CHINE ET IRAN, par Comaguer

Tout à fait d’accord avec cette mise au point de Comaguer. Elle se situe dans la droite ligne du débat que nous avons eu avec lui à radio galère sur ce que sont les BRICS (1) et le fait qu’il s’agit d’une organisation d’une grande souplesse qui doit être étudiée dans le cadre d’action de la Chine, y compris dans son partenariat stratégique avec la Russie mais aussi dans ses initiatives propres.Les BRICS ne sont pas le cadre essentiel dans lequel la Chine va décider de sa riposte à la frappe des USA aux côté de Trump et chaque instance va devoir élaborer sa propre réponse à ce choix de l’apocalypse Quand nous proposons l’adhésion de la France aux BRICS, nous voyons là, la seule solution pour échapper au déclin programmé et qui s’accélère de l’impérialisme, un choix « gaullien ». Mais en tant que communistes, nous sommes également convaincus que ce choix « gaullien » ne peut exister qu’avec une forte mobilisation populaire, de la classe ouvrière au sens large en lutte pour ses intérêts de classe et avec la perspective du socialisme. C’est à prolonger cette réflexion de notre livre à laquelle nous vous invitons dans les nombreuses initiatives en préparation tout l’été et à la rentrée de septembre. Merci Comaguer d’être celui qui a si bien compris notre démarche et qui participe déjà à l’approfondir, ce livre a été dans sa conception un travail collectif au-delà même des quatre auteurs avec des dialogues avec des communistes « encartés » et d’autres qui ne le sont pas, et nous nous réjouissons de voir à quel point cette démarche collective sur les « possibles » se poursuit dans le PCF qui accepte de s’ouvrir et les autres forces ayant leur propre démarche avec l’apport de chacun et le respect des démarches spécifiques. . (note de Danielle Bleitrach histoireetsociete)

(1) débat dont voici la transcription corrigée … https://histoireetsociete.com/2025/06/18/modernisation-de-la-france-choix-de-lalternative-socialiste-dans-les-possible-ouverts-par-la-chine/

20.06.2025

Bulletin 615

Face à la soudaine et brutale agression de l’Iran par Israël de nombreux observateurs attendaient une réaction voire une riposte de la République Populaire et certains se sont même inquiétés de la lenteur de cette réaction.

Un évènement de première grandeur ne peut évidemment pas laisser ce pays indifférent ou neutre. Mais pour mesurer l’ampleur et la maitrise de cette réaction il faut voir quels outils à sa disposition il a ou n’a pas utilisé.

• La Chine membre fondateur des BRICS n’a pas utilisé cet outil qui rassemble des économies émergentes mais qui n’est ni une organisation internationale ni encore moins une alliance militaire et n’a pas vocation à le devenir et est encore moins une alliance «anti-impérialiste ». Elle a ainsi fait comprendre à tous les progressistes qu’ils ne doivent pas tout attendre de ce club dont il est facile de sortir, voir le cas de l’Argentine, ou de rester sur le pas de la porte, cas de l’Arabie Saoudite ou rester à l’intérieur en ayant la tête ailleurs cas du Brésil où Bolsonaro politiquement totalement aligné avec les Etats-Unis a décidé de rester dans les BRICS car les grands capitalistes brésiliens en particulier dans le secteur minier et dans l’agro-business y trouvaient leur intérêt et où le fils de Bolsonaro candidat à la prochaine présidentielle fait campagne pour sortir des BRICS,

Mais elle a utilisé de nombreux autres canaux :

• La voie diplomatique classique : le Ministère des Affaires étrangères condamnant formellement et sévèrement l’attaque de l’Iran par Israël.
• Elle a ensuite saisi l’Organisation de coopération de Shanghai OCS, une organisation qui depuis 25 ans réunit de nombreux pays au cœur de l’Eurasie et qui a comme centre de son activité le maintien de la stabilité des gouvernements et des frontières à l’intérieur de ce vaste espace. Rassemblant au début Russie, Kazakhstan, Turkménistan, Ouzbékistan, Kirghizstan et Tadjikistan, elle s’est élargie en 2017 et le même jour à l’Inde et au Pakistan et a accueilli l’Iran en 2023. La stabilité de l’Iran gravement menacée, l’OCS était en première ligne pour critiquer très durement l’agresseur. Ce qu’elle fit. Cette prise de position logique a mis l’Inde dans une position délicate. En effet l’Inde gouvernée pas un parti le BJP qui a de très bonnes relations économiques et militaires (via des achats abondants d’armement) avec Israël, le tout sur un fond politique antimusulman partagé par les deux gouvernements. Mais le Pakistan qui a une frontière commune avec l’Iran était effectivement très opposé à l’agression israélienne. L’OCS a trouvé un accommodement diplomatique avec l’Inde qui simplement n’a pas participé à la réunion de tous les autres membres de l’OCS qui ont ensemble sévèrement condamné l’attaque d’Israël dans des termes analogues à ceux utilisée quelques jours plus tôt par le Ministère chinois de affaires étrangères.

La presse occidentale officielle voit dans cette prise de distance de l’Inde avec l’OCS une belle occasion pour compliquer les rapports de la Chine avec l’Inde probablement à tort. Ce qui est en jeu c’est l’autonomie stratégique de l’Inde, pas son alignement sur Washington.

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Communiqué officiel de l’Organisation de Shanghai

14 juin 2025

Les États membres de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) expriment leur vive préoccupation face à l’escalade des tensions au Moyen-Orient et condamnent fermement les frappes militaires menées par Israël sur le territoire de la République islamique d’Iran le 13 juin 2025.

De telles actions agressives contre des cibles civiles, y compris des infrastructures d’énergie et de transport, qui ont fait des victimes civiles, constituent une violation flagrante du droit international et de la Charte des Nations Unies. Elles constituent une atteinte à la souveraineté de l’Iran, causent des dommages à la sécurité régionale et internationale et posent de graves risques pour la paix et la stabilité mondiales.

Les États membres de l’OCS plaident fermement en faveur de la résolution de la situation entourant le programme nucléaire iranien exclusivement par des moyens pacifiques, politiques et diplomatiques.

Les États membres de l’OCS adressent leurs sincères condoléances au peuple et au gouvernement de la République islamique d’Iran.

Les États membres de l’OCS, adhérant strictement aux principes et normes de la Charte des Nations Unies et de la Charte de l’OCS, considèrent que toute action illégale dirigée contre les États membres de l’OCS est inacceptable et réaffirment leur engagement indéfectible à renforcer la paix et la sécurité internationales.

• Le sommet Chine Asie centrale, nouvelle structure qui se réunissait pour la deuxième fois à Astana au Kazakhstan et a réuni autour du Président chinois en visite d’Etat officielle tous les chefs d’Etat de la région soit Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizstan et Tadjikistan et Turkménistan, ce dernier pays ayant 1100 kilomètres de frontière commune avec l’Iran .Dans son discours le Président chinois sans mentionner expressément l’Iran a rappelé que la lutte contre l’hégémonisme était un des cadres de l’action commune. Au terme de la réunion les états participants ont signé un « traité éternel de bon voisinage entre eux »

Ce bref résumé montre qu’entre le 13 et le 20 juin la Chine a organisé dans son environnement géographique un bloc politique de soutien à l’Iran face à l’agression israélienne.

A partir de ce socle politique dont fait partie la Russie via l’OCS peut s’organiser la solidarité avec l’Iran face à l’Occident tueur prosioniste. Les mesures concrètes d’aide à l’Iran y trouveront leur place et les torrents d’ultimatums de Trump n’y changeront rien.