Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

« Ukraine über alles ! » une dénonciation des antifascistes allemands…

Dans notre série du jour, sur le courage face à la montée des affrontements de classe et de la guerre impérialiste, il y a le courage simple de regarder la réalité en face, de ne pas détourner le regard face à ce qui se présente à nous, dans toute son horreur, que nous devrons affronter et que les peuples vaincront. Le regard direct est choquant et il est tentant de se rassurer en reléguant ces réalités dans des catégories anecdotiques. L’horreur de Gaza nous montre chaque jour que les périls de la crise de l’impérialisme ne sont pas anecdotiques et la résurgence du néo-nazisme, dans ce contexte doit être prise avec le plus grand sérieux, surtout lorsqu’on parle de la formation de corps d’armées. Car Azov, qui était il y a deux ans une brigade, est devenu par la suite une division et a été récemment transformée par Zelenski en corps d’armée. Le regard objectif et réaliste est choquant mais il est indispensable pour passer à la seconde étape, celle où, dialectiquement, on peut comprendre l’impérialisme et ses sbires comme « un tigre de papier » selon l’expression de Mao qui disait « L’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres de papier. En apparence, ils sont terribles, mais en réalité, ils ne sont pas si puissants. A envisager les choses du point de vue de l’avenir, c’est le peuple qui est vraiment puissant, et non les réactionnaires ». Regardons donc en face la puissance de l’impérialisme et de ses hordes nazies et construisons la force du peuple organisé, qui est le vrai tigre de l’histoire. (note de Franck Marsal pour Histoire&société)

Nous avons reçu ce texte d’un « correspondant  » Albert Ettinger qui l’a traduit et nous en propose la publication avec le commentaire suivant : « Dans son édition du 23/24 août 2025, le quotidien allemand Junge Welt publie un article très instructif sur les relations entre les pays de l’OTAN et les bataillons « Asow » ukrainiens. Je l’ai traduit pour le rendre accessible à mes amis et mes contacts francophones ». J’ajouterai que outre la nature de ce régime, ce qui est encore plus inquiétant est que par la seule volonté d’un quarteron de factieux au premier rang desquels le président français, l’Ukraine fasciste est déjà membre de facto de l’UE ainsi que membre de facto de l’OTAN. Aucun autre pays de l’UE ne reçoit autant d’argent des contribuables européens que l’Ukraine sans qu’ils soient le moins du monde consultés, ce trublion fait n’importe quoi et se conduit comme s’il était le dirigeant incontesté de l’OTAN, de l’UE au point que ses caprices qui ont conduit son peuple au désastre sont devenus nos lois (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete).

Comme le note le PRCF à propos de cette photo, il faut mesurer que le symbole du régment Azov est celui de la division das Raich …

Hier à Valence, il y a eu un défilé pour fêter l’indépendance de l’Ukraine et vous remarquerez à l’extrême gauche que outre le trident sur le drapeau ukrainien il y a un drapeau ouvertement nazi.

L’UE peut changer leurs règles ou les suspendre complètement à tout moment si cela contribue à vaincre la Russie.

Si vous voulez en savoir plus, l’épisode du général Freuding évoqué dans l’article se trouve aussi au centre de cet autre texte dont voici le lien :

https://www.wsws.org/fr/articles/2025/05/16/pezb-m16.html

Je vous souhaite une bonne lecture. Cordialement, Albert.

Les militaires d’Azov veulent démystifier les « mythes » du Kremlin. Ce faisant, ils étayent leur tradition nazie et réduisent à l’absurde les discours allemands sur la normalisation.

Par Susann Witt-Stahl

(source de l’original allemand : Ukraine: »Ukraine über alles!«, Tageszeitung junge Welt, 21.08.2025)

Les forces militaires « Azov » sont progressivement intégrées dans l’architecture sécuritaire de l’Europe occidentale. Depuis le début de l’invasion russe et l’escalade du conflit ukrainien en 2022, les médias allemands présentent des reportages « émouvants » sur le front, relatant le destin individuel de membres de cette « unité d’élite » et les faisant passer pour « les gentils garçons d’à côté ». La chaîne Welt TV, propriété du groupe Springer, a même présenté à ses téléspectateurs le premier reportage sur la vie d’un volontaire originaire de Mecklembourg-Poméranie occidentale et de son père fier, ancien conducteur de char « Gepard » de la Bundeswehr. L’intégration des unités « Azov » dans les forces armées ukrainiennes et leur réarmement, principalement avec des armes allemandes, nécessite un discours qui présente leurs combattants comme des patriotes sincères et des alliés fidèles de la « démocratie combattante ».

L’appareil de propagande « Azov » tente manifestement de fournir l’« historiographie » qui va avec. En première ligne, la maison d’édition Rainshouse, basée à Kiev et dirigée par Olexij Reins, nouvel idéologue en chef depuis la mort du philosophe « Azov » Mikola « Kruk » Kravchenko en mars 2022. Reins, qui sert également dans la 3e brigade d’assaut « Azov », épine dorsale du 3e corps de l’armée ukrainienne, redouble d’efforts pour blanchir le passé encombrant – les organisations historiques qui l’ont précédée, leurs dirigeants, leurs idéologies, leurs théories, leurs symboles, leurs rituels et leurs actes.

Dans son livre « What Is Azov from Ukraine ? Exclusive Inside Look », publié fin 2023 en anglais et destiné à un public occidental, il affirmait vouloir démystifier les « mythes » répandus par la Russie et d’autres ennemis et prouver que les unités « Azov » ne sont composées que d’idéalistes nationalistes. Cette mission a échoué de manière retentissante : non seulement Reins a sapé presque tous les discours de normalisation sur « Azov », mais il a également souligné, probablement sans le vouloir, la tradition funeste qu’il voulait à tout prix dissimuler.

Dans l’esprit de l’OUN

Ce portrait « d’initié » retrace tout d’abord l’histoire de la création des associations « Azov » et souligne que leur noyau paramilitaire, également appelé « petits hommes noirs », ne s’est pas formé par hasard à Kharkiv en 2014. Cette grande ville du nord-est de l’Ukraine était le centre d’action du « Patriote de l’Ukraine », l’une des structures d’extrême droite les plus influentes du pays dans les années 2000, organisation de jeunesse et branche militante du « Parti social-national de l’Ukraine » (SNPU) fondé à Lviv en 1991. Après le changement de nom de ce dernier en « Svoboda » en 2004, le « Patriote de l’Ukraine » s’est dissous, mais s’est ensuite reformé en tant que groupe de casseurs de l’« Assemblée sociale-nationale ». À la tête de toutes les organisations mentionnées, à l’exception du SNPU et de « Svoboda », se trouvait Andriy Biletsky, aujourd’hui commandant du 3e corps d’armée et chef officieux de l’ensemble des forces militaires « Azov ».

Reins désigne Yaroslav Stets, adjoint de Stepan Bandera, chef de l’aile radicale de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN-B), comme mentor historique des forces militaires « Azov ». Ce dernier était l’adjoint de Stepan Bandera, chef de l’aile radicale de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN-B), et lui succéda à sa mort en 1959. Reins qualifie Stezko et l’OUN de « combattants partisans contre l’occupation soviétique et nazie » de l’Ukraine. Stezko aurait « refusé de coopérer avec le régime d’Adolf Hitler », ce qui lui aurait valu d’être interné au camp de concentration de Sachsenhausen.

Presque rien de tout cela ne correspond à la réalité historique : outre le fait que l’Ukraine était déjà une république de l’Union soviétique depuis 1922 et ne pouvait donc pas être « occupée » par celle-ci, Yaroslav Stezko a expressément salué l’invasion allemande : « C’est avec une sincère gratitude et une profonde admiration pour votre armée héroïque, qui a acquis une nouvelle gloire sur les champs de bataille en affrontant le plus grand ennemi de l’Europe, le bolchevisme moscovite, que nous vous adressons, grand Führer, au nom du peuple ukrainien et de son gouvernement, qui s’est formé dans la ville libérée de Lemberg, nos sincères félicitations pour avoir couronné ce combat d’une victoire définitive », écrivait-il le 3 juillet 1941 à Adolf Hitler.

Stezko et l’OUN-B souhaitaient une Ukraine souveraine en tant qu’État satellite du « Troisième Reich » avec « la possibilité d’une collaboration limitée ». Selon l’historien suédo-américain Per A. Rudling, ils auraient adopté « l’idéologie national-socialiste » et l’idée d’une « nouvelle Europe fasciste ». Son collègue germano-polonais Grzegorz Rossoliński-Liebe souligne que cela ne s’est en aucun cas traduit par un acte passif, mais que l’OUN a créé une « variante ukrainienne du fascisme ». Contrairement au nazisme allemand, celui-ci devait agir au niveau transnational en raison de l’absence d’un territoire national propre, dépendait de mesures de camouflage en raison de l’absence d’une base de pouvoir et se présentait donc comme un « nationalisme ukrainien » (une pratique qui perdure jusqu’à aujourd’hui, notamment chez « Azov »).

Stezko fut envoyé à Sachsenhausen parce qu’il avait proclamé l’indépendance de l’Ukraine le 30 juin 1941, contre la volonté d’Hitler, et s’était nommé Premier ministre. Au camp de concentration, il obtint, tout comme Stepan Bandera et d’autres personnalités de l’OUN, le statut de « prisonnier d’honneur », un appartement individuel, une liberté de mouvement et de déplacement contrôlée, et même l’autorisation limitée de poursuivre ses activités politiques.

Ce que Reins omet complètement de mentionner, c’est que Stezko a propagé dans son « curriculum vitae », rédigé peu après son arrestation le 9 juillet 1941, une dictature à parti unique et une « idéologie völkisch » proche du « programme national-socialiste ». Il était « pleinement conscient » du rôle néfaste des Juifs, « qui aident Moscou à asservir l’Ukraine », déclarait Stezko. « Je soutiens donc l’extermination des Juifs et considère qu’il est opportun d’appliquer en Ukraine les méthodes allemandes d’extermination du judaïsme afin d’empêcher leur assimilation et autres mesures similaires. » Stezko s’était déjà exprimé dans le même sens en mai 1939 dans un guide intitulé « Luttes et activités de l’OUN en temps de guerre », alors qu’il n’était pas encore sous surveillance allemande. Il en allait de même pour l’OUN-B qui, dans les premiers jours de l’attaque allemande contre l’Union soviétique, appelait dans des tracts à l’extermination du « judaïsme » ainsi que des autres « ennemis » que sont Moscou, la Pologne et la Hongrie.

Dans un pamphlet de l’OUN-B publié le 10 juin 1942 dans le Lemberger Zeitung et adressé à la population juive, on pouvait lire : « Vous avez accueilli Staline avec des fleurs. Nous accueillerons Hitler en déposant vos têtes à ses pieds. » Selon le chercheur spécialiste de l’Holocauste Karel Berkhoff, les envahisseurs allemands auraient sans aucun doute porté la responsabilité principale des crimes commis à cette époque. Il cite comme preuve l’ordre donné par Reinhard Heydrich, chef du Reichssicherheitshauptamt (Office central de sécurité du Reich), à ses groupes d’intervention de soutenir et d’intensifier les efforts d’« auto-épuration » des Ukrainiens anticommunistes et antisémites, mais souligne toutefois : « L’OUN-B a joué un rôle clé dans les pogroms en Ukraine occidentale ». De nombreux fascistes ukrainiens ont également collaboré avec l’Allemagne nazie en rejoignant les bataillons « Nachtigall » et « Roland » mis en place par la Wehrmacht et la division SS « Galizien », ainsi que, pendant un certain temps, l’Armée ukrainienne insurgée (UPA) de l’OUN-B.

Comme l’explique Olexij Reins, qui a choisi comme nom de guerre le pseudonyme « Consul » de Bandera, dans son livre, les forces militaires « Azov » restent aujourd’hui encore fermement ancrées dans la tradition de l’OUN et de l’UPA.

« Nationalisme social »

Selon Reins, les fondements théoriques de l’idéologie des forces militaires « Azov » se trouvent dans un « ouvrage de science politique » de Yaroslav Stezko intitulé « Deux révolutions ». Cet ouvrage a été publié en 1951, à une époque où l’OUN-B collaborait déjà avec les services secrets britanniques, américains et ouest-allemands – l’UPA a continué à se battre pour leur compte jusqu’en 1953 en tant qu’armée stay-behind contre l’URSS – et cinq ans après que Stezko eut fondé à Munich l’« Anti-Bolshevik Bloc of Nations », la plus puissante organisation faîtière de collaborateurs d’Hitler dans le monde. Dans « Deux révolutions», Stezko développa une idéologie prétendument nouvelle : le « social-nationalisme ». Cette « doctrine, défendue par l’organisation qui a précédé Azov, Patriot der Ukraine, repose précisément sur les principes programmatiques du principal idéologue de l’OUN », explique Reins dans la préface de la nouvelle édition publiée en 2023 chez Rainshouse.

Dans ce texte empreint d’un pathos héroïque, Stezko invoque l’esprit combatif des ancêtres – de l’Antiquité à la création de l’OUN dans les années 1920 et pendant la Seconde Guerre mondiale –, du boucher des Juifs Simon Petlioura comme de Roman Kouchevitz, commandant du bataillon « Nachtigall », plus tard de l’UPA, et conclut : «Sans révolution nationale et sociale, il n’y aura pas de libération ukrainienne », telle est la thèse fondamentale de son « social-nationalisme », qui – ce que Reins nie avec véhémence – s’avère en partie être une version adaptée à l’Ukraine du « national-socialisme » allemand du NSDAP avant sa prise du pouvoir. « Le national et le social sont les deux faces d’une même médaille, d’une même vie », poursuit Stezko. Son anticommunisme fanatique et sa fétichisation de la violence constituent un autre point commun avec le « national-socialisme », mais aussi avec tous les autres fascismes. Stezko loue les Ukrainiens comme un peuple guerrier qui « balaye comme une avalanche tout ce qui se dresse sur son chemin » jusqu’à la dernière goutte de sang : « Des milliers, des centaines de milliers, voire des millions d’autres vont encore tomber, mais personne ne peut plus arrêter le peuple qui est en marche. »

Ce qui distingue réellement le « social-nationalisme » de Stezko du « national-socialisme » et de l’idéologie de l’OUN et de l’UPA jusqu’en 1945, c’est l’absence d’antisémitisme manifeste. Après la défaite de l’Allemagne hitlérienne et le début de sa collaboration avec ses nouveaux maîtres occidentaux, l’OUN s’en était discrètement débarrassé et avait tout simplement renié son passé – à l’instar des anciens nazis à qui la restauration d’Adenauer avait permis de faire une seconde carrière sous le signe de la démocratie libérale.

Il en va autrement du « social-nationalisme » du « patriote de l’Ukraine », dont le programme formulé en 2008 par Andrij Bilezkij s’inscrit dans la lignée du « national-socialisme » et prône un « nettoyage racial » de l’Ukraine de la « sous-humanité » dirigée par les « sous-hommes » juifs – un atavisme que Reins occulte complètement dans son « historiographie ». Les guerriers « Azov », financés en 2014 par un oligarque juif d’extrême droite et aspirant à devenir « la meilleure unité militaire du monde » en tant que futurs « SEALS » de l’OTAN, s’abstiennent de telles déclarations ouvertement racistes et antisémites. Pour cela, ils continuent toutefois, comme le montre le livre de Reins sur « Azov », de se référer à des précurseurs antisémites, tels que Dmitro Donzow, traducteur d’Hitler, et Mikola Michnowskij, ainsi qu’à des idéologues antisémites de l’OUN, comme Stepan Lenkawskij, auteur du « Décalogue », les « dix commandements des nationalistes ukrainiens », que toutes les recrues doivent encore aujourd’hui réciter comme un serment d’allégeance lors du rituel d’initiation, ainsi que Dmitro Miron, dit Orlik, dont l’ouvrage « L’idée et le rôle de l’Ukraine » fait partie de leurs lectures obligatoires.

« Le Corps noir »

Les forces militaires « Azov » continuent également de défendre l’idée de l’OUN d’une Grande Ukraine, sur le modèle de l’Allemagne nazie. « Le mouvement nationaliste est si puissant que nous assisterons bientôt à la naissance d’un grand État ukrainien s’étendant de la mer Caspienne aux Tatras », prophétisait déjà en 1939 Roman Suschko, fonctionnaire de l’OUN. « Azov » rend hommage à cette idéologie mégalomane, par exemple avec le « faucon de la grande puissance », qui figure toujours sur les drapeaux et les insignes de ses unités, comme symbole de la « vision » d’une « superpuissance du futur qui prendra le leadership géopolitique », comme l’explique Reins. En outre, sa maison d’édition a publié un livre sur « l’impérialisme ukrainien » en tant qu’« ordre, acte de leadership et phare civilisationnel pour les autres » ; sur la couverture figure une carte sur laquelle sont déjà indiquées les futures conquêtes de territoires russes.

Les racines des rituels, du symbolisme et de l’esthétique de la culture militaire « Azov », fortement influencés par la mythologie germanique et le paganisme nordique, dont Reins ne trouve l’origine que dans « l’histoire de l’Europe ancienne » et dans le mouvement d’indépendance ukrainien, se retrouvent en partie dans l’Allemagne nazie : le Wolfsangel, symbole des « patriotes ukrainiens » puis d’« Azov », qui selon Reins n’est rien d’autre que la combinaison des lettres « I » pour « idée » et « N » pour « nation » (une affirmation apologétique, comme le prouvent les recherches), et le soleil noir, qui a désormais disparu de nombreux emblèmes de ses troupes, mais pas de tous, proviennent de la Waffen-SS. Le Wolfsangel et le soleil noir ornent toujours les haches de combat que les commandants « Azov » reçoivent lors de leur nomination, au cours de rituels archaïques à la lueur du feu. Une unité spéciale « Khorunzha » est chargée d’organiser et de mener les rituels d’« Azov ». Selon Reins, la tâche de ces maîtres de cérémonie est « d’élever et de maintenir le moral ».

Suivant l’exemple secret de la Waffen-SS, les forces militaires d’« Azov » considèrent « la guerre non pas comme une forme de travail ou de service, mais avant tout comme une vocation ». Le terme « soldat » n’est pas utilisé pour désigner ses membres, car seule « l’existence en tant que guerrier est la vie éternelle ». Cela vaut particulièrement pour la 3e brigade d’assaut séparée de Reins, au sein de laquelle l’organisation néonazie « Centuria » s’est hissée au rang d’élite guerrière – sa devise est « Sang, famille, combat » et « L’Ukraine aux Ukrainiens ! » – et dispense des formations idéologiques qui font partie de la formation de base des unités « Azov ».

Le nom même du noyau paramilitaire d’« Azov », « Schwarzes Korps » (Corps noir), était emprunté au titre du « Journal des sections d’assaut du NSDAP – Organe de la direction du Reich SS », qui paraissait depuis 1935 sous forme d’hebdomadaire avec un tirage pouvant atteindre 750 000 exemplaires. Outre les insignes et slogans à connotation nazie principalement utilisés par les sous-unités (par exemple « Meine Ehre heißt Treue », « Mon honneur s’appelle loyauté »), c’est un indice supplémentaire d’un fait bouleversant : « Azov » a choisi comme idoles les « guerriers raciaux » de Himmler et perpétue leur tradition, du moins sous une forme codée.

« Brothers in Arms » de l’Occident

Cette continuité, objectivement attestée par l’idéologue en chef d’Azov, représente un nouveau défi pour la « communauté de valeurs » occidentale – un dilemme. Elle s’accentue avec l’interdépendance croissante entre les complexes militaro-industriels de l’OTAN et de l’Ukraine et avec l’expansion rapide des associations nazies.

Le 13 août 2025, The Times titrait « Poutine le craint – 20 000 Ukrainiens veulent se battre pour lui » et laissait Andriy Biletsky, chef de « l’une des unités les plus combatives » d’Ukraine, expliquer les options qui s’offraient aux pays de l’OTAN suite à la montée en puissance des forces militaires « Azov ». « Nous accordons un accès illimité », a-t-il déclaré à propos de l’ouverture du secteur du front d’Izium, contrôlé par ses troupes, aux entreprises occidentales d’armement. « Notre grand avantage est que nous fournissons des comptes rendus, les résultats des tests et des données réelles provenant du champ de bataille. » Sans l’« azovisation » des forces armées ukrainiennes, secouées par les désertions, la « société militarisée permanente » à l’image d’Israël, « qui deviendra effectivement l’armée et l’arsenal d’une Europe qui s’est révélée d’une lenteur alarmante dans la mise en place de ses propres forces armées », à laquelle aspire Bilezkij, n’est pas réalisable. Le message de l’article du Times : Bilezkij et ses « Azovites » – qui ont récemment reçu du Royaume-Uni et de la Lettonie au moins douze obusiers automoteurs de type AS90 et 42 véhicules blindés de transport de troupes Patria – sont depuis longtemps devenus les « frères d’armes » indispensables de l’Occident dans ses préparatifs en vue d’une grande guerre contre la Russie.

Les combattants du passé

Le ministère allemand de la Défense en est également conscient. Jusqu’à présent, il est resté largement silencieux sur les relations entre la Bundeswehr et les forces militaires « Azov ». Ces derniers mois, cependant, des photos d’officiers supérieurs allemands avec des membres des unités fascistes Azov ont fait plusieurs apparitions sur les réseaux sociaux. Par exemple, le 8 mai 2025, le général de division Christian Freuding, chef de l’état-major de planification et de commandement du ministère de la Défense et du centre de situation Ukraine, s’est fait photographier avec un commandant de la brigade d’assaut « Azov » appartenant à Reins (cf. junge Welt du 12 mai 2025). Une photo prise en juillet 2025 montre le médecin général de l’armée Johannes Backus remettant le prix European Best Medic à un infirmier du 1er corps « Azov » de la garde nationale lors de la Combat Medical Care Conference à Blaubeuren. Au moins deux fois depuis 2024, la cheffe du service médical de la 3e brigade d’assaut « Azov » a été reçue par le médecin-chef de l’hôpital militaire de la Bundeswehr à Berlin. Les visites répétées de délégations « Azov » dans des installations de l’OTAN suggèrent également une coopération avec la Bundeswehr.

Le gouvernement fédéral a prévenu idéologiquement les critiques à l’égard de cette fraternité d’armes toxique en provenance du camp pacifiste, des scientifiques et de la société. Dès juin 2022, le Centre fédéral pour l’éducation politique, qui dépend du ministère de l’Intérieur, avait publié l’« Analyse : Le régiment Azov et l’invasion russe » du politologue ukrainien Ivan Gomza. Alors que la mise en place d’un autre régiment spécial « Azov », composé notamment de membres de « Centuria » et du parti néonazi « Corps national », qui a donné naissance quelques mois plus tard à la 3e brigade d’assaut séparée, Gomza affirmait que « la plupart des combattants d’extrême droite » avaient quitté les forces militaires « Azov » « dès 2014, lors de son intégration dans la garde nationale ». Plus tard, « l’interdiction de l’agitation politique dans l’armée » aurait entraîné « une nouvelle déradicalisation et une désidéologisation ». Ce récit reste inchangé et constitue le ton général de la quasi-totalité de la perception d’« Azov » par la politique et les médias en Allemagne.

Comme l’affirmation faite en septembre 2023 par le gouvernement fédéral allemand selon laquelle l’OUN et l’UPA ne peuvent être qualifiées de manière générale « d’extrême droite, antisémites, antitsiganes ou racistes » (cf. junge Welt du 27 septembre 2023), est démentie par l’idéologue en chef d’« Azov » lui-même, qui souhaite que son livre « d’initié » soit considéré comme un « éclaircissement ». En effet, Olexij Reins insiste sur le fait que les combattants de la première heure de la révolte du Maïdan sont toujours à la tête des forces militaires « Azov » – « les bonnes personnes avec les bonnes opinions », cite-t-il son prédécesseur Mikola Kravchenko.

Pour Reins, cela implique de vivre selon le principe « L’Ukraine avant tout ! ». En juillet 2025, il est allé encore plus loin en présentant une « pyramide nationaliste » azovienne « inébranlable » : la famille, la nation, l’État. Il a défini la nation ukrainienne comme « une communauté éternelle de sang et d’esprit, composée des morts, des vivants et des enfants à naître ». Il a critiqué la formule du serment des soldats « Je sers le peuple ukrainien », soulignant que ce n’était pas le pays « du peuple », mais d’un « peuple concret ». « La guerre n’est pas menée pour des abstractions. » Récemment, Reins a annoncé la mise en place des symboles de « l’idée de la nation » (Wolfsangel) et de la division SS « Galicie » à différents endroits – « autels de notre idéologie » destinés à marquer les territoires où doivent se tenir des rassemblements, des entraînements militaires et des rituels. Sa brigade d’assaut avait déjà annoncé, à l’occasion du 80e anniversaire de la création des « Galiciens » en 2023 : « Nous rendons hommage aux combattants du passé. »

C’est notamment en perpétuant cette tradition que les forces militaires « Azov » et leurs partisans tentent de jeter un pont historique entre le « national-socialisme » et l’OTAN. Une fois de plus, un mort-vivant de l’histoire refoulée compromet l’impérialisme allemand, qui se tient aujourd’hui sur le front de l’Est avec le cri de guerre « Plus jamais ça ! ».

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