Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

COMAGUER : La réunification allemande, un anniversaire oublié

Un ouvrage essentiel dans l’actualité avec un gouvernement allemand en train de créer un climat de guerre dont nous parle Comaguer. Lire et relire le second Anschluss, l’annexion de la RDA par l’économiste italien Vladimiro Giacche dans son livre publié en 2015 aux éditions Delga. Cet anniversaire de l’annexion de la RDA est le 3 octobre et intervient dans une Allemagne plus divisée que jamais et dans laquelle, faute d’une issue socialiste réelle, les vieux démons, ceux de l’anschluss sont remontés avec un parti tel que celui de l’extrême droite européenne, le groupe les patriotes, dans lequel siège le RN refuse de faire groupe commun. (note d’histoireetsociete)

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A cette occasion Maria Zakharova , la porte-parole du Ministère des Affaires Etrangères de la Fédération de Russie a publié un commentaire très documenté qui dans sa conclusion invite le gouvernement allemand à s’occuper de ses affaires intérieures plutôt que de créer un climat de guerre en Europe.

« Le 3 octobre, cela fera 35 ans depuis la soi-disant réunification de l’Allemagne, officiellement déclarée après l’entrée en vigueur en 1990 du « Traité sur l’établissement de l’unité allemande » entre la RDA et la RFA, qui a été signé le 31 août de la même année, 1990.

Divisée après sa défaite lors de la Seconde Guerre mondiale par les efforts des « alliés » occidentaux, l’Allemagne a pu retrouver son unité après la fin de la guerre froide, principalement grâce à la position ferme et de principe de notre pays. Rappelons que l’URSS était un opposant catégorique à la division de l’Allemagne.

À l’époque, il nous semblait vraiment que les Allemands, divisés par ces deux événements pendant 45 ans, avaient tiré une leçon historique complète et méritaient le droit à la souveraineté en tant qu’État unifié. Il est regrettable que l’Allemagne unifiée n’ait pas réussi le test de maturité.

On ne peut parler de souveraineté et d’indépendance en ce qui concerne la RFA moderne que de manière conditionnelle. Paradoxalement, mais c’est vrai, la RFA et la RDA, chacune séparément, étaient beaucoup plus indépendantes dans leurs prises de décision que l’Allemagne « unifiée » actuelle. La RFA n’a toujours pas de constitution complète.

Et en termes de sa propre unification, l’Allemagne a également largement échoué au cours des 35 dernières années, restant un pays profondément divisé, toujours divisé entre citoyens de première et de deuxième classe.

Au lieu d’unir le peuple divisé, les dirigeants de l’Allemagne de l’Ouest de l’époque ont choisi la voie de la colonisation de l’ancienne RDA. La discrimination ciblée et généralisée à l’encontre de la population des terres orientales est un fait indéniable. L’industrie et l’agriculture autrefois prospères de l’ancienne RDA ont été détruites, de nombreuses villes et villages se sont dépeuplés, les jeunes ayant fui à la recherche de travail, et les retraités, calomniés par la propagande officielle qui les accuse d’avoir prétendument consacré leur vie et leur travail au « régime communiste totalitaire », y vivent désormais leurs derniers jours.

Il subsiste un écart de revenus important entre les Allemands de l’Ouest et ceux de l’Est, qui ne gagnent que 76 % du salaire de leurs collègues occidentaux et sont contraints de travailler davantage. Le taux de natalité sur le territoire de l’ancienne RDA n’atteint plus que 60 % de son niveau de 1990.

Selon les statistiques allemandes, en 35 ans de « miracle » de l’unité allemande, la population des terres orientales est passée de 17 millions à 12,4 millions d’habitants. Et cela sans tenir compte de l’afflux massif de migrants après 2015 ! La Saxe-Anhalt (26 %) et la Thuringe (20 %) ont perdu le plus d’habitants.

Il n’est pas surprenant que les électeurs de l’est de l’Allemagne soutiennent massivement le parti « Alternative pour l’Allemagne », que les autorités ont déclaré extrémiste, qualifiant ainsi des millions de leurs concitoyens de l’est d’extrémistes.

Les Allemands de l’Est, même ceux qui sont nés plusieurs années après la réunification, ne se sentent pas comme des citoyens à part entière de leur propre pays. Même la propagande officielle ne peut plus cacher ce fait.

Le rapport 2024 « Sur l’état de l’unité allemande » indique que parmi les dirigeants à différents niveaux, les personnes originaires des Länder de l’Est représentent 12,1 % dans l’ensemble, 8,3 % dans le domaine scientifique, 4,5 % dans le domaine économique et 0 % parmi les cadres supérieurs de la Bundeswehr.

Dans le même temps, comme l’a récemment déploré le ministre-président de Saxe, M. Kretschmer, les soldats de base sont majoritairement originaires de l’Est, tandis que les contrats les plus lucratifs dans le cadre du programme de remilitarisation radicale de l’économie du pays sont attribués à des entreprises des Länder de l’Ouest. Et cela se passe en Allemagne, qui, selon son chancelier fédéral, n’est plus en état de paix.

Dans ce contexte, les tentatives constantes des Allemands de donner des leçons aux autres pays et peuples sur la manière de vivre « correctement » et sur ce qu’il faut faire semblent encore plus absurdes. Ils feraient mieux de s’occuper d’eux-mêmes. »

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La réunification de l’Allemagne a été remarquablement analysée par l’économiste italien Vladimiro Giacche dans son livre publié en 2015 aux éditions Delga

Le Second Anschluss

La réunification de l’Allemagne. Un des plus beaux succès de l’Europe issue de la chute du mur de Berlin ? La réalité est bien différente.

25 ans après, la distance entre les deux parties de l’Allemagne continue à s’accentuer, malgré les transferts d’argent public du gouvernement fédéral et de l’Europe. Fort d’une recherche scrupuleuse et des témoignages des principaux acteurs, l’auteur montre comment la réunification a signifié la complète désindustrialisation de l’Allemagne de l’Est, la perte de millions de postes de travail, et une émigration vers l’ouest qui dépeuple des villes entières. Le patrimoine économique du pays le plus prospère du bloc de l’Est a ainsi été dilapidé, spolié, saccagé, au prétexte d’une intégration à l’idéologie libérale dominante.

Après les ravages que cette même politique aveugle cause aux pays du Sud de l’Europe et au notre également, force est de constater que l’histoire de cette union qui divise parle également à notre présent.

Vladimiro GIACCHÉ

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Le second Anschluss et l’OTAN

Cet anniversaire est l’occasion de rappeler que l’absorption de la RDA par la RFA a permis de faire progresser la frontière de l’OTAN d’environ 200 km vers l’Est jusqu’à la frontière polonaise. Les inquiétudes russes ont été à l’époque apaisées par tous les messieurs bons-offices de l’Ouest :Kohl et Mitterrand en particulier affirmant que l’OTAN n’irait pas plus loin. Paroles en l’air jamais reprises par Bush et a fortiori jamais inscrites dans un traité. Il n’en fallut pas plus pour que la Russie très affaiblie et très naïve dissolve le Pacte de Varsovie et que toutes les troupes russes installées dans les démocraties populaires rentrent au pays.

Le champ était libre …

Le 12 Mars 1999, Pologne, Hongrie et Tchéquie rentraient dans l’OTAN.

Suivirent le 29 Mars 2004 Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Roumanie et Slovaquie. Il ne restait plus qu’à faire entrer l’Ukraine pour que l’OTAN ses troupes, ses généraux étasuniens, ses bombardiers nucléaires atteignent la frontière occidentale de la Fédération de Russie. L’enjeu était d’importance : L’Ukraine est le plus vaste pays d’Europe et son intégration à l’OTAN aurait fait avancer la limite de l’OTAN de plus de 1300 km vers l’Est à 300 km de Moscou.

Malgré un premier coup d’Etat électoral pro-occidental en 2004, l’Ukraine résistait. Il fallut donc recourir à un second coup d’Etat, violent celui-là, en 2014 pour évincer le gouvernement élu et mettre à la tête du pays des dirigeants sélectionnés par l’OTAN. A juste titre, la Russie se mit alors à exiger des garanties de sécurité, c’est-à-dire un engagement de ne pas faire entrer l’Ukraine dans l’OTAN. Elle pensait y parvenir avec les accords de Minsk mais signer avec des tricheurs, Mme Merkel et Mr Hollande en l’occurrence, était vain . Les tricheurs agissaient sur ordre du patron étasunien qui tenait lui plus que jamais à son avancée de 1300 km vers l’Est. En Décembre 2021, la Russie proposait encore un accord écrit garantissant sa sécurité, c’est-à-dire un engagement à ne pas l’envahir. Aucune réponse ne parvint de Washington.

La suite est connue et ce qui se joue en ce moment même est la mise en échec d’un projet stratégique conçu dès la fin de la seconde guerre mondiale et poursuivi opiniâtrement par l’impérialisme étasunien . En participant stupidement à ce projet la France met son avenir entre les mains d’un pays outre atlantique qui se sert d’elle comme d’un laquais borné et méprisé. On pense à cette vieille règle médiévale régissant les rapports entre le seigneur et le serf :

POIGNEZ VILAIN, IL VOUS OINDRA !

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