Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Cambodge – Thaïlande : l’héritage du passé colonial

Le conflit qui a éclaté entre la Thaïlande et le Cambodge nous rappelle que la logique de guerre se développe partout et doit être partout contrée par une politique de paix. Si la fermeté et le calme de la Chine ont pour l’instant éloigné les tambours de la guerre du côté de l’île séparatiste de Taïwan, d’autres zones de fractures autour de la Chine peuvent être exploitées.
Le collectif qui anime désormais le blog vous propose de l’aborder en deux temps : d’abord cette traduction par Xuan de l’article du Global Times, présentant la position chinoise qui est d’œuvrer à la recherche de la paix, ce qui suppose de nommer les racines historiques, notamment remontant à la présence coloniale française et d’éviter l’instrumentalisation du conflit. Dans un deuxième article, Danielle Bleitrach développe ce que cette position et cette stratégie nous dit des conditions actuelles dictées par l’impérialisme, et sa politique précisément de se saisir et d’envenimer tout ce qui peut conduire à la division, retarder le développement commun et ainsi, perpétuer les privilèges mondiaux dont ils jouissent. (note de Franck Marsal pour Histoire&Société)

Le conflit entre le Cambodge et la Thaïlande nuit évidemment à l’unité de l’ASEAN, et cela au moment où les USA appliquent des taxes commerciales douloureuses. Malgré les acceptations réciproques d’un « cessez-le-feu immédiat et inconditionnel entre les deux armées » les accrochages se sont poursuivis. Donald Trump a menacé les deux pays en indiquant que ces accrochages compromettraient d’éventuels accords commerciaux avec les États-Unis.

Xuan

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Méfiez-vous des tentatives des médias américains de présenter l’affrontement entre la Thaïlande et le Cambodge comme une « guerre par procuration »

Par Global Times 28 juillet 2025

https://www.globaltimes.cn/page/202507/1339413.shtml

Illustration : Chen Xia/GT

Les tensions se sont récemment intensifiées le long de la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge, attirant un regain d’attention internationale. La Chine suit de près l’évolution de la situation et continue d’encourager les pourparlers de paix, démontrant ainsi le sens des responsabilités attendu d’une grande puissance.


La Thaïlande et le Cambodge sont tous deux des voisins amis de la Chine et des membres importants de l’ASEAN. La stabilité de leurs relations est essentielle à la paix régionale. Les tensions actuelles le long de la frontière ont déjà fait des victimes, et la fermeture de la frontière a perturbé les échanges commerciaux et la vie quotidienne des habitants des deux pays.

Le bruit des tirs d’artillerie le long de la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge rappelle brutalement le fardeau historique que portent encore de nombreux pays asiatiques. Rares sont les pays voisins d’Asie qui sont à l’abri de différends territoriaux ou maritimes, dont la plupart trouvent leur origine dans l’agression et la division coloniales. Le conflit entre la Thaïlande et le Cambodge remonte à l’expansion coloniale française, et nombre de ces questions historiques restent non résolues.


Il est particulièrement inquiétant que certains médias américains tentent d’inscrire ce conflit régional dans le récit plus large de la « rivalité sino-américaine ». CNN, par exemple, décrit la Thaïlande comme un « allié bien équipé des États-Unis » et le Cambodge comme un « adversaire plus faible, fortement lié à la Chine », soulignant délibérément l’antagonisme sino-américain et l’escalade des tensions. Ce récit ignore les racines coloniales du conflit, n’évoquant le contexte historique qu’en passant et accordant une attention disproportionnée aux comparaisons militaires. De tels reportages simplifient dangereusement un problème régional complexe en le présentant comme un « conflit par procuration » entre grandes puissances.

La couverture médiatique américaine, axée sur des objectifs précis, vise essentiellement à générer des clics et à accroître le trafic. Cependant, elle fausse gravement la compréhension mondiale du conflit. Nous devons rester vigilants face à la tendance à transformer les conflits régionaux en confrontations idéologiques mondiales et nous opposer fermement aux forces extérieures qui exploitent ces enjeux pour s’ingérer dans les affaires asiatiques.

Pour les pays asiatiques, la résolution des problèmes frontaliers s’inscrit dans un processus plus large de rupture avec l’héritage du colonialisme et les manœuvres géopolitiques historiques des grandes puissances. La carte des colons ne saurait être la règle absolue. La Chine a toujours défendu une position juste et impartiale, prônant le règlement pacifique des différends par le dialogue et la consultation. Cette approche s’est avérée efficace dans la pratique : la Chine a résolu pacifiquement ses différends frontaliers avec 12 de ses 14 pays voisins.

Les frontières doivent servir de passerelles de coopération, et non de lignes de front pour la confrontation. Tant que les conflits ne sont pas résolus, le développement doit être prioritaire, les différends gérés et les tensions doivent éviter qu’elles ne débordent sur des relations plus larges, affectant notamment la vie des populations et le progrès économique. La résolution des conflits doit être intégrée au développement régional, remplaçant la confrontation par la coopération. L’histoire est immuable, mais l’avenir peut être façonné. Les pays asiatiques doivent collectivement sortir de l’ombre du colonialisme et s’appuyer sur la sagesse asiatique pour résoudre les problèmes asiatiques, à l’abri des interférences extérieures et des discours trompeurs. Il est essentiel de dépasser le jeu à somme nulle et de s’engager sur la voie de la paix, du développement, de la coopération et du bénéfice mutuel. Seuls une collaboration continue et un renforcement de la confiance mutuelle permettront d’alléger le fardeau des conflits de souveraineté, ouvrant la voie à une architecture de sécurité régionale efficace et, à terme, à des pourparlers de paix entre la Thaïlande et le Cambodge, contribuant ainsi à une paix et une prospérité durables en Asie.

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