Ravie de voir que Comaguer au moins a vu ce que j’ai décrit ici le jour du vote sur le blocus de Cuba à l’ONU(1), à savoir derrière le vote d’une écrasante majorité en faveur de Cuba, l’amplification d »une opposition dans laquelle COMAGUER voit la naissance d’une internationale fasciste au cœur de l’occident européen et de l’arrière cour de l’Amérique latine et son officialisation. C’était aussi mon interprétation mais j’y voyais un aspect positif, jusqu’ici le vote était une simple formalité et ceux qui avaient voté (comme la France) appliquaient de fait le blocus et celui-ci devenait toujours plus asphyxiant. On peut donc considérer que si s’officialise cette internationale fasciste c’est parce qu’il existe un camp qui s’élargit qui CONCRÈTEMENT refuse le chantage à la guerre, à l’intervention militaire mais aussi aux sanctions. Tandis que chacun se croit obligé de réciter son catéchisme plein de bons sentiments ou même pour certains de voir un camp de la paix là où il y a simplement repli nationaliste, chauvinisme, qui se transformera le cas échéant en nouveau guerrier par procuration à la mode ukrainienne ou israélienne, il faut bien mesurer que nous sommes devant une tentative de faire face à la réalité du monde multipolaire et de la montée de la Chine. C’est pour cela que à tout cet étalage de bon sentiments j’ai envie parfois de n’opposer que le seul langage que comprennent ces gens-là et même leurs subordonnés, les « vendus » de la presse aux bons sentiments de « gôche » à savoir que l’OTAN se prend une raclée en Ukraine et que les investisseurs mondiaux se méfient du dollar de Donald Trump, ils se tournent de plus en plus vers le yuan chinois. Les données de l’Administration d’État chinoise des changes montrent que les actifs à revenu fixe détenus par les banques à l’extérieur du pays ont plus que doublé au cours de la dernière décennie, passant à 1,5 billion de dollars, les actifs libellés en yuan s’élevant désormais à 484 milliards de dollars (un quadruplement au cours des cinq dernières années). Cela comprend 360 milliards de dollars de prêts et de dépôts, contre seulement 110 milliards de dollars en 2020. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Sans tapage, sans communiqué de presse, la création de l’internationale fasciste a été officialisée à l’Assemblée Générale de l’ONU.
Cela s’est passé à l’occasion du vote de la résolution demandant la levée de l’embargo contre Cuba. Cette résolution régulièrement soumise au vote depuis 30 ans a toujours été approuvée à la quasi-unanimité. Ne votaient systématiquement contre qu’Israël et les Etats-Unis, et l’Ukraine ne s’était jointe que récemment à ce bloc .
Or le dernier vote marque, comme dit prudemment l’ONU dans son commentaire officiel, « un changement des équilibres ».
Se joignent donc aux 3 précédents : l’Argentine, la Hongrie (OTAN et UE), la Macédoine du Nord (OTAN) et le Paraguay. Les 2 derniers sont de simples protectorats des Etats-Unis. Le cas de l’Argentine est plus intéressant puisque le président à la tronçonneuse totalement soumis au FMI vient en outre d’être soutenu dans sa campagne électorale par Trump qui dans ce but lui a fait virer très officiellement 20 milliards de dollars par le trésor US et s’est réjoui du succès de cette ingérence. Enfin la Hongrie s’affiche et confirmera quelques jours plus tard son positionnement à l’extrême droite en faisant front commun avec Georgia Meloni la néofasciste Présidente du Conseil italien pour critiquer la commission européenne. En dernière minute on apprend que Trump vient d’autoriser ce « pôvre » Orban à acheter du pétrole et du gaz russes sans le sanctionner.
Pour les deux derniers il est connu qu’ils sont des protectorats des Etats-Unis et vu l’exemple argentin on ne peut exclure qu’ils aient bénéficié de quelques largesses trumpiennes. Rappelons que le président progressiste du Paraguay Fernando Lugo élu en 2008 après 60 années de droite au pouvoir a été victime d’un coup d’état parlementaire organisé par la CIA puisqu’il est écrit dans la Bible impériale que le Paraguay appartient aux USA. Ce pays est tellement rassurant que George W. Bush y a acquis un domaine de 40 000 hectares – 4 fois la surface de Paris – pour y passer des moments de retraite paisibles.
Outre ces 7 voix contre, donc pour le maintien de l’embargo contre Cuba, on compte 11 abstentions : Albanie, Costa-Rica, Tchéquie, Equateur, Estonie, Lettonie, Lituanie, Maroc, Pologne et Moldavie, soit 6 membres de l’OTAN.
Voici donc nettement dessinés les contours de cette internationale fasciste conduite par Trump lui-même. Est-elle menaçante ? A l’évidence elle ne l’est qu’à l’image de son leader donc soumise aux foucades permanentes de celui-ci et donc potentiellement instable. Cependant ce qui est notable c’est que son apparition coïncide avec le glissement fasciste du gouvernement Trump à l’intérieur puisqu’il s’en prend maintenant aux libertés publiques, envoie la garde nationale contre les manifestants, entame une chasse aux sorcières dans les universités, fait détruire des archives ….A l’extérieur c’est la politique du braquage permanent et si l’assassinat politique de dirigeants opposés n’est jamais sûr il est toujours possible.
Pour autant qualifier ce groupe d’internationale fasciste convient-il à cet assemblage hétéroclite qui ne comprend aucun pays asiatique ni aucun pays africain et dont finalement le spectre est limité ? A-t-il des précédents historiques?
Le seul qui vient à l’esprit et qui était une internationale fasciste puissante est le pacte Anti-Komintern (donc anti-communiste) signé avant la Seconde guerre mondiale par l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste et le Japon impérialiste. Mais les différences sont trop nombreuses pour que la comparaison soit valide.
Même s’il existe un très fort fond anticommuniste bien enfoui dans le cerveau reptilien chez la plupart de ses membres il parait plus pertinent de comparer ce groupe à une mafia avec à sa tête un parrain corrompu, jouisseur, avide, tricheur, menteur et des lieutenants sans grand relief à qui le patron distribue cadeaux et prébendes, le parrain n’hésitant pas à organiser lui-même la liquidation physique de ceux qui s’opposent à ses appétits insatisfaits soit assassinats individuels voir Souleimani et dirigeants successifs du Hamas, soit opérations de décapitation de groupe : piégeage et explosion de bippers au Liban, attaque de l’Iran en juin 2025.
Encore faut-il ajouter une ultime restriction : une mafia vise toujours à durer pour s’imbriquer de plus en plus étroitement dans la société qu’elle veut contrôler. Trump semble bien incapable de visées stables à long terme, vit dans l’urgence et, faute de mieux, se satisfait de succès immédiats. D’où son recours permanent à l’ultimatum. Il veut du cash tout de suite ce qui le met en danger d’être manipulé pour sa vénalité.
Un cas intéressant tant pour les psychiatres que pour les diplomates.
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