Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Serguei Oboukhov sur le risque de « Minsk-3 » ou de « Khasavyourt-2 » et la mise en garde de Ziouganov

Il est effectivement clair – et tous les complices habituels de Macron et du parti de la guerre en France ne font qu’activer ce levier en proclamant qu’ils veulent la paix en espérant créer les conditions de la guerre permanente dont vit le régime de Zelensky, tout en reportant comme dans Minsk 1 et Minsk 2 la responsabilité sur la Russie. Les bruyants soutiens du régime ukrainien dans nos médias ne s’en cachent même pas, ils tablent sur l’imprévisibilité de Trump et son besoin de prétendre avoir arrêté la guerre pour l’entrainer définitivement contre la Russie, voire dans la troisième guerre mondiale dont ils ignorent les conséquences. Le KPRF et Ziouganov insistent sur le caractère difficile de la riposte et de la partie à jouer. C’est évident. Il nous semble que la seule solution réside dans la nécessité de créer de véritables conditions de négociation dans le sens de ce qu’a défendu Lavrov et que la direction du PCF a également réclamé. C’est d’ailleurs à cause de cette exigence et de la référence aux accords d’Helsinki que la position du secrétaire du PCF (malgré la 5e colonne dans ce parti) est la seule qui approche d’une véritable exigence de paix. Si l’on veut éviter la guerre perpétuelle à laquelle nous vouent ceux en particulier les dirigeants européens qui pour des raisons intérieures comme Macron, tentent de nous entrainer, il faut créer les conditions d’une véritable négociation en accordant à la diplomatie ses pouvoirs dans le contexte des institutions internationales. Une véritable paix en dépend.

Quand on connait un peu l’histoire de la manière dont les occidentaux et en particulier les Européens ont toujours manœuvré pour présenter les pays qu’ils voulaient piller comme une menace et également à partir de la révolution bolchevique puis avec l’URSS inventant là encore une menace pour justifier une agression, on n’est pas surpris de ce nouvel épisode d’un scénario habituel. (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)

https://kprf.ru/party-live/opinion/232674.htmlq

Le docteur en sciences politiques Serguei Oboukhov a commenté sur les réseaux sociaux le résultat inattendu pour les dirigeants russes des négociations entre les États-Unis et le régime de Kiev en Arabie saoudite, où les représentants de Zelensky ont accepté un cessez-le-feu sur la ligne de contact.

Lorsque les militants du KPRF ont exprimé leur surprise à l’égard de la réunion urgente du parti russe sur le CCS, prévue pour le 10 mars 2025, nombre d’entre eux ont simplement pensé qu’il s’agissait de promouvoir le « référendum populaire ».

Mais lorsque le leader du KPRF a prononcé son discours d’ouverture avec ses 12 thèses pour le troisième anniversaire de la CSC, il est apparu clairement que Ziouganov s’adressait non seulement au parti, mais aussi à la société russe.

L’élément clé a été la déclaration du leader du Parti sur le danger des « accords contractuels » au cours de la quatrième année de la SVO [Opération militaire spéciale, selon l’acronyme russe, NdT] :

– Nous vivons un moment décisif dans la confrontation entre la Russie et l’Occident. Toute erreur ou « arrangement » imposé par l’oligarchie et la cinquième colonne serait désastreux pour le pays. Les partenaires occidentaux, dont l’Allemagne et la France, ont trompé la Russie en utilisant les accords de Minsk, uniquement pour préparer une nouvelle agression. La fourberie et le cynisme de ces soi-disant partenaires sont devenus évidents.

Il est surprenant de constater que toutes sortes d’experts discutant activement de la situation interne du parti au sein du KPRF ont fait comme si ce sérieux avertissement de Ziouganov n’avait pas été lancé. Et ils ont eu tort.

Si l’avertissement de Ziouganov avait été communiqué au public, l’opinion publique se serait mobilisée. Ainsi, après la nouvelle inattendue des résultats des négociations entre les États-Unis et le régime de Kiev en Arabie Saoudite, l’expertocratie pro-régime a fait circuler les évaluations déprimantes suivantes : « Il est probable que le Kremlin n’était une fois de plus pas préparé à la situation et au revirement de Zelensky. C’est pourquoi les déclarations des orateurs n’étaient pas synchronisées. (https://t.me/eksertv/2772) Poutine entrera dans la clandestinité avant la visite de Whitkoff à Moscou jeudi. Il est plus probable qu’il propose un échange de Koursk contre une trêve. Sinon, l’escalade commencera ».

L’Occident triomphe donc, croyant avoir battu la Russie avec la proposition de trêve acceptée par Zelensky.

Le secrétaire d’État américain Rubio :

« La balle est maintenant dans le camp de la Russie sur la question de la paix en Ukraine. L’Ukraine a pris une mesure positive (en acceptant un cessez-le-feu complet, et pas seulement un cessez-le-feu maritime et aérien comme Kiev l’avait proposé), nous espérons que les Russes lui rendront la pareille ».

La prochaine étape de ce jeu d’échecs est claire. Si la Russie refuse le cessez-le-feu, toute la responsabilité de l’échec de la signature du cessez-le-feu sera rejetée sur la Russie, et les États-Unis feront pression non pas sur l’Ukraine, mais sur la Russie. En outre, de nouvelles sanctions draconiennes contre le secteur pétrolier et gazier russe ont déjà été annoncées (soit dit en passant, la chute budgétaire des recettes pétrolières en 2024 a été assez douloureuse).

Je suis d’accord avec Oleg Tsariov, ex-président du parlement Novorossiya : « Dans cette situation, il est impossible pour la Russie de rejeter Trump de manière frontale. Nous devrions dire que nous sommes d’accord, mais qu’il faut lever les sanctions, rendre les ZVR, traduire en justice les criminels en Ukraine… »

D’une manière générale, les bloggers militaires et les « patriotes » se posent désormais la question clé : « La Russie va-t-elle se lancer dans un nouveau Khasavyurt ou poursuivre l’offensive ? » https://t.me/mardanaka/30834

Ou découragés comme le déclare le blogueur militaire Sladkov : Je serai très, très désagréablement surpris si un cessez-le-feu est conclu sans que nous ayons remporté la victoire… ». https://t.me/Sladkov_plus/12645

Les plus optimistes tentent de se remonter le moral en se rappelant les conditions récemment posées par Poutine pour un cessez-le-feu :

« Ces conditions sont très simples : les troupes ukrainiennes doivent se retirer complètement des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, ainsi que des régions de Kherson et de Zaporozhye. Et j’attire votre attention sur le fait qu’il s’agit de l’ensemble du territoire de ces régions, à l’intérieur de leurs limites administratives, qui existaient au moment de leur entrée en Ukraine. Dès que Kiev se déclarera prêt à prendre une telle décision et commencera à retirer effectivement ses troupes de ces régions, tout en les informant officiellement de l’abandon de son projet d’adhésion à l’OTAN, un ordre de cesser le feu et d’entamer des négociations suivra immédiatement, littéralement à la minute même, de notre côté. Je le répète : nous le ferons immédiatement. Naturellement, nous garantirons en même temps le retrait sans entrave et en toute sécurité des unités et formations ukrainiennes ». https://t.me/regnum_na/70248

Si la réaction officielle de l’exécutif marque une pause, celle-ci est comblée par les jugements des députés.

« La Russie n’acceptera pas un cessez-le-feu de 30 jours, car cela permettrait à l’Ukraine de se regrouper et de se réarmer », a déclaré le général Viktor Sobolev, député du KPRF à la Douma.

« Tout accord sur l’Ukraine sera conclu aux conditions de Moscou, et non de Washington. Les vrais accords sont écrits sur le front », a déclaré le vice-président du Conseil de la Fédération de Russie, Konstantin Kosachev.

Il semble clair pour tout le monde que si la Russie refuse le cessez-le-feu, c’est un scénario idéal pour Zelensky et ses protecteurs occidentaux. D’une manière générale, le parti de la guerre mondialiste à l’Ouest espère beaucoup de ce scénario.

Et si la Russie opte pour « Minsk-3 » ou « Khasavyurt-2 », l’Ukraine se remplira d’armes et mettra à l’épreuve la patience de la Russie par des provocations incessantes sur la frontière frontale sous prétexte que l’Ukraine veut la paix et que la Russie perturbe le cessez-le-feu.

Il est évident que nous ne pouvons qu’essayer de deviner ce que feront les dirigeants politico-militaires de la Russie. Ils se contenteront de proposer des conseils tels que : « Trêve uniquement sur le territoire de l’Ukraine – combats dans les régions de Soumy et de Kharkov, et sur le territoire de la Russie – dans les régions de Koursk, Zaporozhye, Kherson et dans la DNR avec la poursuite de l’offensive de la LNR et l’élimination de l’ennemi ».

Mais toute la gravité et les conséquences stratégiques de la décision et des erreurs possibles sont maintenant sur vous savez qui.

Le 10 mars 2025, le KPRF et son chef ont publiquement mis en garde Poutine et l’élite russe contre le moment de vérité actuel.

Par : Serguei Pavlovitch Oboukhov, Membre du présidium du comité central du KPRF, député à la Douma d’État, docteur en sciences politiques

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