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Les élections tchèques: la victoire de Babis reconfigure l’échiquier politique européen ?

Andrej Babis est en tête des élections législatives avec une nette marge. Pour sortir la Tchéquie de sa stagnation de ces dernières années, l’homme surnommé le «Trump tchèque» promet beaucoup : hausse des salaires et des retraites ; baisse généralisée des impôts ; réduction de la TVA pour les restaurants ; suppression des redevances audiovisuelles ; augmentations des allocations parentales et des aides sociales… donc ce « libéral » se veut pour l’Etat providence ? Sans compter les multiples coups de pouce aux séniors, le cœur de son électorat, particulièrement fragilisés par l’inflation. Pour financer ce programme, Andrej Babiš veut puiser dans l’économie souterraine, réduire la bureaucratie et saborder des règles environnementales, qu’il juge superflues. Andrej Babis promet également de réduire le soutien de la République tchèque à l’Ukraine. Le milliardaire a d’ailleurs joué sur la colère des moins bien lotis, qui accusent le premier ministre sortant Petr Fiala de les avoir délaissés au profit des réfugiés ukrainiens – plus de 300.000 vivent toujours en République tchèque. Ce qui inquiète surtout Bruxelles c’est sa campagne eurosceptique et contre l’envoi de troupes à Kiev ce qui renforcerait le gouvernement de gauche slovaque comme celui de droite hongrois. Au Parlement européen, ANO siège en effet avec le Fidesz du Premier ministre hongrois Viktor Orban au sein du groupe Les Patriotes pour l’Europe (PfE). Celui-ci compte également le Rassemblement national dans ses rangs. Les élections ont également débuté en Slovaquie ce samedi dans un pays marqué par la récente tentative d’assassinat du Premier ministre Robert Fico, on s’attend à ce que les électeurs soient plus nombreux qu’en 2019. Fico est le chef du parti au pouvoir, le Smer, qui a également remporté les élections avec 23 % des voix, ce qui le place encore en tête de la coalition. Ce qui formerait un bloc d’une quinzaine de députés au parlement européen contre la politique de la Commission européenne. A cette montée des forces qui ne veulent pas la guerre avec la Russie, il faudrait également ajouter le fait que la candidate du parti au pouvoir (pro-russe) a remporté une victoire écrasante (77% des voix) à Tbilissi, le premier ministre dénonce les troubles fomentés par l’UE (et singulièrement Macron) qui ont fait 14 morts. La Géorgie refuse un destin ukrainien.

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Le magnat populiste se positionne comme le prochain Premier ministre tchèque, ce qui pourrait impliquer un changement dans l’alignement international du pays. Photo : EFE.

La possible victoire de Babis aux élections tchèques reconfigure l’échiquier politique européen


4 octobre 2025

L’ancien Premier ministre et magnat Andrej Babiscandidat d’extrême droite aux accents populistes, a jusqu’à présent remporté une victoire retentissante aux élections législatives de la République tchèque, qui se sont tenues vendredi et samedi 3 et 4 octobre. Son mouvement Alliance des citoyens mécontents (ANO) a remporté le plus grand nombre de voix, atteignant environ 37 %, un résultat qui dépasse de loin la coalition au pouvoir entre le centre-libéral et marque un fort rejet du gouvernement actuel.

Le décompte partiel, qui couvre déjà la grande majorité des bulletins de vote, montre la nette distance entre le populiste et ses concurrents. Le parti de Babis a jusqu’à présent remporté 36,5 % des voix, ce qui se traduit par 86 des 200 sièges du Parlement tchèque. Cela lui confère une position dominante, même s’il devra nouer des alliances pour atteindre la majorité absolue, qui s’élève à 101 sièges.

En revanche, la coalition au pouvoir, le Spolu (Ensemble), dirigée par le Premier ministre par intérim Petr Fialaa subi un sévère revers en ne recueillant que 21,9 % des voix, ce qui lui donne 49 députés. Le résultat reflète le mécontentement des citoyens face à la gestion économique et à l’inflation, arguments centraux dans le succès de la campagne du mouvement des Citizens’ Alliance.

Le panorama des coalitions possibles est compliqué par la répartition des forces qui suit les deux grands prétendants. Le parti Stan (Maires), actuel partenaire du gouvernement, arrive en troisième position avec 10,8 % et 20 sièges. Cependant, l’accent est mis sur l’émergence et le renforcement de forces ayant des positions critiques vis-à-vis de l’Union européenne et de l’OTAN.

Le parti Liberté et démocratie directe (SPD) et le parti libéral Los Piratas sont pratiquement à égalité technique, dépassant tous deux les 8 % des voix et obtenant 16 sièges chacun. À cela s’ajoute le parti anti-establishment Motoriste (Automobilistes), qui entre au parlement avec 6,9 % des voix et 13 sièges, démontrant une fragmentation qui profitera au grand vainqueur, Andrej Babis.

Cette victoire, portée par un discours qui privilégie les problèmes sociaux tchèques à l’aide étrangère, comme celle destinée à l’Ukraine, place Babis au centre des négociations et suscite de grandes attentes à Bruxelles. La République tchèque, jusqu’à présent un allié solide de Kiev, pourrait rejoindre un axe de pays d’Europe centrale, avec la Hongrie et la Slovaquie, avec une position plus eurosceptique et critique à l’égard de la politique de l’Union européenne.

Le milliardaire « trumpiste » autoproclamé, Andrej Babis, a une ligne dure basée sur une position en désaccord avec la politique traditionnelle. Il décrit les politiciens de gauche et de droite comme « corrompus, inefficaces et concentrés uniquement sur la lutte pour le pouvoir ». Il se présente comme un « manager modèle » capable de diriger le pays de manière efficace et efficiente, tout comme il l’a fait avec son entreprise.

Son parti se positionne en défense du libéralisme économique de la droite tchèque, contre l’immigration, cotre le pouvoir de l’euro et contre l’envoi d’une aide militaire du bloc européen à l’Ukraine, entre autres positions défendues pendant sa campagne.

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