Il y a un aspect du « conservatisme russe » qui effectivement peut paraitre se concilier avec les efforts de Trump pour offrir aux États-Unis une nouvelle chance hégémonique, c’est de constituer derrière son leader Poutine une caricature de l’URSS en cherchant à la fois à exalter la religion, les valeurs considérées comme traditionnelles pour s’opposer à l’échec patent du « libéralisme » et de construire non pas une dictature du prolétariat mais celle des monopoles nationaux. L’exemple de la réussite chinoise et le partenariat stratégique noué avec celle-ci mais aussi la pression du peuple russe qui repousse la démocratie libérale qui a correspondu au pillage et au drame vécu par la majorité de la population joue également dans ce sens. Il y a encore dans ce « conservatisme » (il faut lire Douguine qui est l’idéologue de ce courant) une dimension anti-impérialiste qui l’oppose à Trump mais pas à Modi. La proposition de Russie unie de retourner à un parti unique patriotique face à l’OTAN derrière Poutine, se heurte à ce qui n’existe pas en Europe et en France, un parti communiste bien ancré dans son histoire et ses buts et moyens, dans la classe ouvrière et les couches populaires, qui a rallié à lui une partie importante des intellectuels académiques et pas seulement médiatiques, et qui refuse une telle confusion, même l’alliance sans pour autant en fait se ranger dans le camp libéral confondu avec la démocratie et le primat des élections (dont comme le note justement le trumpisme, ce camp libéral en pleine déchéance est incapable de respecter les desiderata). La censure qui s’exerce dans le PCF comme dans tous les médias français fait tout pour que ne soit jamais posé premièrement les orientations du leader communiste chinois, les réalisations du socialisme chinois mais aussi la politique et les choix du Parti communiste russe. Au point de désormais aller jusqu’à la dérive ultime soutenir ostensiblement comme le fait l’Humanité le fascisme libéral libertaire du régiment Azov en acceptant directement les production d’une officine marseillaise chargée de diffuser cette merde. On peut me raconter ce qu’on veut la direction du PCF, les communistes qui acceptent de se taire au nom des élections, de l’unité du parti et autres fariboles ne méritent plus de se revendiquer comme tels. (note de danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop)
https://kprf.ru/dep/gosduma/activities/239516.html
Le membre du Présidium, secrétaire du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie (KPRF) et député à la Douma d’État, G.P. Kamnev, a répondu aux questions du correspondant de KPRF.ru.
– Le 2 décembre, lors d’une séance plénière de la Douma, commentant l’intervention de votre collègue de faction S.P. Oboukhov, le président de la Douma, membre du parti Russie unie, Viatcheslav Volodine, a en fait proposé au KPRF de « se rallier » à Russie unie et de ne plus songer à reprendre le pouvoir. Je cite ses propos :
Viacheslav Volodine :
– … Si la Constitution de 1937 était brillante et garantissait l’avenir, pourquoi le pays a-t-il disparu ?
… La Constitution est le fondement de la construction de l’État (le fondement !), elle s’est avérée pourrie, c’est pourquoi tout s’est effondré. Que cela vous plaise ou non, chers collègues, écoutez…
… On ne peut pas vivre dans le passé. Celui qui prend la charrue et regarde en arrière n’est pas fiable, c’est écrit dans les Écritures. C’est pourquoi vous vous retournez tout le temps, vous vous retournez tout le temps. Nous voulons le meilleur, pour le prendre de là-bas et le transposer dans le présent, mais le meilleur…
… Nous apprenons de vos discours, nous en sortons plus forts, car « Russie unie » n’a pas l’intention de prendre et de rendre le pouvoir, car vous l’avez rendu et maintenant vous voulez sans cesse le récupérer. Cela ne marchera pas, le train est parti, il a pris de la vitesse. Il faut donc trouver sa place dans le système politique actuel…
Georgy Kamnev :
– Je tiens à rappeler aux députés du parti « Russie unie » que, selon la Constitution en vigueur, c’est le peuple qui détermine quel pouvoir sera en place dans notre pays. Il n’est donc pas correct de raisonner ainsi : « Russie unie » rendra-t-elle le pouvoir ou non ? Si, lors des élections, les électeurs votent non pas pour « Russie unie », mais pour un autre parti, alors un changement pacifique de pouvoir aura lieu en Russie. Il est grand temps !
Je rappelle les leçons de l’histoire contemporaine de la Russie. Il y a quelques années, il y avait le bloc au pouvoir « Notre maison – la Russie ». Il y avait les forces politiques « La patrie, c’est toute la Russie » et le bloc électoral « L’ours ». Au début, il s’agissait de structures politiques concurrentes, puis elles se sont unies pour former le parti « Russie unie ».
Le KPRF a toujours été un parti politique indépendant, nous n’avons pas l’intention de « nous rallier » à « Russie unie ». Le locomotive du KPRF accélère et avance sur la voie de la victoire. Tout dans ce monde change et évolue vers le progrès.
– Peut-être que « Russie unie » a décidé que le système électoral actuel, avec ses trois jours de vote et son système électronique, leur permettrait de toujours gagner ? Est-ce de là que vient leur certitude qu’ils ne céderont plus jamais le pouvoir à personne ?
– Je ne veux pas croire qu’ils aient raisonné ainsi. Qu’ils prévoient de conserver le pouvoir en recourant à des techniques électorales déloyales et à des méthodes musclées. Je pense que dans ce cas précis, Viatcheslav Volodine parlait d’approches politico-technologiques. Il disait que « Russie unie » se battrait pour le pouvoir exclusivement par des moyens légaux.
Mais si l’on interprète les propos de Viatcheslav Volodine dans un autre contexte, alors il s’agit sans aucun doute d’une approche erronée. Je conseille à tous les politiciens de se référer plus souvent à la Constitution. Il faut se rappeler que les méthodes coercitives pour conserver le pouvoir ont toujours des conséquences néfastes.
– À ce propos, je remarquerai que Viatcheslav Volodine intervient très souvent avec ses commentaires pendant les séances plénières. Est-ce prévu par le règlement de la Douma ?
– Les députés ont déclaré à plusieurs reprises que le règlement de la Douma interdit de tels commentaires. Mais à chaque fois, la réponse est la même : « Si cela ne vous plaît pas, élisez un nouveau président de la Douma ».
– Et personnellement, Viacheslav Volodine vous convient-il à ce poste ?
– Nous, les communistes, aimerions voir un représentant de notre faction à ce poste. Je rappelle que le KPRF a présenté son candidat à ce poste, Dmitri Georgievitch Novikov. J’ai voté pour lui. Je maintiens aujourd’hui encore mon choix.
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