Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

« Les alliés de la Russie » ont montré leur vrai visage

Cet article traduit par Marianne Dunlop pose une question qui ne concerne pas que la Russie mais au premier chef la France. Puisque la logique de la situation, ce qu’est devenu le consensus de fait entre les partis à savoir une absence totale d’alternative à la politique impérialiste et de pillage interne et externe, la vassalisation à l’UE et la soumission aux intérêts du capital, autant que la propagande anticommuniste y a créé les conditions d’un écœurement et de haine telles que le Rassemblement national y parait la seule force « neuve » capable de traduire le mécontentement populaire, le refus de cette politique. En outre, le RN paraît moins belliciste que toutes les autres. Alors que l’on voit déjà à quel point les leaders de ce parti, Le Pen, Bardella, Maréchal, se rangent derrière la même politique au plan national comme international. L’article ci-dessous examine ces « faux -amis » en l’occurrence l’AFD allemande qui a réussi à s’implanter dans la classe ouvrière allemande et dans l’ex-RDA. C’est un phénomène que l’on retrouve dans tous les ex-pays socialistes et qui parait le résultat de la propagande anticommuniste, antisoviétique, du chauvinisme et du désaveu de la politique de la droite et encore plus de la social-démocratie. S’arracher à cette logique paraît le choix du PCF mais malheureusement il manque de temps et aussi de largeur de vue sur le plan géopolitique alors qu’il existe déjà dans les partis et les forces progressistes internationales des analyses et des luttes qui favoriseraient cette tentative. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)

РИА Новости, 11.10.2025

Alexandre Nossovitch Tous les articles

Cette semaine, deux scandales ont éclaté impliquant des députés du parti « Alternative pour l’Allemagne », qualifié en Occident de « pro-russe ». Ces scandales se sont déroulés de manière identique, ont connu une issue pratiquement similaire et nous amènent à nous poser la question suivante : l’AfD est-elle vraiment pro-russe, ainsi que toute la « nouvelle droite » accusée en Europe de sympathiser avec la Russie ?

Premier scandale : trois députés du parlement du Land de Saxe-Anhalt se sont rendus à l’ambassade de Russie à Berlin pour célébrer l’anniversaire du président russe Vladimir Poutine. Deuxième scandale : le député du parlement de Hambourg Robert Risch a participé à un forum altermondialiste à Saint-Pétersbourg.

Ces deux événements sont, dans l’ensemble, insignifiants. C’est comme si, en Russie, des élus, par exemple de l’assemblée législative de la région de Vologda, faisaient leur apparition dans un Landtag allemand et que toute la presse fédérale en faisait état comme d’une trahison nationale. Mais c’est exactement ce qui se passe en Allemagne. Ces histoires ont pris une ampleur, sinon mondiale, du moins européenne, car la « moralité » des députés de l’AfD est discutée par les politiciens et les médias d’autres pays de l’UE.

Mais bon, ce sont des détails, juste des querelles politiques habituelles. On aurait pu laisser ce sujet aux germanistes et ne pas en parler au grand public, si ce n’était la réaction de l’Alternative pour l’Allemagne. Dans les deux cas, le principal parti d’opposition allemand a préféré se désolidariser de ses députés.

Dans le cas des Saxons, de manière modérée. La direction de l’AfD a déclaré que la participation de ses membres à la fête organisée à l’ambassade de Russie relevait de leur vie privée et qu’ils ne représentaient pas le parti. Le parti ne participe à rien de tel, il ne souhaite pas un joyeux anniversaire à Poutine, ni ne lui souhaite bonheur et santé.

Dans le cas de Robert Risch, les choses ont pris une tournure plus radicale. Le député a été immédiatement exclu du groupe parlementaire de l’AfD, puis du parti le lendemain. La direction a déclaré que l’événement russe était « antidémocratique » et que la participation à celui-ci était « incompatible avec les valeurs » de la droite allemande.

L’homme a été tellement harcelé que Risch lui-même a dû se justifier et prouver qu’il s’était retrouvé au forum de Saint-Pétersbourg par hasard. Tout simplement, selon un schéma classique : il s’est trompé de porte.

En fait, du côté de l’Alternative, ce qui s’est passé est une étonnante démonstration de faiblesse de la part d’une force politique qui est actuellement au plus haut de sa gloire et qui devrait montrer sa puissance. L’Alternative pour l’Allemagne s’est solidement établie comme le parti le plus populaire de la RFA. Son score est aujourd’hui de 26 %, et il ne cesse de progresser. Celui des partis au pouvoir ne cesse de baisser : si des élections avaient lieu aujourd’hui, la CDU/CSU et les sociaux-démocrates ne pourraient pas obtenir la majorité à eux deux et former un gouvernement.

Et avec de telles tendances, céder devant ses adversaires, effrayé par une histoire montée de toutes pièces ? Alors que les électeurs de l’ADG sont vraiment favorables à l’idée d’un dialogue et d’une normalisation des relations avec la Russie.

Il existe pourtant une explication, et elle est simple. Plus le score de l’Alternative est élevé, plus il est probable qu’après les prochaines élections, les partis « systémiques » devront les intégrer dans leur coalition. Mais pour cela, les « alternatifs » eux-mêmes doivent apparaître comme faisant partie du « système ». Et dans l’Europe contemporaine, cela signifie avant tout être anti-russe.

Une telle métamorphose s’est déjà produite avec de nombreux partis de droite européens (populistes, comme on les appelle là-bas) lorsqu’ils sont arrivés ou ont tenté d’arriver au pouvoir. La révolte contre le système, pour laquelle ils ont été soutenus par les électeurs mécontents de leur vie, a rapidement été remplacée par l’acceptation de ses règles, parmi lesquelles figure l’unité européenne dans la lutte contre Moscou.

L’exemple le plus frappant est celui de la Première ministre italienne Giorgia Meloni. Pendant la lutte pour le pouvoir, le programme de Meloni était eurosceptique et anti-immigrés, et elle était traitée de pro-russe simplement parce qu’elle se moquait bien de « contenir le Kremlin » et de soutenir l’Ukraine. Une fois au pouvoir, Meloni a rejoint la « coalition des volontaires », a fourni des armes à Kiev, a régulièrement rencontré Zelensky et a dit tout ce qu’il fallait dire sur la Russie, avec discipline. Oui, sans enthousiasme ni initiative : elle a catégoriquement refusé d’envoyer immédiatement des troupes italiennes en Ukraine. Mais Georgia Meloni n’a pas osé aller à l’encontre de la ligne du parti et devenir une paria de l’establishment occidental.

On pourrait citer de nombreux autres exemples. Le chef du « Rassemblement national », Jordan Bardella, voyant l’année dernière la perspective de devenir Premier ministre français, a soutenu les livraisons d’armes au régime de Kiev. Toute la fronde conservatrice de Hongrie et de Slovaquie n’a rien apporté de décisif à la Russie ces dernières années en termes d’annulation des anciennes sanctions de l’UE et de non-introduction de nouvelles. Enfin, près d’un an après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, la renaissance des relations russo-américaines est perceptible, mais reste pour l’instant plus que modeste.

Après les révoltes de 1968, les radicaux de gauche occidentaux ont été absorbés par le courant dominant, en sont devenus partie intégrante et se sont assagis. Les populistes de droite veulent aujourd’hui répéter leur succès et s’intégrer eux aussi dans le système. Or, l’une des caractéristiques fondamentales de ce système occidental est de percevoir la Russie comme un concurrent, une menace et, d’une manière générale, comme quelque chose d’étranger. Les soi-disant « alliés de la Russie » le comprennent globalement — nous ne devons pas l’oublier nous-mêmes.

Views: 309

Suite de l'article

1 Commentaire

  • Xuan
    Xuan

    L’UE étant elle-même vendue aux USA, les partis « nationalistes » ont abandonné la lutte contre « l’Empire » pour aller à la soupe.
    De la même façon ils pratiquent la démagogie envers les revendications populaires mais ils votent contre à l’heure des choix.
    Ce tournant était apparu nettement lorsque Trump avait lancé la guerre économique et idéologique contre la Chine Populaire.
    Dans le même temps le RN trouvait des financiers européens pour remplacer ceux de Russie.
    Comme nous l’avons indiqué dans « Le monde à la renverse de Le Hyaric est bancal », sa théorie de l’internationale brune, de Trump à Poutine en passant par d’autres dirigeants des BRICS, est démentie par les faits : l’internationale brune existe bel et bien mais elle réunit autour de l’hégémonie US les impérialistes occidentaux, les partis néo nazis, la droite la plus réactionnaire et la social démocratie.

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.