Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Huawei répond à la question des droits de douane et rêve d’Europe comme au XIXe on rêvait d’Asie.. Après l’orientalisme, l’occidentalisme…

Le géant de la technologie Huawei est mieux préparé pour le deuxième assaut du président américain Donald Trump contre la Chine qu’il ne l’était pour son premier. En 2019, nous avions publié un interview de son PDG paru dans le Point et déjà celui-ci s’était confié sur sa passion pour l’Europe. Souvenez vous la fille de Ren Zhengfei avait été emprisonnée au Canada pour n’avoir pas respecté le blocus iranien, elle venait d’être libérée et la Chine lui faisait un accueil triomphal. Nous avons publié l’interview du PDG qui voulait nous convaincre que les « gènes de la révolution industrielle sont toujours présents en Europe ». Il faut relire cet interview et voir ce qui a été réalisé en Chine même et comment avance la vision de la mondialisation multipolaire et plus unipolaire. Comment chercher son identité dans l’autre avec la même passion que les occidentaux ont mis dans l’orientalisme, la Chine à travers ce PDG vit une passion pour l’occidentalisme, c’est déroutant mais pas plus que ne devait l’être pour un Chinois de voir à Paris une certaine conception de la Chine alors que comme tant d’artiste chinois on vient y chercher la nouveauté.

Plutôt que des sanctions, la principale menace pour les ventes et les bénéfices de l’entreprise semble maintenant être la possibilité d’une récession induite par les droits de douane. Plus de 70 % des ventes de Huawei sont désormais réalisées en Chine.

Les ventes totales de Huawei sont presque revenues à leur pic d’avant les sanctions, soutenues par un passage à l’approvisionnement national. Ses ventes aux États-Unis sont négligeables, ne laissant presque aucune exposition directe aux tarifs douaniers de Trump.

La Chine, en relation comme jadis avec d’autres nations asiatiques sur des modes différents mais efficaces compte d’abord sur son propre marché, les marchés extérieurs lui fournissant un complément qui l’aident à sa propre transformation.

A propos d’Hawei nous avons voulu faire comprendre la rapidité de la transformation chinoise. Il y a donc cet interview en 2019. La question de savoir si ce géant allait survivre à l’interdit des USA. IL survit et là second phénomène il s’est créé autour de ce géant une ville immense entièrement nouvelle dans lequel le PDG réalise son rêve installer ses 30.000 employés dans un décor qui reproduit l’Europe, un projet qui ressemble à Las vegas et à la silicon valley. Pourquoi l’Europe? Pourquoi ces expositions qui se multiplient autour des artistes européens et de leur passion pour la Chine comme le musée rodin à Shaghai et d’autres. Il y a eu l’occidental alisme comme il y a eu l’orientalisme.

chinoiserie de watteau

On remonte souvent à Watteau le goût pour la « chinoiserie », et pour mesurer la nature des influences réciproques il faut dépasser les motifs et comprendre ce qui s’est joué dans cette influence chinoise, extrême-orientale Pour des gens (comme les frères Goncourt) pour qui la forme compte plus que le motif, la découverte de la Chine par Watteau mais aussi des objets à Leyde,des collections ramenées par des marchands, est un moyen de rompre avec la norme classique et de voir la rapidité de la calligra^hie, des « encres », des affinités formelles, puisées dans la nature même et pas dans le faux, l’inventé hérités de la Grèce et de Rome. On perçoit aujourd’hui que c’est l’art pictural du paysage chinois, transmis par le biais de représentations peintes sur des objets, qui aurait transformé « le plus profondément l’art européen », donnant aux artistes des exemples de conception nouvelle intégrant la place du vide, le principe d’une « grâce asymétrique répandue dans des compositions larges et dispersées [détruisant] la norme unique d’une nature géométrisée et d’un mur articulé et ordonné »Isabelle Tillerot, qui voit dans l’influence de l’esthétique spatiale chinoise, une manière nouvelle de concevoir une continuité du décor affranchissant la peinture de son cadre de représentation perspectif et la faisant exister pour elle-même comme une « île » donnant sur une surface infinie, pourrait servir à éclairer comment un glissement devient ensuite possible au siècle suivant entre le goût pour les chinoiseries et l’appétence pour une nouvelle conception spatiale du paysage, marquée par la tradition lettrée extrême-orientale.

Pierre Bonnard. La rue…

La question est donc de savoir ce que la Chine cherche dans l’occidentalisme, peut-être une manière de saisir la multiplicité de ses identités, comme elle le fait à travers le mandarin, par rapport à un écrit identique prononcé de manière différente. Et à travers cette unification de sa diversité en quoi a consisté son hégémonie culturelle, commerçante, dans toute l’Asie,à savoir  » le rêve chinois… » la communauté de destin sous l’harmonie. qu’est -ce que la Chine vu d’elle même à travers le regard européen? Alors certes le côté parc à la walt Disney du PDG de Huawey peut paraître tout sauf une expérience esthétique, pourtant on sait désormais à quel point les Etats-Unis ont réussi à faire croire à l’égalité en créant à travers Hollywood et ses icones électroménagère une mode formelle dont s’est inspiré Wharol pour dénoncer l’aspect publicitaire, propagande et là aussi a mis Marylin et Mao sur le même plan.

En 1972, le président américain Richard Nixon s’est rendu en Chine pour rencontrer le président Mao Zedong, mettant fin à des années d’isolement diplomatique entre les deux nations. Cet événement historique a captivé l’imagination de Warhol, qui, entre 1972 et 1973, a créé 199 sérigraphies de Mao en cinq échelles. Prolongement de sa fascination pour la célébrité, les peintures de Mao utilisent le procédé de sérigraphie caractéristique de Warhol pour transférer sur la toile l’un des portraits les plus reconnus au monde : la photographie de Mao reproduite dans toute la Chine pendant la Révolution culturelle (1966-1976). Telles qu’interprétées par Warhol, ces œuvres, avec leurs images répétées peintes de couleurs flamboyantes et de marques expressionnistes, peuvent suggérer un parallèle entre la propagande politique et la publicité capitaliste.

Mais ce que l’on sait déjà c’est qu’il n’y a pas en Chine entre l’art et la production de masse en particulier dans ce qui relève de l’industrie, comme le cinéma, la distance entre art et phénomène de masse qui existe en Europe, un phénomène de rupture qui a justement pris toute son ampleur dans les années soicante et dix alors que sous l’influence communiste, il y a eu au contraire la recherche d’un art à la fois de masse et d’avant garde, la conquête de milieux populaires.

Recopier n’est pas non plus considéré comme une faute.. Peut-être y a-t-il une fascination pour l' »effet » , ce qui n’est pas « naturel »… comme un mystère… Une sousestimation qui se perpétue… et à ce titre c’est déjà en train de changer..

Par exemple il y a semble-t-il le besoin d’une pause, Un rapport annuel publié par la CCA en mai 2024 indique qu’un nouveau phénomène est en train d’émerger sur le marché de la consommation en Chine, où les gens, les jeunes en particulier dépensent de l’argent à la recherche d’une satisfaction émotionnelle ou psychologique, a rapporté le China News Service. Le rapport cite plusieurs exemples : la popularité écrasante de certaines destinations touristiques, une augmentation de la fréquentation des spectacles en direct avec des fans voyageant à travers les villes en suivant leur artiste favori, la résurgence de certaines marques nationales et l’intérêt croissant pour le Hanfu, les vêtements traditionnels chinois. Ces tendances de consommation en plein essor, sont en grande partie motivées par un désir de confort émotionnel et de joie spirituelle dans des scénarios spécifiques. Dans les centres commerciaux de plusieurs villes de Chine, les journalistes du Global Times ont constaté que de nombreux produits populaires sur le marché aujourd’hui sont particulièrement adaptés à l’expression des émotions que les jeunes ressentent dans leur vie. Par exemple, les peluches mettant en vedette des capybaras occupent des places de choix dans de nombreux magasins. Ces dernières années, l’image du capybara est devenue virale dans toute la Chine. Pour les consommateurs locaux, ce mammifère d’Amérique du Sud, connu pour son attitude calme et douce, est devenu le symbole d’un idéal style de vie décontracté. Ce besoin de pause et de retour à des valeurs traditionnelles,l’interrogation sur le sens de la vie, de relations plus équilibrées, le besoin de l’animal, on le retrouve dans un film récent Black Dog. Est-ce que l’occidentalisation « européenne » fait partie de cette pause émotionnelle comme l’orientalisme a joué un rôle dans l’accélération industrielle de l’Europe? Ou ce phénomène est lui-même dépassé par ce besoin « émotionnel » et le retour à l’identité chinoise multiple ?

Tout ce questionnement auquel il est difficle d’apporter des réponses univoques n’est pas étranger à la manière dont nous avons tenté d’aborder la Chine pour essayer de comprendre ce qu’elle nous dit réellement. Loin de ceux qui croient avoir compris, alors qu’en Chine tout va si vite que quand on croit avoir compris c’est déjà dépassé, ce qui est difficile pour nous et encore plus pour les Chinois sans doute… Pour voir cela, il suffit de se reporter à cet interview de 2019, hier à peine et de considérer la ville de Shenzhen et la manière dont la zone industrielle ou plutôt le « campus » que représente Guawei recrée grandeur nature des quartiers et monuments de villes européennes telles que Paris, Bruges, Grenade ou Bologne. L’Italie selon Huawei.

L’Italie selon Huawei.

Shenzhen. Il y a un peu plus de quarante ans, ce n’était qu’une modeste cité vivant essentiellement de son port de pêche. Aujourd’hui, elle s’est transformée en une mégalopole gigantesque où nombre d’entreprises ont élu domicile. Parmi elles, on compteHuawei dont le siège y est implanté depuis la création de la firme.

Shenzhen, ce sont des gratte-ciels à perte de vue, des boulevards énormes et un nombre incalculable de grues qui s’animent chaque jour, prêtes à ériger de nouveaux bâtiments impressionnants. En d’autres termes, il s’agit d’une énorme ville chinoise loin, très loin géographiquement de l’Europe. Et pourtant, aux abords mêmes de ce chaudron en ébullition permanente, on peut se balader sereinement dans… le Vieux Continent.Une ville allemande en Chine

Une ville allemande en Chine

Huawei et l’Europe en Chine

Quoi ? Comment ? C’est très simple — et à la fois complètement saugrenu –, le récent Huawei Ox Horn Campus est un hommage démesuré à l’Europe. Rappelez-vous que le fondateur de la multinationale chinoise, Ren Zhengfei, est un amateur inconditionnel de l’architecture des beaux bâtiments de Paris, Bruges, Fribourg, Bologne ou encore Grenade, relisez son interview et vous aurez du mal à savoir si cet homme d’affaire qui a interiorisé les lois du marché et même celles du capitalisme est un fonctionnaire, quel est son statut réel mais visiblement il a un projet, un rêve comme André citroen encourageait les expéditions vers l’Asie…

Visite dans la grisaille. Ici, le bâtiment se veut inspiré de la Cité universitaire de Paris.

Visite dans la grisaille. Ici, le bâtiment se veut inspiré de la Cité universitaire de Paris.

À cet égard, le dernier campus de Huawei près de Shenzhen ne ressemble en rien aux autres quartiers de la ville. Au lieu de tours ultras modernes, ce sont des bâtiments et rues d’inspirations européennes qui servent de cadre de travail à 20 000 employés. Ils œuvrent en majorité dans la recherche et le développement (R&D), tandis que les autres sont surtout sur les parties financières et administratives de la firme.

J’ai eu l’occasion de me balader un petit peu dans le Huawei Ox Horn Campus vers la fin de mon séjour à Shenzhen. Notez que la première version de cet article a été publiée en décembre 2019. Nous l’avons mis à jour avec de nouvelles images et une vidéo après que ma collègue Chloé Pertuis de l’équipe vidéo de Frandroid a pu y repasser en avril 2025. Notamment pour prendre en main le très atypique Huawei Pura X.

Voici donc quelques nouvelles photos de ce lieu excentrique qui tend à montrer ou rappeler la puissance de Huawei en Chine.

Un projet faramineux

Le Huawei Ox Horn Campus s’étend sur 1,4 million de m² sur les rives du lac de Songshan, dans la préfecture de Dongguan. Depuis le centre de Shenzhen, il faut rouler environ 1h30 pour y arriver. Le chantier a démarré en 2014 et coûté 10 milliards de yuans, soit près de 1,3 milliard d’euros !

Plus de 100 bâtiments composent le campus divisé en douze thématiques. En plus du bloc Paris, qui s’inspire, nous dit-on, de la Cité universitaire, voici les autres lieux représentés :

  • Vérone (Italie)
  • Cesky Krumlov (République tchèque)
  • Fribourg (Suisse)
  • Heidelberg (Allemagne)
  • Bourgogne (France)
  • Bologne (Italie)
  • Windermere (Angleterre)
  • Luxembourg (Luxembourg)
  • Bruges (Belgique)
  • Oxford (Angleterre) — encore en construction en 2019, terminé depuis.
  • Grenade (Espagne)

Notez en outre que le Huawei Ox Horn Campus abrite quelque 30 000 employés. Pour que ces derniers puissent venir jusque sur leur lieu de travail, plus de 300 navettes sont affrétées chaque matin et chaque soir.

Plus atypique encore, un réseau ferré a été déployé au sein du campus pour se déplacer d’une zone à l’autre. Ainsi, trois trains très vintage circulent quotidiennement sur deux lignes dédiées.

Train face Huawei

Train vitre Huawei

Étalage de puissance mais pas seulement…

L’Ox Horn Campus est disproportionné et extravagant. Chacun en pensera ce qu’il veut, mais difficile de ne pas y voir un étalage de puissance au-delà de l’hommage à l’Europe.

Un continent européen que Huawei n’a pas abandonné malgré un embargo américain qui a bouleversé les

Ce campus gigantesque et faramineux confirme aussi ce qui s’impose chaque jour un peu plus comme une évidence : avec ou sans embargo, Huawei est un géant parmi les géants en Chine. et il a sa propre conception du temps et de l’espace… Ce que nous avons aussi tenté de percevoir.

NB : Notre journaliste Omar Belkaab puis notre vidéaste Chloé Pertuis étaient présents en Chine dans le cadre d’un voyage de presse organisé par Huawei, respectivement en 2019 et en 2025.

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