Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le changement d’agenda du G20 ébranle la position monopolistique de l’Occident

Si le développement des forces productives est aujourd’hui l’essentiel parce qu’il confronte à l’essence même des « politiques » à savoir la prise en compte soit du profit, soit des besoins des peuples en matière de développement collectif, collectifs et individuels, objectifs ou subjectifs donc à l’alternative de Rosa Luxembourg « socialisme ou barbarie », le cadre « institutionnel » de la décision et des négociations est important. Le monde multipolaire déjà là est celui de la transformation de ce cadre institutionnel, soit pas la création de nouvelles institutions, soit sous la pression des nouveaux rapports sud-sud la transformation de la forme, des buts et des moyens des institutions existantes. Il est frappant de voir que quand s’opère cette transformation dans le sens du multipolaire, l’Occident, les Etats-Unis et leurs vassaux choisissent la désertion en les déclarant inefficaces et parfois se divisent en tactiques apparemment opposées mais qui ont le même but : la pérennité du système et l’assurance pour ceux qui en bénéficient de demeurer en place. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)

Смена повестки G20 подрывает монопольные позиции Запада :: Автор Игорь Макаров / ВЗГЛЯД

Le dernier sommet du Groupe des Vingt s’est tenu à Johannesburg. Pour la première fois, les dirigeants des États-Unis, de la Chine et de la Russie l’ont simultanément boycotté ; l’ordre du jour du sommet a été largement dominé par les discussions sur l’Ukraine, et le format du G20 continue de faire l’objet de critiques. Emmanuel Macron, par exemple, a déclaré que le G20 pourrait perdre sa raison d’être, car il n’est pas en mesure de répondre aux défis contemporains.

Je pense que la réalité est un peu plus complexe. Le G20 a été conçu comme une plateforme de coordination des politiques économiques des plus grandes puissances mondiales. Il s’est acquitté de cette tâche avec brio en 2009-2010, contribuant largement à atténuer les conséquences de la crise économique mondiale.

Mais ensuite, les conflits ont commencé à s’intensifier dans le monde, l’économie mondiale s’est fragmentée et est entrée dans une ère de sanctions et de guerres commerciales. La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine et les sanctions occidentales contre la Russie ont marqué une situation où certains membres du G20 utilisent ouvertement des leviers économiques pour nuire économiquement à d’autres membres. Dans de telles conditions, l’idée même de coordonner quoi que ce soit semble absurde.

Dans le même temps, les pays en développement, qui président le G20 depuis quatre ans consécutifs, ont pris le dessus. Ils ont logiquement réorienté l’agenda du G20 vers les questions de développement. Cette année a été l’apothéose : la déclaration actuelle des dirigeants est consacrée à environ 100 % aux questions de développement durable. Il existe toutefois de très forts recoupements avec la déclaration du BRICS. On peut même dire que le G20 est devenu un format de communication entre le BRICS et le monde occidental.

Le passage du G20 de la coordination macroéconomique au développement durable est extrêmement inconfortable pour les pays occidentaux. Premièrement, parce qu’il est étroitement lié au débat sur le financement du développement, que l’Occident est justement appelé à fournir. Ensuite, parce que c’est précisément autour de l’agenda du développement durable que s’articulent les revendications du monde en développement, telles que la réforme de l’architecture financière mondiale, la réduction de la dépendance au dollar, le passage à l’open source dans le développement de l’intelligence artificielle, le développement des infrastructures publiques numériques ou la réforme fiscale mondiale. Toutes ces initiatives sapent en fait certaines positions monopolistiques des pays occidentaux. Ils ne veulent pas participer sérieusement à ces discussions, mais ils ne peuvent pas non plus les torpiller. Ils doivent écouter, mais n’ont en fait rien à dire.

D’une certaine manière, c’est là que réside aujourd’hui la valeur du G20. La principale plateforme de dialogue entre les pays en développement et les pays développés élimine chez les premiers l’illusion qu’un tel dialogue est possible. Et pour aller de l’avant, il est nécessaire de se libérer de ses illusions.

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