié au début de chaque nouvelle administration. Ce qui est sans précédent cette fois-ci, c’est l’agressivité de sa rhétorique. Elle ne vise pas seulement l’Europe : la section consacrée à l’Amérique latine (l’« hémisphère occidental », dans le jargon de Washington) se distingue également par sa rupture avec le statu quo diplomatique et l’histoire récente des relations avec le continent.

« Après des années de négligence, les États-Unis réaffirmeront et appliqueront la doctrine Monroe [qui proclamait l’interventionnisme américain en Amérique latine] pour rétablir leur prééminence », promettent les auteurs du texte, qui évoque un « corollaire Trump » à cette doctrine, nécessaire pour parvenir à « une restauration sensée et énergique de la puissance et des priorités américaines ».

De retour en Europe, le texte reprend les arguments des partis politiques d’extrême droite eurosceptiques. Le mouvement MAGA, et Trump lui-même, ont défendu les objectifs de ces groupes politiques lors d’élections telles que celles en Allemagne et au Royaume-Uni. Les partenaires européens de Washington ont déjà entendu certaines de ces idées en février, lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, où le vice-président américain J.D. Vance a prononcé un discours enflammé et dressé un tableau apocalyptique du Vieux Continent.

JD Vance lors de son discours à Munich, le 14 février.
Le vice-président JD Vance lors de son discours à la conférence de Munich sur la sécurité en février.RONALD WITTEK (EFE)

Ce discours a été un véritable camouflet pour l’Europe de la part de son allié historique et un avertissement clair quant au soutien apporté par Washington aux chevaux de Troie du projet européen : les partis d’extrême droite trumpistes et anti-immigration, tels que celui de Viktor Orbán en Hongrie ou l’AfD. Or, la nouvelle stratégie de sécurité nationale, qui, sans les nommer, qualifie ces groupes de « patriotiques », ne fait que renforcer ce fossé idéologique entre les États-Unis et une Europe fondée sur les valeurs de solidarité, de défense des droits humains et d’un système multilatéral basé sur des règles.

Pour l’UE, c’est aussi la confirmation que le projet européen est de plus en plus menacé. « Je ne pense pas que nous [les pays européens] ayons besoin de suivre les conseils d’un pays ou d’un parti », a affirmé vendredi le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul. Cette nouvelle attaque américaine souligne la dégradation des relations transatlantiques et le rapprochement de l’administration Trump avec la Russie et la rhétorique du Kremlin.

« Ce document traite l’Europe comme une rivale. Il montre que la Maison Blanche fera tout ce qui est en son pouvoir pour diffuser son idéologie », remarque avec inquiétude une source européenne de haut rang, soulignant l’influence des réseaux sociaux et des oligarques de la tech alignés sur Trump et sa croisade contre la réglementation européenne.

Le texte expose les priorités de l’administration Trump vis-à-vis de l’Europe, à laquelle, selon lui, « les États-Unis entretiennent des liens sentimentaux naturels ». Ces priorités comprennent l’ouverture des marchés européens aux biens et services américains et le « rétablissement de la stabilité » au niveau national, notamment dans ses relations avec la Russie, qu’il décrit comme marquées par un « manque de confiance ».

Elle propose d’encourager le continent à assumer « la responsabilité première de sa propre défense » — ce qui peut être interprété comme une référence aux pressions exercées par Washington sur les membres de l’OTAN pour qu’ils augmentent leurs dépenses de défense à 5 % du produit intérieur brut — ou de mettre fin à l’idée que l’Alliance atlantique est « en constante expansion ».

Concernant la guerre en Ukraine, le document avertit que « l’administration Trump se trouve en désaccord avec les responsables européens qui ont des attentes irréalistes quant à cette guerre ».

Deux pages du document font référence à l’Europe.

« Ce document est une feuille de route visant à garantir que les États-Unis demeurent la nation la plus grande et la plus prospère de l’histoire de l’humanité et le berceau de la liberté sur Terre », peut-on lire dans le préambule signé par Trump, qui propose une défense acharnée des principes de l’« Amérique d’abord » . « Dans les années à venir, nous continuerons de développer tous les aspects de notre puissance nationale et de faire de l’Amérique une nation plus sûre, plus riche, plus libre, plus grande et plus puissante que jamais. »

Pour atteindre ces objectifs, le texte fixe les priorités suivantes : mettre fin à « l’ère des migrations de masse » et garantir la « protection des droits et libertés fondamentaux » (« dons de Dieu aux citoyens américains »), ainsi que le « partage des charges [géopolitiques] », car « l’époque où les États-Unis soutenaient l’ordre mondial tout entier comme Atlas est révolue ».

Il préconise également d’instaurer une « paix par la force », de promouvoir la « sécurité économique » et un « commerce équilibré » — grâce aux droits de douane — et de « garantir l’accès aux chaînes d’approvisionnement et aux matières premières essentielles ». « Comme l’affirmait [l’un des Pères fondateurs] Alexander Hamilton aux débuts de notre république », stipule le document, « les États-Unis ne doivent jamais dépendre d’une puissance étrangère pour satisfaire leurs besoins fondamentaux. »

Concernant le Moyen-Orient, l’administration Trump se félicite que « l’époque où [cette région] dominait la politique étrangère américaine, tant dans la planification à long terme que dans son exécution quotidienne, soit révolue, non pas parce qu’elle n’a plus d’importance, mais parce qu’elle n’est plus la source constante de nuisances ou de catastrophes imminentes qu’elle était autrefois. »

Il promet à l’Afrique de cesser de « promouvoir l’idéologie libérale » et de se concentrer sur une vision extractive de la relation, fondée sur « la promotion de relations commerciales mutuellement avantageuses et le passage d’un paradigme d’aide étrangère à un paradigme d’investissement et de croissance capable de tirer parti des abondantes ressources naturelles et du potentiel économique latent ».

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