Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Après la journée du 10 septembre trois pistes de réflexion, par Danielle Bleitrach

La nomination de Lecornu comme premier ministre a été interprétée partout dans la presse internationale comme le signe d’une fuite en avant de Macron vers le bellicisme et le choix de l’OTAN. L’affaire polonaise, que nous analysons par ailleurs, montre à quel point certains boutefeux -dont le sort personnel est lié à la guerre- sont prêts à toutes les provocations. Pris en otage, il y a à un grand nombre de dirigeants déstabilisés, qui ne sont pas disposés à s’engager dans un affrontement y compris nucléaire et des guerres « régionales » pour lesquelles ils manquent de moyens.

Notre position à Histoire et société est que la question fondamentale est celle de l’organisation de la poussée populaire en faveur d »une autre politique fondamentalement révolutionnaire c’est-àdire remettant en cause la politique impérialiste et son autodestruction. Une politique donc se battant pour la paix et la sécurité. Mais cette orientation politique ne peut pas ne pas s’interroger sur les pressions en faveur d’une guerre civile et les contradictions à l’intérieur du camp impérialiste, sur non seulement la vie rendue de plus en plus difficile pour la majorité, la répression, la guerre mais sur les meurtres de dirigeants y compris aux USA . Sur les « révolutions de couleur » qui révélent une guerre de voyous à l’intérieur de la classe dominante. Jetons rapidement quelques jalons de cette réflexion qui devrait se faire de le cadre de la tâche principale de l’heure : l’organisation et le renforcement idéologique du mouvement révolutionnaire pacifique et réellement démocratique par et pour le peuple et le prolétariat au sens large.

Nous suggérons une réflexion sur trois pistes qui permettent de mesurer les tâches et les possibles actuels à partir de FAITS tant au plan national qu’à celui du contexte géopolitique.

1_ Les manifestations et actions de la journée du 10 septembre en France ont été des réussites mais la plus grande réussite réside dans la mobilisation syndicale et le poids pris par les grèves.

Ce qui a fait défaut dans bien des mouvements récents à savoir la mobilisation et la grève sur les lieux de travail a été cette fois la dominante de la journée. C’est le constat que nous tirons de la journée marseillaise mais il semble avec les échos qui nous parviennent que ce soit la dominante en France et si la propagande monte en épingle « les arrestations », rarissimes sont celles qui débouchent sur une inculpation, donc qu’ils le veuillent ou non comme le note systématiquement Franck Marsal dans ses analyses il y a incontestablement un murissement rapide des consciences qui appellerait à l’analyse non seulement de la CGT et du bilan, mais au rôle du parti. Une fois de plus la preuve est faite que la majorité du peuple français qui remet en cause ses dirigeants ne veut aucune forme de guerre. Il faut en tirer les conséquences et s’organiser. Un pas semble avoir été franchi et l’orientation vers le retour au monde du travail en est une composante importante.

Chacun connait s’il fréquente ce blog la manière dont nous sommes critiques sur ce que devient l’Humanité, et l’organisation de la fête de ce journal nous pose un certain nombre de questions sur sa ligne. Néanmoins, nous approuvons l’orientation qui invite à prolonger dans cette fête la réussite de la journée du 10 septembre ; encore faut-il que chacun soit de plus en plus conscient de ce qui peut être attendu des débats et rencontres de cette fête qui a toujours été depuis sa création un lieu hautement politique. (1) La fête de l’Humanité doit être le lieu d’un rendez vous et en ce qui concerne Histoire et société, samedi à 11 heures il y aura au stand de livre en lutte de Vitry et du Val de Marne une rencontre et un débat de Franck Marsal, notre éditeur sera également présent à la cit du livre et de nombreux stands porteront ce souci d’auto-organisation. Nous saluons au titre de l’avancée de nos idées l’article de Dominique Barri sur la signification de l’OCS paru dans l’Humanité du 10 septembre. Si cette « spécialiste » ,qui a embrassé toutes les évolutions et circonvolutions du secteur international du PCF et de l’Humanité, aboutit à un tel article, c’est n’en doutons pas une manière de tenter de conserver des « positions » et d’empêcher une avancée plus « radicale », mais il faut aussi se réjouir de cette « reconnaissance », comme celle de la remise en cause de l’OTAN. Il faut la prendre comme une aide, sans se faire d’illusion néanmoins sur ce ralliement qui éclaire aussi ce qu’on doit attendre de la fête de l’Humanité dans laquelle le PCF n’a qu’un espace réservé. Il est encore dominant mais concédé dans le cadre d’une une fête ouverte à toute la gauche. Ce qui avec l’aide des médias à quelque chance de collaborer à la prestation de « coucou » de Mélenchon va tenter de faire comme lors du 10 septembre. C’est irritant mais ce n’est pas le principal, Là aussi les coups doivent porter contre le capital, ceux qui bradent la France, et la réorganisation des luttes sur cette base, c’est du moins un axe de réflexion qui est le nôtre.

7 septembre 1930 : Première Fête de l’Humanité, organisée au parc Sacco-et-Vanzetti à Bezons. Initiée par Marcel Cachin, directeur du journal L’Humanité, la Fête est devenu très vite un moment unique de fraternité, de culture et de lutte politique. On y trouve des meetings, des concerts, des débats, des stands ouvriers et paysans venus de toute la France. Conçue dès le départ comme une fête populaire, elle s’inscrit dans le sillage des combats pour la paix, contre le fascisme et pour l’émancipation sociale. La Fête de l’Huma est aussi un immense espace de solidarité internationale, où se croisent résistants, syndicalistes, artistes et militants du monde entier. Comme souvent dans cette période historique, il s’agit d’inventer de nouveaux espaces, des institutions, mais aussi de retrouver l’esprit démocratique de ce qui a été fondé, qu’il s’agisse de la charte de l’Onu, des conquis de la Libération ou de la fête de l’Humanité.

2- Parce qu’il y a la guerre mais aussi parce que l’économie a été de plus en plus mondialisée, il est impossible d’ignorer le contexte international, ses dangers comme ses opportunités.. le monde du travail est lui-même déjà le produit de cette internationalisation, le prétexte politicien et clientéliste à sa division.

Ce qui caractérise notre position en tant qu’Histoire et société est que nous lions la force de ce monde du travail que la direction actuelle du PCF et Fabien Roussel, comme le dernier conseil national privilégient comme base d’un pacte social révolutionnaire en faveur de la paix et le seul effectivement possible doit impérativement rejoindre au niveau géopolitique le camp de la paix, de la sécurité du monde multipolaire et contribuer à l’axe stratégique qui se dégage en faveur de ces orientations ; c’est le sens de notre livre « quand la France s’éveillera à la Chine, la longue marche vers un monde multipolaire (2).

C’est avec les luttes, l’organisation à partir du monde du travail, l’autoconscience des « masses », la seule manière de répondre à la politique de pillage et de misère imposées aux peuples, ce à quoi conduit au contraire la ligne de soumission à l’impérialisme est à la guerre civile. La guerre au niveau géopolitique est d’abord la réponse de l’impérialisme à cette poussée, la tentative de tuer dans l’œuf toute « Révolution », le passage de la dictature du capital à une démocratie véritable où ce seraient les travailleurs, les couches populaires, les victimes actuelles de cette « dictature » de fait qui impose sa propre « légalité » et ignore y compris les institutions qu’elle a pourtant mises en place depuis des centaines d’années. Le fait est que si l’on suit le sens des événements intervenus au plan international, la réunion de l’OCS mais pas seulement, la conclusion est bien celle définie par la Chine: il est trop tard vous ne pouvez plus vaincre ce monde multipolaire il faut négocier une politique de paix sans se faire d’illusion sur ce que représentent les dirigeants de « l’occident global » mais en sachant que cette politique de négociation est celle qui est la plus favorable à tous les protagonistes.

3-L’unité de la classe ouvrière, du monde du travail, des peuples souverains dans la maitrise de leurs ressources est d’autant plus nécessaire que la classe dominante réduite à la dictature de quelques monopoles financiarisés témoigne d’un affrontement qui prend des allures de guerre civile à l’intérieur du camp impérialiste.

Avoir une vision géopolitique n’est pas du luxe. C’est du côté de l’Inde peut-être plus encore que dans l’UE ou au Japon, en Corée du sud, que se révèle la force d’un antagonisme qui débouche aux Etats-Unis même sur des meurtres de dirigeants ou « d’influenceurs. » En Inde et autour se sont multipliées les révolutions de couleur avec le dernier exemple du Népal, mais il y a eu le Bangladesh, le Sri Lanka, le Myanmar, aujourd’hui le Népal. Ces régimes en particulier que l’on a présenté parfois comme ruinés par leur relation avec la Chine comme le Sri Lanka ont toujours été aux mains du FMI et représentent la stratégie de Modi et de l’Inde, en particulier sur le plan racial. Ce qui est sûr c’est que la Chine pas plus que la Russie (complètement prise par sa guerre en Ukraine) n’avaient aucun intérêt à ces bouleversements et que la manière dont elles étaient menées étaient calquées sur les révolutions de couleur (En Europe, si l’échec en Biélorussie a marqué un cran d’arrêt, la plupart des votes ont donné lieu à des manipulations des résultats émanant de l’UE « démocratique » dénoncé par le camp de Trump). Soros et l’USAID au grand dam de la « gauche » européenne qui s’est mise à bramer sur l’arrêt des programmes d’aide au tiers monde, a été attaqué par le camp trumpien. Au Népal, il y a eu à la fois soutien à la politique impopulaire et arrogante des autorités en place et en sous main préparation de la contestation sous une forme bien connue des révolutions de couleur grâce à internet et une mobilisation apparemment spontanée des « réseaux sociaux » en évacuant ou tentant d’évacuer les syndicats et a fortiori les communistes quand ils ont encore un parti.

Ce schéma du Népal est pratiquement le même de celui qui a été tenté en France et que l’action syndicale semble avoir déjoué, on retrouve les mêmes scénarios en Allemagne où les assassinats de candidats se succèdent à un rythme que l’on croyait réservé jusqu’ici au Mexique, et aux mafias de narcotrafiquants liés à la CIA en Amérique latine.

voir une révolution de couleur avec « une génération Z » à katamandou n’est pas à proprement parler l’image dominante que nous avions de ce haut lieu des errances babacool… Il faut se faire une raison l’Asie centrale comme le reste du monde a beaucoup changé y compris avec la fin de l’URSS et les avancées, les guerres, les bases impérialistes… Mais si nous sommes en retard d’une guerre froide, la Chine elle et ceux qui ont fondé l’OCS ont d’autres visions et visées y compris sur la jeunesse. A ce propos si vous ne l’avez pas lue, il faut absolument lire la contribution de hier de notre « correspondant » en Chine sur les « tortues de mer » cela vous aidera à actualiser votre vision du monde.

Mais le fait est que mobiliser la jeunesse dans les réseaux sociaux peut avoir des conséquences imprévues. Même si tout est fait pour orienter la colère non pas contre le capital mais contre la corruption et les politiciens qui s’en mettraient plein les poches. Il y a eu toute une période où sous Obama, Biden au moins mais cela remonte y compris à Clinton qui lâche l’offensive de l’OTAN, Soros, l’USAID, la CIA, le MI6 et tous les autres travaillaient ensemble sur le même ordre du jour. Trump que nous considérons comme un syndicat de faillite a introduit le désordre (3). Le considérer comme un simple escroc, un bouffon fait partie de la propagande en fait il tente de créer les conditions du multipolaire en renforçant l’Amérique d’abord en se dégraissant d’alliés au coût trop élevé mais il est pris dans une logique de l’endettement abyssal sous la pression du complexe industrialo-militaire et donc dans la stratégie qui est celle des « démocrates » avec des déstabilisations à la Soros qui se poursuivent. Tout se passe comme si la classe capitaliste à son stade ultime impérialiste prenait en otage son propre personnel politique dans un affrontement tel que tout le monde parait dupe et continue désespérément à créer les conditions d’un brouillage imbécile dans le narratif occidental. dans un monde où des formes diverses de maccarthysme ont imposé un lavage de cerveau sur ce qu’est le communisme et le socialisme réel.

on peut toujours espèrer que comme pour le Rassemblement national, ces gens là vont finir par se tuer entre eux mais il ne faut pas trop se faire d’illusion, ils se débrouilleront toujours à un moment de nous faire assumer les dégâts de leur rixe pour le pouvoir… donc la question essentielle est bien le Que faire ? pour imposer les intérêts de la majorité, et définir une nouvelle économie adaptée au potentiel et soumettant les forces productives à une planification des compétences réelles… ce n’est pas gagné mais si on ne commence pas il y a peu de chance d’y parvenir.

danielle Bleitrach

Après la confirmation de la mort de Charlie Kirk vu l’état de la victime le doute n’était guère permis, l’Amérique paraît n’avoir plus de frein dans la fureur partisane et pas seulement du côté Trump et le mouvement Maga, l’aile qui gênait les « républicans modérés », l’unité autour du supplicié est allée jusqu’à Musk qui a qualifié les démocrates de terroristes . Et ces derniers ont paru donner tous les arguments quand une proposition a été faite au Congrès pour honorer la mémoire de Kirk avec une prière, les démocrates ont hurlé avec férocité : « NOOOO ! » et c’est la moindre des manifestations même si quelques voix tentent d’inciter à la modération dans l’explosion de la joie des militants et responsables démocrates elle est impossible à conteir. On sent tout ce beau monde en pleine Sainte Barthelemy des hérétiques trumpistes (parce que sur le fond ces gens là ne se différencient guère)… le problème est d’achever les traditionnalistes chrétiens ou les impies fornicateurs et divers sodomites de l’autre côté… Ne rions pas, ce n’est pas éloigné de nos querelles françaises et Lecornu (un nom pareil ça ne s’invente pas) chargé de recréer entre la copie des passions outre atlantique un semblant d’unité avec des miettes données aux appétits , un peu de proportionnelles, quelques expulsions et prisons est juste le stade préparatoire à la guerre civile made in uSA…

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2 Commentaires

  • Xuan
    Xuan

    « ce n’est pas éloigné de nos querelles françaises  » si on regarde un peu en arrière la bourgeoisie a expérimenté le parlementarisme, le régime présidentiel, la cohabitation, et maintenant le parti unique dit « bloc central », lui-même entravé par les derniers résidus du parlementarisme. La machine d’Etat se grippe de plus belle et le peuple ne supporte plus, sans pour autant s’unir sur l’après.
    Avant que cette crise n’aboutisse à une sorte de dictature ouverte, il faudrait que la perspectuve du socialisme soit davantage discutée et envisagée, sans entrer dans les détails d’une constitution.

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  • Franck Marsal
    Franck Marsal

    Pour reprendre la thématique des décalages, évoquée dans un autre article, il y a d’énormes décalages dans la conscience en train de se constituer. Il peut sembler y avoir des répétitions, mais ce que l’on croit être une répétition est la logique spiralée du développement. Le peuple ne supporte plus certaines choses, mais il en tolère encore d’autres avec beaucoup de patience parce que domine encore l’idée que les solutions collectives sont bloquées et qu’il vaut mieux chercher des solutions individuelles, même si c’est de plus en plus difficile. Peut-être sommes-nous à ce moment de bascule où la recherche de la solution collective va reprendre le dessus, peut-être aurons-nous à parcourir une nouvelle fois la spirale. Nous le saurons dans quelques mois.
    Il faut mettre en avant la perspective de la société socialiste, c’est le rôle d’un parti communiste, et c’est la seule alternative réelle et concrète que nous puissions mettre en regard de la perspective de guerre, de fascisme et d’effondrement social portée par la bourgeoisie. Cela attirerait au parti un certain nombre de cadres militants potentiels qui restent aujourd’hui à l’extérieur, parce que ce qu’il voit ne leur parle pas suffisamment. Mais pour une large majorité de travailleurs, cela ne répondra pas à leur préoccupation, beaucoup plus concrète et immédiate, dont la question brûlante est « ok mais là, maintenant, on fait quoi ? » Il faut donc traduire la question théorique de la société socialiste en une perspective concrète d’action et d’organisation. On peut être en désaccord sur la meilleure traduction. L’important sera d’accepter collectivement d’en choisir une, de la pousser en avant et d’apprendre de ce qui va fonctionner ou pas, en cultivant l’écoute des travailleurs et des différentes couches sociales en mouvement. C’est la force du centralisme démocratique. Le centralisme démocratique, ce n’est pas « le parti a toujours raison », c’est « le parti va au bout de l’orientation qu’il a choisie pour vérifier dans la pratique ce en quoi elle répond à la situation et en quoi elle est décalée et limitée. » Un parti ne progresse pas en cherchant à voir toujours raison, mais en analysant, corrigeant et dépassant ses limites et ses erreurs.

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