Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Robert Charvin : le PCF peut-il encore jouer un rôle contre l’internationale brune en France ?

Robert Charvin, cet infatigable lutteur internationaliste, ce Niçois qui symbolise bien la résistance de son département, de sa ville à toutes les démissions, eux qui ont conservé une fête, un journal totalement communiste… a écrit des propos sévères sur le PCF et surtout sur l’Humanité qui effectivement se conduit comme une secte assurant censure de faction et autopromotion des plus contestables de ces directions. Parce que Patrick le Hyaric, dont Xuan (Jean Jullien) a déjà dit le caractère contestable du diagnostic et des propositions et dont la promotion du livre est assurée d’une double page dans l’Humanité quand notre livre comme d’autres d’ailleurs est interdit de publication, est non seulement l’auteur de l’interdit qui me frappe depuis des années mais surtout ce qui est encore plus grave celui qui a assuré la promotion de Robert Ménard. Cette indignité avec le parrainage d’un « dissident » cubain, fut commise lors de l’opération des Champs-Elysées lancée par la CIA et Publicis. Une opération immonde qui a accueilli tout le raout des intellectuels dits de gauche avec comme passionaria Ariane Ascaride. D’autres « intellectuels » courtisans venus vomir leur haine contre Fidel Castro, sous le slogan Cuba si Castro No, alors que Cuba vivait ses pires heures, la période spéciale et la menace d’invasion… Une situation renouvelée actuellement dans les Caraïbes et au Venezuela… Donc ce sont ces gens-là qui prétendent lutter contre l’internationale brune sans avoir changé et pratiquant toujours la même censure contre notre livre ? De qui se moque-t-on exactement ? C’est la question que pose Didier Gosselin en mettant ses propos en regard de la censure qui frappe notre livre…

Pourtant je serais moins sévère que Robert Charvin, tout en partageant pleinement le diagnostic. Je ne réclame ni l’exclusion, ni la censure mais un véritable dialogue sur le fond comme nous le pratiquons dans histoireetsociete, un dialogue élargi à tous les militants, les progressistes comme en témoignent les débats menés partout en France et désormais à l’internationale, en Chine, en Algérie et nous allons vous annoncer d’autres lieux où notre équipe va porter un autre visage de la France et du PCF. Au plan français, là aussi se multiplient les débats du type de ce qui a pu avoir lieu à Nice, à Paris, dans le parti et au-delà, au café marxiste comme dans des sections, des fédérations comme l’Hérault, à l’université d’été. Là, alors que tout avait été fait pour nous marginaliser, Franck a convaincu un public de militants nombreux, des débats s’en sont suivi, moi dans l’Ardèche, Marianne à Toulouse, Jean dans la Drôme, encore moi à Lyon ce mardi 21 octobre, Franck dans le Tarn et Garonne, dans le Gers, Marianne en décembre à Grenoble, et la vague s’enfle dans une France inquiète, lasse des polémiques politiciennes et des militants, la jeunesse qui se dresse à sa manière..

Chers camarades, comme Robert Charvin, nous qui avons tant subi leur mépris sans qu’ils puissent nous briser, ne leur faisons pas la grâce d’un simple ressentiment, imposons une autre vision. Il faut revenir sur cette idée d’une secte, parce que le terme vise cette « emprise » sur le parti, de gens élus par personne et qui imposent leur dictature et leur censure aux militants. Cela frise le grotesque cette pleine page à Patrick Le Hyrac , un « cheval de retour »… mais quand cela s’assortit de pratiques allant jusqu’à censurer un livre préfacé par le secrétaire national -qui n’ose même plus défendre sa propre préface face à leur chantage à la division y compris celle du groupe communiste ou des fédérations qui feignent de se rallier comme les Bouches-du-Rhône – et la secte et ses complices continuent à bannir les mêmes, à entretenir les clans avec la même censure de la part de la Marseillaise. C’est dire jusqu’où va « l’emprise »…

C’est là le véritable scandale, celle des militants dépossédés autant que le gâchis des compétences. Mais ce combat nécessite unité et ouverture comme nous la pratiquons ici, ils nous ont enseigné le mépris d’eux en prétendant nous faire vivre le leur, mais ce sentiment qui interdit le collectif n’a pas son origine dans le parti, celui-ci a été victime d’une OPA de la part d’opportunistes voire de « vendus » au point d’atteindre les secrétariats qui dès Robert Hue ont détruit toute l’organisation, tout le fonctionnement démocratique, le parti de 700.000 est tombé aujourd’hui à 40.000, et n’existe plus dans les entreprises, les militants ne reçoivent plus aucune formation théorique alors que sans cette théorie il n’y a pas de parti révolutionnaire. I fonctionne à partir de « commissions », avec des « gourous » qui prétendent gérer des « disciples » et proclamer « la vérité » de leur maître à penser avec une ouverture sur les publications et l’interdiction de la pensée rivale… c’est pour cela que l’on peut parler de « secte » qui s’est substituée à la démocratie. L’arrivée de Fabien Roussel, son souci de reprendre pied dans les couches populaires, le monde du travail est à la fois inespéré et le produit des luttes des classe auxquelles la France n’a jamais renoncé mais avec la même faiblesse théorique, politique, organisationnelle que le mouvement de résistance qui encore aujourd’hui trouve dans l’abstention et l’extrême- droite son expression et pas dans le PCF, c’est là notre préoccupation, celle avec laquelle nous devons ouvrir le débat avec ceux qui ont choisi la liquidation ou le silence complice. Le rentreront-ils à jamais, déjà ils essayent de se faire une vertu en substituant à la lutte des classes, une simple lutte anti-wokisme, et comme l’exprime le texte ci dessous, nous qui avons toujours défendu les libertés individuelles et le féminisme ils veulent faire de nous des caricatures, « les staliniens », disaient-ils pour mieux encourager les atteintes à notre mémoire. C’est à peu près aussi stupide que feindre que nous ne sommes pas préoccupés par les résultats électoraux dans nos municipalités, comme le dit très justement encore Fabien Roussel, si en mars le tsunami de municipalités de gauche perdues au profit du RN ne nous importait pas… Mais la clarté sans opportunisme du PCF est moins préjudiciable qu’un parti qui a perdu peu à peu toute capacité à être pleinement lui-même, éclairant l’avenir, fait la preuve de ce qu’il manque réellement au pays. Nous réclamons simplement que les bouches s’ouvrent et que la secte arrête ses manœuvres, que soit osé enfin un débat large, sans tabou et qui vise à l’unité et non à la division en petites chapelles qui marginalisent le PCF… merci Robert d’avoir lancé ce débat…

Dans le fond tout cela se résume pour nous dans cet ultime combat à ce constat de notre cher Diderot :

« Je suis convaincu que dans une société même aussi mal ordonnée que la nôtre, où le vice qui réussit est souvent applaudi et la vertu qui échoue presque toujours ridicule, je suis convaincu, dis-je, que l’on n’a rien de mieux à faire pour son bonheur que d’être un homme de bien.« 

Denis Diderot – 1713-1784 – Réfutation d’Helvétius, 1783

Didier Gosselin : Robert Charvin et une Chine qui développe sa présence dans différentes parties du monde sur un mode pacifique et en promouvant une relance du droit international et du multilatéralisme sur lesquels s’assoient aujourd’hui les Etats-Unis et l’Europe

Les peuples qui luttent contre « l’internationale brune » n’attendent plus grand chose de la France ni même malheureusement du Parti Communiste Français. Lequel n’a plus depuis longtemps cette aura construite depuis 1920 et qui faisait qu’en tant que dernier dépositaire après Maurice Thorez et les légendaires ministres de 1946, Georges Marchais pouvait, à la hauteur d’un homme d’Etat et parce que le PCF était encore respecté, rencontrer Javier Perez De Cuellar ou Boutros Ghali, secrétaires généraux de l’ONU, rétablir les relations politiques avec Deng Xiaoping et les communistes chinois, discuter avec Brejnev ou Gorbatchev, être reçu par Yasser Arafat quand celui-ci était en visite officielle à Paris, recevoir chez lui Fidel Castro, Nelson Mandela au siège du Parti ou encore Abraham Serfaty à la fête de l’Humanité… Plus rien de tout cela n’est aujourd’hui même envisageable tant que le PCF, son Secteur international et l’Humanité resteront sur une vision du monde étriquée, ignorant la lutte de classe à l’échelle internationale, à l’inverse de tout ce qui a prévalu tout au long du 20e siècle au PCF…

En lisant la double page que l’Humanité du 17 octobre 2025 offre à Patrick Le Hyaric pour promouvoir son livre « Un monde à la renverse », on reste perplexe face au contenu de la proposition énoncée pour combattre « l’internationale brune ». Si le constat global sur la stratégie impérialiste dont l’épicentre se trouve aux Etats-Unis et qui vise à sécuriser le capital, y compris par le fascisme, est pertinent, ce constat pêche effectivement par manque de vision élargie. Patrick Le Hyaric considère que seule une « initiative communiste », concept non précisé, permettrait d’ouvrir une voie humaine pour sortir du capitalisme. Soit. Mais que penser d’une « initiative communiste » qui fait l’impasse sur le basculement géopolitique à l’œuvre porté par les BRICS et sa locomotive chinoise ? Des BRICS qui s’opposent pourtant à l’hégémonie capitaliste génératrice de « l’internationale brune » et une Chine qui développe sa présence dans différentes parties du monde sur un mode pacifique et en promouvant une relance du droit international et du multilatéralisme sur lesquels s’assoient aujourd’hui les Etats-Unis et l’Europe (dixit le juriste Robert Charvin dans l’Humagazine n°973 du 9/10/25), voilà qui mériterait au moins un débat en profondeur. Selon le raisonnement et la démonstration de Patrick le Hyaric, cette « initiative communiste » ne peut prendre corps que dans notre pays, à partir des « fils rouges hérités de la constitution de 1793, des combats pour la république sociale et laïque, du CNR qu’il faut tirer pour dégager un processus communiste de transformation sociale, démocratique, écologique et féministe ».

C’est une évidence que les communistes français doivent se battre à partir de leur réalité et de leur histoire, mais nous ne sommes pas isolés sur la planète et nous subissons de plein fouet les conséquences de la crise internationale du capitalisme, avec son cortège d’horreurs, et nous ne pouvons envisager la bataille qu’en prenant également en compte ces dimensions internationales. Si Patrick Le Hyaric évoque en deux lignes dans cet article les pays du Sud global, sans nommer la Chine et les BRICS et en étrillant la Russie, implicitement classée dans « l’internationale brune », c’est parce qu’il est persuadé que ces pays, pourtant longtemps dominés, marginalisés ou combattus férocement par le capitalisme, ne sont pas dignes de confiance dans le combat contre l’impérialisme, notamment et entre autres parce qu’ils ne répondent pas stricto sensu pas aux critères qu’il énonce pour définir « un processus communiste de transformation sociale » : démocratie, écologie, féminisme et laïcité ! Outre son côté « modèle normatif » cette position est tout à fait contre-productive car elle réduit l’action politique à l’Hexagone, peut-être à l’Europe alors que celle-ci accepte sa vassalisation sur tous les plans par l’impérialisme américain, et s’avère de fait inopérante dans la bataille contre « l’internationale brune ». Effectivement, à partir du moment où l’on refuse d’admettre que d’autres pays et partis communistes se battent contre l’impérialisme et qu’on refuse de prendre langue avec eux parce qu’on se contente de délivrer, ou pas, des brevets de respectabilité à ces autres qui se battent contre « l’internationale brune », alors cette « initiative communiste » n’est qu’un coup d’épée dans l’eau… D’ailleurs, affirmer que le capitalisme « veut sa revanche sur quatre-vingt ans d’émancipation » témoigne d’un certain mépris envers celles et ceux qui ont lutté bien avant 1945 contre l’impérialisme et notamment les révolutionnaires bolchéviques de 1917 (il y a 108 ans !) et dans la foulée les peuples de l’Union Soviétique qui ont construit une forme de socialisme dans des conditions historiques complexes, avec des résultats indéniables, parfois discutables et discutés mais qui en matière d’émancipation de la féodalité tsariste vers l’éducation, la santé, l’égalité n’ont pas de leçon à recevoir…

Qui plus est, « l’émancipation », brandie par Patrick Le Hyaric, construite à partir de la Libération doit beaucoup au poids de l’Union Soviétique, victorieuse du nazisme, et ce n’est d’ailleurs pas pour rien si dès 1947 l’impérialisme américain a lancé sa « guerre froide » pour reprendre la main sur le destin de la France et de l’Europe en commençant par évincer les ministres communistes du gouvernement d’alors.

Il faut noter les efforts récents impulsés par Fabien Roussel pour encourager le débat et relancer cet internationalisme cher au PCF, notamment en préfaçant le livre censuré par l’Humanité et le Secteur international « Quand la France s’éveillera à la Chine », en engageant un accord de solidarité avec Cuba, en soutenant sans faille la Palestine et sa représentante en France, en exigeant la libération de Marwan Barghouti, comme nous l’avions fait avec l’ANC, Nelson Mandela et Dulcie September par exemple, et en évoluant quelque peu sur les enjeux du conflit Russie-Ukraine, la nécessité de construire la paix et une sécurité collective, et le rôle de l’OTAN, structure militaro-politique de laquelle le PCF pense depuis toujours qu’il faut sortir… Encourageant mais encore insuffisant tant que les adhérents du PCF ne prendront pas cette question internationale à bras-le-corps. Et on ne peut que regretter que la Fête de l’Humanité ait donné carte blanche au seul Patrick Le Hyaric alors qu’il aurait été beaucoup plus intéressant de confronter les deux ouvrages à travers un débat…

Juste pour établir un rapport de proportion concernant notre action et notre influence, nous nous sommes embarqués dans une louable flottille pour Gaza alors qu’à la fin des années trente le PCF, avec Georges Gosnat entre autres, fut en mesure de créer « France-Navigation », une compagnie de 22 navires et 2 000 marins qui se chargea d’alimenter et d’armer la République espagnole en lutte contre le fascisme… Et ce, dans le cadre de l’internationale communiste… On est aujourd’hui loin du compte pour ce qui concerne les relations avec tous les partis communistes ou progressistes du monde et la nécessaire bataille à mener au niveau de la planète contre « l’internationale brune ». Sachant que c’est précisément cet internationalisme qui donna tout son souffle à la lutte des communistes français, il faut se poser la question de (re) construire les liens avec les partis frères des différents pays, sur la base du respect mutuel intégrant le respect des conditions historiques propres à chaque pays pour l’édification du socialisme. Le socialisme à la française, celui que nous proposons pour notre pays et notre peuple, nous ne souhaitons l’imposer à personne, et nous nous sommes suffisamment battus pour qu’aucun autre parti communiste ne nous impose un modèle de socialisme. Mais nous ne pourrons le construire, ce socialisme à la française, qu’en nous intégrant au mouvement international, initié par les BRICS, « pour la mise en œuvre généralisée, sans ingérence ni lutte armée, de l’autodétermination de chaque peuple (Robert Charvin) ».

Didier Gosselin

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