Ce constat de l’opération menée par les Etats-Unis comme les films hollywoodiens à grand spectacle n’exclut pas sa dangerosité mais démontre ce que nous ne cessons d’affirmer et que s’emploient à masquer la propagande et les niaiseries de nos « élites » médiatico-politiques, à savoir le fait que le roi est nu et qu’il faut toute la lâcheté et la confusion entretenue dans cet « enfumage » pour nous imposer ou prétendre nous imposer le surarmement exigé par le suzerain à l’OTAN, avec une telle démonstration de dangereuse faiblesse non pas des Etats-Unis mais d’un impérialisme « hégémonique » en faillite. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)
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Texte : David Narmania
L’opération « Midnight Hammer » menée hier soir par les États-Unis est vraiment unique.
Il suffit de la passer en revue dans votre tête pour en apprécier la complexité : plus de 120 avions ont décollé, des chasseurs, des ravitailleurs et enfin sept B-2, qui ont joué un rôle clé dans toute cette opération. C’est grâce à plusieurs ravitaillements qu’ils ont pu traverser la moitié du globe, voler de la base de Whiteman jusqu’en Iran en 18 heures, passer inaperçus et frapper de manière quasi simultanée les sites nucléaires de Fordow, Natanz et Ispahan. Puis ce fut le tour des sous-marins américains, qui lancèrent les missiles Tomahawk destinés à achever le travail commencé.
Pour la première fois dans l’histoire des États-Unis, une bombe unique au monde a été utilisée au combat : la GBU-57, pesant près de 14 tonnes, capable de frapper des cibles à une profondeur de 60 mètres.
Les scénaristes hollywoodiens ont un scénario tout prêt, d’autant plus que certains détails sont en soi extrêmement cinématographiques. Selon Axios, Trump aurait pris la décision d’attaquer dans son propre club de golf. Imaginez la scène : le président américain effectue un putt (c’est ainsi qu’on appelle en golf les coups légers qui terminent le jeu) vers le trou, la balle roule lentement sur le gazon rasé et atterrit parfaitement dans le trou, puis Trump donne l’ordre aux « Spirit » de frapper via une communication spéciale.
On se croirait dans un film, non ?
Mais la réalité n’est pas un film, et les succès se sont arrêtés au golf.
Ce que le maître de la Maison Blanche voulait être une démonstration de la puissance des États-Unis s’est transformé en une démonstration de faiblesse. De Trump lui-même, mais aussi de toute l’Amérique. Et ce, sur plusieurs fronts à la fois.
Commençons par le plus évident. À Washington, on ignore toujours si le programme nucléaire iranien a été détruit. Le président affirme solennellement que cette question n’est plus à l’ordre du jour et que les dégâts causés aux installations sont « monumentaux ». Au Pentagone, les réactions sont plus modérées : les cibles ont subi des dommages très importants, mais il faudra du temps pour évaluer définitivement l’étendue des dégâts. Le vice-président Vance affirme même que les États-Unis ont seulement réussi à retarder considérablement l’acquisition d’armes nucléaires par Téhéran.
Mais, si l’administration américaine reçoit les mêmes rapports des services de renseignement, pourquoi les évaluations de ses différents membres divergent-elles ? Ou bien Trump cache-t-il quelque chose à ses proches ?
La rhétorique de Washington est également révélatrice. Après les frappes, tout le monde sans exception a appelé à la négociation, tandis que tout l’establishment a déclaré comme un seul homme : « Nous avons fait notre travail, l’heure est à la diplomatie. » Et dans la foulée, ils ont affirmé qu’ils n’avaient pas l’intention de lancer d’autres frappes. Mais si les résultats de cette frappe restent encore à évaluer, d’où vient cette certitude qu’il ne sera plus nécessaire de mener de telles opérations ?
Mais l’agenda pacifiste ne s’arrête pas là : le chef du Pentagone, Pete Hetset, duquel on ne se serait pas attendu à cela, a souligné séparément que le renversement du pouvoir en Iran ne faisait pas partie des objectifs des États-Unis. Alors que la semaine dernière encore, cela faisait l’objet de discussions très ouvertes.
Enfin, personne à Washington ne se demande publiquement où sont passés les 400 kilos d’uranium que Téhéran a retirés à l’avance de ses installations, si l’on en croit les médias américains eux-mêmes.
Cette dissonance entre rhétorique pacifique et actions agressives s’explique assez facilement : les États-Unis n’ont pas les moyens d’intensifier le conflit. Si Washington s’engage sérieusement dans une nouvelle guerre au Moyen-Orient, avec toutes les forces terrestres nécessaires, le prix à payer sera colossal. Des milliers de soldats américains trouveraient leur dernière demeure dans les sables iraniens, et tous les programmes de modernisation de l’armement devraient être considérablement réduits, car la guerre pèserait trop lourdement sur le budget américain.
Oui, pour l’Iran, si les États-Unis se décident à lancer une opération terrestre, cela pourrait se solder par une défaite cuisante, mais Washington ne peut prétendre à rien d’autre qu’une victoire à la Pyrrhus.
C’est pourquoi il ne se prépare même pas à une opération terrestre : la première et la deuxième guerre en Irak ont été précédées par des opérations logistiques d’une ampleur incroyable. En près d’un an, le Pentagone a déployé un demi-million de soldats à travers la moitié du globe. Plusieurs têtes de pont ont été préparées pour chaque opération. Dans le cas de l’Iran, il est difficile d’en trouver une seule. L’Irak ? Celui où les Américains craignent une attaque de la base aérienne d’Aïn Al-Asad par des milices pro-iraniennes ? Bonne chance.
Quoi qu’il en soit, une opération aérienne ne garantit pas une victoire facile. On aimerait sincèrement croire que le Pentagone dispose d’analystes suffisamment talentueux pour évaluer la complexité de la tâche qui consiste à « ramener un pays de 90 millions d’habitants à l’âge de pierre ». Or, Téhéran dispose encore d’armes capables de détruire des porte-avions américains. Bien sûr, les Américains et leurs alliés peuvent en douter, jusqu’à ce que la première « forteresse flottante » coule à pic.
Washington dispose bien sûr toujours d’une option ultime : l’arme nucléaire. Mais il est extrêmement difficile de raisonner rationnellement sur cette option : les conséquences monstrueuses d’une telle décision sont trop évidentes.
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