Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Marco Rubio, » l’anticommuniste forcené qui aide Donald Trump à renoncer à l’isolationnisme » ment comme le président

Le secrétaire d’État américain Marco Rubio, l’une des voix les plus en vue à Washington en faveur d’une politique dure contre le Venezuela, a démenti vendredi les informations de presse sur de « prétendus plans d’attaque militaire contre le pays sud-américain ». Par le biais de son compte sur le réseau social X, le responsable a disqualifié un article du Miami Herald qui détaillait les préparatifs présumés : « Vos « sources », qui prétendaient avoir une « connaissance de la situation », vous ont incité à écrire une fausse histoire. » La déclaration de Rubio contraste avec son histoire rappelée ici par cet article d’un torchon français d’extrême-droite de représentant agressif de la mafia de Miami, des interventionnistes anticommunistes liées y compris au trafic de drogue et aux assassinats politiques.
La position du secrétaire s’aligne sur celle du président Donald Trump, qui quelques heures plus tôt avait également nié la véracité des rapports. « Non », a répondu le président aux journalistes qui lui demandaient s’il envisageait une action militaire sur le territoire vénézuélien. Les deux responsables ont réagi aux publications de médias tels que le Miami Herald et le Wall Street Journal qui, citant des sources anonymes du Pentagone, détaillaient des plans d’attaque présumés. Ces informations surviennent dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes entre Washington et Caracas. Depuis Caracas, le président Nicolás Maduro a réitéré que le Venezuela est victime d’une « guerre multiforme orchestrée depuis les États-Unis », dans le but d’imposer un « changement de régime et un gouvernement fantoche ». (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Mais de quoi est-il exactement question à travers ces dénégations ? De la guerre à venir contre le Venezuela selon le Miami Herald Trbune information commentée largement aux Etats-Unis comme ici par daniel Laurison

e Miami Herald rapporte que le président a décidé d’ordonner des attaques à l’intérieur du Venezuela :

L’administration Trump a pris la décision d’attaquer des installations militaires à l’intérieur du Venezuela et les frappes pourraient survenir à tout moment, ont déclaré des sources au courant de la situation au Miami Herald, alors que les États-Unis se préparent à lancer la prochaine étape de leur campagne contre le cartel de la drogue Soles.

Une attaque contre le Venezuela est totalement injustifiée et illégale. Le président n’a pas le pouvoir de déclencher une guerre avec le Venezuela. Une attaque américaine constituera une violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit international. Les États-Unis commettront une agression criminelle contre un voisin sous le prétexte douteux de lutter contre le trafic de drogue, mais nous savons tous que le véritable objectif est de tenter un changement de régime par la force.

Personne ne peut être surpris par cette nouvelle. Nous savons que l’administration se prépare à une attaque depuis des mois. Il y avait déjà des signes d’une nouvelle guerre illégale à l’horizon en août lorsque le président a ordonné à l’armée d’utiliser la force contre les cartels. Le renforcement militaire qui s’ensuivit dans les Caraïbes et la série de meurtres en mer qui s’ensuivit confirmèrent que les États-Unis se préparaient à frapper. Le déploiement de l’USS Gerald Ford dans la région était une confirmation supplémentaire qu’ils avaient l’intention d’intensifier leurs attaques à l’intérieur d’autres pays.

L’administration limitera probablement son intervention à une campagne de bombardements, mais ce n’est guère une bonne nouvelle. Si l’on se fie à la folie meurtrière en mer, les attaques à l’intérieur du Venezuela tueront délibérément de nombreux civils. Étant donné l’enthousiasme de Hegseth pour la « létalité » et les crimes de guerre, nous devrions supposer que les règles d’engagement seront extrêmement souples. La guerre à venir avec le Venezuela fera probablement tuer beaucoup de Vénézuéliens innocents.

L’administration peut espérer que cette intervention conduira à un coup d’État contre Maduro, mais cela semble être un pari risqué. Les dirigeants militaires vénézuéliens ont eu plusieurs occasions d’abandonner Maduro auparavant, et ils ne l’ont pas fait. Maduro pourrait essayer de surmonter la campagne de bombardements. Il est même possible qu’il essaie de tourner l’attaque à son avantage si la plupart des Vénézuéliens réagissent à l’attaque contre leur pays, comme le font normalement les gens, en se ralliant derrière leur gouvernement.

L’invasion illégale du Panama offre un précédent à ce que fait Trump, mais comme de nombreux analystes l’ont souligné, le Venezuela n’est pas le Panama. Les États-Unis étaient particulièrement bien placés pour attaquer ce pays beaucoup plus petit en 1989 et destituer son président. Attaquer le Venezuela pour renverser le gouvernement sera plus difficile et plus dangereux. Comme l’invasion du Panama, ce sera complètement inutile. Dennis Hogan a fait valoir ce point dans son récent éditorial : « Comme le Panama en 1989, le Venezuela ne représente aucune menace imminente pour la sécurité des États-Unis, malgré ce que M. Trump a dit. »

En plus d’être illégale et erronée, l’intervention sera une erreur majeure pour les États-Unis. La déstabilisation d’un pays de 30 millions d’habitants dans notre propre hémisphère aura de graves conséquences négatives pour le Venezuela, ses voisins et les États-Unis. En supposant que l’administration réussisse à forcer Maduro à quitter le pouvoir, le pays pourrait être ravagé par la violence au cours d’une lutte pour la succession. Une scission de l’armée entre les forces pro et anti-régime pourrait plonger le pays dans une spirale de guerre civile. Même si ces pires scénarios sont évités, l’intervention au Venezuela sera toujours préjudiciable à la sécurité des États-Unis et de la région. Aucun intérêt américain ne sera servi par cette intervention, même si elle « fonctionne ».

L’intervention militaire est généralement plus coûteuse et plus difficile que ne le prévoient ses partisans. Trump a probablement décidé d’attaquer parce qu’il pense que cela donnera une « victoire » facile et peu coûteuse. Il s’est peut-être trompé en pensant qu’il y était parvenu avec son attaque illégale contre l’Iran, et maintenant il est prêt à lancer les dés à nouveau. Bombarder l’Iran n’a pas été un grand succès, et attaquer le Venezuela sera probablement encore moins réussi. L’administration sous-estime presque certainement les risques et les complications d’une action militaire contre le Venezuela. Ils sont une version moins compétente de l’administration Bush qui s’engage dans une ligne de conduite tout aussi dangereuse.

Une attaque contre le Venezuela sera la troisième fois cette année que Trump ordonne une attaque illégale contre un autre pays. Il aime lancer des attaques contre d’autres pays, surtout quand il suppose qu’ils ne peuvent pas riposter. Le président est un va-t-en-guerre et un militariste, et il devrait être condamné comme tel.

Voici comment en France, un torchon d’extrême-droite l’IREF,dont le maître à penser est l’Argentin Milei et Zemmour, qui diffuse en ligne son anticommunisme, son racisme, son conservatisme haineux en matière de moeurs décrit le personnage et le tournant qu’il aurait fait opérer à Trump, notons que c’est Rubio, qui était chargé des négociations pour préparer la conférence de Budapest avec Lavrov dont on sait l’attachement à une diplomatie dans la ligne de l’union soviétique et dont le professionnalisme, reconnu de tous, a été mis à rude épreuve par celui dont Gerardo un des 5 cubains a dit que si on bombardait les narcotrafiquants la maison de Rubio serait une des premières visées. Et il est vrai que pour compléter le tableau Rubio et sa famille, comme d’autres membres du gouvernement résident désormais dans les bunkers sécurisés du Pentagone, ce qui est une nouveauté puisque ceux-ci étaient réservés aux hauts gradés de l’armée. (note de DB) https://contrepoints.org/

Marco Rubio exerce une influence croissante sur la politique étrangère de Donald Trump. C’est une bonne nouvelle : l’ancien sénateur de Floride, d’origine cubaine, est un farouche anti-communiste et un atlantiste. Il se distingue sur ce point de nombreux sbires de l’entourage du président. La Maison- Blanche est truffée, hélas, d’isolationnistes et de flatteurs de l’ego présidentiel dont les principaux talents sont de s’être illustrés un jour sur Fox News.

Le clan isolationniste comprend JD Vance, vice-président, brillant, agressif, dogmatique, très bon communiquant, désillusionné sur tout ce qui ressemble à un engagement militaire américain à l’étranger. Auteur à succès, ancien « marine », ayant servi comme militaire-journaliste en Irak pendant six mois, il est convaincu que l’Europe est militairement faible, culturellement diluée dans l’immigration et politiquement fragilisée par des élites déconnectées des réalités de leurs peuples. De ces convictions découle son grand scepticisme sur l’importance pour l’Amérique de sauver l’Ukraine de  l’emprise russe. La galaxie MAGA se moque du reste du monde. L’électeur MAGA rêve d’une Amérique autosuffisante, purgée de migrants qui refusent d’apprendre l’anglais.

Marco Rubio, un bon interlocuteur pour les Européens

Dans ce contexte, Marco Rubio est resté reaganien, donc « mondialiste ». Bilingue anglais-espagnol, né en 1971 à Miami, de parents qui avaient quitté Cuba avant la révolution castriste, il connaît bien les dossiers latino-américains. Il a compris que s’il voulait durer, il ne devrait jamais faire d’ombre à Donald Trump. Il cumule le poste de Secrétaire d’État, c’est-à dire chef de la diplomatie, et celui de conseiller pour la sécurité, ce qui lui donne aussi un bureau et un staff à la Maison-Blanche. On n’avait pas vu pareil cumul depuis Henry Kissinger sous la présidence de Richard Nixon.

Pour les Européens, Marco Rubio est un interlocuteur à choyer : il déteste Poutine et pense que ce dernier n’est qu’un colonel du KGB devenu dictateur. Il n’a jamais donné dans le fantasme MAGA selon lequel l’homme fort du Kremlin serait une personne rationnelle, chrétienne, un patriote en somme, cherchant à reprendre légitimement une province russe que l’OTAN menaçait de lui ravir. À force de passer des heures au téléphone avec Poutine, et après un «  sommet  » sans résultat en Alaska mi-août, Donald Trump lui-même a enfin compris que son homologue russe n’était pas un nationaliste sincère, cerné par l’OTAN. Et Marco Rubio, qui depuis le début met en garde le président américain contre le risque de laisser le Kremlin endormir Washington pour gagner du temps et conquérir des territoires ukrainiens, a facilité cette révélation.

Donald Trump a fini par voir Poutine tel qu’il est

Donald Trump est outré de voir à la télévision les attaques et bombardements russes quotidiens sur l’Ukraine, alors qu’il vient d’entendre Vladimir Poutine au téléphone lui expliquer qu’il est prêt à discuter de paix. Le refus de Moscou de tout cessez-le-feu est l’indiscutable évidence de la mauvaise foi poutinienne. Marco Rubio a refusé de faire semblant d’y croire fin octobre, préférant annuler une rencontre prévue avec son homologue Sergueï Lavrov. Dans les heures qui ont suivi, l’idée ridicule et dangereuse d’un sommet Poutine-Trump en Hongrie a été promptement écartée par Washington. Là encore, Marco Rubio a fait preuve de lucidité.

Donald Trump, curieusement fasciné par les dictateurs, a fini aussi par noter qu’il retrouvait Moscou comme opposant à toutes ses initiatives. Qu’il s’agisse de Gaza, de l’Iran, de la Syrie, de la stabilité en Afrique ou en Amérique latine, la politique russe cherche toujours à faire barrage aux États-Unis. L’axe Pékin-Moscou-Téhéran-Pyongyang lui apparaît enfin comme indissociable, même par le biais d’un quelconque marchandage commercial. L’arme à tout faire de Donald Trump, le droit de douane, n’a du reste aucune prise sur Moscou car les États-Unis et la Russie commercent peu.

Après de longs mois d’hésitation, la Maison-Blanche s’est résolue à imposer de vraies sanctions handicapantes à Moscou. Sur le conseil de Marco Rubio, dans la foulée de l’annulation du sommet envisagé en Hongrie, l’administration Trump a enfin gelé les actifs des compagnies pétrolières russes, et interdit à toute société américaine de faire avec elles la moindre transaction. On progresse…

Un revirement de Donald Trump est toujours possible

Il convient cependant de se méfier. Donald Trump ne s’est pas transformé en Reagan II. Le président américain se rêve en « faiseur de paix ». Il est capable de changer d’avis très vite et de renier le mardi ce qu’il a affirmé le lundi. Son mépris pour la faiblesse de l’Europe reste un énorme problème pour les leaders du vieux continent qui ont toujours besoin du parapluie américain. La promesse de ne pas entamer de guerre pourrait bientôt être rompue. Marco Rubio en serait le principal artisan. L’Amérique latine, continent largement abandonné par Obama et Biden, est revenue au premier rang des soucis de Washington. La « Navy » coule quotidiennement des navires proches des eaux territoriales vénézuéliennes, colombiennes et mexicaines, en affirmant qu’il s’agit de bateaux chargés de cocaïne. De gros moyens militaires sont déployés à Trinidad & Tobago. Ils visent à préparer d’éventuels bombardements sur le sol vénézuélien : il s’agirait officiellement de détruire des cibles d’organisations criminelles tolérées, voire soutenues, par le dictateur de Caracas, Nicolas Maduro.

Là encore, Marco Rubio est discrètement à la manœuvre : il compte beaucoup d’amis dans l’opposition vénézuélienne. Évincer Maduro, qui s’accroche au pouvoir en dépit d’une défaite électorale évidente, serait pour le Secrétaire d’État une grande victoire. On commence même à Washington à nuancer la philosophie isolationniste MAGA, pour raviver la « doctrine Monroe ». À l’image du président James Monroe, en 1823, Donald Trump est en train de dire au monde entier : « Ne vous mêlez pas des affaires du continent américain, et de celles de l’Amérique latine en particulier. Nous sommes maîtres chez nous ».

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