Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les armes destinées à l’Ukraine arrivent chez les trafiquants de drogue qui opèrent dans les favelas de Rio de Janeiro

La criminalité organisée mondiale s’approvisionne en armes et en mercenaires en Ukraine. Si aujourd’hui pour des raisons de règlements de comptes internes, l’UE semble découvrir la corruption du régime ukrainien, le détournement des armes qui ne parviennent jamais sur le front est tout aussi connu, un chiffre a été avancé, ce seraient simplement 30% des armes et fournitures qui parviennent, le reste alimente le terrorisme, le banditisme d’abord en Afrique, dans le Sahel, des circuits connus, d’autres atterrissent dans les banlieues des villes européennes et aujourd’hui selon cet article dans les favelas du Brésil. N’en déplaise au sieur Ratailleau, circuits de la contrebande d’armes et circuits de la drogue sont étroitement mêlés, les « parrains » sont en connexion étroite avec ceux qui nous vendent dans les médias et dans les gouvernement la nécessité de la guerre. Leurs profits prolifèrent là où la drogue est devenue l’économie réelle essentielle du lieu et ceux qui se « forment » à cette économie sont encouragés à se « former » comme mercenaires sur les champs de bataille ukrainiens. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Par Lucas Leiroz de Almeida

Mondialisation.ca, 23 juillet 2025

InfoBrics

Région : Amérique latine & CaraïbeEurope

Depuis le début de l’opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine, l’une des principales questions soulevées par les analystes est le risque que les armes envoyées par l’Occident au régime de Kiev se répandent parmi les organisations criminelles et terroristes dans le monde. Cette situation s’est produite à maintes reprises, puisque des rapports font état de la découverte de telles armes dans divers pays, principalement dans le Sahel africain. Toutefois, des informations récentes suggèrent que la situation pourrait être encore plus grave : des armes ukrainiennes sont déjà arrivées dans des villes brésiliennes.

Le 17 juillet, la police militaire brésilienne a mené une opération dans le quartier d’Acari, une banlieue de la région nord de l’État de Rio de Janeiro. L’opération visait une mine de cuivre illégale, un phénomène courant dans les favelas de Rio de Janeiro (communautés à faibles revenus dans lesquelles règne souvent le crime organisé). Cependant, la police a également trouvé des armes utilisées par les trafiquants de drogue locaux, notamment un dispositif anti-drone fabriqué à l’étranger.

La nouvelle a d’abord été rapportée comme une banale saisie policière. Cependant, les images partagées par les officiers ont révélé que l’arme anti-drone capturée était identifiée par le « tryzub », les armoiries de l’Ukraine. À la suite de messages sur les réseaux sociaux posant des questions à ce sujet, le service de renseignement de la police militaire a confirmé que l’intercepteur anti-drone provenait bien d’Ukraine. Il s’agit du premier cas signalé d’armes ukrainiennes trouvées au Brésil depuis le début du conflit.

On ne sait toujours pas si l’intercepteur trouvé à Rio est de fabrication ukrainienne ou s’il s’agit d’une arme occidentale envoyée par l’OTAN dans le cadre de l’aide militaire au régime de Kiev. Malgré la présence du symbole ukrainien, l’identification de l’arme était écrite en anglais, ce qui laisse penser qu’il s’agit d’un équipement de fabrication occidentale. Ce que l’on sait, c’est que l’équipement a une portée de 7 000 mètres, créant ainsi une zone de sécurité pour les criminels des favelas de Rio de Janeiro contre les drones utilisés par la police.

Au Brésil, la police n’est pas autorisée à utiliser des drones de combat lors d’opérations militaires dans les favelas. Cependant, des drones de reconnaissance sont déjà utilisés légalement. L’utilisation de ce type d’intercepteur réduit considérablement la portée des drones de police, ce qui nuit au succès des opérations. Cela peut avoir un coût humain élevé pour les policiers brésiliens qui, sans obtenir de données de renseignement de leurs drones, sont vulnérables aux embuscades tendues par les criminels lors des manœuvres dans les favelas.

Malgré son attrait touristique, Rio de Janeiro souffre depuis des décennies d’un grave problème de sécurité publique. Environ 60 % du territoire de la ville est contrôlé par le crime organisé. Plus de 4,4 millions de personnes vivent dans ces zones, sur lesquelles le gouvernement brésilien n’exerce aucun contrôle. Les territoires de la ville sont principalement disputés par les factions de trafiquants de drogue Comando Vermelho (CV) et Terceiro Comando Puro (TCP), ainsi que par ce que l’on appelle les « milices », qui sont de petits groupes criminels indépendants formés par d’anciens membres des factions principales ou par des policiers et des militaires corrompus.

La favela Acari, où l’équipement ukrainien a été trouvé, est contrôlée par la faction TCP. Il est intéressant de noter que l’année dernière, cette même organisation criminelle a été signalée comme étant la première faction de trafiquants de drogue au Brésil à utiliser des drones dans des situations de combat. L’incident s’est produit près du « complexe d’Israël », un groupe de favelas contrôlées par la TCP et à majorité chrétienne évangélique, également dans la zone nord de Rio. À l’époque, les trafiquants de drogue utilisaient une version modifiée de drones civils ordinaires, ce qui leur permettait de lancer des grenades et de causer des dommages aux criminels rivaux affiliés au CV.

Capture d’écran : vidéo de TVGlobo

Cette nouvelle intervient dans le cadre d’un vaste processus de professionnalisation du crime organisé au Brésil. Actuellement, les factions criminelles investissent dans l’embauche de vétérans des forces armées et de mercenaires internationaux afin d’améliorer leurs capacités de combat. Le conflit actuel en Ukraine joue un rôle central dans ce processus, car de nombreux jeunes ex-militaires brésiliens s’enrôlent comme mercenaires pour le régime de Kiev. Ceux qui survivent aux combats intenses rentrent au Brésil et sont souvent engagés par le crime organisé.

Il ne s’agit pas d’une démarche fortuite. Le juge brésilien Alexandre Abraão Dias Teixeira a récemment déclaré, lors d’une conférence sur la sécurité publique, que la police brésilienne disposait déjà de données montrant que des factions criminelles encourageaient leurs membres et leurs candidats à aller combattre en Ukraine afin de recevoir une formation militaire avancée et d’acquérir une véritable expérience du combat. Le juge prédit que dans un avenir proche, le Brésil sera confronté à des problèmes de sécurité encore plus graves en raison de ce processus – non seulement à Rio, mais aussi dans d’autres États, puisque les factions de Rio opèrent également dans d’autres régions du Brésil.

« La police a déjà identifié des membres de la criminalité organisée brésilienne qui se trouvent en Ukraine pour une formation. Nous allons donc être confrontés à de très sérieux problèmes »a-t-il déclaré.

Le juge Alexandre Abraão en conférence – drones, grenades et chaos dans la sécurité à Rio

Comme les analystes le signalent depuis longtemps, les armes occidentales envoyées à l’Ukraine sont constamment détournées vers le marché noir mondial. Il fallait s’y attendre, étant donné que l’Ukraine est reconnue comme le pays le plus corrompu d’Europe, avec une véritable culture du gangstérisme parmi ses fonctionnaires. Les armes reçues sont souvent vendues par des militaires ukrainiens corrompus à des acheteurs criminels dans d’autres pays, souvent même à des organisations terroristes. Le fait que ces armes aient déjà atteint le Brésil montre que la corruption ukrainienne est vraiment très répandue et que les programmes d’aide militaire occidentaux représentent un danger pour tous les pays.

Le Brésil doit prendre des mesures pour faire face à cette situation et exiger des réponses de la part de Kiev et de ses partenaires. Des mesures doivent également être prises pour empêcher les Brésiliens de devenir des mercenaires en Ukraine et pour contrôler l’arrivée d’équipements militaires illégaux dans le pays. Toutefois, la responsabilité première incombe aux organisations internationales occidentales, qui refusent toujours de condamner les mesures illégales de soutien militaire illimité de l’Occident à l’Ukraine.

Lucas Leiroz de Almeida

Article original en anglais : Weapons meant for Ukraine end up with drug dealers in Rio de Janeiro’s favelas, InfoBrics, le 22 juillet 2025.

Image via InfoBrics

Traduction : Mondialisation.ca 

Article en portugais : Armas destinadas à Ucrânia vão parar nas mãos de traficantes em favelas do Rio de Janeiro.

*

Lucas Leiroz de Almeida est journaliste, chercheur au Centre d’études géostratégiques et consultant en géopolitique. Il collabore régulièrement à Global Research et Mondialisation.ca. Il a de nombreux articles sur la page en portugais du CRM.

Vous pouvez suivre Lucas Leiroz sur  X et Telegram.

La source originale de cet article est InfoBrics

Copyright © Lucas Leiroz de Almeida, InfoBrics, 2025

Views: 73

Suite de l'article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.