Olivier Rodi, notre correspondant en Chine, démonte le prétexte « tarifaire » des Etats-Unis et c’est effectivement un rackett pur et simple auquel la Chine refuse de se soumettre et crée les conditions pour que l’économie mondiale, celle du sud émergent, mais pas seulement, puisse y échapper, ce qui par parenthèse conforte notre proposition de voir la France s’intégrer à cette dynamique. A ne rater sous aucun prétexte. (note d’histoireetsociete)
En Chine, voilà que je retrouve avec plaisir les analyses de Kevin Walmsley, avec un sujet qui concerne la France plus qu’on l’imagine usuellement : la balance des paiements des USA.
La balance des paiements, c’est le document qui donne une vue globale d’une économie, le document qui tient compte non seulement des importations et exportations des biens et des services (la balance commerciale), mais en plus, du montant des investissements.
De 1980 à 2011, la balance commerciale des USA a été déficitaire de 8 Trillions U$. 8.100 milliards de dollars pour être précis. Mais la balance des paiements des USA était toujours égale à zéro. En clair, tous les pays du monde, du Japon à l’Allemagne, de la Chine au Brésil, de l’Inde au Mexique… tous ces pays affichant des surplus commerciaux devaient les retourner sous forme d’investissements aux USA, car lorsque l’Empire vous impose sa monnaie, ses banques, ses services financiers et les règles qui vont avec, vous n’avez simplement pas le choix de faire autrement..
Les 8 trillions de déficit commercial ont donc été réinvestis et chaque année la balance des paiements des USA était équilibrée. La destination préférée de ces investissements, faut-il le préciser, c’est Wall Street.
La rupture de 2011
Les médias occidentaux relèvent le fait que la Chine vend petit à petit ses bons du trésor US. Ces bons correspondent à des prêts limités dans le temps. Lorsque le temps est venu pour les USA de rembourser ces prêts, la Chine les encaisse et ne les renouvelle pas.
Ces mêmes médias relaient à ce sujet le discours impérial : la Chine vend ses bons du trésor US car elle souhaiterait voir ses Yuans remplacer le dollar en tant que monnaie de réserve mondiale. Ce que nie la Chine bien sûr. Ce que les médias comprendraient s’ils s’intéressaient aux surplus commerciaux chinois.
C’est pourtant une question à mille milliards de sabords : que deviennent tous les dollars que gagne la Chine grâce à son commerce international?
– Pour rappel, la balance commerciale de la Chine est positive d’un peu plus de mille milliards par an. Trois milliards de dollars par jour. Dimanches et jours fériés compris –
C’est un montant considérable, mais tout compte fait, le chiffre est comparable au budget militaire impérial.
La Chine semble satisfaite d’encaisser ces dollars -et quelques euros- qui reflètent ses efforts, ses compétences, ses investissements et sa politique industrielle. Allons jusqu’à dire qu’elle les aime ces dollars durement gagnés, car depuis 2011, elle ne les réinvestit plus aux USA.
Difficile de savoir précisément ce que la Chine en fait… Les investissements chinois, on ne peut pas les voir en détail sauf à ceux qui peuvent accéder aux comptes bancaires. Et les banques sont étatiques.
Bref, c’est un peu comme la force de gravité, on ne la voit pas non plus, mais on peut en constater les effets. Nous voyons que pour une grande part, les devises gagnées par la Chine servent à acheter des lingots d’or qui sortent des coffres des US ou d’Europe pour se diriger vers Shanghai… Et il y a ces énormes quantités de devises qui partent vers les centres financiers de Hong-Kong et du Moyen-Orient pour être employées dans les routes de la soie.
La Chine est joueuse.
Et elle n’a aucune envie ni aucun besoin de concurrencer le dollar en tant que monnaie de référence. Pour une Russie sous sanctions, c’est un atout immense de pouvoir utiliser les Yuans, mais beaucoup de pays restent demandeurs de poursuivre leurs échanges commerciaux avec des dollars qui peuvent être utilisés partout.
Et des dollars, la Chine en gagne plein. Elle peut même vous en prêter… A condition d’avoir de bonnes relations diplomatiques. Et à condition de ne pas utiliser le SWIFT, les banques et les services financiers de l’Empire et ses alliés…
De ce fait, les transactions financières de la Chine restent confidentielles. L’Empire ne voit plus combien de tonnes de minerais ou de soja partent vers la Chine, ni à quel prix.
Et disparaissent au passage les frais et commissions des établissements financiers impériaux. C’est ainsi qu’une entreprise d’Amérique du sud ou d’Afrique pourra emprunter des dollars à la Chine tout en payant moins d’intérêts qu’une entreprise située aux Etats-Unis.
C’est ainsi que des producteurs de café brésiliens, sanctionnés par les tarifs du Donald, pourront signer des contrats directement avec la Chine, qui leur proposera de meilleures conditions de prix. Il n’y a plus de parasites de l’Empire à nourrir, tout ce monde en profite.
Les BRICS+ suivent la trace.
L’Inde, le Vietnam, le Brésil, l’Arabie Saoudite, tous les pays qui se rapprochent diplomatiquement de la Chine vendent leurs bons du trésor, et ils ne se sentent plus obligés de réinvestir leurs surplus commerciaux vers les USA. Pour tous ces pays, les dollars gardent une valeur de réserve, une valeur qui leur permet de commercer.
Tous ces dollars que les pays proches de la Chine gagnent, les banques et les financiers US n’en voient plus la couleur.
C’est un monde nouveau, inimaginable auparavant.
C’est un monde de tous les dangers pour l’Empire.
Les alliés des USA paient l’addition.
Pour l’instant, les ventes de bons du trésor opérées par les BRICS+ sont compensées par les alliés. Les pigeons si vous préférez les nommer ainsi. Le Japon, le Royaume-Uni, la France, Israel ont été de gros acheteurs en 2024.
C’est dommage que nos génies des finances n’aient pas prévu que le dollar pouvait perdre 10% entre-temps. La valeur des bons du trésor a chuté d’autant.
La France en particulier en a acheté pour 70 milliards.
Vous souvenez-vous des sanctions mises sur les 300 milliards de la Russie qui ont été «gelés» par décision de l’UE ? Sur ces 300 milliards, 70 milliards se trouvaient en France. Bon… Qui sait… Aussi bien, c’est une coïncidence. Nous verrons bien.
Pour autant, les USA ne vont pas mieux, eux qui doivent étaler un tsunami de 9.000 milliards qui arrivent à échéance cette année.
Les investisseurs doivent-ils s’inquiéter, se demande cet article? https://finbold.com/9-trillion-of-us-debt-will-mature-in-2025-should-investors-be-worried/
Les investisseurs font comme ils veulent, ce n’est pas mon souci, mais Trump s’en inquiète et il n’est pas là pour rigoler. Il est là pour remplir les caisses, et il faudra emprunter entre 2 et 3.000 milliards pour que le Pentagone puisse payer ses notes d’électricité et fantaisies habituelles.
Qui pour prêter cet argent? Entre autres volailles à plumer, l’État français qui ne voit pas plus loin que les 2 mois qui viennent?
Quelques sources que vous pouvez ignorer si garder bon moral pour la lutte à venir compte pour vous :
current French government isn’t likely to make it another two months
https://www.aljazeera.com/economy/2025/9/2/why-is-frances-government-on-the-brink-of-collapse-again
Par contre, on ne reprendra pas la Chine qui a beaucoup donné pour sortir le reste du monde de la crise de 2008.
Tous les pays qui ont des surplus commerciaux importants, tous les membres des BRICS+ en gros, suivront les pas de la Chine et ne prêteront pas une roupie, un rouble ou un yuan à l’Empire.
Quoi qu’il en soit, plus vous êtes proches des USA, plus vous êtes et serez essorés.
Françaises et Français, attention à vous, ce sont vos économies qui sont dans le collimateur de Blackrock.
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Xuan
Le détachement envers le dollar se manifeste aussi par l’achat d’or dont le prix augmente régulièrement, non seulement par la Chine mais aussi par la Russie. Global Times écrit :
https://www.globaltimes.cn/page/202509/1343233.shtml
« La Russie augmente ses réserves d’or de 43,8 % au premier semestre 2025
Par Spoutnik Publié le 11 septembre 2025 à 12h24
Le volume d’or ajouté aux réserves de la Russie au premier semestre 2025 s’est élevé à 450 tonnes, contre 313 tonnes pour la même période l’an dernier, soit une croissance de 43,8 %, a déclaré à Sputnik le ministre russe des Ressources naturelles, Alexandre Kozlov.
« Au premier semestre 2025, les réserves d’or du pays ont augmenté de près de 450 tonnes, contre 313 tonnes pour la même période l’an dernier », a-t-il déclaré en marge du Forum économique oriental.
D’ici fin 2025, la croissance des réserves d’or devrait dépasser les 500 tonnes, a-t-il ajouté. Toutefois, si d’importants gisements sont découverts et enregistrés, ce chiffre pourrait être encore plus élevé, a ajouté M. Kozlov. Début janvier, la Commission d’État russe pour les réserves minérales a indiqué à Sputnik que les réserves d’or russes avaient augmenté en 2024, atteignant près de 900 tonnes.