Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Est-ce que Trump va pouvoir reproduire la stratégie de Reagan ? C’est sans compter avec la Chine, par Danielle Bleitrach

Quoiqu’il arrive, le monde ne retournera pas à la situation avant Trump… Trump a choisi ce que Marx appelait une « dévalorisation » du capital, face « à la baisse tendancielle du taux de profit ». La seule solution pour que celui-ci renaisse de ses cendres avec un taux de profit en croissance réelle. La dernière opération de ce type, à une échelle moindre – mais la situation des USA était moins grave – a eu lieu sous Reagan, la révolution conservatrice, imposant le néolibéralisme. Cette révolution conservatrice a façonné la crise d’aujourd’hui. La guerre est l’idéal pour dévaloriser le capital et dans une certaine mesure c’est une guerre que lance Trump. Tant pis pour les millions voire les milliards de victimes. Oui ! mais il ne s’agit plus du capital du temps de Marx, il s’agit de sa forme financiarisée avec un profit qui s’est gonflé de gains boursiers tandis que les salaires ne cessaient de se dévaluer. Alors est-ce que l’opération qui a encore réussi sous Reagan pourra se renouveler ? Est-ce que par exemple Trump trouvera de nouveaux Gorbatchev en Poutine et l’oligarchie russe ? Et surtout la Chine n’est pas l’URSS, elle était dans les limbes sous Reagan. Quelle va être la réponse de la Chine, qui se prépare à l’affrontement ? Et quel devrait donc être le choix français ? Notre hypothèse, celle que nous défendons dans notre livre est que la France – dans une démarche qui ne doit pas se contenter d’attendre l’UE (dont certains pays ont des intérêts contradictoires avec le nôtre) – devra faire le choix des BRICS et d’une négociation avec la Chine en particulier pour tout ce qui a trait à notre production agricole, agroalimentaire et chimique, comme des échanges touristiques et scientifiques, pharmaceutiques, tout ce qui menace d’être détruit par l’opération de Trump.

Trump face à la catastrophe financière est convaincu d’avoir été victime d’un vol… La Chine n’y est pour rien…

En 1948, environ un Américain sur trois travaillait dans une usine. En 1978, seul un Américain sur cinq occupait un emploi dans l’industrie manufacturière. Ce déclin s’est produit avant que la Chine n’exporte un seul gadget… avant qu’elle ne prenne la « voie capitaliste », et 22 ans avant qu’elle ne rejoigne l’Organisation mondiale du commerce. Au cours de cette période (1948-1978), il y a eu une tendance irréversible qui peut être considérée comme positive, les machines étaient plus nombreuses, plus puissantes, plus efficaces, plus spécialisées. Cela a réduit l’emploi industriel, ce qui aurait pu être un bien parce ce qui a fait la force et la dignité de la classe ouvrière c’est le syndicalisme, l’adhésion à son parti pas nécessairement l’usine telle que la concevait les patrons… Comme aujourd’hui on assiste à une autre révolution celle dite « numérique » qui va supprimer certaines tâches de diplômés. Ce qui en soi n’est pas un mal mais qui doit être maîtrisé soit au profit des travailleurs, de la majorité des êtres humains, soit pour une minorité d’investisseurs, qui désormais passent par la bourse. Et c’est là que l’on a le second problème auquel tente de répondre Trump et son équipe.

Après le milieu des années 1970, une autre période s’est ouverte. Les Etats-Unis ont dévalué le dollar en 1971, refusant de payer leurs dettes en or. Ils ont ensuite poursuivi cette politique de dévaluation pendant le demi-siècle suivant. Un dollar de 1975 ne vaut aujourd’hui qu’environ 14 cents – officiellement. En or, la perte est encore plus grande : le prix de l’once est passé de 160 $ en 1975 à plus de 3 000 $ aujourd’hui. Autrement dit, le dollar a perdu 94 % de son pouvoir d’achat et cette perte ce sont les travailleurs, ceux du Sud, et ceux qui étaient jetés hors des usines qui la payaient. Pendant toute cette période d’après-guerre – c’est-à-dire, à peu près, le temps d’une vie –, la base industrielle américaine s’est réduite. La Chine en a profité pour se développer par son travail, un développement planifié qui devait correspondre à une redistribution luttant contre la misère et bénéficiant au pays. Mais elle n’est pas responsable des malheurs des États-Unis et des autres pays capitalistes qui ont choisi de peser toujours plus sur le travail et de sacrifier l’économie nationale. En revanche son mode de développement a été une voie intéressante pour les autres pays du sud qui manquaient de capitaux et dont on avait exigé la démolition des États… En fait il ne s’agissait pas de démolir les États mais, comme aujourd’hui sous Trump, d’en faire le vecteur de toutes les privatisations et de ses commandes. Il ne s’agit pas de détruire l’État mais de se l’approprier jusque dans ses fonctions régaliennes, ce qui aboutit à non pas moins de bureaucratie mais toujours plus.

Aujourd’hui, seul un travailleur américain sur douze est employé dans l’industrie manufacturière. Là France est un pays qui en Europe a subi la plus forte désindustrialisation et les Chinois n’y sont pour rien. Si on retournait à l’étalon or comme l’espèrent certains il y aurait simplement une mesure plus exacte de la catastrophe du système et Trump ne l’ignore pas…

La « révolution » de Trump anticipe donc l’effondrement financier, l’organise pour la survie de l’oligarchie…

Face à ceux qui hurlent devant les actes insensés de Trump – tarifs douaniers, déportations, destruction à la tronçonneuse d’agences fédérales par des « gardes rouges » habillés de noir – en disant que ces délires risquent de provoquer un krach économique mondial, ce qui est frappant est l’état de sidération. Les médias de gauche ont parfaitement raison, Trump veut détruire l’économie des Etats-Unis et donc celle du monde, vu que c’est la seule manière par laquelle non seulement le capital a toujours survécu mais les présidents ont été réélus, eux et leurs successeurs.

Trump a fait un diagnostic parfaitement lucide : la correction des finances dans une dette incroyablement insoutenable de l’Amérique doit produire des pertes colossales d’une manière ou d’une autre, peu importe qui est aux commandes. Trump et ses proches conseillers personnels ont tiré deux conclusions.

Tout d’abord, il est préférable d’exécuter « une démolition contrôlée des marchés financiers » dans laquelle on détruit soi-même l’édifice vermoulu plutôt que de permettre un effondrement désordonné comme lors des dépressions précédentes. Deuxièmement, il est préférable de devancer l’inévitable krach afin de rejeter carrément la faute sur son prédécesseur. Plus vite ce sera fait, plus vite Trump et son équipe pourra attribuer la catastrophe à ses prédécesseurs, ce qui d’ailleurs n’est pas faux.

Souvenez-vous que Reagan qui adopté la même « révolution conservatrice » sur le thème du « néo-libéralisme », l’utopie d’un obscur économiste Freedman, nous a également vendu le massacre de l’Etat à la tronçonneuse et ça a marché avec l’aide enthousiaste y compris des trotskistes reconvertis et de tous ceux qui nous ont encouragés à nous débarrasser de l’Etat et à délocaliser l’industrie, c’était évident, faire autrement était lutter contre le mouvement réel celui qui même nous conduirait au communisme sans s’encombrer du collectivisme socialiste « stalinien ». Aux Etats-Unis, Reagan a été réélu, il a même réussi à convaincre Gorbatchev. Comme Vance, qui est le vice-président le plus engagé qui soit, a de fortes chances si ça marchait de succéder à Trump. Surtout s’ils arrivaient à vendre aux Russes le scénario et à trouver en Poutine ou son successeur la même daube qu’à Gorbatchev.

Un scénario de ce type suppose en effet de s’appuyer sur plusieurs catégories d’acteurs qui souscrivent à un tel plan parce qu’il n’y a plus de parti communiste, mais un seul parti celui du capital, qui s’oppose sur le « sociétal » un travail accompli grâce au maccarthysme puis à la marginalisation du parti communiste et du socialisme considéré comme étranger, et ennemi des libertés et parce que la fascisation a ses adeptes comme l’image caricaturale d’un socialisme militarisé.

Autour de Trump on peut imaginer un noyau dur quasi mafieux qui est au courant du plan depuis le début. Une bande de barges prêts à tout mais ce n’est pas là l’essentiel. Il est clair qu’il y a dans le capitalisme financiarisé suffisamment de joueurs conscients de l’état de délabrement du système sur lequel ils prospèrent, pour se dire que le krach était imminent, mais croyaient-ils que ça irait jusque là ?… le noyau dur a eu des ralliements depuis le camp démocrate, mais le jeu est de les traiter non sans sadisme… Comme dans le cas de Meta, qui, a fait plusieurs concessions à Donald Trump depuis son élection, avec notamment la suppression des politiques de modération de contenu que les Républicains considéraient comme de la censure et effectué un don d’un million de dollars à son fonds d’investiture. Mark Zuckerberg, fondateur et président-directeur général de Meta, s’est également rendu à la Maison blanche à plusieurs reprises au cours des dernières semaines mais en vain, le procès risque de le couler. Le fait est que le groupe des initiés vend à découvert les secteurs voués à la démolition tandis que les autres font les frais du système et hurlent en vain. Ils subissent des pertes financières dévastatrices. Et découvrent un peu tard que Trump fait ce qu’il avait dit qu’il ferait, résultat c’est l’angoisse et chacun tente d’être parmi les initiés, les disputes se multiplient. Tout le monde s’en fout et tente de se glisser dans les opportunités avec des gens qui se retrouvent inculpés et pas sortis d’affaire. Cela relève du théâtre d’une classe mais ce qui est intéressant c’est de voir à quel point ce théâtre parait se reproduire au niveau international avec l’effondrement de tout ce qui dépend de la planète financière. Il est clair que Trump et sa bande comme beaucoup de dirigeants voient les relations internationales sur le mode de cette foire d’empoigne, chacun se précipitant pour se placer et éviter de perdre trop… Trump joue ou prétend jouer avec les nations comme avec ses favoris mafieux et ceux qui essaient de se placer…

Oui mais Trump attend en vain l’émissaire chinois, la Chine refuse de jouer à ce jeu et exige des règles parce qu’elle est convaincue de n’être pour rien dans les malheurs des capitalistes et le leur dit : il vaudrait mieux que vous résolviez vos problèmes internes au lieu de nous chercher des noises. Par la même occasion, elle dit aux pays comme l’Inde qui voudraient jouer sur tous les tableaux à la fois : n’ayez plus cette mentalité du colonisé qui attend du maitre la solution et vous vous en sortirez.

En effet, dans les sociétés occidentales, il y a la peuple mécontent qui a voté pour cette bande de milliardaires impitoyables pour des raisons bassement économiques comme l’inflation qui est bien réelle quoiqu’on lui dise, mais aussi contre l’immigration, voire contre l’idéologie woke. Il faudra vraiment qu’ils aient le nez sur les conséquences de leur choix pour qu’ils changent d’avis et d’ailleurs comme on a réussi à les convaincre que le communisme et surtout un parti communiste était l’horreur absolue ils sont proches de l’anarchie mais incapables de résister à la répression. Ces braves gens ne sont pas aussi idiots que l’on tente de les décrire, ils savent bien que « l’économie en plein essor » de Biden était du pipeau et ne reposait que sur l’augmentation explosive de la dette. En fait, les salaires réels étaient en baisse. (L’argument selon lequel les salaires augmentaient était basé sur les salaires nominaux.)

Bref, et réfléchissez bien à la situation de la France et à celle de l’UE : les gens ne sont pas idiots, ils savent depuis pas mal de temps que ce système est foutu, simplement on a réussi à faire de cette société un lieu de l’anomie et du chacun pour soi. Alors il y a ceux qui possèdent quelque chose et même s’ils ne sont pas dans les « initiés », et ils cherchent le moyen de se sauver individuellement, tant pis pour les autres.

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La Chine n’est pas l’URSS de Gorbatchev, cela fait pas mal de temps qu’elle se prépare au choc en tablant sur un monde multipolaire mais d’abord sur ses propres forces productives

La Chine est certes dépendante des États-Unis pour ses exportations. Ils constituent son deuxième client et représentent 14,8 % de ses exportations, selon des chiffres compilés par Intereconomics, juste derrière l’Union européenne (14,84 %). Mais cette dépendance est en évolution « Ça va pénaliser quelques branches comme le textile, l’ameublement, l’électronique d’entrée de gamme et l’électroménager », explique à La Tribune François Godement, conseiller pour l’Asie à l’Institut Montaigne. En dehors de ces quelques secteurs très exposés au marché américain « les États-Unis ne sont plus essentiels pour Pékin », affirme David Gaud, responsable des investissements chez le Family office B. Durand Capital Partners. Et pour cause : « depuis 2023, la part des États-Unis dans les exportations chinoises a baissé et se situe entre 15 % et 10 % », note-t-il.

Anticipant un retour de Donald Trump au pouvoir, Pékin a diversifié ses débouchés commerciaux. Et le mouvement devrait continuer. Le gouvernement chinois souhaite renforcer sa coopération avec le Japon et la Corée du Sud et envisage un accord de libre-échange. Parallèlement « la Chine va contrebalancer ses exportations vers l’Europe » anticipe François Godement.

Relance de son marché intérieur

Pékin pourrait survivre à une baisse de ses exportations. « Depuis 15 ans, la croissance chinoise vient de l’investissement, de la demande intérieure et de l’immobilier. L’exportation n’est qu’une arme utilisée pour doper certains secteurs », explique l’associé chez B. Durand Capital Partners.

Les exportations néanmoins sont vitales pour atteindre les 5 % de croissance annuelle que vise Pékin. La grave crise de l’immobilier a fait chuter sa consommation intérieure. Mais les choses sont en train de changer. « Le plan de relance de la consommation intérieure entamé en 2024 commence à porter ses fruits et cette dernière pourrait vite rebondir dans les prochains trimestres », estime David Gaud. Et de détailler que « les taux directeurs ont fortement baissé et les banques et les fonds souverains chinois sont appelés à investir dans le pays ce qui devrait redonner confiance aux Chinois qui pourraient se remettre rapidement à consommer. »

La Chine aussi sait attaquer les bêtes affaiblies de l’impérialisme et elles sont nombreuses vu le primat du profit, de la baisse de la masse salariale, plus que de la recherche de l’innovation comme le pratique la Chine. Un exemple : Boeing

Boeing est la nouvelle victime collatérale du conflit commercial sino-américain. Ce mardi, le média américain Bloomberg révèle que le gouvernement de Pékin a donné l’ordre à ses compagnies aériennes de suspendre les commandes de nouveaux avions Boeing et leurs achats de pièces détachées fabriquées aux États-Unis.

Cette annonce est la conséquence des représailles de Pékin la semaine dernière. En effet, après la hausse des tarifs douaniers décidée par Donald Trump, la Chine avait déclaré la mise en place de barrière douanière à hauteur de 125 % sur les produits américains. Cette mesure forte a mis en péril de nombreuses compagnies aériennes chinoises qui avaient passé commande auprès de l’avionneur américain. Concrètement, la surtaxe doublait le prix de certains avions. Certains Boeing 737 Max dont la livraison était attendue d’ici peu pourraient être autorisés à entrer au cas par cas.

À la suite de ces annonces, l’action de Boeing chutait de 2,5 % en pré-ouverture de Wall Street, tandis qu’Airbus – qui pourrait profiter de la mesure mais en fait vu le nombre des pièces détachées et leur origine risque de se retrouver dans le même cas de figure- prenait 1,2 % à Paris. L’impact est majeur pour le constructeur américain, déjà en difficulté, et dont le marché chinois représentait il y a encore peu un quart de ses exportations. Par ailleurs, la Chine devrait représenter jusqu’à 20 % du marché mondial au cours des deux prochaines décennies.

La grande gagnante de cette suspension est la Comac (Commercial Aircraft Corporation of China), l’équivalent de Boeing ou Airbus en Chine et dont le PDG accompagne actuellement Xi Jinping dans sa tournée en Asie du Sud-Est. L’an dernier, la Comac continuait de prendre des parts de marché. Son modèle phare, le C919 – équivalent du 737 Max – représentait l’an dernier 25 % des ventes d’avion à travers le monde.

Mais c’est un dispositif beaucoup plus complet qui s’est créé

Pour compléter le tableau, nous pourrions vous commenter la manière dont non seulement le gouvernement central chinois mais la plupart des villes dont certaines ont une population de la taille d’un pays européen se sont également lancées dans des aides à la conquête de nouveaux marchés dans le monde pour leurs entreprises. En plus du soutien politique et de la fourniture d’informations sur le commerce extérieur, certaines villes ont choisi d’utiliser des subventions pour aider les entreprises à développer leurs marchés internationaux, ce qui va des billets d’avion aux frais de séjour des démarcheurs des entreprises au niveau international.

Un autre signe est important, celui de la Poste de Hong Kong a de son côté annoncé mercredi suspendre les envois de colis à destination des Etats-Unis, en réponse aux hausses de droits de douane que le port franc juge « abusives ». L’ancienne colonie britannique est en effet également concernée par la surtaxe de 145% imposée à la Chine. Cette mesure concernera aussi bien les colis adressés par voie maritime que ceux transitant par les airs. La réponse immédiate de Hong kong est une sorte d’écho à la « plateforme » Asie qui est en train de se constituer autour de la Chine et qui se traduit dans le voyage au Vietnam, en Malaisie mais aussi avec la Corée du sud et le Japon. La Chine mise d’abord avec succès sur son marché intérieur et elle en fait un atout pour attirer les investisseurs tout en complétant cette dynamique par un appui réussi sur l »Asie et de là une ouverture et la constitution d’un marché avec le sud. la Question de l’Eurasie : la Russie et l’Europe se construit.

En mars, les exportations chinoises ont enregistré une croissance remarquable de 12,4%, dépassant largement les prévisions de 4,6%. Cette hausse spectaculaire s’explique en partie par l’empressement des entreprises à conclure leurs transactions avant l’entrée en vigueur des nouveaux tarifs douaniers américains. Ce phénomène s’inscrit dans un contexte de tensions commerciales croissantes entre la Chine et les États-Unis, ces derniers ayant imposé des surtaxes de 145% sur les produits chinois.

« Les fabricants se sont précipités pour expédier des marchandises vers les États-Unis », relève Julian Evans-Pritchard, analyste de l’économie chinoise chez Capital Economics. Mais « les expéditions devraient diminuer au cours des mois et des trimestres à venir ».

Les entreprises chinoises ont enregistré un volume d’exportations s’élevant à 313 milliards de dollars pour le mois, dont 40,1 milliards de dollars destinés aux États-Unis, représentant une augmentation d’environ 9 % comparativement à mars 2024, d’après les données publiées par les douanes chinoises.

Au cours du premier trimestre 2025, la Chine a réalisé un excédent commercial record, d’après les analyses de Capital Economics. Parallèlement, les importations chinoises ont connu une baisse de 4,3 % en mars par rapport à l’année précédente, témoignant d’une demande intérieure encore atone, malgré une légère amélioration comparée aux deux premiers mois de l’année.

L’importance du marché américain pour l’économie chinoise axée sur les exportations a considérablement diminué. En 2018, au début de la première guerre commerciale, les exportations à destination des États-Unis représentaient 19,8 % des exportations totales de la Chine.

En 2023, ce chiffre était tombé à 12,8 %. Les tarifs douaniers pourraient inciter la Chine à accélérer sa stratégie d’« expansion de la demande intérieure », libérant ainsi le pouvoir d’achat de ses consommateurs et renforçant son économie intérieure.

Comme l’a récemment souligné Franck Marsal, les Etats-Unis vont avoir du mal à se passer de la Chine alors que pour celle-ci depuis 2018, les choses ont évolué : le problème est sur le fond la confrontation entre une économie basée sur les actifs financiers et une économie basée sur une abondante main d’œuvre de plus en plus qualifiée… la victoire du prolétaire chinois et de sa longue marche…

Et si la Chine est entrée dans la guerre commerciale de 2018 dans une phase de forte croissance économique, la situation actuelle est tout autre. L’atonie des marchés immobiliers, la fuite des capitaux et le « découplage » occidental ont plongé l’économie chinoise dans une période de ralentissement persistant contre lequel elle ne cesse de lutter ce qui a rendu l’économie chinoise plus résiliente aux chocs, avant l’impact aux tarifs douaniers de Trump. Et si Trump risque de provoquer par l’inflation le mécontentement de sa base col bleu, en revanche Xi peut mobiliser le patriotisme chinois devant l’injustice des USA. Parce que La Chine comprend que les États-Unis ne peuvent pas facilement remplacer leur dépendance vis-à-vis des produits chinois, en particulier par le biais de leurs chaînes d’approvisionnement. Alors que les importations directes des États-Unis en provenance de Chine ont diminué, de nombreux biens importés de pays tiers dépendent toujours de composants ou de matières premières fabriqués en Chine. En 2022, les États-Unis comptaient sur la Chine pour 532 catégories de produits clés, soit près de quatre fois le niveau de 2000, tandis que la dépendance de la Chine à l’égard des produits américains a été réduite de moitié au cours de la même période.

La Chine conserve également la capacité de cibler les principaux secteurs d’exportation agricole des États-Unis, tels que la volaille et le soja, des industries fortement dépendantes de la demande chinoise et concentrées dans les États à tendance républicaine. La Chine représente environ la moitié des exportations américaines de soja et près de 10 % des exportations américaines de volaille. Le 4 mars, Pékin a révoqué les approbations d’importation de trois grands exportateurs américains de soja.

Parallèlement à l’évolution de l’environnement économique, la Chine dispose également d’un certain nombre d’outils stratégiques de représailles contre les États-Unis. Selon certaines estimations, elle domine la chaîne d’approvisionnement mondiale en terres rares, essentielle pour les industries militaires et de haute technologie, fournissant environ 72 % des importations américaines de terres rares.

Le 4 mars, la Chine a placé 15 entités américaines sur sa liste de contrôle des exportations, suivie de 12 autres le 9 avril. Beaucoup étaient des entrepreneurs de la défense américaine ou des entreprises de haute technologie dépendant des éléments de terres rares pour leurs produits

Si vous voulez qu’on en discute peut-être pourrons-nous le faire autour de notre livre… peut-être cela nous aiderait-il à comprendre le sens du « socialisme de marché » et son intérêt non seulement par rapport à la bataille boursière actuelle et la guerre tarifaire, mais surtout en quoi cela s’articule avec la « révolution numérique », l’intelligence artificielle mais pas seulement.

Danielle Bleitrach

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