Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

REGARD SUR LA PHASE ACTUELLE DES LUTTES ANTI-IMPÉRIALISTES DANS LE MONDE

Un jour l »histoire sera celle de ces hommes-là, celle d’hommes auxquels chacun pourra s’identifier dans leur grandeur ordinaire qui n’ont cherché ni la gloire ni les armes et ont dû assumer les unes et les autres… déjà ceux qui proclamaient la fin de l’histoire, pas celle des guerres, mais celles-ci n’auraient lieu que pour toujours mieux asseoir la suprématie de ce qu’ils définissaient comme le « libéralisme’ et qui n’était rien d’autre que le pillage impérialiste, sont confrontés au retour du sud, du petit homme qui réclame son droit à la vie simplement … (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

EN HOMMAGE A PÉPÉ JOSÉ MUJICA

Par Roland Diagne

A 89 ans, Pépé José Mujica vient de tirer sa révérence pour l’éternité. Cette élection était la troisième avec celle de l’ex-guérillero Sandiniste, Daniel Ortega au Nicaragua, de l’ex-guérillero Dilma Rousseff et celle plus récente l’ex-guérillero M-19 Gustavo Petro en Colombie.

José Mujica, ancien dirigeant des Tupamaros, le mouvement de guérilla urbaine des années 1970, a été blessé par six balles, arrêté quatre fois, et a passé près de 15 ans de sa vie en prison entre 1972 et 1985.

Les médias impérialistes constatent avec amertume et inquiétude que « député en 1995, il est, quatre ans plus tard, le sénateur le mieux élu de l’histoire uruguayenne. En 2004, M. Mujica, issu du milieu rural, est nommé ministre de l’agriculture. Il est marié à une ex-guérillero, Lucia Topolansky, qui a été, elle aussi, prisonnière pendant treize ans ». Avant d’ajouter qu’ « en dépit de son âge, M. Mujica est paradoxalement le politicien le plus populaire auprès des jeunes, qui aiment sa simplicité et son humour. « Ils voient en Mujica quelqu’un d’authentique, qui synthétise des valeurs plus spirituelles que matérielles », note le sociologue Ignacio Zuasnabar. En revanche, « Pepe » est mal vu dans la classe aisée, choquée par ses manières un peu frustes ».

En fait, les impérialistes et leurs vassaux locaux ne peuvent supporter qu’élu président en 2009 avec 52,9 % des voix, Mujica gouverne de 2010 à 2015 en ne s’installant pas dans le faste et les dorures, mais dans sa petite ferme de 45 m², cultive ses fleurs, roule dans sa Volkswagen Coccinelle et reverse 90 % de son salaire de président à des projets sociaux et éducatifs.

Une fois l’URSS et le camp socialiste détruit par la contre-révolution bourgeoise, le capitalisme impérialiste fêtait son hégémonie comme « éternelle ».

Mais à peine 10 ans après cette tragédie pour le mouvement ouvrier communiste mondial et les peuples, c’est en Amérique du Sud que s’opérait la première percée souverainiste anti-libérale, anti-impérialiste des peuples contre « there is no alternative à la mondialisation du capitalisme impérialiste ». Chavez, Lula, Evo Morales, Daniel Ortega, Corréa furent portés au pouvoir dans leurs pays respectifs par les votes populaires.

L’Asie poursuivait son développement souverain économique, scientifique et technologique à bas-bruit consécutif aux victoires des Partis Communistes en Chine, en Corée du Nord, au Vietnam en alternative au développement sous tutelle US du capitalisme japonais, sud coréen, taïwanais, malaisien, etc.

L’Afrique était enserrée dans ces années 80/2000 comme appendice dans les griffes de la « mondialisation du capitalisme libéral » fondement de la généralisation des « conférences nationales » qui ont semé les illusions sur la « démocratie copiée-collée multipartite » qui a fait le lit de la trahison de nos partis de gauche et qui a dévoyé les luttes révolutionnaires de nos peuples dans un système néocolonial où la corruption est devenue endémique. La « démocratie du multipartisme intégral » a été vécue comme l’accompagnement institutionnel des plans libéraux d’ajustement structurel imposés à l’Afrique pour l’endetter et l’intégrer par ce biais dans la « mondialisation » impérialiste.

Au contraire en Amérique du Sud, les ex-guérilleros de la gauche révolutionnaire marxiste-léniniste, maoïste, castriste, etc se sont reconvertis en souverainistes anti-libéraux et anti-impérialistes légalistes pour mettre fin aux dictatures bourgeoisies militaro-civiles pro-impérialistes à la Pinochet mais aussi pour s’adapter au nouveau rapport des forces entre capital/travail, entre capitalisme/socialisme, entre les impérialistes eux-mêmes et entre l’impérialisme et les peuples opprimés en faveur de l’impérialisme consécutivement à la défaite de l’URSS et du camp socialiste d’Europe. C’est ce que nos ex-leaders des gauches communistes en Afrique ont été incapables de faire en capitulant idéologiquement et par leur impatience en se fourrant dans les gouvernements néocoloniaux libéraux pour y exercer l’ignoble lutte des places en remplacement de la lutte des classes qu’ils avaient antérieurement prôné. Cette dramatique insertion des gauches en Afrique dans le système néocolonial est une réalité dans quasiment tous nos pays d’Afrique.

Ce changement du rapport des forces favorable à l’impérialisme, principalement à l’impérialisme US hégémonique, a aussi impacté la stratégie politico-diplomatico-économique des rescapés du camp socialiste que sont la Chine, la Corée du Nord, le Vietnam, Cuba. Ces États socialistes-communistes ont gardé le cap défensif pour contrer les velléités contre-révolutionnaires internes et les agressions extérieures hybrides de l’impérialisme. Le Parti Communiste Chinois vient d’en faire une nouvelle démonstration exemplaire dans sa riposte ferme victorieuse contre la guerre tarifaire et douanière du président commerçant fascisant Donald Trump.

En Tunisie et en Égypte ont été balayées par les peuples les dictatures vassales après l’échec de la tentative d’installer les fanatiques islamistes au pouvoir en Algérie lors de la « décennie noire » des années 1990/2000. Ces « printemps Arabes » ont été utilisés par les impérialistes pour détruire la Libye et la Syrie où ils viennent d’installer l’ex-chef djihado-terroriste d’Al Qaïda reconverti en « libérateur » avec la complicité de la Turquie d’Erdogan et le sionisme israélien.

Ce cycle des guerres otaniennes contre les peuples en instrumentalisant le terrorisme de fanatiques religieux a été étendu après l’assassinat du leader libyen au Sahel infestant le Mali, puis le Burkina, le Niger, le Tchad, le Cameroun, le Nigeria et commence à toucher les pays bordant à l’ouest l’océan Atlantique. Déstabiliser les États pour justifier leur occupation militaire, c’est ce à quoi on a assisté avec Serval, Barkhane, Takuba, etc.

Mais le double jeu impérialiste a été démasqué par les peuples du Mali, du Burkina, du Niger ainsi que la complicité des laquais néocoloniaux de la CEDEAO/UEMOA dans la guerre hybride contre l’AES. Des révolutions souverainistes dirigées par la fraction patriotique des armées nationales ont débouché sur la mise en place de la Confédération des États du Sahel (AES) et sur la victoire du camp souverainiste dans les urnes au Sénégal.

A l’instar de l’exemple Burkinabe qui vient d’ériger un mausolée à la mémoire de Thomas Isidore Sankara, les pouvoirs souverainistes du Mali et du Niger doivent clairement ériger un mausolée à Modibo Keita et à Djibo Bakari ainsi qu’à Abdou Moumouni un des signataires du Manifeste du PAI et au Sénégal à Lamine Arfan Senghor et Anta Diop ainsi qu’aux 23 signataires du Manifeste du PAI qui, seuls, réclamaient ouvertement l’indépendance. C’est une ligne de démarcation nette entre souverainistes et néocoloniaux dans nos différents pays tout comme on attend que le nouveau pouvoir au Ghana réhabilite Kwamé Nkrumah en débaptisant, par exemple, l’aéroport d’Accra du nom du putschiste néocolonial Kotoba.

Important aussi est de décoloniser les programmes et manuels scolaires de la maternelle à l’université comme cela a été fait à Cuba et à planifier l’enseignement en langues nationales. L’enjeu de la décolonisation de la mémoire dont Cheikh Anta Diop a été un précurseur est majeur. L’enseignement scientifique, technique et professionnel en langues nationales doit être un objectif à planifier dès à présent. Il n’y a pas de développement sans savoir et savoir faire des ouvriers, paysans, pêcheurs, éleveurs.

De telles mesures progressistes relèvent de la phase de transition pour préparer et réunir les conditions efficientes de l’étape suivante de la « rupture » avec la domination impérialiste et la « transformation systémique » consécutives du « moom sa reew ».

Le jub, jubbal, jubbanti en action dans notre Sunugal nécessite « la rationalisation des dépenses publiques » à laquelle appelle le tandem Diomaye/Sonko, c’est-à-dire que l’État, les ministres et autres nommés à des responsabilités étatiques doivent s’appliquer le « don de soi » pour servir le peuple. Pépé Mujica est de ce point de vue un exemple à suivre sur le chemin vers la libération nationale.

18/05/25

Views: 43

Suite de l'article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.