Dans ce texte, des amis allemands de l’ex-RDA mettent à jour comment s’est créée dans un « goutte à goutte » insidieux la négation du rôle libérateur de l’URSS. Le fond, les 27 millions de morts pour en finir avec Hitler et la monstruosité nazie a peu à peu été submergé sous l’accumulation de « témoignages » qui visent à mettre en doute la bienveillance des « héros » par l’accumulation d’anecdotes de minuscules spoliations qui renvoient au « mystère » de l’âme humaine, puis finissent par recouvrir le sens de l’histoire. Il faudrait reprendre la campagne sur la libération supposée des juifs d’URSS voulant rejoindre Israël pour mesurer comment alors qu’il se passait les horreurs du Chili, il y a pu y avoir une offensive idéologique couronnée de succès sur le totalitarisme voire l’antisémitisme soviétique… L’hypothèse est que ce négationnisme est en fait lié à la honte d’avoir survécu dans les conditions atroces de l’occupation, les lâchetés familiales, des peuples entiers qui n’ont été que les résistants de la dernière heure tentent de réécrire une saga domestique qui les absout d’avoir survécu et quand on renonce à l’histoire cela reflue comme les bouches d’un égout pour la nier. Ce genre dans lequel le « témoignage » orienté se substitue à l’Histoire mérite d’être resitué dans un mouvement plus large de post-modernisme et du « psychologisme » dont tous les éléments ne jouent pas dans le même sens suivant l’idéologie dominante qui est celle de la classe dominante comme chacun sait ou devrait savoir. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Il est intéressant de voir que dès que nous parlons de la Seconde Guerre mondiale, en particulier de vrais documents, rapports de bataille et pertes, la même catégorie de commentateurs émerge immédiatement – les anciens citoyens de l’URSS, qui se sont déplacés en Israël ou les Ukrainiens, dont la position anti-soviétique s’est transformée en réflexe. Ce n’est plus une discussion d’histoire, c’est un rituel. Ils ne lisent pas les sources, ne connaissent pas les faits, mais reproduisent automatiquement le même ensemble de combats familiaux à propos des « bons allemands » et de « l’armée rouge maléfique ».
Et ces histoires sont toujours les mêmes anecdotes : l’Allemand n’aurait pas battu mais « donné du chocolat », en revanche l’Armée rouge « a écrasé le village », « a volé une vache », « le soldat soviétique a visé presque tiré ». Ce n’est pas juste un mythe – c’est un moyen pratique de cacher la réalité sous une couche de justification ménagère. Parce que la réalité était différente : les Allemands ont brûlé des villages, pendu des gens à des poteaux télégraphiques, fusillé des enfants, organisé des famines et des raids, et la Wehrmacht était derrière chaque crime en tant que base logistique, équipe et administrative.
Le fait est que « un bon allemand donnant du chocolat » n’est qu’un stratagème psychologique. C’est une tentative de justifier sa propre survie familiale dans un territoire occupé, de couvrir le sentiment de honte ou de peur d’avoir survécu, donc d’effacer ce qui s’est passé vraiment. Ce n’est pas une coïncidence que ces contes se répandent en masse dans les familles qui ont survécu à l’occupation, mais ni dans le mouvement de guérilla, ni dans la résistance, mais dans un état de loyauté forcée envers l’occupant. De telles histoires sont le mécanisme de l’auto-blanchiment doux.
Les hommes de l’Armée Rouge dans ces histoires ne sont pas de vraies personnes, mais de l’autojustification. On leur attribue à ce qui est pratique pour le mythe anti-soviétique : l’impolitesse, « ils ont enlevé une vache », « menacé ». Ceci est fait pour créer un contraste confortable avec les vrais crimes allemands : il a dit : « Les Allemands étaient plus humains. » Ce n’est plus un faux souvenir – c’est une moralité inversée.
Il y a un test simple : aucun de ces conteurs ne se souvient jamais comment leurs « bons Allemands » ont conduit des Juifs dans une grange et brûlé, ou traîné des femmes, ou tiré sur des bébés dans le dos de leur mère. Personne ne se souvient des équipes de sondes, des « droits », de la police d’un village voisin, des listes de ceux qui ont été abattus. Mais le chocolat est toujours avec eux. Parce que le chocolat est un symbole de refus de grandir avant l’histoire.
Au niveau documentaire, tout est établi depuis longtemps : les crimes des occupants ont été enregistrés par des milliers d’actes du CHGK, journaux des parties allemandes, protocoles d’interrogatoire et photographies. Et l’Armée rouge a détruit 80% de la Wehrmacht et libéré l’Europe du même régime, que l’on essaie aujourd’hui de laver avec des blagues domestiques.
Par conséquent, si vous jetez vos émotions, il ne reste plus qu’une chose : ces « histoires larmoyantes » ne sont pas sur la guerre. Ils essaient de réécrire leur propre passé d’une manière qui lui semble plus agréable et plus propre. Mais la réalité historique est une chose têtue. Les chocolats n’annulent pas les chambres à gaz, les fusillades, les camps de concentration et 27 millions de citoyens soviétiques morts.
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