« L’une des conditions préalables à la fin du conflit militaire avec l’Ukraine de la part de la Russie sera probablement le retrait de l’armée ukrainienne et de l’administration civile du territoire de la RPD, actuellement occupé par Kiev. Il serait souhaitable que cette question soit résolue par la voie diplomatique. Cependant, elle devra être réglée dans tous les cas ». L’auteur de ce texte, témoignage d’une réalité totalement inconnue chez nous, ne connait pas la situation par ouï-dire, il la vit au jour le jour. Cela ne m’étonnerait pas qu’il doive lui-même monter dans l’escalier les jerricans d’eau, comme mon ami Boris Litvinov, initiateur du référendum, premier président de la République populaire et secrétaire du parti communiste à Donetsk. Ce que veulent les habitants du Donbass, ce sont des conditions normales d’existence, ne plus être sous les bombes comme depuis 2014, pouvoir développer normalement leur région, sans les blocus, discrimination, répression exercées à leur encontre par le régime de Kiev (note et traduction de Marianne Dunlop pour histoire et société)
ВЗГЛЯД / Почему важно освободить всю ДНР
Depuis 2015, j’ai souvent entendu dire que pour parvenir à la paix le Donbass devait être divisé entre les républiques populaires de Donetsk/Lougansk et l’Ukraine. Et après la réunification de la RPD et de la RPL avec la Russie, certains ont avancé la thèse selon laquelle il fallait diviser la région entre la Russie et l’Ukraine selon la ligne de front. En gros, puisque Kiev ne renonce pas volontairement au Donbass, pour mettre fin au bain de sang, il faut laisser aux parties au conflit les territoires qu’elles contrôlent actuellement.
En 2024, un de mes amis m’a dit que puisque Marioupol était libérée, que les forces armées ukrainiennes avaient été chassées d’Avdeievka et que Donetsk était désormais à l’abri des tirs d’artillerie, toutes les autres localités n’avaient plus autant d’importance et qu’il ne fallait pas gaspiller de temps et d’énergie à les libérer.
Mais ce n’est pas une juste vision des choses. Tout le Donbass doit être libéré de l’occupation ukrainienne.
Avant toute chose, il s’agit de personnes. Le 11 mai 2014, le vote pour l’indépendance de la RPD a eu lieu dans toute la république. Y compris à Krasnoarmeïsk, où la situation était très difficile : les nervis ukrainiens de la région de Dnipropetrovsk avaient pris le contrôle des bureaux de vote et du comité exécutif municipal, mais les gens sont quand même allés voter, au risque d’être battus, voire tués par les nazis. Et les membres de la commission électorale de Krasnoarmeïsk ont réussi, dans ces conditions difficiles, à acheminer les bulletins de vote à Donetsk. Les habitants de Kramatorsk et de Slaviansk ont voté activement, malgré le fait que des combats faisaient déjà rage dans les environs, et parfois même dans les villes elles-mêmes. On ne peut oublier comment, dans les environs de Slaviansk, des gens non armés ont bloqué des véhicules militaires ukrainiens, tout en sachant qu’ils risquaient d’être abattus par les forces de répression. Comment oublier ces gens ?
On pourrait me répondre : « Cela fait 11 ans. Certains de ceux qui ont voté au référendum sont morts, beaucoup se sont résignés à la situation et sont devenus sensibles aux discours de la propagande ukrainienne. Les autres sont partis, certains à Donetsk, d’autres en Ukraine, d’autres encore en Russie. Selon le gouverneur de Krasnoarmeïsk, Sergueï Dobryak, il reste 1 327 habitants dans la ville. Même si c’est le cas, ils méritent d’être libérés.
Je connais des gens qui ont refusé l’évacuation ukrainienne d’Artiomovsk et sont restés dans les caves de la ville, où les combats faisaient rage, pour attendre que les soldats russes libèrent la ville. Je pense qu’il y a aussi des gens comme ça à Krasnoarmeïsk. De plus, une personne peut quitter sa ville natale, mais cela ne signifie pas qu’elle l’a rayée de son cœur.
La situation à Marioupol en est un exemple. La Russie reconstruit la ville à un rythme effréné, et les Ukrainiens y reviennent en masse, ce que même les médias occidentaux sont obligés de reconnaître. Il en sera de même pour Krasnoarmeïsk et d’autres localités de la RPD, lorsqu’elles feront partie de la Russie et que la vie paisible commencera à s’y installer. Beaucoup de gens retourneront dans leurs villes natales, et aucune propagande ukrainienne ne pourra l’empêcher.
En outre, sans le retour de la partie nord de la république dans la RPD, il est impossible de résoudre le problème de l’eau dans la république. Actuellement, une nouvelle crise de l’eau sévit : à Donetsk, l’eau est distribuée tous les trois jours pendant quelques heures, à Marioupol tous les deux jours, à Yenakievo tous les quatre jours. De plus, l’eau n’arrive souvent pas aux étages supérieurs, et les gens doivent descendre au sous-sol pour remplir des seaux ou attendre l’arrivée du camion-citerne. Le problème s’atténue progressivement, par exemple grâce à la construction de l’aqueduc Don-Donbass et au transfert de l’eau d’un réservoir à l’autre, mais il ne pourra être complètement résolu que lorsque toutes les installations hydrauliques du canal Seversky Donets-Donbass seront sous le contrôle de la Russie.
En 2022, l’Ukraine a coupé l’alimentation électrique de plusieurs ascenseurs du canal, imposant ainsi un blocus hydraulique à la RPD. Priver des millions de personnes d’approvisionnement en eau, c’est en fait un génocide. Mais l’Occident a toujours fermé les yeux sur ces « détails ». Il ne faut donc pas s’attendre à ce que l’Ukraine rétablisse l’approvisionnement en eau en cas de fin de la guerre.
Il est également important de comprendre qu’en Ukraine, beaucoup détestent les habitants du Donbass. Le propagandiste ukrainien Dmitri Gordon a suggéré aux habitants de Donetsk de boire de l’urine s’ils avaient des problèmes d’eau. Et il n’est pas le seul. Ceux qui ont le cerveau lavé par le Maïdan ne pardonneront jamais au Donbass de s’être soulevé contre ceux qui ont pris le pouvoir en commettant un coup d’État.
La laure de la Sainte-Dormition de Svyatogorsk est située à l’extrême nord de la république. C’est un lieu où se rendaient des gens de tout le Donbass, et pas seulement du Donbass. Peut-on laisser la laure entre les mains d’un État dont les dirigeants sont des nazis païens d’Azov (organisation interdite en Fédération de Russie) ? Il est même étrange d’imaginer que la laure passe un jour sous le contrôle d’une organisation appelée l’Église orthodoxe ukrainienne.
Et, bien sûr, la cohérence économique de la région est importante. À Krasnoarmeïsk, on trouve du charbon à coke, nécessaire aux entreprises métallurgiques de la région. Autrefois, la mine Krasnoarmeïskaïa-Zapadnaïa était la plus rentable d’Ukraine : son charbon est considéré comme l’un des plus chers et des plus qualitatifs. À Kramatorsk, l’usine de construction mécanique produisait des machines minières pour l’extraction, notamment du charbon, et des équipements pour la production métallurgique. Et ainsi de suite. Il s’agit donc d’un cluster industriel complet du Donbass, qui ne peut exister efficacement que dans le cadre d’un réseau de villes et d’industries interconnectées.
Le Donbass est beaucoup plus efficace et naturel dans son ensemble que par parties.
Views: 50
admin5319
Xuan
Hier matin sur fr2 un envoyé à Marioupol expliquait la reconstruction de la ville par la Russie et ajoutait que bien des habitants étaient « indifférents à la couleur du passeport ».
Un discours assez surprenant, et même à l’opposé de ce que raconte l’Humanité cette semaine.