voici cette fois venu de Russie le même diagnostic, cette societé ne peut plus continuer comme avant mais si nous n’agissons pas elle a toutes chances d’être pire. L’Urgence appelle de l’énergie et non les recettes qui nous ont conduits là où nous en sommes (note de danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop pour Histoiretsociete)
Youri Afonine, vice-président du Comité central du Parti communiste de la Fédération de Russie, député à la Douma d’État explique pourquoi la solidarité des travailleurs est plus que jamais nécessaire.
02-05-2020
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Déjà, de nombreux scientifiques sont convaincus que l’économie capitaliste mondiale est sur le point de sombrer dans une crise comparable à la Grande Dépression des années 1930. Si les travailleurs ne sont pas combatifs et solidaires, alors le poids énorme de cette crise sera entièrement transféré sur leurs épaules.
Essayons d’évaluer ce qui attend les travailleurs s’ils ne se battent pas activement pour leurs droits.
1. Une énorme augmentation du chômage à l’échelle mondiale. L’autre jour, l’Organisation internationale du Travail a prédit que dans le contexte de la pandémie de COVID-19, environ 1,6 milliard de personnes dans le monde risquent de se retrouver sans moyens de subsistance. Un tel nombre de chômeurs n’a jamais été vu auparavant dans l’histoire du monde.
2. Une forte baisse du prix du travail. Cette énorme armée de chômeurs exercera une pression sur le marché du travail, forçant ceux qui ont encore du travail à travailler pour beaucoup moins d’argent.
3. C’est précisément dans les années à venir que l’utilisation de robots et de systèmes d’intelligence artificielle dans l’économie verra un accroissement fulgurant. Le moment est très approprié. Puisqu’il est devenu dangereux pour les gens de se réunir, c’est une nouvelle raison de les remplacer par des robots qui ne tombent pas malades et n’infectent personne. L’économie sera de plus en plus informatisée. Cela entraînera encore plus de chômage et réduira le prix du travail. Les travailleurs seront de plus en plus confrontés à un choix: soit vous travaillez moins cher, soit le patron vous remplace par un robot, un système d’intelligence artificielle. Cela affectera aussi bien les travailleurs que les employés de bureau. Le célèbre scientifique Stephen Hawking a déclaré à juste titre peu de temps avant sa mort que ce dont sera fait le 21e siècle dépendra de qui posséderait les machines qui évinceront les gens de l’économie. Si les machines, les robots, les systèmes d’intelligence artificielle appartiennent à la société, une ère de prospérité sans précédent nous attend, mais si c’est un petit groupe d’individus, alors une ère d’inégalités sans précédent s’annonce: des milliards de miséreux et une poignée de milliardaires.
4. Dans de nombreux domaines, il y aura une transition massive vers le travail à distance. Ce sera également facile de le justifier par le danger épidémique. Sous le capitalisme, cela n’augure rien de bon pour les travailleurs. Aujourd’hui, dans la plupart des pays du monde, une journée de travail de 8 heures est légalement établie. Les gens font leurs 8 heures, quittent leur travail et c’est fini, ils sont hors d’atteinte, ils se reposent. Mais le travail à distance, à domicile, efface la frontière entre le travail et le temps libre. Cela incite l’employeur capitaliste à empiéter sur le temps libre de l’employé et à le forcer à travailler beaucoup plus de 8 heures par jour, ou bien le week-end. Une exploitation accrue dévorera le temps libre des travailleurs.
5. La crise actuelle menace de détruire la plus grande partie de l’épargne des travailleurs. Les banques centrales de tous les principaux pays capitalistes émettent désormais des milliards de dollars, d’euros et d’autres devises à un rythme sans précédent. Ce taux d’émission n’a jamais été vu au cours des crises passées. Cela signifie qu’en quelques années, peut-être en un an, la plupart des monnaies nationales peuvent perdre plusieurs fois leur valeur par rapport à aujourd’hui, si on les mesure par la quantité de biens qui peuvent être acquis. Dans le monde entier, quelque chose comme ce qui s’est passé en Russie en 1992 peut se produire: les travailleurs perdront presque toutes leurs économies. Et cela dans un contexte de crise et de chômage.
6. Une part importante des petites et moyennes entreprises risque de faire faillite dans le monde entier. Nous assisterons à une expansion à grande échelle des grandes sociétés dans de nombreux domaines. Aviez-vous un petit magasin ou un marché ou un petit café près de chez vous? Il y aura maintenant une superette, un restaurant appartenant à une chaîne de restauration. Des millions de travailleurs indépendants sont également en train de disparaître. De plus, une grande partie du petit commerce de détail sera détruite par de grandes sociétés spécialisées dans la livraison à domicile (voir l’expansion de géants du transport comme Amazon favorisée par la pandémie). D’où un chômage supplémentaire et la monopolisation des marchés.
7. Sous prétexte de lutter contre la pandémie, il y aura une réduction rapide (voire une suppression totale) des règlements en espèces (on peut être infecté par les billets de banque!). Il y aura une «transparence» financière presque complète de presque chaque personne devant l’État. Cela peut sembler une bonne chose. Mais il faut vraiment regarder les faits: l’État reste capitaliste, au service de la grande bourgeoisie. Ainsi, chaque travailleur indépendant, chaque cultivateur sera absolument «transparent» financièrement. Ils seront intégralement taxés. Mais l’oligarchie capitaliste trouvera toujours des opportunités pour ses opérations financières, notamment pour déplacer ses fonds à l’étranger.
8. Des changements négatifs se produiront dans la sphère sociale. La pandémie et la crise accélèrent la transition d’une partie importante de la médecine et de l’éducation vers l’enseignement à distance, le diagnostic à distance des maladies. Mais, excusez-moi, dans la plupart des cas, le diagnostic à distance ne sera pas aussi précis qu’avec un rendez-vous personnel avec un médecin. Et après un certain temps, ce ne sera plus un médecin, mais le système d’intelligence artificielle qui vous diagnostiquera. Il ne passera qu’une minute sur vous, mesurera à distance la tension et quelques paramètres supplémentaires, et voici votre prescription. La médecine et l’éducation en présentiel, traditionnelles, deviendront de plus en plus un privilège pour les riches. Et pour les travailleurs, cela signifie une baisse significative de la qualité des soins de santé et de l’éducation.
En outre, la pandémie et la crise peuvent avoir de graves conséquences non seulement dans la sphère socio-économique, mais aussi dans bien d’autres. Il s’agit d’un bond en avant rapide dans le développement des systèmes électroniques de surveillance et de contrôle de la population. Il s’agit d’une concentration de toutes les données sur un citoyen dans une seule base de données. Sous le capitalisme, quand tout est acheté et vendu, les fuites de cette base sont inévitables. En conséquence, nous sommes confrontés à l’élimination presque complète des secrets personnels des gens.
Un des résultats des processus actuels pourrait être le passage au vote électronique presque universel lors des élections. Et un tel vote sera pratiquement incontrôlable pour l’opposition. Par conséquent, il sera beaucoup plus difficile pour les travailleurs d’influencer la voie suivie dans le pays en votant aux élections des partis de gauche et des candidats de gauche. Il n’y aura pratiquement plus d’obstacles à la falsification des résultats du vote.
En période de pandémie, une forte réduction du volume des droits et libertés des citoyens se produit très facilement. Les autorités bourgeoises de différents pays tenteront de consolider tout cela après la fin de la pandémie. Pour une grande partie de ce que les gens pouvaient faire comme ils le souhaitent, sans demander aux autorités, ils doivent maintenant demander la permission. Nous assistons à un bond idéologique puissant: la sécurité est déclarée la valeur la plus élevée, sinon la seule, en son nom la population effrayée est invitée à renoncer à presque tous ses droits et libertés.
Aujourd’hui, les politiciens bourgeois et les politologues qui les servent sont soudainement devenus très friands du terme «nouvelle normalité». En fait, cela signifie qu’ils voudraient que tout cela–la baisse du prix du travail, le système de surveillance électronique totale, la forte réduction du volume des droits et libertés des citoyens –perdure même après la pandémie. Selon eux, tout cela devrait devenir la norme, une «nouvelle normalité».
Arrêter tous ces processus sociaux négatifs ne peut se faire que par la solidarité, par la lutte des travailleurs. Il n’y a tout simplement pas d’autres forces qui pourraient le faire. Et cette lutte des travailleurs doit être internationale. En effet, le capital est désormais une force supranationale. Il est uni dans des sociétés transnationales géantes. Il possède diverses structures supranationales et les médias mondiaux. De même pour contrer l’assaut du capital pendant la crise actuelle, les travailleurs de différents pays ne peuvent agir qu’ensemble, échangeant expériences et méthodes de lutte à l’échelle mondiale, se montrant solidaires de la lutte des travailleurs des autres pays.
Par conséquent, la signification du 1er mai – la Journée de la solidarité internationale des travailleurs – est tout simplement énorme. C’est la Fête la plus importante de l’ère à venir.
Aujourd’hui déjà, les travailleurs de tous les pays doivent exiger des autorités les mesures les plus énergiques pour préserver l’emploi et un soutien social à grande échelle aux citoyens. En Russie, ces exigences sont inscrites dans le programme anti-crise du Parti communiste. Les communistes russes seront la force organisatrice de la résistance des travailleurs au dur “reformatage” du monde, que le pouvoir et le grand capital essaient d’opérer dans leur intérêt.
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