Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Stalingrad revient sur la carte de la Russie

L’unité du peuple russe et sa force répondent toujours à leur histoire comme celle du peuple français a besoin de se plonger périodiquement dans ses racines révolutionnaires fondatrices de la République. Depuis longtemps les habitants de Volgograd (ex-Stalingrad) se battent pour retrouver leur nom, cela est déjà fait pour les trois jours de célébration de la bataille. Là ils ont obtenu que l’aéroport soit renommé Stalingrad en hommage aux peuples soviétiques. Je signale que l’aéroport de Saint-Pétersbourg nous accueille toujours sous le nom de Leningrad. Un jour les communistes français seront débarrassés des liquidateurs qui n’ont jamais obtenu que le nom de PCF soit supprimé mais qui continuent à peser de tout leur poids pour que ce parti soit négationniste comme le reste de la gauche comme si l’opportunisme n’exigeait pas toujours plus de reniements. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

https://svpressa.ru/society/article/462452

Texte : Iouri Yentsov

Vladimir Poutine a soutenu l’idée de renommer l’aéroport Gumrak de Volgograd, une initiative qui, « à la demande des anciens combattants », a été transmise au chef de l’État par le gouverneur de la région de Volgograd, Andreï Bocharov. Selon lui, l’aéroport doit retrouver « son nom authentique, fier, viril et historique ». Entre la promesse et la publication du décret signé, il s’est écoulé environ une heure et demie

En conséquence, un décret a été signé « sur l’attribution à l’aéroport international de Volgograd du nom historique de « Stalingrad » afin de perpétuer la mémoire de la victoire du peuple soviétique dans la Grande Guerre patriotique de 1941-1945 ».

Le nom historique attribué à l’aéroport ne fait pas partie intégrante du nom officiel du centre régional et n’entraîne pas de changement de nom de la ville près de laquelle l’aéroport est situé, qui restera Volgograd. Le décret est entré en vigueur le jour de sa signature.

Dans le monde entier, il existait jusqu’à récemment plus de 50 rues, avenues, places et quartiers nommés en l’honneur de Stalingrad. La plupart se trouvaient en France. Il y en avait également en Pologne et en République tchèque.

La station de métro « Stalingrad » à Paris (Photo : ZumaTASS)

En Ukraine, le souvenir de la bataille était particulièrement présent, car ces noms rendaient hommage aux milliers d’Ukrainiens qui avaient combattu sur les fronts de la Grande Patrie.

Il y avait aussi des rues simplement appelées « Stalingrad » et des rues « Héros de Stalingrad » ou « Défenseurs de Stalingrad ». Mais il n’en reste probablement plus aucune dans toute l’Europe de l’Est.

En revanche, il y a deux rues Staline en Grande-Bretagne. Par exemple, dans la vieille ville de Colchester, et celle-ci, Stalin Road, est, fait intéressant, en boucle. D’ailleurs, toute la ville est construite sans angles droits. Il y a deux rues Staline en Inde.

L’écrivain et voyageur Sergueï Ponomarev rappelle que le nom de la ville rendue célèbre sous le nom de Stalingrad était à l’origine, avant 1925, Tsaritsyne :

« Sous Khrouchtchev, la lutte contre le culte de la personnalité a commencé, et la ville a été rebaptisée. On ne comprend d’ailleurs pas très bien pourquoi Volgograd. Il semblait peu approprié de la renommer Tsaritsyn. On pensait qu’il faudrait expliquer à tout le monde que ce n’était pas en l’honneur d’une tsarine russe détestée, mais en l’honneur de la rivière locale, la Tsaritsa.

À notre époque, depuis une trentaine d’années, des vétérans et des patriotes réclament le retour du nom de Stalingrad. En effet, la bataille n’était pas celle de Volgograd, ni même celle de Tsaritsyn, mais celle de Stalingrad. Après tout, c’est précisément pour la victoire de l’URSS à la bataille de Stalingrad que le roi britannique a remis son épée à Staline.

« SP » : L’initiative a probablement été bloquée pour des raisons purement politiques, du genre « ne pas encourager les staliniens » ?

— Cependant, ces dernières années, à l’occasion de l’anniversaire de la bataille de Stalingrad, le 9 mai, un geste politique s’est répandu : la ville était temporairement rebaptisée Stalingrad, pour un jour ou deux, sans que son nom officiel ne soit changé.

Cependant, la population souhaite de plus en plus que la ville retrouve son nom historique, celui avec lequel elle a vécu la guerre.

Et lors de la rencontre entre Poutine et le gouverneur de la région de Volgograd, qui est d’ailleurs un héros de la Russie, une décision mitigée a été prise.

Nous ne renommerons pas la ville et la région, mais seulement l’aéroport « Gumrak ».

Cependant, il s’agit là d’un pas de plus vers le rétablissement, dans quelque temps, du nom historique de Stalingrad. Après tout, le monde entier se souvient de la bataille de Stalingrad.

« SP » : Autrefois, il existait en dehors de la Russie près d’une cinquantaine de noms géographiques contenant les mots « Staline » et « Stalingrad »…

— C’était à l’époque du pacte de Varsovie, sous le régime communiste. Aujourd’hui, je crois qu’il n’en reste plus aucun, sauf à Paris. L’Europe de l’Est a connu une décommunisation, avec des changements de noms.

Mais chez nous aussi, on peut voir des choses étranges. Par exemple, l’allée des villes héroïques près du Kremlin. Là, sur le monument, toutes les villes héroïques sont nommées : Odessa, Brest, Kiev, etc. Et pour une raison quelconque, entre elles… Volgograd.

Mais qu’est-ce que c’est que cette ville héroïque de Volgograd ? Quand les combats faisaient rage et que 500 000 de nos soldats mouraient en quelques mois, Volgograd n’existait même pas encore. Elle n’existait pas non plus après la Grande Guerre, pendant de nombreuses années. Elle n’a été rebaptisée qu’en 1962, si je me souviens bien.

Je pense que, petit à petit, l’histoire sera rétablie, non pas tant la justice que la vérité. Car il est étrange de déposer des fleurs à la ville héroïque de Volgograd. Pendant la Grande Guerre patriotique, on ne connaissait même pas ce mot. Le changement de nom de l’aéroport est l’une des étapes qui conduira à ce que la ville s’appelle à nouveau Stalingrad.

« SP » : Avez-vous déjà visité les rues de Stalingrad ou la place Stalingrad à Paris ?

— Je suis bien sûr allé sur la place Stalingrad à Paris. Eh bien, oui, là-bas, les gens ont une attitude plutôt détendue à ce sujet, ils considèrent simplement cet endroit comme un site historique. En tout cas, avant les événements connus, entre 2014 et 2022, c’était ainsi, et il ne semble pas y avoir eu de tentative de changement de nom. L’histoire doit rester l’histoire, estime l’expert…

Oui, les toponymes « Stalingrad » les plus connus en dehors de notre pays se trouvent à Paris : une place, un boulevard et une station de métro. Il y a même un boulevard Stalingrad (Boulevard de Stalingrad) dans la station balnéaire de Nice, où il est agréable de se promener, car il s’étend depuis le front de mer.

À Lyon, en France, se trouve le troisième plus grand marché d’antiquités d’Europe portant ce nom, à Bruxelles, il y a un boulevard et un hôtel, et à Bologne, c’est carrément la rue centrale de la ville. À Anthony et Colombes, en France, il y a des boulevards Stalingrad.

Dans la plupart des pays d’Europe occidentale, par exemple en Italie, on honore la mémoire des personnes qui ont sauvé le monde du nazisme. Des rues de Milan et de Bologne portent le nom de Stalingrad. À Bruxelles, l’avenue Stalingrad est voisine de l’hôtel Floris Stalingrad.

Plaque indiquant le nom de la rue Stalingrad à Bruxelles (Photo : Asmik Harutyunyan/TASS)

Malheureusement, au cours des vingt dernières années, une partie des lieux portant le nom de Stalingrad ont été rebaptisés. Dans les villes polonaises de Bielsko-Biała et Kamienno, il existait jusqu’à récemment des rues des Héros et des Défenseurs de Stalingrad. Il n’est pas exclu que les anciens habitants les appellent encore en polonais : Bohaterоw Stalingradu.

Cependant, sur ordre de l’Institut de la mémoire nationale – Commission pour la poursuite des crimes contre le peuple polonais, elles ont été discrètement modifiées, car elles n’étaient pas conformes à la « loi interdisant la propagande du communisme ou d’autres régimes totalitaires à travers les noms de bâtiments, de structures et de lieux publics ».

En réalité, ils ne correspondent pas à leur orgueil démesuré, qui n’est pas confirmé par les faits historiques.

À Zelená Hora, la place des Héros de Stalingrad a été rebaptisée simplement Bohaterów (des Héros). On ne sait pas si ce sont bien ceux qui ont vaincu le nazisme.

La République tchèque n’a pas non plus conservé la mémoire dans les noms de rues à Teplice, Karlovy Vary et Hradec Králové. Ce petit pays sans grande fierté avait même son propre quartier « Stalingrad » dans la ville de Most. Et à Bratislava, en Slovaquie, il y avait une rue Stalingrad, ainsi qu’une place. Il n’en reste plus rien.

Mais pourquoi s’en étonner, alors qu’il ne nous reste pas beaucoup de témoignages reconnaissant les exploits des défenseurs de Stalingrad. Il ne reste que deux ou trois rues de ce type dans tout le pays : à Korolev, près de Moscou, à Sébastopol, dans la région de Leningrad, dans le village de Peskov et à Volgograd, dans la région de Volgograd.

Elles rappellent aux générations futures quelle bataille a uni les peuples dans leur lutte commune pour la liberté. Les nouveaux vents politiques ont changé la carte, balayant les gardiens muets de la mémoire. Et même les générations elles-mêmes. C’est ainsi que disparaît la connaissance du prix exorbitant de la paix.

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2 Commentaires

  • Dechamps Michel
    Dechamps Michel

    J’ai eu ce bonheur ce privilège d’aller en URSS ,de passer des jours Leningrad de noter sur lAUROREet plus encore un mois extraordinaire à travers l’écout ce pays extraordinaire jusqu’au bord de la mer Noire.Quel malheur que ce salopard e..je ne dirais même pas son nom ait vendu ce cette extraordinaire réalisation de Lenine pour une saloperie de médaille qui n’a aucune signification.

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  • Nicolas
    Nicolas

    À Arles (13) il y a une Avenue Stalingrad. Le maire (Horizons), qui se prétend gaulliste, dans son projet de rénovation de cette avenue, évoque la suppression de ce nom… Le pétainisme ordinaire.

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