Après le massacre dans la Maison des Syndicats le 2 mai 2014, le choc a été si grand dans toute l’Ukraine, en Russie et dans toute l’ex-URSS que l’on s’est dit : « Odessa ne sera plus jamais Odessa ». C’en est fini de cette capitale du rire et de la plaisanterie, comment peut-on encore rire. C’est vrai et ce n’est pas tout à fait vrai. Il faut savoir que le 2 mai a été précédé d’immenses manifestations hebdomadaires pendant plusieurs mois, tous les dimanches une foule bigarrée, multinationale et bon enfant réclamait un référendum et rappelait le titre honorifique de ville héros que la ville a reçu pour son héroïsme dans la lutte contre le fascisme. L’auteur est un Odessite, juif, ukrainien, russe et soviétique, tout cela à la fois (d’ailleurs on nous a expliqué quand nous étions en 2014 à Odessa (1) que toute personne qui vit ici quelques années devient automatiquement juive). Il tient un blog sur l’histoire – les histoires – de la ville, et en mettant bout à bout les époques pré-soviétique, soviétique et post-soviétique tente de réparer le traumatisme (note et traduction de Marianne Dunlop pour histoire et société)
(1) Cf : URSS vingt ans après, retour de l’Ukraine en guerre, Delga 2015
Vitaly Orlov ACTUALITÉS-ODESSA
La bibliothèque était un bon ajout à l’auditorium de la ville pour les lectures publiques, qui a ouvert ses portes les mêmes années que notre bibliothèque.
Le succès de la salle de lecture a été si grand qu’en 1899, environ 88 000 personnes ont visité la salle de lecture de la ville, et l’administration municipale a jugé nécessaire d’ouvrir deux autres salles de lecture dans d’autres quartiers de la ville. Cependant, la salle de lecture de la ruelle (pereoulok) Knizhny [mot-à-mot « rue aux livres] restait toujours la première et la plus importante.
Elle se situait au même numéro à l’époque de l’Odessa soviétique, et dans les livres de référence, elle était classée immédiatement après les bibliothèques centrales et d’État les plus importantes.
En 1926, 19 337 volumes de publications diverses ont été rassemblés dans la première bibliothèque municipale, située au 1 Knizhny pereoulok. La bibliothèque disposait d’une salle de lecture, et l’utilisation des livres était toujours gratuite. En moyenne, cent cinquante personnes visitaient la bibliothèque chaque jour. Le directeur de la bibliothèque était P.K. Popovich. Dans le même bâtiment, il y avait une bibliothèque municipale pour les enfants.
En 1912, la bibliothèque célèbre son 35e anniversaire. Il se trouve que la date de la fête coïncidait avec une date tragique – le dixième anniversaire de la mort d’Ivan Franko (1). À cet égard, les dirigeants de la ville ont décidé de donner à la bibliothèque le nom de l’écrivain démocrate.
Au début de la guerre de 1941-1945, la bibliothèque comptait déjà 50 000 exemplaires de livres et desservait des dizaines de milliers de lecteurs. Pendant l’occupation roumaine, le bâtiment a été détruit, la majeure partie du fonds a été détruite.
Comme vous le savez, les écoles et les bibliothèques ont fait partie des objets prioritaires de la reconstruction après la guerre. Cette liste, bien sûr, incluait la bibliothèque de Knizhny Pereoulok, qui en 1947 avait déjà ouvert ses salles, ses catalogues et ses fonds aux lecteurs.
Après l’indépendance de l’Ukraine, la bibliothèque a perdu son numéro, mais n’a pas perdu son statut de première. En reconnaissance de ses mérites et en observant la chronologie historique, la direction de la vie culturelle d’Odessa a décidé de créer un Réseau centralisé de bibliothèques pour adultes sur la base de la bibliothèque nommée d’après I. Franko. Cette enclave « livresque » comprenait deux douzaines de bibliothèques de la ville, et celle qui portait le nom du grand écrivain en était devenue la principale.
(1) écrivain et poète ukrainien, qui fut également critique littéraire et social, ethnographe, journaliste, économiste et militant politique. On lui doit la traduction en ukrainien des œuvres de Shakespeare, de Byron, Dante, Hugo, Goethe ou encore Schiller. Démocrate révolutionnaire, il est le fondateur du mouvement socialiste en royaume de Galicie. Il écrivait en ukrainien, polonais, russe et allemand. Avec Taras Chevtchenko, il est l’un des auteurs les plus influents de la littérature et de la pensée politique ukrainienne au cours des XIXe et XXe siècle.
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