Grâce à Edmond Janssen, notre éditeur et collaborateur de notre blog, notre livre est arrivé en Chine, il s’agissait de le présenter au cours d’un symposium qui avait lieu à Pékin. Le thème en était la rencontre entre civilisations à travers l’Islam et la Chine en particulier. Le symposium « visait à construire un nouveau récit du dialogue entre les civilisations qui transcende la théorie occidentale du choc des civilisations ». Les lecteurs de notre livre savent qu’il s’ouvre sur la partie de Danielle Bleitrach et Marianne Dunlop qui porte justement sur le projet de civilisation qui existe derrière les BRICS. Edmond a été invité à en parler (il a également apporté des exemplaires des nombreux titres de Delga qui traitent de la Chine). Edmond est rentré en France le 14 août et nous a fait un compte rendu au téléphone mais il a aussi décrit en quelques lignes ci-dessous le séjour extrêmement fructueux à beaucoup de points de vue à Beijing et dans le Xinjiang (Ürümqi) et potentiellement porteur de perspectives sur lesquelles nous reviendrons. Outre les publications et conférences en Chine envisagées pour notre équipe d’auteurs, je dois dire que Marianne et moi sommes particulièrement satisfaites d’avoir perçu cette dimension « civilisationnelle » et la manière dont elle est à la fois racines, traditions après le traumatisme colonisateur mais aussi intégration des chocs et des « ponts », des routes et des villes, ports et oasis. La nécessité de demander à comprendre, l’intérêt suscité par la démarche a surpris Edmond qui a lui-même choisi le retrait, l’écoute, et a alors été stupéfait par le caractère « direct » bienveillant de ses interlocuteurs, leur engagement et la reconnaissance du sien.

Je vous envoie ci-joint, comme convenu avec Danielle, les versions française et anglaise du texte co-écrit avec Danielle que j’ai lu au Symposium dans l’atelier n°2. Je l’ai lu en anglais et vous pouvez voir surligné en bleu l’endroit où je me suis arrêté, les 10 minutes ayant été signalées comme dépassées. Mais les participants avaient le texte en anglais et la traduction dans diverses langues.
Edmond a reçu un accueil tout à fait enthousiaste de la part des organisateurs et la situation en France a provoqué des questions.

Séance d’ouverture du symposium à Pékin qui comprenait un maximum de pays musulmans. Les Français et les Russes qui sont des pays avec de fortes communautés musulmanes étaient les seuls invités par ailleurs.

Intervention dans le symposium
Je vous envoie aussi ci-dessous les liens sur les articles en anglais ou en chinois (facilement traduisibles par deepl) parus dans le China Daily, le People’s Daily et le Xinjiang Daily au sujet du Symposium et le séjour de deux jours qui suivit dans le Xinjiang :
1. China Daily (en anglais)
https://global.chinadaily.com.cn/a/202508/13/WS689c613fa310b236346f17d5.html
2. People’s Daily (en chinois)
https://world.people.com.cn/n1/2025/0812/c1002-40540815.html
3. Xinjiang Daily (en chinois)
http://www.cjxww.cn/new/cjwnews/cjwcnNews/202508/t20250815_30137221.html

Voici également une petite sélection de photos qui ont été faites par les organisateurs ou les participants. (Il y en a encore beaucoup d’autres.) voici notre groupe, au centre un imam pakistanais de Karachi qui est semble-t-il une autorité religieuse.
Voici l’intervention en français et en anglais
C’est en tant qu’éditeur français depuis plus de vingt ans que je m’exprime pour cette conférence internationale. (Je ne suis pas un spécialiste de la Chine ni du monde islamique.) Notre maison d’édition, les Editions Delga, spécialisée en histoire, géopolitique et sciences humaines a publié de nombreux livres sur la Chine. Je citerai seulement ceux publiés ces deux dernières années :
– Le dernier paru en avril 2025, le livre collectif Quand la France s’éveillera à la Chine. La Longue Marche vers un monde multipolaire de de Danielle Bleitrach, Marianne Dunlop, Jean Jullien et Franck Marsal et préfacé par le Secrétaire du Parti communiste français,
– En janvier 2025 L’Odyssée chinoise. De Mao Zedong à Xi Jinping de Bruno Guigue,
– Un autre livre collectif paru à la fin de 2024, Soixante ans d’amitié entre la France et la Chine,
– Et au début 2024 Ouïghours. L’horreur était dans nos médias de Maxime Vivas.
C’est au prisme de notre dernière parution, le livre collectif Quand la France s’éveillera à la Chine. La Longue Marche vers un monde multipolaire, que je m’exprimerai dans cette conférence internationale qui stipule dans la lettre d’invitation reçue, qu’elle « vise à construire un nouveau récit du dialogue entre les civilisations qui transcende la théorie occidentale du choc des civilisations ».
Depuis fort longtemps les grandes puissances coloniales ont instrumentalisé des dérives sectaires et violentes dans les religions. Elles ont entretenu la haine, les guerres et le terrorisme. Et nous arrivons au point où ces empires derrière leur suzerain les USA, parvenus au faîte de la domination voient le sol se dérober sous eux. Ce n’est pas le sol qui se dérobe, c’est un nouveau monde qui naît, multipolaire, qui pourra être ouvert et pacifié. Ce livre écrit depuis un de ces empires finissant mais dont le peuple est célèbre pour ses poussées révolutionnaire, la France, dit que notre pays qui vit un drame, doit demander son adhésion aux BRICS. Ce qui suscite de l’étonnement mais aussi de l’intérêt. Nous expliquons que face à la pression exercée par les Etats-Unis sur tous les peuples, il faut s’unir pour endiguer la guerre, la destruction, les inégalités… Il ne s’agit pas d’ une alliance, une coalition sur le mode de celle des Etats-Unis y compris pour se lancer dans des croisades meurtrières, des blocus, des génocides comme on le voit à Gaza. Au contraire, c’est le gagnant-gagnant mais c’est plus que cela, il s’agit de bâtir une communauté de destin, un projet civilisationnel.
Il s’agit de comprendre ce que nous propose la Chine et en quoi cette proposition est crédible. Mais aussi ce que nous voulons, nous…
Revendiquer un projet civilisationnel à opposer à celui en train de s’effondrer ouvre un champ de réflexion immense sur la nature du dialogue humaniste qu’initie la proposition d’un destin commun et ses réalisations. C’est un aller retour permanent entre l’actualité la plus brûlante, celle des conflits, des blocus et des drames et un champ conceptuel qui s’établit par tâtonnement, expérimentation et qui a sans cesse besoin d’être traduit repensé en remettant en cause notre illusion d’un savoir immédiat.
L’idée de communauté de destin est très ambitieuse, dans ses réalisations « monumentales » et dans sa portée philosophique. Sur le plan philosophique, il y a une montée vers l’universel a contrario de l’universel imposé comme une « viol de l’histoire » de tous les autres que proclame l’occident, depuis le partage du monde colonialiste à aujourd’hui où l’impérialisme US exige l’uniformisation, soumission. Cette voie alternative du Sud, déjà à l’œuvre, a pour le moment rassemblé un grand nombre de pays se revendiquant de l’Islam. Mais l’adhésion parait plus fondé sur l’OPEP+ et le refus de n’être que des « pétrodollars » dans la FED américaine. A contrario de l’impérialisme qui se limite à ses seuls intérêts, nous sommes à l’aube d’une diplomatie, de négociations qui refusent l’anarchie. Mais soyons honnêtes, on peut s’interroger à ce niveau sur la réalité de l’entraide proclamée par l’Islam. Néanmoins il y a là le fruit d’un effort qui a exigé un « travail » de coopérations. Comment un monde multipolaire peut-il aboutir à l’unité et pas seulement de la monnaie ? Ne sera-t-il pas le monde des rivalités entre empires tentant de surgir de la décomposition de l’hégémonisme ? C’est un possible mais il y en a un autre qui matériellement se donne comme finalité le développement : le gagnant – gagnant mais qui appelle aussi à un renversement intellectuel à partir des aspirations humaines les plus nobles.
C’est possible, l’aspiration à un idéal éthique peut être partagé, approprié. Il n’est pas plus dit en ce sens que l’Islam soit seulement moyen-oriental (il est déjà Indonésie, Afrique, etc.), que le communisme soit seulement européen. Cette longue marche de l’humanité si elle va vers son émancipation, doit être une véritable décolonisation, dans la maitrise des ressources, des décisions nationales, locales mais aussi dans une optique éthique, culturelle. Donc « la communauté de destin » en créant les conditions matérielles de l’émancipation à partir des possibles scientifiques et techniques aspire à rendre leur dignité aux êtres humains en les inscrivant dans leur propre histoire et dans leur lignée. Cette démarche éthique a des similitudes avec la laïcité française, et par exemple le refus de la Chine d’accepter tout financement extérieur pour les religions. Mais tout en étant proche c’est différent parce que les Chinois n’ont jamais eu à lutter contre l’endoctrinement religieux qui leur interdisait la science comme dans le cas de l’Europe, au contraire. De ce point vue les Chinois ont plus de parenté avec l’Islam qu’avec le christianisme européen et puritain aux USA. D’ailleurs on peut considérer la route de la soie, la BRI proposée par la Chine actuellement en référence à cet échange qui s’est pratiqué dans toutes les villes et oasis de l’Asie centrale, les marchands faisant se rencontrer les inventions chinoises et celles de l’Islam, celles des artisans et des savants avec les porteurs de la loi et de la sagesse orientale de villes oasis, en steppes et aussi en ports. Notons qu’à partir de là c’est toute la relation avec le judaïsme qui est repensée, recrée, celle avec toutes les civilisations asiatiques et européenne. Exactement le contraire du charnier de Gaza, dans lequel ces peuples ont pour seule mémoire la réinterprétation cauchemardesque du charnier d’Auschwitz dans un impérialisme incapable d’autre destin qu’Apocalypse Now.
Bien sûr tous les ateliers de cette rencontre reviendront certainement sur le fait, qui va a contrario de la propagande inculte et falsificatrice des Usa et de l’occident des Etats-Unis, que la population musulmane chinoise ne se limite pas aux Ouïghours de culture turque. Le plus grand nombre de musulmans sont les Hui de culture chinoise. Et ce qui est intéressant par rapport à la dimension philosophique anthropologique de la multipolarité est d’observer comment à travers cette population Hui, Chine et Islam se ont transmutés dans le contexte d’une civilisation non islamique. C’est l’aboutissement d’un effort de traduction, des termes privilégiés qui pour le Chinois converti revendiquaient sa foi comme pureté et vie. On connait cette parole du sage découvrant comment les premiers prosélytes de l’Islam avaient établi des convergences dans la traduction des termes, des rites et des croyances avec l’enseignement confucéen : « Ainsi, bien que son livre explique l’islam, il illumine en vérité notre confucianisme. » Et effectivement, il y a là les bases de cette multipolarité, qui veut que pour penser des nouveautés, de l’inconnu, les êtres humains ont besoin dans la boîte à outils conceptuelle de leur propre civilisation de ce qui se rapproche le plus de cette découverte. A ce moment la conversion à l’Islam se fera à travers la dignité de la personne humaine empruntée à Confucius, dignité comprise comme voie vers les valeurs supérieure du monde.
Et nous avons dans notre livre tenté d’aborder la manière dont ces valeurs pour nous marxistes, selon Marx lui même, se rapprochent du matérialisme dialectique, historique, de la dialectique hégélienne, et nous éloigne du matérialisme vulgaire celui du maquignonnage de Trump. Ce qui est contesté dans la démarche de connaissance scientifique que revendique après les « lumières » le marxisme, c’est une connaissance qui serait dictée par la révélation. Religion et science ont la même origine. Ce que dénonce le marxisme, c’est « la raison » qui ne tire du développement des forces productives qu’enfer et barbarie pour l’humanité. Il s’agit non pas de renoncer à la raison, mais à cette « raison » à « ce matérialisme écœurant » qui en se déshumanisant à travers l’exploitation capitaliste, le pillage et le racisme néocolonial, aboutit à son contraire l’irrationnel de la destruction de la vie elle-même et renforce alors dans le cœur des exploités le recours à l’illusion mythologique destructrice, infernal. Il n’y a pas d’enfer et de paradis dans la cosmogonie chinoise, mais des points de l’univers dans lequel le récit se déplace, pas plus que de châtiment divin dans les catastrophes, en revanche il y a le héros prométhéen, totem, animal homme qui invente la puissance transformatrice de l’homme, la perfectibilité du juste et du vrai, assorti de la « bienveillance’, le jen (仁 ; rén).
Si ce livre sur l’éveil de la France, et la longue marche d’un monde multipolaire, a connu une audience importante qui continue à se développer c’est sans doute à cause de l’engagement politique de cette proposition d’adhésion aux BRICS mais aussi de cette dimension civilisationnelle assumée à laquelle aspire la conscience du peuple français face à ce qui brade son histoire.
Chacun dans ce monde a conscience de vivre un basculement historique, face à cette mutation, l’occident est en proie au nihilisme, en la perte de foi en l’être humain, dans toute forme de collectif, il n’y aurait plus de progrès possible faute de perspective.
Les propositions chinoises sont réalistes, elles s’ancrent sur des réalisations, mais elles vont plus loin, le principe final est la composante humaniste universelle de la perfection humaine en général, l’objectif le plus élevé, à la fois de l’islam et de la tradition chinoise. Dans l’expérience du socialisme à la chinoise il y a la reconnaissance que ce sont des êtres de chair et de sang, et que la principale contradiction du socialisme est justement la nature très élevée des aspirations qu’un tel système produit et les moyens insuffisamment développés de la société pour y faire face, le protagoniste, le héros n’est pas que militaire comme trop souvent le prône l’imagerie hollywoodienne, il y a l’héroïsme civique, l’héroïsme intellectuel, tous les moyens d’expression, ceux du sportif au poète et toutes les manifestations armées ou désarmées du courage, face à la violence de l’homme abstrait, marchandise, monnaie, il y la force d’une spiritualité qui cherche l’harmonie, une perfectibilité et la bienveillance dans un collectif recréé que nous nous appelons le communisme, un principe espérance face à un monde qui meurt.
Edmond Janssen (éditeur) et Danielle Bleitrach (sociologue et co-auteur de Quand la France s’éveillera à la Chine. La Longue Marche vers un monde multipolaire (When France Wakes Up to China. The Long March towards a multipolar world)

Faith in humanity or nihilism instrumentalizing religions
It is as French publisher with over twenty years of experience that I am speaking at this international conference. I am not a specialist of China neither of Islamic world. Our publishing house, Editions Delga, specialized in history, geopolitics, and humanities, has published numerous books on China. I will mention only those published in the last two years:
– The latest, published in April 2025, is a collective work entitled Quand la France s’éveillera à la Chine. La Longue Marche vers un monde multipolaire (When France Will Wake Up to China: The Long March Toward a Multipolar World), co-authored by by Danielle Bleitrach, Marianne Dunlop, Jean Jullien, and Franck Marsal and prefaced by the National Secretary of the French Communist Party.
– In January 2025, L’Odyssée chinoise. De Mao Zedong à Xi Jinping (The Chinese Odyssey: From Mao Zedong to Xi Jinping) by Bruno Guigue,
– Another collective work published at the end of 2024, Soixante ans d’amitié entre la France et la Chine (Sixty Years of Friendship between France and China),
– And in early 2024, Ouïghours. L’horreur était dans nos médias (Uyghurs: The Horror Was in Our Media) by Maxime Vivas.
It is through the prism of our latest publication, the collective book When France Will Wakes Up to China. The Long March Toward a Multipolar World, that I will be discussing at this international conference, which, according to the invitation letter, «aims to construct a new narrative of dialogue between civilizations that transcends the Western theory of the clash of civilizations».
For a very long time, the great colonial powers have exploited sectarian and violent tendencies in religions. They have cultivated hatred, wars, and terrorism. And we are now arrived to the point where these empires, led by their suzerain, the US, having reached the top of their domination, are seeing the ground slip away below them. It is not the ground that is slipping away, it is a new world that is being born, a multipolar world that can be open and peaceful. This book, written from one of these dying empires, but whose people are famous for their revolutionary impulses, France, says that our country, which is going through a tragedy, must ask to join the BRICS. This is surprising but also interesting. We explain that, because facing the pressure from the United States on all peoples, we must unite to prevent war, destruction, and inequality. This is not an alliance or a coalition like that of the United States, which includes launching murderous crusades, blockades, and genocides, as we see in Gaza. On the contrary, it is a win-win situation, but it is more than that: it is about building a community of destiny, a civilizational project.
It is about understanding what China is offering us and why this proposal is credible. But it is also about what we want…
Calling for a civilizational project to oppose the one that is collapsing, opens up a vast field of reflection on the nature of the humanist dialogue initiated by the proposal of a common destiny and its achievements. It is a constant back-and-forth between the most pressing current events, those of conflicts, blockades, and tragedies, and a conceptual field that is established through trial and error, experimentation, and which constantly needs to be translated and rethought, challenging our illusion of immediate knowledge.
The idea of a community of destiny is very ambitious, both in its “monumental” achievements and in its philosophical scope. On a philosophical level, there is a rise towards the universal, as opposed to the universal imposed as a “violation of history” of all others, as proclaimed by the West since the colonial division of the world to now, where US imperialism requires uniformity and submission. This alternative way of the South, already at work, has for the moment brought together a large number of countries claiming to be Islamic. But their adherence seems to be based more on OPEC+ and the refusal to be simple “petrodollars” in the US Federal Reserve. In contrast to imperialism, which is limited to its own interests, we are at the beginning of a new era of diplomacy and negotiations that reject anarchy. But let’s be honest, we can question the reality of the mutual aid proclaimed by Islam. Nevertheless, this is the fruit of an effort that has required “work” and cooperation. How can a multipolar world achieve unity, and not just monetary unity? Will it not be a world of rivalries between empires trying to emerge from the decomposition of hegemony? This is one possibility, but there is another, that materially sets development as its goal: a win-win situation, but which also calls for an intellectual reversal based on the noblest human aspirations. It is possible that the aspiration to an ethical ideal can be shared and appropriated. In this sense, we cannot say that Islam is only found in the Middle East (it is already present in Indonesia, Africa, etc.), nor that communism is only found in Europe. If humanity’s long march is towards emancipation, it must be a true decolonization, in terms of control over resources and national and local decisions, but also from an ethical and cultural perspective. Therefore, by creating the material conditions for emancipation based on scientific and technical possibilities, the “community of destiny” aspires to restore dignity to human beings by placing them in their own history and lineage. This ethical approach has similarities with French secularism, for example China’s refusal to accept any external financing for religions. But while similar, it is different because the Chinese have never had to fight against religious indoctrination that prohibited them from pursuing science, as was the case in Europe.
From this point of view, the Chinese are more closely related to Islam than to European Christianity and Puritanism in the US. Moreover, we can consider the Belt and Road Initiative, the BRI, currently proposed by China, as a reference to this exchange that took place in all the cities and oases of Central Asia, where merchants brought together Chinese and Islamic inventions, those of artisans and scholars to the bearers of law and Eastern wisdom from oasis, towns, steppes, and ports. It should be noted that from this point, this is the entire relationship with Judaism which is to rethink and recreate, as is the relationship with all Asian and European civilizations. This is exactly the opposite of the mass grave in Gaza, where these peoples’ only memory is the nightmarish reinterpretation of the Auschwitz mass grave in an imperialism incapable of any other destiny than Apocalypse Now.
Of course, all the workshops at this meeting will certainly return to the fact, which goes against the ignorant and falsifying propaganda of the US and the Western world, that the Chinese Muslim population is not limited to the Turkish-culture Uyghurs. A large number of Muslims are the Chinese-speaking Hui. And what is interesting in relation to the philosophical and anthropological dimension of multipolarity is to observe how, through this Hui population, China and Islam have been transformed in the context of a non-Islamic civilization. This is the result of an effort to translate the terms that were important to Chinese converts, who claimed that their faith was purity and life. We are familiar with the words of the sage who discovered how the first proselytes of Islam had established convergences in the translation of terms, rites, and beliefs with Confucian teaching: «Thus, although his book explains Islam, it truly illuminates our Confucianism.» And indeed, this is where lie the basis of this multipolarity, which dictates that in order to conceive new categories and the unknown, human beings need something in the conceptual toolbox of their own civilization that comes the closest to this discovery. At that point, conversion to Islam will take place through the dignity of the human person borrowed from Confucius, dignity understood as a way to the higher values of the world.
In our book, we have attempted to address how these values, for us Marxists, according to Marx himself, are close to dialectical, historical materialism and Hegelian dialectics, and how they distance us from the vulgar materialism of Trump’s horse-trading. What is contested in the scientific approach of knowledge claimed by Marxism after the Enlightenment, is the knowledge which is dictated by revelation. Religion and science have the same origin. What the Marxism denounces is «reason» that draws from the development of productive forces only hell and barbarism for humanity. It is not a question of renouncing reason, but of renouncing this «reason», this «disgusting materialism» which, by dehumanizing itself through capitalist exploitation, robbery, and neocolonial racism, ends up as its opposite, the irrational destruction of life itself, and thus reinforces in the hearts of the exploited the recourse to destructive, infernal mythological illusions. There is no hell or paradise in Chinese cosmogony, but points in the universe in which the narrative moves, nor is there divine punishment in catastrophes. Instead, there is the Promethean hero, totem, animal man, who invents the transformative power of man, the perfectibility of the just and the true, accompanied by «bénévolence», the jen (仁; rén).
If this book on the awakening of France to the China and the long march towards a multipolar world has found a large and growing audience, it is undoubtedly because of the political commitment of this proposal to join the BRICS, but also because of the civilisational dimension to which the French people aspire facing what is liquidating their history.
Everyone in this world is aware that they are living through an historic turning point. Faced with this transformation, the West is submited to nihilism, to a loss of faith in human beings and in any form of collective : there would be no further progress possible and new perspective.
The Chinese proposals are realistic, rooted in achievements, but they go further. The ultimate principle is the universal humanist component of human perfection in general, the highest goal of both Islam and Chinese tradition. In the Chinese experience of socialism, there is a recognition that human beings are flesh and blood, and that the main contradiction of socialism is precisely the very high aspirations that such a system produces and the insufficiently developed means of society to meet them. The protagonist, the hero, is not only military, as Hollywood imagery too often proclaims. There is civic heroism, intellectual heroism, all means of expression, from sports to poetry, and all armed or unarmed manifestations of courage in the face of the violence of abstract man, commodities, and money. There is the force of a spirituality that seeks harmony, perfectibility, and benevolence in a recreated collective, that we call communism, a principle of hope facing a dying world.
Edmond Janssen (publisher) and Danielle Bleitrach (sociologist and co-author of Quand la France s’éveillera à la Chine. La Longue Marche vers un monde multipolaire (When France Will Wakes Up to China. The Long March towards a multipolar world))
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