Trump torpille Wall Street, Lecornu II, ROUSSEL a du « flair », et notre livre est plus nécessaire que jamais, par Danielle Bleitrach…

1) Pendant que Lecornu II renonce à son totem des retraites en reconnaissant de fait que « l’instabilité » coûte plus que ne rapporte la « réforme »… Au plan international, l’instabilité provoquée par Trump a des allures de tsunami… Que s’est-il passé ? Autopsie financière, bluff de Trump…

Donald Trump a réussi vendredi, à quelques minutes d’intervalle, à se discréditer aux yeux de la planète entière — sauf peut-être aux yeux de quelques ultra-sionistes — en affirmant que 58 000 des 67 000 morts admis par Israël dans la bande de Gaza étaient des combattants du Hamas (15 000 « combattants » tués auraient donc moins de 7 ans, 30 000 moins de 15 ans, 5 000 plus de 75 ans… et 15 000 seraient des mères de famille), il s’est moqué de notre Macron et de ses tortueuses tactiques… Mais là c’était du spectacle sur fond de ruine et d’une paix spectacle. Dans le même temps, il réussissait à faire plonger le Nasdaq de -3,5 %, le pétrole de -5 %, le Bitcoin de -13 % et l’Ethereum de -24 % (qui a ensuite repris +12 %). En termes de destruction de valeur globale affectant principalement les actifs les plus performants en 2025, il faut remonter au 7 avril dernier pour retrouver des chiffres similaires : la séance du 10 octobre aura coûté 2 500 Mds$ aux investisseurs (actions + cryptos + pétrole).

Et ces deux séances ont en commun la thématique de la guerre commerciale à outrance entre les USA et la Chine, avec cette fois la menace d’une taxation à 100% des produits chinois dès le 1er novembre… et la rencontre de Trump avec Xi Jinping potentiellement annulée en Corée du Sud fin octobre.

Une guerre commerciale à quinze jours d’une entrevue cruciale, c’était clairement le scénario le plus impensable à l’ouverture de Wall Street vendredi : la semaine se terminait de façon idéale avec deux nouveaux records absolus dès l’ouverture sur le « S&P » et le Nasdaq. Les marchés continuaient à vivre sur leur propre euphorie sans tenir compte de l’économie réelle… On se demande pourquoi Trump est venu gâcher cette euphorie et juste avant que le bal des trimestriels ne s’ouvre lundi, sans oublier que les marchés obligataires resteront fermés, car cette journée est semi-fériée aux États-Unis qui célèbrent le « Columbus Day ». Alors certes, la Chine venait d’annoncer jeudi surveiller étroitement et soumettre à autorisation ses exportations de terres rares mais qu’elle continuerait de « satisfaire les demandes légitimes » (est-ce que celles du Pentagone, de Lockheed Martin, Raytheon ou même de General Motors le sont encore ?).Trump était au courant dès jeudi mais n’avait pas réagi. Il aurait pu décrocher son téléphone et menacer « en privé » les négociateurs chinois que le chantage aux terres rares allait mal se terminer, et leur laisser le week-end pour décider s’il fallait prendre ses menaces au sérieux (nous avons la réponse : c’était juste histoire de marquer le coup, les 100 % de « tarifs », c’était du flan).Tout le monde se demande donc pourquoi il a choisi d’ameuter l’opinion publique américaine et Wall Street en plein milieu de la matinée de vendredi, à quelques heures du week-end, en menaçant la Chine de « droits de douane massifs » en réponse à son « attitude agressive » (alors même qu’il a lui-même interdit les exportations de « GPU » Nvidia haute performance et autres composants électroniques « sensibles », après avoir banni Huawei des USA à la fin de son premier mandat). Trump a provoqué un brusque décrochage de l’ensemble des indices : le Nasdaq a plongé de -3,5 % vers 24 220, effaçant tous les gains engrangés depuis le 10 septembre et rendant caducs les 14 records établis dans l’intervalle. Sur la semaine écoulée, le S&P 500 et le Nasdaq ont perdu -2,5 % en moyenne : c’est la pire performance hebdomadaire depuis la semaine du 4 avril. Trump a été accusé d’offrir à ses proches un formidable délit d’initié avec des jeux boursiers dont les conséquences économiques sont énormes. Des puces d’IA aux avions de chasse, la répression chinoise des terres rares frappe au cœur de l’industrie et des chaînes d’approvisionnement américaines.

(2) Il faut cependant mesurer que l’UE est dans la même situation. Alors que notre président et le gouvernement qu’il impose à la France se résigne à reconnaitre qu’il a perdu la bataille des retraites selon le bon principe qu’il faut lâcher un petit quelque chose pour conserver l’essentiel de ce que veulent les marchés financiers et les trusts militaires, l’Union européenne toujours aussi vassalisée va discuter avec ses partenaires du G7 d’une « réponse coordonnée » aux restrictions annoncées la semaine dernière par la Chine sur les exportations de technologies liées aux terres rares, a annoncé mardi la commission européenne. Ces contrôles « ont déjà contraint certaines entreprises européennes à suspendre leur production, provoquant des dégâts économiques réels », a déclaré à la presse le Commissaire européen chargé du Commerce, Maros Sefcovic, à l’issue d’une réunion ministérielle au Danemark. « Ces contrôles ciblent directement des industries civiles. Par conséquent, nous ne pouvons pas les accepter sans rien faire, et nous avons besoin d’une réponse coordonnée », a ajouté M. Sefcovic, se disant « en contact étroit » avec ses partenaires du G7, ainsi qu’avec les autorités chinoises « pour trouver des solutions ». « Cela va être discuté au niveau du G7, parce que cela a un impact négatif sur les économies de nos pays, et on va considérer quelle réponse serait la plus appropriée. Mais clairement, nous ne pouvons pas tolérer ces mesures, parce que cela affecte la bonne marche des entreprises dans toute l’UE », a-t-il dit.

3) Dans un tel contexte, et sans vouloir vexer nos politiciens français, le choc que pourrait représenter la suspension de la réforme de retraites en France c’est du pipeau… sinon et ce n’est pas rien, que c’est une victoire qui en exige d’autres..

Au point que tous ceux qui depuis des années tiennent bon sur ce totem ont dû reconnaitre que le coût de l’instabilité était supérieur au bénéfice escompté. Ce qu’ils n’ont toujours pas dit c’est à quel point l’instabilité en question était beaucoup plus dépendante de ces deux événements à savoir la négociation autour des terres rares qui ne concerne pas seulement les Etats-Unis et la déstabilisation encore accrue de ce que le suzerain erratique exige de ses vassaux.

Alors que l’on a fixé le débat français sur une affaire totalement secondaire pour le capital en crise et qui n’est que l’une des entrées d’une politique de pillage et de répression au plan interne comme au plan externe, qui est celle des retraites, la plupart des économistes le reconnaissent, toute l’économie mondiale est bouleversée et bloquée par ces deux FAITS : le choix de la Chine de bloquer l’accès aux terres rares et le krach financier potentiel.

Il est fascinant de voir à quel point les Français ont une sorte d’instinct de lutte et ont mené à leur manière celle du pays de la lutte des classes mais avec une cécité politique également qui leur a fait élire un parlement introuvable mais s’il est totalement divisé a quelques fondamentaux, le refus de payer pour les riches et le refus de la guerre même si la confusion est totale. La suspension de Lecornu II est le résultat d’un mouvement du peuple français multiforme depuis les gilets jaunes et la bataille syndicale, le peuple qui s’obstine dans son refus jusqu’à faire reconnaitre que cette « réforme » ne rimait à rien. C’est ce que constate Fabien Roussel avec un indéniable flair et il a raison de dire qu’il ne faut pas mégoter devant cette victoire mais dans le même temps ne pas s’enfermer dans les jeux politiciens et se situer au niveau des problèmes réels : réindustrialiser la France, refuser un budget qui ne se situe pas au niveau des problèmes réels et ne pas accepter de rester dans l’asphyxie d’une mise à la remoque de cette vassalisation à l’empire américain.

Parce que cette politique revient à ce qu’a dit de l’ensemble de la prestation l’économiste Gabriel Zucman, au centre du débat public pour son projet de taxation défendu par la gauche et honnie par la droite, en démontant l’impôt Lecornu. « Dans le projet de loi de finances que je viens de consulter, tout a été fait pour épargner Bernard Arnault et les milliardaires français, critique-t-il sur son compte X. C’est donc aux autres catégories sociales qu’il est demandé de faire des efforts. » Mais ce qui a été « préservé » renvoie également à l’absence d’ambition de cette défense du capital… ce que l’on retrouve au plan international dans les jeux spéculatif et la réalité de la dépendance industrielle par rapport à la politique des USA…

La seule justification d’un retour aux urnes est là: dans la nécessité d’aller au-delà de ce faux débat des retraites pour aller au cœur du problème : la désindustrialisation de la France, la formation d’une classe productive, tout ce que le gouvernement Lecornu II poursuit et amplifie par une économie de guerre et le sacrifice du peuple français toujours plus livré aux marchés financiers. Mais comme le propose Fabien Roussel, il faut se dégager des jeux politiciens, de la lutte des places pour aller sur le fond, ce qu’il a proposé au dernier conseil national et sur TF1. Seulement s’il a le parti derrière lui, il y a aussi des liquidateurs dans le groupe communiste comme dans la presse qui s’alignent sur les aspects politiciens de la LFI, du PS et qui manquent de largeur de vue sur le rôle historique du PCF et sur le mouvement géopolitique. L’interdiction de notre livre alors que se multiplient les débats autour de sa proposition témoigne de ces résistances au sein de la gauche alors que le combat s’avère offrir des conditions nouvelles pour vaincre une extrême droite qui ne vit que de la confusion et de l’incapacité à senti les possibles pour tous ceux qui en restent à des maquignonnages d’appareil.

Il faut encore ajouter à ce panorama une conviction : nous sommes dans un temps de basculement historique, les « étiquettes » ont certes leur importance, l’histoire du PCF reste son meilleur atout et l’idée de gauche et de droite reste forte… Mais il est probable vu l’accélération des événements et leur dramatisation (la guerre fait tomber les masques et se traduit par des recompositions et nous sommes dans une guerre multiforme) va entraîner des passages d’un camp à l’autre… Nous n’avons pas à en rester à ces étiquettes mais et c’est là encore l’intérêt de la démarche de Roussel il faut que le parti communiste en se battant sur les fondamentaux devienne ce pivot d’un rassemblement dont les contours se dessinent.

La conclusion de cet exposé est que notre livre est plus d’actualité que jamais : ce qui est nécessaire pour donner une perspective à l’avancée du PCF, qui a choisi de « coller » à la volonté de lutte de la majorité du peuple français en dépassant les enjeux politiciens, c’est l’ouverture sur le monde multipolaire. Nous vous annonçons trois débats dans les prochaines semaines,

– Lyon le 21 octobre avec Danielle Bleitrach.

Mardi 21 octobre à 19 h dans la librairie

Terre des livres, 86, rue de Marseille. 69 007 Lyon – Tél : 04 78 72 84 22

celui de Franck Marsal à Castelsarrasin samedi 25 à 10h00 à l’espace Métais …Mais il faut aussi parler de la venue de Franck la veille (vendredi 24) à la fédération du Gers à Auch dés 19h00…

celui de Marianne Dunlop à Grenoble (8 décembre)