Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La guerre de Gaza comme la guerre d’Ukraine est une guerre par procuration : révélations.

Ceux qui ne suivent pas de très près l’actualité ‘politique’ de notre voisin d’outre-Manche, ignorent peut-être qui est Kemi Badenoch. Cette dame issue de l’ethnie Yoruba au Nigéria, de nationalité anglaise par accident, a réussi à s’imposer comme la nouvelle cheffe du parti Tory (les ‘conservateurs’) Anglais, après l’échec du parti aux élections législatives de 2014, largement remportées par le parti travailliste de Keir Starmer. Dirigeante du second parti du Royaume Uni et donc du ‘cabinet fantôme’, étroitement liée aux ex-premier ministres conservateurs Boris Johnson puis Rishi Sunak, elle a une connaissance de gouvernement autant du conflit ukrainien que de la guerre à Gaza. L’entendre avouer que ces deux guerres sont des « guerres par procuration » menées par l’Occident peut surprendre. Jonathan Cook, en rapprochant les tenants et les aboutissements de ces deux tragédies nous explique. (commentaire et traduction de Jean Luc Picker pour histoireetscociete)

Badenoch laisse échapper la vérité : la Grande Bretagne est bien au cœur de la guerre par procuration à Gaza.

La cheffe du parti conservateur (les Tories) dit à haute voix ce qui était censé rester secret : Israël et l’Ukraine font la guerre pour l’Occident.

Traduction d’un article de Jonathan Cook, publié dans Middle East Eye le 2 juin 2025

Protesters hold a march for Gaza in central London on 8 June 2024 (Justin Tallis/AFP)

Manifestation contre la guerre à Gaza dans le centre de Londres le 8 juin 2024 (Justin Tallis/AFP)

Vous vous demandiez pourquoi les dirigeants britanniques n’ont élevé que des murmures de protestation contre Israël au cours des 20 derniers mois de massacres, de famine et d’extermination de 2 millions de Gazaouis ? Votre réponse est arrivée la semaine dernière.

La cheffe du parti conservateur, Kemi Badenoch, a révélé le pot aux roses dans un interview avec Sky : « La guerre que conduit Israël [à Gaza] est une guerre par procuration pour le compte de la Grande Bretagne ».

Écoutez bien ce que nous dit Badenoch, ce n’est pas seulement que la Grande Bretagne (et, on suppose, les autres puissances occidentales) soutient Israël contre le Hamas. Non, ces pays veulent cette guerre et la dirigent. Ils considèrent ce conflit comme central pour leurs intérêts nationaux.

C’est cette réalité qui explique ce que nous observons depuis plus d’un an et demi. Ni l’actuel gouvernement travailliste de Keir Starmer, ni le gouvernement Tory de Rishi Sunak qui l’a précédé n’ont eu la moindre hésitation pour envoyer des armes britanniques à Israël ou pour convoyer des armes en provenance des Etats-Unis et de l’Allemagne. Des armes qui participent aux massacres.

De la même façon les deux gouvernements successifs

  • ont utilisé la base aérienne britannique d’Akrotiri à Chypre pour organiser des vols de reconnaissance au-dessus de Gaza, qui permettent à Israël de définir leurs cibles.
  • ont permis à des citoyens britanniques de rejoindre Israël pour s’enrôler dans l’armée et participer au génocide.
  • ont refusé de se joindre à la plainte de l’Afrique du Sud devant la Cour Internationale de Justice qui a statué il y a plus d’un an à la plausibilité de génocide devant les actions d’Israël
  • ont négligé de proposer et à fortiori d’instituer une  zone d’exclusion aérienne en collaboration avec les autres pays occidentaux pour arrêter les attaques meurtrières sur Gaza, comme ils l’ont fait dans d’autres ‘guerres’ du passé récent[1]. Ils n’ont pas non plus recherché avec les autres pays les moyens de briser le blocus israélien pour faire parvenir l’aide humanitaire dans l’enclave.

En résumé, les deux gouvernements se sont montrés inébranlables dans leur support matériel à Israël, même si Starmer a légèrement changé de ton récemment devant le choc que provoquent dans le monde les images d’enfants et de bébés affamés, images qui rappellent les photos des enfants juifs dans les camps de la mort des nazis.

Langue de bois

La logique de ce que Badenoch a affirmé (que le Royaume Uni mène une guerre par procuration à Gaza) c’est que les deux gouvernements britanniques sont directement responsables de la mort d’un nombre gigantesque de civils palestiniens. Le nombre de victimes des bombes et du blocus israéliens se comptent maintenant en dizaines, voire en centaines de milliers. Ses paroles prouvent de manière indiscutable la complicité du Royaume Uni dans la famine de masse imposée à plus de 2 millions de personnes. Pour nous en convaincre, il suffit de décoder la langue de bois utilisée dans la suite de son interview.

Faisant référence aux critiques bien tardives faites récemment par Starmer contre la famine imposée à Gaza, Badenoch déclare que « ce que je veux, c’est que Starmer se mette fermement au service de l’intérêt national de la Grande Bretagne ». Ainsi, alors qu’elle n’a pas été suivie de la moindre ébauche de mise en œuvre, la menace de Starmer de limiter la collusion flagrante du Royaume Uni avec le génocide du peuple gazaoui et la famine de masse pourrait nuire aux intérêts nationaux du pays ?

Ces paroles de Badenoch sur « la guerre par procuration » menée à Gaza aurait dû faire bondir Trevor Philips, le journaliste de Sky qui l’interviewait. Mais il les a laissé filer. Elle n’a pas non plus été relevée par la grande presse britannique. Quelques publications de droite l’ont mentionnée, mais plus parce qu’ils étaient gênés par le parallèle qu’elle a tiré avec la guerre par procuration que mène l’Occident en Ukraine. Reprenons la totalité de la phrase que Badenoch a prononcé : « Israël mène une guerre par procuration pour le compte du Royaume Uni tout comme l’Ukraine à l’est de l’Europe le fait contre la Russie ».

Dans The Spectator, le journal du parti Tory, on trouve un critique de sa caractérisation de la guerre en Ukraine comme « guerre par procuration », mais l’article semble accepter comme acquise cette caractérisation pour la guerre à Gaza. Sous la plume de James Heale, député de l’éditeur politique du Spectator, on lit que « en faisant écho par inadvertance à la position russe à propos de l’Ukraine, Badenoch a donné à ses opposants un nouveau bâton pour se faire battre ».

Un autre journal proche des Tories, The Telegraph, a de son côté publié un article sur le même thème sous le titre : « Le Kremlin fait feu des commentaires de Badenoch sur la ‘guerre par procuration’ en Ukraine ».

Le lien entre les deux guerres

Le fait que les boucliers n’ont pas été levés contre sa caractérisation de « guerre par procuration » à Gaza indique que ce sentiment est largement partagé dans les cercles qui décident de la politique étrangère des pays occidentaux. Elle n’a fait qu’enfreindre le tabou qui interdit d’en parler en public.

Pour comprendre pourquoi la guerre à Gaza – dans laquelle le Royaume Uni est profondément impliqué, même au prix d’un génocide – est conçue comme une « guerre par procuration », on doit aussi comprendre pourquoi la guerre en Ukraine est également comprise comme telle. Les deux guerres sont beaucoup plus liées qu’il n’apparaît à première vue.

Malgré l’embarras du Spectator et du Telegraph, Badenoch n’est pas la première dirigeante politique britannique à reconnaître que l’Occident mène une guerre par procuration en Ukraine. Déjà en février, Boris Johnson, qui a été un de ses prédécesseurs à la tête des Tories, commentait ainsi l’implication occidentale dans la guerre qui ravage l’Ukraine depuis trois ans : « Soyons réalistes, nous menons une guerre par procuration. Nous menons une guerre par procuration. Mais nous ne donnons pas à nos mandataires les moyens de faire le travail ».

Si quelqu’un est bien placé pour parler de la guerre en Ukraine, c’est Boris Johnson. Rappelons qu’il était à la tête du gouvernement britannique en février 2022 quand la Russie a envahi son voisin. Washington l’a ensuite rapidement expédié à Kiev pour convaincre le président Volodymir Zelensky d’abandonner des pourparlers de paix presque finalisés qui auraient pu amener un règlement de la crise.

Frontières menaçantes

Si Badenoch et Johnson s’accordent pour dire que la guerre en Ukraine est une guerre par procuration, c’est pour de bonnes raisons. Ce week-end, c’est Keith Kellog, l’envoyé états-unien en Ukraine qui les a rejoints sur ce terrain. Il a déclaré à Fox News que le président russe Vladimir Poutine n’avait pas tort de voir l’Ukraine comme une guerre par procuration et que l’Occident se posait en agresseur en armant le régime de Kiev.

Pendant des années, l’Occident a fait la sourde oreille aux avertissements de Moscou, inquiet que l’expansion agressive de l’OTAN finirait par aller au-delà de ce que la Russie pouvait tolérer. L’insistance occidentale pour rallier l’Ukraine à l’OTAN ne laissait à la Russie qu’un choix entre deux réponses. Soit Poutine cédait le premier, et son pays se retrouvait encerclé militairement, avec des missiles potentiellement nucléaires à sa porte, à quelques minutes de Moscou, soit il rentrait préventivement en Ukraine pour empêcher son adhésion à l’OTAN.

L’Occident était certain de n’avoir rien à perdre quelle que soit la décision russe. S’ils envahissaient, cela fournissait un prétexte pour enfermer la Russie dans une longue guerre qui la ruinerait à travers les sanctions économiques et la détruirait militairement en inondant l’Ukraine d’armes occidentales.

La Russie a choisi l’invasion. Mais nous savons maintenant que, même si cette guerre la saigne abondamment, côté armée ukrainienne et économies européennes c’est l’hémorragie. Le problème majeur, ce n’est pas le manque d’armes – l’Occident en a fourni plus que nécessaire- c’est le manque de main d’œuvre. Il n’y a plus beaucoup d’enthousiasme parmi les conscrits en Ukraine pour se faire jeter dans le broyeur de la guerre. Et, bien sûr, l’Occident ne va pas envoyer ses propres soldats. Une guerre par procuration veut dire juste ça : ce sont les autres, ici, les Ukrainiens, qui vont se battre et mourir pour vous.

Trois ans plus tard, les conditions pour la paix ont changé[2] du tout au tout. Beaucoup de sang russe s’est vidé sur les champs de bataille, et la Russie est de moins en moins encline aux compromis, en particulier sur les territoires qu’elle a conquis et annexés. Nous avons atteint le point bas de cette guerre. Un point si bas que même le président des Etats-Unis, Donald Trump apparaît tenté de s’en extraire. Et c’est là le résultat des efforts de l’OTAN, à travers Johnson, pour pousser l’Ukraine à conduire une guerre qui ne peut pas être gagnée.

Domination tous azimuts

Même si elle s’est révélée erronée, il y avait une logique géopolitique derrière la stratégie occidentale en Ukraine. Saigner la Russie, une puissance économique et militaire, va de pair avec les priorités définies par les faucons néoconservateurs qui dominent aujourd’hui les capitales occidentales, quel que soit le parti à la tête de l’administration.

Les néoconservateurs sont en symbiose avec ce qu’on avait l’habitude d’appeler le Complexe Militaro-Industriel. Ils sont persuadés que l’Occident est une civilisation supérieure au reste du monde et doit utiliser la supériorité de son arsenal pour défaire -ou au minimum confiner- tout état qui refuserait de se soumettre. Leur imaginaire est basé sur une version moderne des « barbares à nos portes » ou, comme ils l’appellent, du « clash des civilisations ». La chute de l’Occident, pour eux, équivaut à un retour au Moyen Age et ils nous imaginent pris dans un combat existentiel.

Aux USA, le centre impérial de ce que nous appelons l’Occident, cette vision a sous-tendu un investissement massif dans les industries de la guerre, pudiquement rebaptisées ‘industries de défense’ parce que ça se vend mieux à une opinion publique domestique fatiguée de l’austérité systémique nécessaire pour maintenir la supériorité militaire.

Les capitales orientales se campent en ‘gendarmes du monde’, pendant que le reste du monde voit l’Occident plutôt comme des parrains mafiosi sociopathes. Quelle que soit la façon dont on la présente, la doctrine officielle du Pentagone est celle de la ‘domination globale tous azimuts’. Les autres doivent se soumettre. Ou payer le prix de leur rébellion. En pratique, une telle conception de la politique étrangère conduit nécessairement à diviser le monde en deux : ceux qui sont dans le camp du parrain, et ceux qui n’y sont pas.

La Russie n’était pas dans le camp des parrains. Mais faire de l’Ukraine une base avancée de l’OTAN aux portes de Moscou n’a pas permis d’affaiblir et de neutraliser la Russie. Dès lors, il devenait nécessaire de l’enfermer dans une guerre par procuration coûteuse l’empêchant de former une alliance avec la Chine contre l’hégémonie mondiale des USA.

Actes de violence

Il est relativement simple de comprendre ce que Badenoch ou Johnson veulent dire lorsqu’ils parlent de « guerre par procuration » en Ukraine. Mais en quoi le meurtre de masse des civils palestiniens exécutés sous des tapis de bombes et la famine artificielle est-il également une « guerre par procuration » au profit du Royaume Uni et de l’Occident, comme le soutient Badenoch ?

Il n’est pas inutile de noter que Badenoch propose deux raisons – assez incompatibles entre elles – qui justifieraient la ‘guerre’ d’Israël à Gaza.

Au début de son interview, elle affirme qu’ « Israël mène une guerre pour récupérer les 58 otages qui n’ont pas encore été libérés. Il n’y a pas d’autres raisons… Nous devons nous positionner clairement du côté qui va éradiquer le Hamas ». Mais on ne voit pas en quoi ‘l’éradication du Hamas’ cadre avec les objectifs britanniques en politique étrangère. Après tout, malgré qu’il soit classé comme organisation terroriste au Royaume Uni, le Hamas n’a jamais attaqué ce pays ni évoqué d’intention dans ce sens, et il est assez improbable qu’il soit jamais en position de le faire.

En réalité, il est plus probable que la destruction de Gaza par Israël, avec le concours évident de l’Occident, conduira un certain nombre de têtes brûlées à se radicaliser et à poser des actions violentes malavisées presqu’impossibles à prévoir ou à prévenir, tels que l’acte terroriste de ce tireur états-unien qui a récemment abattu deux employés de l’ambassade israélienne à Washington. Cela pourrait être une raison suffisante de conclure que le Royaume Uni ferait mieux de se distancier d’un soutien trop voyant aux actions d’Israël plutôt que d’apparaître comme un fidèle soutien de Tel Aviv.

Mais, poussée par Phillips à préciser sa position, Badenoch a changé de trajectoire. En fin de compte, ce n’est pas seulement à cause des otages, a-t-elle indiqué en posant la question « qui finance le Hamas ? L’Iran, un ennemi de notre pays ». Empêtrée dans sa propre logique, elle n’avait plus qu’à se raccrocher aux ficelles des néoconservateurs et qualifier la guerre de Gaza de « guerre par procuration ».

‘Contrefort’ de la vérité

Du côté de la Jewish Chronicle, la confession de Badenoch n’est pas passée inaperçue. Son interview sur Sky a poussé Stephen Pollard (l’ex-rédacteur en chef de la JC) à écrire que « Badenoch se positionne en renfort de la vérité. Elle la dit telle quelle, même si ça ne la rend pas très populaire ». La vérité ‘renforcée’ de Badenoch, c’est qu’Israël est aussi essentiel aux pouvoirs occidentaux pour le contrôle du Moyen Orient et de ses ressources pétrolières qu’il l’était il y a une centaine d’années, quand le Royaume Uni a décidé de faire de la Palestine un « foyer national juif » qui remplacerait la population palestinienne autochtone.

Ce que Badenoch nous dit, en réalité, c’est que ce qui intéresse le Royaume Uni dans la guerre que mène Israël à Gaza, ce n’est ni ‘l’éradication du Hamas’ ni la ‘libération des otages’ enlevés le 7 octobre 2023. Ce qui l’intéresse, c’est d’armer Israël pour pouvoir affaiblir ceux qui, comme l’Iran et ses alliés régionaux, refusent de se soumettre à la domination occidentale au Moyen Orient. Ou qui, comme les Palestiniens, refusent d’être dépossédés de leurs biens et effacés de l’histoire.

Pour Londres, armer Israël pour affaiblir l’Iran n’est pas différent d’armer l’Ukraine pour fragiliser l’influence de la Russie en Europe Occidentale. Ce qui importe, c’est de confiner les rivaux géostratégiques de l’Occident ou leurs partenaires potentiels – définis à travers le prisme occidental de la « domination globale tous azimuts » – aussi efficacement que Israël a pu enfermer les Palestiniens dans ses prisons et ses camps de concentration à Gaza et en Cisjordanie. L’objectif est de parer à tout danger qu’un jour la Russie, la Chine, l’Iran et les autres puissent un jour unir leurs forces pour bouter les USA et leurs alliés hors de leurs forteresses aux quatre coins du monde. Les alliances telles que les BRICS sont perçues comme un moyen potentiel pour cet assaut à venir contre la domination occidentale.

Malgré leur rhétorique, les capitales occidentales ne font pas face à des menaces militaires ou ‘civilisationnelles’. Pas plus qu’à la menace d’être envahis ou conquis par leurs ‘ennemis’. En réalité, leurs actions irresponsables et dangereuses en Ukraine, par exemple, constituent une menace bien plus réelle, par exemple à travers le possible déclenchement d’un cataclysme nucléaire. En réalité, la politique étrangère occidentale est foncièrement déterminée par le besoin existentiel de conserver leur suprématie économique mondiale. Et la seule stratégie qu’ils aient identifiée pour cela c’est de terroriser les autres états au moyen de la supériorité de leur puissance militaire.

Cette peur de perdre leur hégémonie n’a rien de nouveau. Et elle est partagée par les principaux partis. Au sein des élites occidentales, les divergences éventuelles ne tournent pas autour de la question de savoir si l’Occident doit ou ne doit pas affirmer sa « domination globale tous azimuts » à travers des états-clients comme l’Ukraine ou Israël. Les lignes de désaccord entre les factions sont plutôt tracées autour de la question de savoir quels éléments soutenir au sein de ces états-clients.

Politique de voyous

Les actions de l’Occident sont plus idéologiques que rationnelles et elles ne sont certainement pas morales. La défense obsessionnelle et autodestructrice du génocide qu’Israël conduit à Gaza, pour être plus grossière, n’est en rien différente de sa politique tout autant auto-destructrice en Ukraine. L’Occident a perdu la bataille contre la Russie, mais refuse d’en tirer les leçons et de s’adapter. Et – en soutenant à bout de bras une occupation militaire israélienne galvanisée par l’imposition d’une famine destinée à éliminer des millions de personnes ou à les nettoyer ethniquement en les envoyant en Égypte – il a perdu le peu de légitimité morale qui lui restait.

Mais Netanyahu s’est révélé plus dur à vendre à l’opinion publique que Zelensky relooké en héros militaire courageux et sympathique. Le soutien à Kyiv pouvait passer pour la défense de ‘nos valeurs’ dans un ‘choc des civilisations’ avec une Russie barbare. Le soutien à Israël, lui, n’a pu que mettre en exergue l’hypocrisie de l’Occident, son goût du pouvoir pour servir ses intérêts et ses instincts psychopathes. L’appui au génocide conduit par Israël a retiré à l’Occident toute possibilité de prétendre à une supériorité morale, sauf peut-être pour ses dévots les plus aveuglés. Dévots parmi lesquels se placent malheureusement la plus grande partie des élites politico-médiatiques occidentales, dont la raison d’être est de maintenir l’adhésion des croyants à un système qu’ils dirigent et veulent faire passer pour le modèle suprême de l’histoire de l’humanité.

Certains, comme Starmer, tentent de modérer leur rhétorique dans une ultime tentative de sauver ce qui reste de ce système en pleine faillite morale qui les a portés au pouvoir. Badenoch, elle, est encore tellement prisonnière du culte de la suprématie occidentale qu’elle n’entrevoit même pas en quoi ses diatribes apparaissent grotesques à tous ceux que la foi dans le système a fini d’abuser. Plutôt que prendre ses distances par rapport aux atrocités d’Israël, elle se sent fière de s’exhiber – et de placer le Royaume Uni avec elle – au centre des massacres.

Mais le public a arraché ses œillères. Le temps est venu de demander des comptes à nos dirigeants. Des comptes précis.


[1] NdT : On pense ici à la Lybie

[2] NdT : 3 ans après les accords d’Istanbul, en mars/avril 2022 qui ont été mis à la poubelle après l’intervention de Boris Johnson. En réalité, les conditions de la Fédération de Russie n’ont pas changé dramatiquement. En avril 22 comme aujourd’hui, elles sont essentiellement centrées sur la sécurité de la Fédération de Russie : interdiction faite à l’Ukraine d’adhérer à une alliance militaire extérieure ou d’héberger des bases militaires étrangères. En second vient la ‘dénazification’, liée à la protection des populations russophones (la majorité avant la guerre). Ce qui a changé c’est l’extension des territoires que la Fédération de Russie veut absorber : en 2022 il s’agissait seulement de la Crimée et la question restait en réalité en suspens. Aujourd’hui, c’est les 4 régions de Luhansk, Donetsk, Zaporozhie et Crimée.
Ce qui pourrait avoir changé, c’est l’inclusion dans les discussions directes avec les Etats-Unis (réclamées pendant des années par la partie Russe avant 2022) d’autres pays tels que la Moldavie et la Géorgie, que l’OTAN ne devrait plus chercher à intégrer.

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