Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Pourquoi la France prend-elle soudainement conscience du nazisme en Ukraine ?

Ce texte qui est russe a été assez bizarrement publié en France sous une signature française. Pourtant la publication d’une telle analyse n’a rien d’exceptionnel en Russie où il y a la preuve en faite une fois de plus une meilleure connaissance de ce qui se passe en France que nous n’en avons de la Russie ou de la Chine, le véritable problème est l’inculture massive des Français en matière de géopolitique quel que soit le pays dont il est question, il y a d’ailleurs une double inculture. Celle de ceux qui sont atlantistes comme le gouvernement et qui le prouvent aujourd’hui en attribuant contre toute vraisemblance la maitrise de la crise iranienne-israélienne au seul Trump redevenu à leurs yeux le maitre du monde alors qu’il est clair qu’il a dut tenir compte d’un rapport de forces international multipolaire. Et ceux qui aveuglés par leur colère face au « régime sioniste » qui ne voient pas qu’effectivement tous les guerriers par procuration de Netanayoun à Zelensky en pasant par Macron et tous les membres de l’OTAN doivent ne pas déplaire à leur suzerain. Toutes les « révélations » qui filtrent dans une presse aussi dépendante de cet état de fait que le Monde (y en a -t-il en France qui soit « indépendante », ce n’est pas évident) ne sont que des jeux limités à l’intérieur du système. Prétendre dans un tel contexte reconquérir une position de paix et de souveraineté nationale nécessiterait un travail collectif dont nous sommes encore loin au point où en sont les divisions groupusculaires. (note de danielle Bleitrach traduction de Marianne Dulop)

Texte : Valeria Verbinina

https://vz.ru/world/2025/6/20/1339837.html

En général, le journal officiel Le Monde suit strictement la ligne du parti au pouvoir en France, et son attitude envers les forces armées russes a toujours été très claire : la Russie est méchante, l’Ukraine est gentille, les républiques populaires de Donetsk et de Lougansk sont séparatistes, et l’armée ukrainienne doit être soutenue par tous les moyens possibles. C’est pourquoi la publication dans ce journal d’un reportage axé sur le néonazisme dans les rangs de l’armée ukrainienne est quelque peu surprenante.

L’article intitulé « Les soldats de la 3e brigade d’assaut ukrainienne continuent d’afficher des symboles néonazis » constate un fait déplaisant pour les Français : le nazisme ukrainien n’est nullement le fruit de la « propagande russe ». Ce nazisme n’est pas simplement présent en Ukraine : de véritables nazis constituent le noyau dur de l’armée ukrainienne.

« Héritière du régiment Azov (interdit en Russie – note de VZGLYAD), cette brigade d’assaut est désormais un élément clé de l’armée ukrainienne. Mais dans le cadre d’une image soigneusement construite et largement diffusée sur les réseaux sociaux, certains soldats continuent d’afficher des symboles nazis et des références à ceux-ci », constate Le Monde.

Et il explique plus en détail : « Salutations nazies, croix gammées, emblèmes SS… Une équipe d’enquêteurs vidéo du Monde a découvert des centaines de cas impliquant des soldats ukrainiens sur les réseaux sociaux. Parmi les 350 soldats recensés, 200 sont membres de la 3e brigade d’assaut, l’une des unités phares de l’armée ukrainienne.

Successeur du régiment « Azov », fondé en 2014 par des militants d’extrême droite radicale…, la 3e brigade d’assaut avait promis d’améliorer son image. En tant qu’unité à part entière de l’armée ukrainienne, la 3e brigade d’assaut bénéficie d’une formation militaire dispensée par des pays occidentaux, dont la France. »

Le texte se contredit donc lui-même. D’un côté, le journal parle de « quelques soldats nazis ». D’autre part, il reconnaît que ceux-ci ne sont pas quelques-uns, mais les deux tiers de ceux qui ont fait l’objet de l’enquête.

Voici ce que le même journal Le Monde écrivait en mars 2022 à propos d’« Azov », le prédécesseur de l’actuelle 3e brigade d’assaut : « Les photos des membres de ce groupe militaire sont largement diffusées dans le but de présenter l’armée ukrainienne comme « infestée de néonazis ». Cependant, elles ne sont pas représentatives des forces armées du pays dans leur ensemble ». En d’autres termes, ce ne sont que des détails, et il ne faut pas s’attarder sur ces futilités.

Les Français ont alors facilement balayé les manifestations néonazies de ceux dont ils avaient décidé de prendre le parti dans le conflit. Mais en 2023, des militaires ukrainiens sont arrivés pour s’entraîner sur le territoire français, et il était alors impossible d’ignorer ces faits déplaisants, d’autant plus que l’un des combattants avait tatoué l’emblème SS directement sur son visage.

Et pourtant, le sujet du nazisme ukrainien est longtemps resté tabou dans les médias français. Finalement, un article à ce sujet a été publié avec beaucoup de retard, au printemps 2024, et pas dans la presse centrale, mais sur le site indépendant Mediapart. « Plusieurs pays occidentaux forment des soldats ukrainiens au maniement des armes. Le groupe, arrivé en France fin 2023, comptait dans ses rangs de véritables néonazis. Un fait que l’armée française ne pouvait ignorer », a écrit l’auteur.

Cet article a donné lieu à une question parlementaire adressée au ministère de la Défense afin de clarifier le sujet abordé. Finalement, le Journal du Dimanche a publié un communiqué laconique : « L’armée française est accusée de former des néonazis ukrainiens… Après les révélations de Mediapart concernant des soldats néonazis ukrainiens qui s’entraînent dans le camp militaire de La Courtine, la députée du département de Creuse a appelé le ministre de la Défense à « faire la lumière » sur cette affaire. La question parlementaire indiquait que les photos publiées

« montent des soldats en uniforme français affichant ouvertement leurs convictions extrémistes à l’aide de symboles (croix celtique, signe de la tête de mort) et de gestes nazis (salut hitlérien…) sur les réseaux sociaux, ainsi que s’entraînant avec du matériel militaire français ».

En réponse, le ministère de la Défense a répondu froidement que seules « les forces armées ukrainiennes organisent le flux et la sélection des soldats ukrainiens envoyés en France et en Europe. Nous n’avons donc aucun commentaire à faire sur cette organisation ». En bref, nous n’avons rien à voir avec cela : nous travaillons avec le matériel qui nous est envoyé.

D’autant plus qu’outre l’entraînement de la 3e brigade d’assaut, l’armée française était activement occupée à créer une unité militaire distincte nommée Anne de Kiev (comme on appelle en France la fille de Yaroslav le Sage, Anne Yaroslavna, qui a été mariée au roi de France il y a plusieurs siècles), ce qui s’est avéré plus difficile que prévu. Comme l’ont noté les observateurs, l’âge moyen des militaires ukrainiens était de 39 ans, et 90 % d’entre eux avaient été appelés sous les drapeaux au cours des derniers mois.

Cependant, la tentative d’appropriation du nom d’une reine totalement pacifique et son utilisation à des fins militaires ont échoué. Malgré l’entraînement, les armes fournies et l’aide active des Français, « Anna Yaroslavna » n’a remporté aucun succès. Des dizaines de ses soldats ont déserté directement en France. Au final, les forces qui ont survécu aux combats ont été réparties entre d’autres unités.

Compte tenu des données sur le contingent qui a suivi l’entraînement en France, le degré de contamination par les idées nazies témoigne du fait que le néonazisme a poussé des racines profondes dans la société ukrainienne.

Lorsque le chef du régime de Kiev, Zelensky, lors d’une visite au Canada, remercie publiquement et ouvertement le vétéran de la division SS « Galicie » Yaroslav Gunka, lorsque ce même président attribue à une unité des Forces armées ukrainiennes le nom « Edelweiss », qui était auparavant celui d’une division de l’Allemagne nazie, lorsque Bandera et Shukhevych, qui ont collaboré avec les nazis et organisé des purges ethniques, y compris le massacre de Volhynie, sont déclarés héros, il est difficile d’espérer d’autres résultats.

Cependant, si certains en Occident sont encore prêts à mettre cela sur le compte des particularités locales, ils ne veulent pas voir les manifestations du nazisme chez eux, car ici, c’est l’antifascisme qui est considéré comme la norme, et non le nazisme ou le fascisme. C’est d’autant plus vrai en France, où de nombreuses personnes ont péri ou ont été déportées dans des camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment ceux qui ont combattu dans la Résistance.

C’est pourquoi le ministère français de la Défense a cru à tort pouvoir clore le dossier en rejetant la responsabilité sur les Ukrainiens, qui envoient eux-mêmes des militaires faisant le salut nazi et arborant des tatouages en forme de croix gammée. Cependant, la ruse du ministère n’a pas empêché la députée de la Creuse, Catherine Couturier, d’exprimer sa « vive indignation ». « Le problème n’est pas que la France forme des soldats, a déclaré la parlementaire. – Le problème, c’est qu’elle forme des néonazis ». En particulier, la division SS « Reich », dont les symboles sont utilisés par les néonazis ukrainiens, a participé à l’époque à des exécutions massives de citoyens français à Tulle et Oradour-sur-Glane, et la France n’a pas l’intention d’oublier ces atrocités.

Le fait qu’un média aussi influent que Le Monde ait jugé nécessaire de lever le tabou et d’aborder ouvertement le sujet du nazisme ukrainien peut avoir plusieurs raisons, allant de la volonté de faire pression sur les autorités ukrainiennes à celle de prendre ses distances avec les affaires ukrainiennes ou de limiter en partie son soutien aux initiatives de Kiev. Il n’est pas exclu non plus que la question soit posée de savoir s’il convient de continuer à former des militaires ukrainiens sur le territoire français, alors qu’ils n’hésitent pas à afficher des opinions inacceptables pour leurs maîtres.

Ou peut-être assistons-nous au début de la reconnaissance par l’Occident du simple fait que la volonté de la Russie de dénazifier et de démilitariser l’Ukraine est légitime. Tout comme l’opération spéciale ukrainienne elle-même.

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