Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

De la dictature du prolétariat en Chine dans un dessin animé « Langlang Mountain Monster » : Même si vous n’avez pas la parole et êtes inconnu de tous, vous devez résister de toutes vos forces

Nous avons quelquefois des discussions, dans le travail du blog, sur le classement des textes dans les différentes catégories. En première approche, ce texte parle d’un film d’animation chinois pour les enfants, il devrait logiquement entrer dans la catégorie « cinéma ». Mais ce texte est aussi emblématique du parti pris d’Histoireetsociété, dans lequel Danielle nous entraîne irrésistiblement et pourquoi ne pas le dire, pour notre plus grand plaisir. Au prétexte d’un film d’animation, d’un regard espiègle sur la vie, c’est aussi un « texte fondamental », un texte long mais vagabond, qui tisse les fils de la vie réelle avec ceux de la philosophie et c’est là que ces derniers prennent leur véritable sens et vont jusqu’à éclairer nos choix politiques. D’autres textes, apparemment plus sérieux, peuvent parfois à l’inverse prendre place dans la rubrique « cinéma ». C’est en quelque sorte un mouvement dans de multiples miroirs du renversement dialectique qui est le nœud de ce qui était le fil rouge des articles d’hier, la force du peuple qui fait des réactionnaires de tigres de papier. Cette force n’est pas seulement matérielle au sens physique et corporelle, elle est aussi et surtout critique, en particulier à travers ce regard irrespectueux et espiègle sur la réalité qui renverse les conventions et retire aux puissants leur piédestal d’autorité. (note de Franck Marsal pour Histoireetsociété)

« Little Monsters of Langlang Mountain », le premier film d’animation dérivé de « Chinese Strange Tales » [Chroniques de l’étrange, de Pu Songling, un classique du XVIIe, note H&S], est arrivé cet été, offrant une nouvelle histoire se déroulant dans un « univers parallèle » de la série originale. Pour ceux qui ont craqué pour « L’été des petits monstres », cette nouvelle aventure offre le même mélange gagnant d’humour et de cœur, tout en approfondissant ce que signifie se sentir petit, mais oser rêver grand.

Se déroulant dans le même monde que le court-métrage bien-aimé, « Langlangshan Monsters » suit quatre créatures banales : un monstre cochon avec un bégaiement, un esprit crapaud qui s’évanouit quand les bruits sont forts, un démon belette qui ment sur ses « grandes actions » et un démon orang-outan qui trébuche sur ses propres pieds. Dans la hiérarchie stricte de la montagne Langlang, ils sont en bas de l’échelle, allant chercher du bois de chauffage, nettoyant les sols et écoutant les plus grands démons se vanter de leurs pouvoirs. Mais lorsqu’ils gâchent accidentellement le festin du roi de la montagne, ils s’enfuient, tombant sur une idée folle : faire semblant d’être les pèlerins légendaires du « Voyage vers l’Ouest » [un autre grand classique chinois, du XVIe siècle cette fois, note H&S] et trouver leur propre « illumination ».

La tournure de « l’univers parallèle » permet au film de tracer de nouveaux territoires. Dans « L’été des petits monstres », le monstre cochon rêvait de plaire au roi ; ici, il trouve sa voix, disant au groupe : « Nous n’avons pas besoin d’être eux. Nous pouvons être nous-mêmes. C’est une petite ligne, mais elle résonne – pour les monstres et pour les téléspectateurs. « Il s’agit de grandir, mais pas de grandir à partir de ses peurs », a déclaré le réalisateur Chen Liang. « C’est normal d’avoir peur. Continuez ».

Les enfants ne se lassent pas du chaos. Les tentatives de la belette d’imiter le « cool » Monkey King l’amènent à se coincer la queue dans un arbre. Le saut « héroïque » de l’orang-outan par-dessus un ruisseau le fait atterrir dans une flaque de boue. « Mon fils a ri si fort qu’il a reniflé quand le crapaud a essayé de prononcer un « discours sage » et a éternué », a déclaré un parent, Zheng Wei. Mais même les enfants s’en rendent compte : après le film, son fils a demandé : « Pourquoi le monstre cochon avait-il peur de parler ? Je serai son ami ».

Les adultes, cependant, se connectent avec la douleur silencieuse sous l’humour. La confession nocturne du monstre cochon : « Et si j’étais juste… rien ? » – touche de près tous ceux qui se sont sentis éclipsés. Les interminables listes de contrôle du crapaud (« Soyez courageux. Ne vous évanouissez pas. N’oubliez pas vos répliques ».) reflètent la façon dont nous réfléchissons trop à notre propre vie. « Je suis resté éveillé à rejouer cette scène où la belette admet qu’elle ment parce que « personne n’écoute autrement », a déclaré He Jia, 30 ans, un employé de bureau. « C’est comme si le film était un miroir tendu. »

L’animation relie le tout, avec des détails de style chinois qui semblent confortables et familiers. Les sommets de la montagne Langlang sont doux et arrondis, comme des boulettes. La fourrure et les écailles des monstres sont texturées, ce qui les rend câlins même lorsqu’ils sont couverts de boue. Une scène où ils campent à la belle étoile – partageant une miche de pain volée – utilise des jaunes et des oranges chauds, ce qui donne à leur petit feu de camp l’impression d’être l’endroit le plus confortable du monde.

Ce qui rend « Langlangshan Monsters » spécial, c’est qu’il ne répare pas les monstres. Ils bégaient, trébuchent et mentent toujours. Mais ils continuent, l’un pour l’autre. Comme le dit le monstre cochon : « Peut-être que « grand » n’est pas parfait. C’est éprouvant, même quand vous avez peur ». C’est un message qui persiste, longtemps après le générique.

Alors que le film remplit les salles, il est clair qu’il ne s’agit pas seulement d’un spin-off. C’est une lettre d’amour aux opprimés, ceux qui n’ont pas de superpouvoirs, juste un espoir obstiné. Pour tous ceux qui se sont déjà sentis petits, c’est un rappel : vos rêves n’ont pas besoin d’être grands. Ils doivent simplement être les vôtres.

De la bienveillance confucéenne à la dictature du prolétariat pour la joie des bambins riant au chaos…

A partir de cette introduction qui rend intelligible le texte ci-dessous traduit du chinois et qui va plus loin que cette « ode aux opprimés » à quoi nous limitons volontiers notre analyse occidentale, il me semble possible d’avancer vers ce qui est sans doute la part la plus obscure de notre livre et qui revient à l’interrogation : qu’est-ce que le communisme, est-il dépassé parce qu’il aurait échoué ou est-il le sens même de la condition humaine, c’est ce que nous défendons en énonçant des preuves concrètes, matérielles, une alternative à la catastrophe programmée que l’on nous présente comme inéluctable puisque c’est à ce prix que se maintient la domination d’une poignée de multimilliardaire et leur guerre de tous contre tous. Mais c’est aussi un choix philosophique sur le sens même de l’humanité, du vivant. « Quand la France s’éveillera à la Chine, la longue marche vers le monde multipolaire » est à la fois un constat politique immédiat : il est impossible de faire autrement parce que l’hégémonie impérialiste nous asphyxie mais aussi un projet philosophique qui est celui du savoir et de la pratique sur soi dans le collectif et la condition humaine. La Chine a poursuivi à sa manière ce questionnement philosophique auquel Politzer a tenté de nous initier et aussi que l’on redécouvre à travers Kojève, la dialectique matérialiste, celle de l’histoire et du vivant et nous le restitue dans des « Fables », des fictions qui en dégagent l’essentiel.

Pour faire simple, je la résumerai par l’idée que l’un de nous a énoncée, peut-être est-ce Jean ? La révolution culturelle a été une crise anarchiste destructrice mais ce que Mao cherchait devait être conservé, le parti communiste chinois « institutionnalisait » l’autocritique permanente de la dictature du prolétariat dans la dynamique du développement de la transition socialiste. Si l’on écoute attentivement ce que nous disent les Chinois, on peut estimer que c’est très concret, une négociation gagnant-gagnant mais on perçoit aussi que celle-ci est le contraire du maquignonnage de Trump. Le détour par le logos, le récit pour comprendre les valeurs du gagnant-gagnant ont une profondeur historique et quelquefois il est utile alors de voir comment ces valeurs se représentent elles-mêmes y compris dans l’échange avec la culture occidentale. Il y a en particulier dans le cinéma une dimension totalement originale et que l’occident a du mal à percevoir qui renvoie à la permanence de l’autocritique du « pouvoir », de ses « élites » à l’égard du prolétaire qui demeure souverain et deus ex machina… D’où la permanence des contresens sur la « dissidence » des intellectuels et artistes chinois de nos critiques cinématographiques, nous sommes dans un monde où le pouvoir reste exercé au nom du prolétaire y compris celui qui est un migrant exploité dans les usines de la côte, celui qui a subi les grands traumatismes et qui passe son temps à tâter les limites de sa reconquête comme les pierres pour passer le gué. On ne comprend pas le cinéma chinois si l’on ne saisit pas que cette apparente contradiction entre le prolétaire souverain et payant le prix fort du développement avec un pouvoir communiste qui doit assurer son émancipation et réprimer les élites bourgeoises mandarinales qui le servent pour qu’elles ne se contentent pas de la « mauvaise conscience » occidentale qui est en fait une carapace face à la souffrance des masses.

Il y a une autre difficulté pour saisir à travers les discours, les films, le « logos » la spécificité de cette écriture chinoise du sens de l’histoire émancipatrice, c’est que le signifiant et le signifié doivent se confondre pour que l’on ait ce sens du beau comme le juste, l’harmonie, et c’est à un point tel que l’on peut aboutir à un réalisme fantastique qui dit cette lutte mythique du prolétariat sans nom contre le ciel, ce qui nous désoriente autant que la manière « bienveillante » dont se dénouent les tensions ou au contraire montent jusqu’à une violence extrême dont l’animalité seule rend compte.

Il y a ce texte superbe de Lu Xun dont je vous ai parlé, Le journal d’un fou, qui est un point de capiton pour que nous occidentaux entrions dans cette étrange familiarité de l’actuelle « modernité » chinoise et de ce qu’elle propose au monde tel qu’il est, à partir de ce qu’elle sait d’elle-même, dans quelle profondeur de son être la Chine a plongé. Cette nouvelle dans laquelle le peuple cannibale est beaucoup plus humain et beau dans sa vérité matérielle, achevé dans son dénuement, que les bandits qui sont cause des guerres, texte qui décrit l’état de la Chine avant que Mao entame son héroïque fuite (parce que la longue marche était bien une fuite des communistes proscrits, dénués de tout à travers une Chine ravagée et cette plongée dans le malheur qui vit fondre ses effectifs est devenue le triomphe du prolétariat).

Là encore, je reprends la manière dont Jean recentre magnifiquement l’apport de Lu Xun (et on peut en dire autant d’Aragon, de Pablo Neruda, de tant d’autres grands créateurs ralliés à la même époque) :

Lu Xun, est comme Aragon, Neruda, un dandy, il est proche de la culture occidentale en parlant les langues, choisit le prolétariat et Mao, un lettré apprécie énormément cette description des malheurs de la guerre comme l’analyse Jean ci-dessous. Cette plongée en profondeur dans des héros anonymes accrochés à leur survie et à celle de leurs enfants, un réalisme fantastique, une fable d’histoire d’almanach, la chronique des sans nom. C’est la définition du prolétariat par Marx l’hégélien qui n’abandonnera jamais cette référence n’en déplaise à Althusser qui crut le rendre plus intelligible en éliminant ce qui est pourtant le vivant et sa dynamique du dépouillé de tout, la partie la plus douce de l’humanité, vers le sens même de l’histoire. On pense aussi aux documentaires de Wang Bing mais ce serait faire injure à ce dernier et à l’optimisme relatif dans il fait preuve dans son dernier film que d’ignorer que la quasi totalité de ce que le cinéma chinois a de plus important, de plus nourrissant pour nous, répète ce que dit ce dessin animé qui a été un des plus grands succès de toute l’histoire de l’animation en Chine et qui proclame encore et toujours son héros plus fort que tous les dieux, tous les héros, le prolétaire, le petit monstre voleur, menteur mais retrouvant spontanément la bienveillance confucéenne dont les lettrés et les riches parlent mais s’épuisent en vain pour l’appliquer. Le prolétaire ne peut même pas souscrire à Lao tseu et à son rapport à la nature, il doit transformer. Mais ici Jean prend le relais même si Marianne est la seule d’entre nous à pouvoir grâce à sa familiarité avec le chinois modérer nos interprétations.

Le « journal d’un fou » dit Jean Julien (Xuan) daté d’avril 1918 baigne dans « le siècle de la honte ». Après la révolution nationale et anti féodale de Sun Yat Sen en 1911, reconnue seulement par l’Union Soviétique, la Chine est déchirée par la contre-révolution féodale de Yuan Shikai. Le Japon la menace d’un quasi protectorat en janvier 1915, avec un ultimatum de 21 demandes. Et pour finir, la Conférence de la Paix de 1919 apprendra à la délégation chinoise des seigneurs de guerre – malgré les principes énoncés par le président Wilson en faveur du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes – que la province du Shantung et son enclave de Tsingtao ne serait pas restituée à la Chine, mais attribuée au Japon.
Alors éclate la révolte étudiante du 4 mai, une révolution dirigée contre le féodalisme et sa pleutrerie. « Le territoire de la Chine peut être conquis, mais il ne peut être donné ! Les Chinois peuvent être tués, mais ils ne veulent pas être soumis », dit leur manifeste.

Le journal d’un fou pourrait sembler un cri d’horreur et de désespoir, comme celui de Munch terminé un an plus tôt, mais en définitive, non :
… « Il se peut que j’aie mangé sans le savoir quelques bouchées de ma sœur, et voilà mon tour venu…
Avec quatre mille ans de cannibalisme derrière moi – je ne m’en rendais pas compte au début, mais maintenant je le sais – comment pourrais-je espérer rencontrer jamais un homme véritable ?
Peut-être y a-t-il encore des enfants qui n’ont pas mangé de l’homme ?
Sauvez les enfants !… »

Face à l’inhumanité des guerres et à l’humiliation Lou Xin dénonce 4000 ans de féodalisme. C’est le féodalisme qui a engendré cette honte et le « cannibalisme » de sa famille.
Parce que ce sont les prolétaires qui se déchirent et se font la guerre, pas Yuan Shikai, ni Hirohito, ni Wilson, ni Lloyd Georges, ni Clémenceau. « Sauvez les enfants ! » a retenti comme un cri de révolte pour les étudiants du 4 mai.

Mao Zedong date la révolution de Démocratie Nouvelle de ce 4 mai 1919, et il écrira :
« Lou Sin est le porte-drapeau le plus glorieux et le plus intrépide de cette nouvelle force culturelle. Lou Sin est le généralissime de la révolution culturelle chinoise ; il est non seulement un grand homme de lettres, mais encore un grand penseur et un grand révolutionnaire. Lou Sin est l’homme de la fierté inflexible, sans une ombre de servilité ou d’obséquiosité, et c’est la qualité la plus précieuse pour le peuple d’un pays colonial ou semi-colonial. Lou Sin, qui représente sur le front culturel l’écrasante majorité du peuple, est le héros national le plus lucide, le plus courageux, le plus ferme, le plus loyal et le plus ardent qui ait jamais livré assaut aux positions ennemies. La voie suivie par Lou Sin est celle de la nouvelle culture du peuple chinois ». [‘La culture de démocratie nouvelle’ – janvier 1940]

Tandis que notre pays s’enfonce dans la lâcheté et le fascisme, que des radicaux imbéciles rêvent de détrôner un pantin qui dissimule un autre pire encore, que les « communautés » de race, de religion, de sexe ou de non sexe et de générations déchirent les masses populaires au lieu de les unir pour une France socialiste…

« Sauvez les enfants ! »

Les jeunes communistes devraient se lier profondément au prolétariat, s’imprégner de la fraternité et de l’humanité populaire.


Notre camarade Jean-Paul Legrand a écrit un appel très important « LE PCF DEVRAIT CONSACRER 80% DE SON TEMPS AU MONDE DU TRAVAIL », assorti de 10 propositions pratiques :
« Cela signifie tourner son activité, non pas prioritairement vers des débats internes ou des alliances politiciennes, mais vers le cœur battant de la société : les salariés, les entreprises, les lieux de production. C’est là que se joue l’avenir du pays, là que s’affrontent les logiques de profit et les besoins humains, là que se construisent les solutions pour demain. Un parti utile doit consacrer 80 % de son temps à rencontrer les travailleurs, à écouter leurs expériences, à débattre avec eux, à construire collectivement des propositions pour l’avenir de leurs entreprises, de leurs territoires et de la nation. C’est seulement ainsi que le PCF retrouvera sa raison d’être : être l’outil politique des travailleurs…. »

Et c’est là que Franck Marsal prend le relais en allant à l’université d’été du PCF avec un langage commun : nous avons encore beaucoup de travail devant nous. A tous niveaux. Mais un élan collectif se dessine et ce que le parti, je trouve, à du mal à percevoir, c’est la disponibilité de milliers, de dizaines de milliers de travailleurs, prêts à s’engager dans un combat de changement radical de société. Nous sommes désormais dans la situation que décrit Lénine, nous disons manquer de militants, mais, comme le disait Lénine, la crise de la société capitaliste crée chaque jour des dizaines de milliers de nouveaux mécontents. Nous ne manquons pas de militants, nous manquons d’organisateurs concluait Lénine.
A votre disposition pour échanger et voir ce que l’on peut envisager. Le contenu de l’exposé est à disposition. La vidéo sera prochainement disponible.

En prenant connaissance de cette « critique », combat des anonymes qui est à la fois rébellion, asservissement, contestation et philosophie d’état socialiste, on peut repenser à ce qui s’est dit dans ce débat à France culture avec Franck Marsal à propos de ce que nous transformons dans notre propagande inculte, imbécile de la surexploitation des ouvriers et des petits patrons chinois du textile et de la confection par Shein qui est en fait une plateforme de Singapour avec des capitaux américains.

Date de publication : 2025-08-22 Source: Guangming.com – Chaîne de revue littéraire et artistique

Auteur : Lu Xuantong

Après avoir regardé « Langlang Mountain Little Monster », peut-être que nous nous demanderons tous dans notre cœur, quel petit démon suis-je ?

Ce film, adapté du premier épisode de « Chinese Strange Tales » du Studio de cinéma des beaux-arts de Shanghai il y a deux ans, « L’été des petits monstres », le 19 août, au box-office cumulé a dépassé 1,047 milliard de yuans, en tête du championnat du box-office des films d’animation bidimensionnels nationaux de l’histoire du cinéma chinois. Il existe déjà de nombreux films et séries télévisées qui décrivent la situation réelle des travailleurs migrants sur le lieu de travail, mais ce film semble beaucoup plus complexe. Que nous luttions ou que nous restions sans bouger, nous sommes tous dans le même destin.

« Langlang Mountain Little Monster » : Même si vous êtes silencieux et sans nom, vous devez résister de toutes vos forces

Quand le petit démon sans nom devient le « protagoniste »

Tôt le matin de la montagne Langlang, un petit démon cochon s’est rendu à la grotte de Dawang avec une bouilloire délabrée sur le dos, et sur le mur de pierre à l’entrée de la grotte il y avait un mot gravé « Immortalité », ce qui était très similaire à ces grands et vides slogans de performance sur le lieu de travail. Et ce petit démon est insignifiant dans le grand récit des « Voyage vers l’Ouest », et ce n’est qu’un des milliers de monstres qui peuvent être ignorés à volonté. Mais le réalisateur Yu Shui a concentré la caméra sur le démon porcelet, l’esprit crapaud, l’esprit belette et le monstre orang-outan, quatre petits démons qui ne méritaient même pas d’avoir un nom.

Afin de s’en sortir, ils ont été forcés de quitter la montagne Langlang, enveloppés dans de la toile de jute et faisant semblant d’être le maître moine et apprenti Tang, et ils ont fait une escroquerie à l’ouest. Cette ouverture apparemment absurde n’est pas une observation sur notre cadre de vie. Qu’il s’agisse de lutter pour le rôle donné par la société ou de trouver des lacunes dans le scénario établi pour « percer », nous nous dirigeons tous vers notre vie idéale.

Si vous voulez faire semblant, vous devez tronquer votre image. Lorsque le peintre du coq a peint les portraits des petits démons, l’image de Sun Wukong dans « Le Roi des Singes » de 1961 et la version CCTV de 1986 de Tang Seng ont clignoté à l’écran, mais le film a finalement été figé comme un bonhomme allumette abstrait. Bien sûr, nous devons rendre hommage aux classiques, mais après tout, cela appartient au temple, et l’histoire populaire a besoin de nouveaux coups de pinceau.

Zhuangzi [Grand philosophe taoïste, IVe siècle avant notre ère] a dit un jour : « L’homme suprême n’a pas de soi, le dieu n’a pas de mérite et le saint n’a pas de nom. » Zhuangzi considère la personne « sans nom » comme la personne suprême, et « Langlang Mountain Little Monster » écrit un poème épique concernant les gens ordinaires du point de vue du « sans nom ». Les petits démons n’avaient pas de grands exploits militaires ni de noms, mais ils illuminaient toute la nuit sombre de la montagne Langlang d’une faible lumière.

Fausses écritures et résistance réelle

Bien que le voyage vers l’ouest des petits démons ait débuté par une escroquerie, ce n’était pas contraire à l’esprit des Écritures. Par exemple, lorsqu’ils exterminaient le démon rat dans le village de Beizhang lors de leur voyage vers l’ouest, l’esprit du crapaud tremblait et levait le bâton en bois. Devant la grotte de Shuanggou, le monstre orang-outan balbutia et cria : « Je suis le Grand Sage du Ciel ». Le réalisateur enveloppe le noyau existentiel d’une carapace comique, nous disant que peu importe quand, même si le droit de nommer des individus est aboli, « qui être » n’est jamais déterminé par l’identité, mais par l’action elle-même. Bien que les petits démons n’aient pas de nom, ils utilisent chaque alternative qui se présente, chaque fois qu’ils s’avancent, pour redéfinir leur« qui je suis ».

Le moment le plus subversif du film est la scène du temple Xiaoleiyin. L’équipe de la collecte des fausses écritures a rencontré le faux ciel de l’ouest, et le roi aux yeux jaunes s’est assis haut sur la plate-forme du lotus, avec une lumière dorée éblouissante mais tout ce décorum est vide. Lorsqu’il demanda au prétendu moine Tang quelles écritures il étudiait en Orient, Toad Jing répondit dans un état second, « Les Huit Soutras de Zheng’er », et le faux Bouddha dit qu’il avait entendu parler de ces huit soutras depuis longtemps, ce qui fit instantanément rire les gens. Le mensonge est mensonge après tout, mais lorsque deux mensonges se rencontrent, cela donne inexplicablement aux gens l’impression que c’est vrai.

La scène du sauvetage du garçon et de la fille n’a pas d’aura héroïque, seulement le ventre qui s’aplatit et se bombe de l’esprit du crapaud, le bâton en bois brisé par le monstre orang-outan et le petit démon cochon protégeant le dos de l’enfant, c’est un moment divin de grâce relevant de l’anonymat.

Les petits démons ne connaissent peut-être pas le sens profond de la « bienveillance », mais dans leurs actions pour protéger les autres et refuser de se joindre à la foule, ils ont déjà pratiqué le vrai sens de ce que signifie « aimer les gens ». Ils ne sont pas des héros, mais ils ont de l’amour dans leur cœur et de la lumière dans leurs yeux ce qui illumine en eux la partie la plus douce de l’humanité.

Même s’il y a une lueur de lumière, nous devons nous efforcer de percer

Le film ne cache jamais la cruauté du système. La grotte du roi de la montagne Langlang est l’incarnation du lieu de travail, comme la « période d’essai » du petit démon cochon, qui est devenue une projection de l’oppression sur le lieu de travail, et la relation maître-apprenti entre le roi des sourcils jaunes et le Bouddha Maitreya montre la fragilité face au pouvoir. Lorsque le Bouddha Maitreya retira légèrement l’arme magique et dit avec un sourire : « Quand le vrai Wukong viendra vous chercher », la justice pour laquelle les petits démons se battaient au péril de leur vie n’était qu’une pièce secondaire dans le jeu d’échecs féerique.

Laozi a dit : « Le chemin du ciel n’a pas de parents, et c’est souvent avec de bonnes personnes. » Cependant, dans le monde de la montagne Langlang, le chemin du ciel semble être loin de ces petits démons. Ils n’ont pas de soutien, pas de bailleurs de fonds, et même le rêve de « l’immortalité » est devenu une instrumentalisation. Mais dans un tel système, ils choisissent toujours de résister, même s’ils savent que le résultat de la résistance peut n’être qu’un échec, ils choisissent toujours de se lever.

Mais le réalisateur Yu Shui a allumé le feu en désespoir de cause, et à la fin du film, Sun Wukong est passé tranquillement et a donné quatre cheveux au petit démon qui a repris sa forme originale. Ce n’est pas le salut, mais plutôt un encouragement, après tout, les cheveux du Grand Sage du Ciel ne peuvent pas détruire les démons de ce monde, mais peuvent seulement éveiller le courage de « semer le trouble dans le palais céleste » dans le cœur de chaque mortel.

Les petits démons utilisaient leurs propres actions pour compléter l’examen de leur propre destin. Ils refusent d’être définis par le système, refusent d’être influencés par le destin, même s’ils ne sont qu’un grain de poussière dans la montagne Langlang à la fin, ils doivent vivre dans la dignité. Tout comme la chanson de fin « Lourd comme la poussière », « Vis comme tu veux ». On peut voir que la vraie façon d’apprendre les Écritures n’est jamais dans la montagne spirituelle, mais dans le jour après jour de « savoir que vous ne pouvez pas le faire ».

Nous sommes tous des petits monstres de la montagne Langlang

Alors qu’il sortait du cinéma, un jeune homme a souri amèrement à son ami : « N’est-ce pas mon histoire d’entrepreneur ? » Lorsque « quitter la montagne Langlang » est devenu un mot brûlant sur Internet, il y avait derrière cela le désir collectif des gens contemporains d’échapper à l’involution. Lorsque les petits monstres ont résonné auprès du public sous le nom de « Personne », nous sommes également devenus les petits monstres de la montagne Langlang.

« La richesse ne peut pas être obscène, la pauvreté ne peut pas être ébranlée, et le pouvoir ne peut pas être maîtrisé », on peut appeler un homme. Nous voyons aussi cet esprit de « grand homme » dans le petit démon de la montagne Langlang. Ils n’ont pas de richesse, pas de pouvoir, ni même de nom, mais ils prouvent par leurs actions que la dignité d’une personne ne réside pas dans ce qu’elle a, mais dans ce qu’elle choisit de devenir.

Dans son message du Nouvel An de 1999, « Southern Weekly » a écrit qu’« il y a toujours une force qui nous fait fondre en larmes », ce qui a donné à d’innombrables personnes la force d’aller de l’avant. Aujourd’hui, vingt-six ans plus tard, « Langlang Mountain Monster » donne une nouvelle annotation. La force d’aller de l’avant ne vient jamais de l’épopée héroïque, mais du moment où chaque personne ordinaire « résiste de toutes ses forces ».

L’arme magique du Bouddha Maitreya finira par s’estomper, et le slogan de la montagne Langlang sera également altéré, mais le dos des quatre petits démons titubant vers l’ouest laissera une marque dans nos cœurs. On peut lire le sous-texte des scènes : le sens de la résistance n’est pas dans la victoire ou la défaite, mais dans la confrontation elle-même qui remodèle la dignité humaine.

Ne sous-estimez pas ces persistances ordinaires, la lueur finira par se connecter à Hoshino, et chaque « anonyme » est une note de bas de page à « tous ». Après tout, les vraies écritures n’ont jamais été cachées dans la montagne spirituelle, et elles sont nées de la vie quotidienne de « lourds comme de la poussière » mais redressant le dos. Les « vraies soutras » des petits démons ne sont pas les enseignements du Bouddha, mais leur persistance dans la liberté, la dignité et la justice.

En ce moment, l’épopée appartenant aux sans-nom est en train de s’écrire – dans la montagne Langlang, dans le treillis, dans la paume de votre main et de moi. « Langlang Mountain Monster » est comme un miroir qui reflète chaque personne ordinaire qui lutte dans le monde réel. Il nous dit que dans ce monde, chaque vie mérite d’être respectée, et que chaque « petit démon » a sa propre lumière. Nous ne sommes peut-être que de la poussière, mais nous pouvons toujours vivre comme des étoiles.

Lu Xuantong

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