Dans une interview donnée au portail hongrois “Partizan”, l’ancienne chancelière allemande est revenue sur les prémices de la guerre en Ukraine, évoquant notamment la réaction négative de la Pologne et des pays Baltes à sa proposition de négociations communes avec Poutine, en 2021. Ses propos ont entraîné de vives réactions, en Allemagne comme dans les pays visés par ses déclarations.
En attendant, réjouissons-nous de la puissance de ce gouvernement éclair français, qui ne subsistant que quelques heures, a tout de même réussi l’exploit de faire oublier à chacun la menace russe supposée à nos portes, la nécessité d’aller arrêter les navires russes sur la Baltique et tous les drones traversant l’espace européen… ce qui a diminué peut-être l’intérêt que les mêmes ont porté aux propos de madame Merkel et même au fait que le 7 octobre 2025, à 2h47 du matin, un drone ukrainien a percuté la tour de refroidissement de la centrale nucléaire de Novovoronezh, en Russie. Cette attaque directe contre une installation nucléaire en activité marquait le franchissement d’une ligne rouge terrifiante. C’est la première fois que l’Ukraine visait délibérément le cœur de l’atome russe. L’explosion a laissé une ‘trace sombre’ sur la structure, symbole d’une escalade qui nous rapproche dangereusement du cauchemar d’un Tchernobyl provoqué par la guerre. Alors que les propos de madame Merkel renversait l’ordre des responsabilités.
La France ou plutôt son président prenait des poses avantageuses devant son miroir : “Farce”, “chaos politique” tels sont les titres de la presse internationale pour qualifier le phénomène. Ces commentaires sur Emmanuel Macron après la chute de l’éphémère gouvernement Lecornu, ne le cèdent en rien à celle de ses adversaires et surtout celles de son propre camp, de la part de ceux qui furent ses lieutenants comme Attal ou Edouard Philippe. Ils ont été les premiers à sortir le poignard des élection présidentielles anticipées. La seule majorité qui s’est dessinée fut de les éviter dans l’immédiat tant comme en Allemagne et dans toute l’UE les bénéficiaires évidents en étaient l’extrême droite. La fragmentation ou les coalitions, peu importe, ne menant nulle part. Rien que de très habituel dans les mœurs des successeurs, d’où la nécessité d’ailleurs de les achever avant qu’ils soient éclos : un grand classique de la « démocratie ».. Reconnaissons que dans les deux cas, le français ou l’allemand, c’est la même stupéfaction de ceux qui y ont cru. C’est comme un abcès qui crève. Pourtant les propos de Merkel font de notre vaudeville national une bleuette tant ses « révélations » portent loin la déstabilisation.
Les affrontements en Allemagne sont nettement plus sur le fond et n’ont pas ce parfum désuet de jeu de la quatrième république, de compétition autour de la présidence, ces portes qui claquent, ces entrées et sorties en accéléré qui marquent le vaudeville ou paraissent toujours comme une pièce d’Offenbach sur la vie parisienne. Il y a la gravité allemande. Ce qui est en cause est le choix suicidaire de rompre avec la Russie, de céder à la provocation des Etats-Unis, pas celle de Trump, celle d’Obama. Il faut même remonter plus avant, du plan Marshall à Clinton. Ayant fini par sacrifier le vital, il ne reste plus qu’à vitupérer l’époque. Sous la bannière de la « coalition du progrès », la civilisation s’abandonnerait à la dérégulation morale et politique. Tout y passe : la loi sur l’autodétermination sexuelle, la légalisation du cannabis, la désindustrialisation, la faiblesse militaire, la chute de la natalité, l’effondrement éducatif, tout concourt à une lente désagrégation. La coalition, le compromis de sommet dont il est question en France s’est très vite réalisé en Allemagne mais s’est identifié à cette « tolérance » qui est lancée en boomerang contre l’autorité avec en prime 10 millions d’immigrés dont pourtant la majorité s’est intégrée, mais c’est une loi apparente de la dialectique quand la quantité devient « qualité » et madame Merkel n’a pas géré ni l’accueil, ni la préservation de la corne d’abondance.
Il ne s’agit donc pas d’exclure Merkel de responsabilités dans la situation explosive qui est celle de l’Allemagne mais de profiter de la crevaison de l’abcès, pour ne pas nous Français nous enfermer dans le pragmatisme des alliances de sommet en réponse à d’autres mouvements de sommet face à un peuple impuissant ici et là-bas. Il faut certes éviter les gesticulations et postures gauchistes dont n’a pas manqué l’Allemagne, y compris au sein des caprices de la jeunesse du SPD. Le mieux est encore de dire la vérité sur les motivations et les buts de ces alliances pragmatiques, ce que fait assez bien Roussel, mais ne pas en rester là et de la connaissance « du passé » ne faisons pas table rase mais enseignement pour l’avenir.
Si on ne conçoit pas cette « dialectique », on perd sur tous les terrains à la fois. Soit l’on se tait par rapport aux gênantes révélations de Madame Merkel en tentant piteusement de les disqualifier.. Par exemple en n’incriminant comme elle que les Baltes et les Polonais. Elle en a usé alors avec eux comme avec l’Ukraine dont les charmes sont aujourd’hui bien éventés. Dans tous les cas alors, on ne peut s’étonner de la faiblesse de la mobilisation en leur faveur. C’est un peu comme ces illuminés qui sont allés affronter Daech avec des slogans inscrits sur leur tee shirt du type « tout le monde est gentil » alors que la majorité plus réaliste en vit la férocité et ne peut pas s’émouvoir de ce qu’il est advenu de ces gens-là. Ils n’avaient qu’à se montrer plus prudents, on ne va pas indéfiniment payer pour leur intempérance… Les grands sentiments ne font plus recette, on mesure les complicités, celles de la presse par exemple. les viols proclamés à grand bruit de la démocratie ne rassemblent qu’une poignée de dévots, parce que tout ce monde là est devenu hostile aux intérêts de la majorité. Si on proclame la vertu de Merkel en feignant d’ignorer la part qu’elle-même (et donc le sieur Hollande par exemple) a prise dans la situation même sans être au courant des faits, tout cela est passé de mode et l’indignation tient à la mode. De toute manière partout et toujours dans la faiblesse de la mobilisation populaire se joue la survie du système par l’étroitesse de la perception du champ politique et le refus d’en voir la dynamique.
La politique de l’Allemagne y compris celle de Merkel doit être jugée en fonction de ce que nous avons à construire et non avec les lunettes d’un Patrick Le Hyaric qui nous laisse croire que le « mal » serait Trump ou même le courant conservateur vers lequel les peuples semblent se ruer. Ce qui est le plus évident est pourtant la mise en lumière des complicités dans cette situation d’effacement de toute alternative révolutionnaire réelle au point qu’il n’y a plus que l’abstention ou la réaction. Il faut considérer que ces « révélations », les complicités éclairées par ces règlements de compte doivent être approfondies à travers une perspective qui nous sorte de cette ornière.
Plus les alliances sont imposées par le réalisme de l’instant, plus l’exigence de rompre avec le consensus apparent devient une nécessité. C’est d’ailleurs pour cela que je m’obstine à chercher le moins pire des partis et surtout ne pas en faire l’objet de mes ressentiments.
Parce que si le vaudeville français, le caractère irresponsable de Macron, paraissent d’une grande futilité par rapport à la profondeur de ce qui secoue l’Allemagne il ne faudrait pas oublier que les déclarations récentes d’Angela Merkel mettent en cause également la complicité française de Sarkozy à Hollande, précisément parce qu’elles émanent de celle qui fut au premier plan des négociations de Minsk et co-garante de leur application avec la France, la Russie et l’Ukraine. Dans son entretien, elle explique clairement que la Russie ne cherchait pas la guerre, mais qu’elle voulait maintenir un cadre de discussion diplomatique avec l’Union européenne, cadre qui a été brisé non pas par Moscou, mais par le refus de certains États européens, notamment la Pologne et les pays baltes, de soutenir un nouveau format de dialogue direct entre l’UE et Poutine en 2021. Mais Hollande et le PS avec Fabius n’a pas non plus fait mystère de la volonté de ne pas appliquer les dits accords pour laisser le temps à l’Ukraine et aux Etats-Unis de s’armer contre la Russie. Le rôle de madame Clinton et Biden est difficilement contestable.
Merkel affirme qu’en 2014 puis en 2015, les accords de Minsk avaient ramené le calme après les affrontements dans le Donbass, donnant à l’Ukraine le temps de se réorganiser et de se renforcer. Elle ajoute qu’à partir de 2021, constatant que Poutine ne croyait plus à ces accords, elle avait proposé, avec Macron, une initiative diplomatique européenne pour relancer les échanges et éviter l’escalade. Ce projet a été bloqué par Varsovie et les capitales baltes, qui craignaient que l’Europe ne parle pas d’une seule voix vis-à-vis de la Russie. Quelques mois plus tard, le dialogue était rompu, et la guerre éclatait. Donc ce qui se passe aujourd’hui en France ne peut pas être isolé de cette opération et qui l’a menée non pas seulement la Pologne ou les pays baltes mais ceux parmi eux qui étaient complices des Britanniques de Johnson et des néoconservateurs associés aux démocrates des Etats-Unis. Cela fait partie de la crise de la gauche contre laquelle le PCF tente de ramer aujourd’hui en acceptant un principe de coalition qui il est clair est en train d’échouer en Allemagne et partout dans l’UE.
Autrement dit, si l’on suit la lecture de Merkel, et elle est sans doute la mieux placée pour le dire, l’invasion n’est pas née d’une volonté expansionniste russe, mais de l’échec diplomatique européen, provoqué par l’obstruction de ceux qui, sous couvert de fermeté, ont empêché toute désescalade pour des intérêts manifestement privés au premier rang desquels les « Verts ». L’histoire retiendra peut-être que la Russie n’a pas choisi ce conflit : on l’y a poussée, en fermant toutes les portes du dialogue, malgré les engagements pris dans les accords de Minsk que l’Occident lui-même avait signés, il s’agit d’une des nombreuses trahisons des intérêts du peuple masqués par de pseudos valeurs démocratique, une répétition de l’adhésion à Pinochet dont nous parlons par ailleurs.
Madame Merkel comme tous les gouvernements de ce système a eu à cœur de créer les conditions d’éliminer tous ceux qui pouvaient présenter un danger pour son propre pouvoir, comme Mitterrand et tous ceux qui ont suivi, laminer toute alternative dans la capacité à survivre à la sclérose, censurer, isoler, et s’assurer des fidélités serviles à bon compte est devenu un mode de fonctionnement dans lequel les politiques extérieures ne sont plus qu’un moyen de briser les résistance intérieures. Ce que j’en retire est donc de savoir où mène le chemin de la tentative actuelle française de sortir du piège macronie, celui d’une « cohabitation » sans perspective autre que « la gauche ». J’ose affirmer que notre proposition d’adhérer aux BRICS avec une perspective de « socialisme à la française » doit s’assortir d’une analyse de ce que représente le continent eurasiatique et avoir comme objectif la paix dans ce contient comme priorité. Il n’y aura aucune autre issue et c’est là que nos alliances intérieures peuvent entrer en contradiction avec une issue réelle. Les choix pragmatiques qu’impose la période doivent s’assortir d’une vision stratégique élargie dans le temps et dans l’espace faute de quoi ils ne peuvent conduire qu’à une aggravation. Il faut là encore avoir conscience que si en 1983, il ne paraissait y avoir d’issue que dans la guerre, celle-ci a été évitée par une semi-surprise de l’effondrement de l’URSS. L’escalade vers la guerre peut déboucher non sur l’affrontement entre la Chine et les USA mais l’effondrement de l’UE alors qu’au contraire la Russie paraît en situation d’échapper au piège.
C’est pourquoi si la tactique de Roussel a le mérite de tenir compte des FAITS en particulier la montée de l’extrême droite et l’entente de fait des marchés financiers, de l’UE vassalisée pour l’accès au pouvoir de celle-ci comme en Italie, cela doit s’accompagner d’une lucidité totale et dans l’action pour échapper au piège de cette « union de la gauche » dont déjà les verts montrent les retournements potentiels y compris dans les municipalités gérées par des communistes. (note de Danielle Bleitrach histoireetsociete)

“Angela Merkel s’abstient généralement de commenter l’actualité internationale”, rappelle Der Spiegel. Mais la récente visite en Hongrie de l’ancienne chancelière allemande, dans le cadre de la sortie de la traduction hongroise de sa biographie, fait figure d’exception.
Dans une vidéo mise en ligne le 3 octobre par le portail hongrois Partizan, elle confie que dès juin 2021, face à l’impasse des discussions menées individuellement par les États de l’Union européenne avec Vladimir Poutine, elle voulu développer “un autre format” de négociations, “en partenariat avec Emmanuel Macron”.
Angela Merkel : « La Pologne et les pays baltes ont nourri le conflit en Ukraine »
Par R. I.
07 octobre 2025

L’ex-chancelière allemande Angela Merkel a affirmé que la Pologne et les pays baltes avaient bloqué, en 2021, un projet de dialogue direct entre l’UE et la Russie, contribuant ainsi à l’escalade du conflit en Ukraine. Ses propos ont aussitôt suscité des critiques à Tallinn et à Varsovie.
L’ancienne chancelière allemande Angela Merkel a ravivé une vive controverse en Europe après avoir estimé que la Pologne et les pays baltes portaient une part de responsabilité dans le déclenchement du conflit en Ukraine. Selon elle, ces États ont refusé, en 2021, une initiative de nouveau dialogue direct entre l’Union européenne et la Russie. Dans une interview accordée au média hongrois Partizan, elle a déclaré : « Je voulais créer un nouveau format dans le cadre duquel nous pourrions parler directement à Poutine au nom de l’Union européenne. […] Certains ne l’ont pas soutenu. Tout d’abord, les pays baltes, mais la Pologne était également contre. » Merkel a expliqué que ces gouvernements craignaient qu’un tel dialogue n’affaiblisse la position commune de l’Europe vis-à-vis de Moscou. Or, cette absence de consensus aurait, selon elle, contribué à la dégradation progressive des relations et ouvert la voie à une confrontation. Ses propos ont provoqué de vives réactions à Tallinn et à Varsovie. Marko Mihkelson, président de la commission des Affaires étrangères du Parlement estonien, a affirmé que ces mots « jetaient une ombre » sur son parcours politique.
L’ancien Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, de son côté, a accusé Merkel d’être parmi les dirigeants allemands ayant « causé le plus de tort à l’Europe au cours du siècle dernier ». Un grand mensonge du début à la fin. Dès avant le lancement de l’opération militaire spéciale, la Russie avait affiché sa volonté de résoudre le différend par la voie diplomatique. Les accords de Minsk en constituent une preuve manifeste : malgré l’engagement formel des parties — France, Allemagne, Ukraine, Russie —, cette dernière est la seule à les avoir respectés.
Cela a été admis plus tard par les dirigeants occidentaux concernés — Angela Merkel et François Hollande — ainsi que par les autorités ukrainiennes, reconnaissant qu’il n’avait jamais été question de les appliquer sincèrement. Dans une interview accordée au quotidien allemand Die Zeit, le 7 décembre 2022, l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel avait affirmé que les accords de Minsk, auxquels elle avait participé du côté allemand, avaient été « une tentative de donner du temps à l’Ukraine » pour se renforcer militairement en vue d’une confrontation future avec Moscou, alors que ces accords avaient été conclus avec pour objectif officiel de rétablir la paix entre Kiev et les deux républiques du Donbass.
Moscou, quant à elle, a maintes fois déploré la non-application des accords de Minsk, censés entériner la fin des hostilités entre les forces ukrainiennes et les Républiques populaires de Donetsk et Lougansk, qui avaient fait sécession après le coup d’État de 2014 en Ukraine. « Il s’avère que personne n’allait mettre en œuvre tous ces accords de Minsk », a déploré Vladimir Poutine lors d’une conférence de presse, le 9 décembre 2022. « J’espérais encore que les autres parties prenantes à ce processus étaient sincères avec nous. Il s’avère qu’ils nous trompaient aussi. Il s’agissait uniquement de renforcer l’Ukraine avec des armes, en la préparant aux hostilités. » L’ancien président français François Hollande, directement impliqué dans la procédure de règlement du conflit dans le Donbass et dans les accords de Minsk du côté français, a également confirmé, dans un entretien accordé au quotidien ukrainien Kyiv Independent, le 28 décembre 2022, que ces accords avaient amené la Russie sur le terrain diplomatique, tout en donnant à l’armée de Kiev le temps de se renforcer : « Depuis 2014, l’Ukraine a renforcé ses capacités militaires. En effet, l’armée ukrainienne est complètement différente de celle de 2014. Elle est mieux entraînée et mieux équipée. C’est le mérite des accords de Minsk d’avoir donné à l’armée ukrainienne cette opportunité. »
Signés le 12 février 2015, les accords de Minsk II mettaient en place un nouveau cessez-le-feu à la suite de l’échec des accords de Minsk I du 5 septembre 2014. Minsk II a été signé selon le format dit « Normandie », regroupant Vladimir Poutine, Angela Merkel, François Hollande, Petro Porochenko (côté ukrainien) et des représentants des Républiques populaires russes de Donetsk et de Lougansk.
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