L’Europe est en pleine crise, mais continue de menacer la Russie. Il ne faut pas sous-estimer ce danger. C’est ce qu’a déclaré Dmitri Novikov, vice-président du Comité central du Parti communiste russe, dans l’émission « Entre-temps », diffusée en soirée sur la chaîne de télévision « Zvezda ». Au-delà des résurgence et des rêves de la période de changement historique, il y a la volonté des communistes de trouver des solutions qui empêchent l’apocalypse auquel le monde qui meurt et sa classe semblent vouloir nous vouer. Loin de considérer que l’Europe de l’ouest est tombée dans le camp du mal comme le ferait un Douguine, le KPRF et les communistes russes plaident comme nous pour un rassemblement partout y compris dans l’UE pour les forces de paix et de progrès. Ce qui, notons-le, ne se résume pas à l’union de la gauche pour gagner avec l’aide d’un Gluscksmann (qui repousse plus de gens qu’il n’en attire et qui est entrée dans une opération qui consiste à relancer un pseudo génocide Ouïghour pour tenter de faire oublier celui qui a lieu réellement à Gaza en prétendant parler au nom des juifs ) un poste de conseiller municipal à Bécon-les-Bruyères. Même si la stratégie suicidaire de LFI force à ce genre de sauve-qui-peut. Non, le rassemblement va au-delà de ces jeux électoraux qui témoignent de la crise de la démocratie occidentale et qui ne réussiront qu’à faire monter le fascisme et l’abstention. Il faut reconstituer le cœur de la politique et la proposition de Novikov va dans ce sens, sans exiger d’aucune force l’adhésion à un nouveau Kominterm que d’autres voudraient être le test du monde multipolaire, un gauchisme qui nie la réalité des possibles et de ce qui est nécessaire. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)
Д.Г. Новиков на телеканале «Звезда»
L’Union européenne prépare un 19e train de sanctions contre Moscou. À la demande de Donald Trump, celui-ci pourrait inclure une clause interdisant l’importation de gaz naturel liquéfié et d’autres sources d’énergie en provenance de Russie. La présentatrice Natalia Metlina s’est interrogée sur l’impact que cela pourrait avoir sur l’économie russe.
Dmitri Novikov a proposé d’examiner la situation dans son ensemble. Il a rappelé que la Douma d’État avait entamé une nouvelle session par une réunion entre le président russe et les dirigeants des partis parlementaires : « Gennadi Andreïevitch Ziouganov y a présenté sa position. En substance, la meilleure protection contre les sanctions est une économie qui fonctionne bien. À titre d’exemple, il a attiré l’attention sur la nécessité de développer l’industrie aéronautique et la construction mécanique, en particulier la construction de machines agricoles. Le président a approuvé cette idée. Il est d’ailleurs difficile de ne pas être d’accord avec cela. En effet, une économie qui fonctionne est la meilleure protection contre les crises, les sanctions et tout impact négatif, qu’il soit économique ou politique ».
Dmitri Novikov a souligné que l’Occident continue d’exercer une pression sur la Russie. Les sanctions ont un effet contradictoire sur l’économie. Certains représentants de certains secteurs affirment que les sanctions les ont aidés à développer leurs industries, car il y a moins de concurrents étrangers. Mais il serait faux de dire que la politique occidentale est déterminée par des personnes très naïves qui ne comprennent pas comment faire pression sur nous.
Les adversaires frappent les secteurs clés qui alimentent le budget de la Russie. Selon les données du ministère des Finances, les recettes provenant des secteurs d’exportation vers le Trésor public diminuent, et c’est un facteur important. Malheureusement, a rappelé le représentant du KPRF, nous ne sommes pas complètement sortis de la « dépendance aux matières premières », et l’Occident le comprend.
« Une autre question se pose : quelle économie est la plus touchée par les sanctions, la nôtre ou celle de l’Europe ? », a demandé Dmitri Novikov. « Après tout, le monde est globalisé et, outre l’Europe, la Russie dispose d’autres débouchés commerciaux. »
La présentatrice de l’émission a fait remarquer que l’Occident tente également de faire pression sur les partenaires orientaux de la Russie. Par exemple, Trump veut contraindre l’Europe à imposer des droits de douane aux acheteurs secondaires de combustible russe, à savoir la Chine et l’Inde. Selon Novikov, cela s’inscrit dans le cadre d’un vaste jeu politique avec l’Europe pour le président américain.
Lorsque Trump exige de ses alliés qu’ils rompent leurs relations économiques avec la Russie, il rappelle les tentatives de l’UE d’imposer à Washington sa propre politique à l’égard de Moscou. « Mais le président américain n’est pas prêt à cela, a expliqué l’invité du studio, il a sa propre politique. Il en a discuté avec Poutine en Alaska. Les exigences économiques de Trump semblent donc être une provocation, car les Européens ne sont pas en mesure de réaliser cette tâche pour le moment. »
Le vice-président du Comité central du Parti communiste russe a rappelé que la France reste le principal acheteur de GNL russe en Europe. Cette dépendance ne peut être rapidement revue. Les Européens résisteront à Trump, et lui-même ne s’attend pas à ce que le Vieux Continent baisse rapidement les bras. Mais à moyen terme, ils tenteront de minimiser leur dépendance vis-à-vis des approvisionnements russes. D’où les discussions sur 2027. Cette date est considérée comme le moment où l’Europe pourra réduire au minimum ses importations russes.
Natalia Metlina a demandé si l’on pouvait parler d’une fracture entre l’Union européenne et les États-Unis sur cette base. Dmitri Novikov a convenu qu’il existait un conflit d’intérêts profond entre les deux parties. Mais cela ne signifie pas pour autant que Washington et Bruxelles ne chercheront pas de solution.
« Nous assistons à une expansion considérable de la zone de contestation en Europe. Les autorités européennes ne peuvent pas détruire les programmes sociaux sans fin et à un rythme effréné. C’est pourquoi elles s’opposeront à la pression de Washington. Mais cette résistance est tout de même temporaire. À long terme, les États-Unis parviendront à briser la résistance des dirigeants européens. Ils les ont eux-mêmes formés et placés à des postes clés », a déclaré M. Novikov.
Dans ce contexte, la Pologne a coupé la liaison ferroviaire avec la Biélorussie, qui assure une part importante du commerce entre la Chine et l’UE. Commentant ces événements, Dmitri Novikov a souligné la volonté de Varsovie de satisfaire les États-Unis : « En politique, peu de choses sont faites par hasard. Si la Pologne s’engage dans cette voie, c’est qu’elle souhaite en tirer un certain avantage. Varsovie n’a aucun intérêt à perdre les marchandises chinoises et leur transit. Cela signifie qu’elle souhaite devenir un partenaire plus important pour Washington en Europe. « La question de la Chine vous préoccupe ? Nous allons vous aider », c’est à peu près ainsi que raisonnent les Polonais. »
Dmitri Novikov a souligné que l’Américain moyen utilise à 80 % des produits chinois. Et en Europe, ces produits ne sont guère moins présents. Les tentatives visant à bloquer ce flux de marchandises inquiètent manifestement Pékin. Le ministre des Affaires étrangères Wang Yi a dû se rendre en Pologne. Cela crée une situation qui pourrait avoir des répercussions sur la situation dans l’UE. Moins vous avez de pouvoir d’achat, plus vous êtes intéressé par les produits bon marché. Si les produits chinois cessent d’arriver sur le marché européen, la situation va s’aggraver et devenir plus explosive, a expliqué le représentant du KPRF.
En Europe, les discussions se poursuivent quant à la possibilité d’utiliser les actifs russes gelés pour aider l’Ukraine. Récemment, le président français Emmanuel Macron s’est prononcé contre une telle mesure, déclarant que l’expropriation était illégale.
Dmitri Novikov a fait remarquer que cette déclaration avait surpris beaucoup de monde : « Si l’on se souvient de toute la série de ses déclarations, il y en a eu d’autres, plus radicales. Il est possible que la situation de crise en Europe pousse Macron, en tant que représentant des milieux financiers, à réfléchir à des bouées de sauvetage dans un contexte où la situation devient de plus en plus instable. En tant que financier, il est convaincu que le rôle de bouée de sauvetage doit être joué par le système bancaire. Il faut donc la maintenir dans un état stable, en respectant les règles établies précédemment ».
À la demande de la présentatrice, le parlementaire communiste a abordé les causes de la crise européenne. Il a souligné que la situation nous ramène au thème des relations entre l’UE et les États-Unis, et surtout au thème de la crise du système capitaliste. Étant mondiale, la crise touche tous les pays. Même, comme l’a précisé Novikov, la Chine, qui connaît pourtant le succès. L’économie de la République populaire de Chine est intégrée dans le système capitaliste mondial, mais elle se développe sur d’autres bases, socialistes. C’est ce qui aide la Chine à maintenir un rythme de croissance élevé.
« La question se pose de savoir à quoi ressemblera le monde demain. Il est tout à fait évident que les États-Unis ne sont pas en mesure de conserver leur position de leader sous leurs formes antérieures. Mais ils ne veulent pas non plus y renoncer. La confrontation politique acharnée aux États-Unis, y compris les assassinats d’opposants, donne une idée de ce à quoi ressemblera l’avenir. L’Amérique a besoin d’un coup de pouce pour conserver sa position dominante. La conquête du marché européen est censée être ce coup de pouce. Ce processus est déjà en cours. Et, d’ailleurs, tout le monde en Europe n’est pas contre un tel scénario. Certains estiment que sans une coopération avec les États-Unis, même inégale, l’économie européenne ne sera plus compétitive », a souligné Dmitri Novikov.
Natalia Metlina a cité l’avis d’experts de Chicago selon lequel la crise entraînera l’effondrement du marché financier européen et la chute du cours de l’euro. Cette thèse, a fait remarquer Dmitri Georgievitch, ne manque pas d’arguments. L’économie européenne dépend des tendances mondiales. Il est évident que l’avenir de l’euro pourrait ne pas être aussi brillant qu’il semblait l’être autrefois.
Le président hongrois Viktor Orbán a quant à lui qualifié les dirigeants européens de nains incapables de faire face à la crise de la dette et à l’afflux de migrants. « Il a une position », a réagi le vice-président du Comité central du Parti communiste russe. « Orbán mène un débat animé. Il s’appuie non seulement sur des données objectives concernant la nécessité de protéger l’économie hongroise des décisions de l’UE, mais il s’engage également dans des batailles politiques. Afin de conserver sa popularité auprès de sa propre population, Orbán tente d’expliquer que les efforts visant à protéger les intérêts hongrois se heurtent à un mur d’incompréhension. » Dans le même temps, Dmitri Novikov a précisé qu’Orban ne préconisait pas la dissolution de l’Union européenne.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, risque quant à elle de faire l’objet d’une motion de censure initiée par les factions de droite et de gauche du Parlement européen. La présentatrice a posé la question de savoir si d’autres forces politiques pouvaient arriver au pouvoir en Europe. Selon Dmitri Novikov, même si Ursula était remplacée par une autre Ursula, il n’est pas certain que cela changerait quoi que ce soit dans la politique européenne. En revanche, le politicien est convaincu que la tendance à la montée des sentiments opposés est bien réelle.
« La droite et la gauche s’opposent à la situation actuelle. Cela ne signifie pas que leurs différences idéologiques se sont estompées, a déclaré M. Novikov. Les contradictions sont très vives. Les deux camps proposent des paradigmes de développement complètement différents. Au sein de l’Europe, la division s’accentue, ce qui soulève la question de son avenir politique. Dans le contexte de la crise économique qui, selon la théorie de Lénine, se transforme en crise politique, c’est tout à fait logique. Lorsque les gouvernements actuels ne parviennent pas à faire face, d’autres prétendants au pouvoir s’activent, issus de différents horizons. »
Natalia Metlina a exprimé l’idée que la Russie devait miser non seulement sur les mouvements de droite, mais aussi sur les forces de gauche. Dmitri Novikov a qualifié ce point de vue de très juste. Moscou se retrouvera dans une dichotomie très étrange, a-t-il souligné, si, dans le cadre de son pivot vers l’Est, elle coopère activement avec le Parti communiste chinois, le Parti communiste vietnamien et le Parti du travail de Corée, et si, à l’Ouest, elle cherche des alliés parmi l’extrême droite. Cette voie est sans issue, a déclaré le vice-président du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie.
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