Cinq points à retenir du gel de l’aide militaire à l’Ukraine par Trump

Les liens transatlantiques, les relations russo-américaines et l’hégémonie américaine sont en train de changer alors que Trump force Zelensky d’aller à Canossa, à la table des négociations de paix avec Poutine. Il faut bien que quelqu’un paye pour le fiasco d’Obama et de Biden. Les Russes ne cessent de le dire, il ne sert à rien de négocier avec les Ukrainiens ou les Européens, seuls les Etats-Unis sont depuis toujours les maitres du jeu. Nous avons acculé les Etats-Unis à un accord global dans lequel la question ukrainienne n’est qu’un pion parmi d’autres. Les sanctions, voire le rétablissement des livraisons énergétiques à travers le north stream sont plus importantes ; dans ce cas ce sont les Etats-Unis qui doivent imposer la paix, les Russes eux en ont fait un atout du changement de relation avec les USA, s’ils arrivent à l’obtenir cela pèsera sur les possibles des BRICS… (note et traduction de Danielle Bleitrach histoireetsociete)

par Andrew Korybko 4 mars 2025

Un haut responsable anonyme du département américain de la Défense a déclaré aux médias lundi soir que Trump avait décidé de geler toute aide militaire à l’Ukraine jusqu’à ce que ses dirigeants démontrent un engagement de bonne foi en faveur de la paix.

Cela survient quelques jours seulement après que le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est chamaillé avec le président américain Donald Trump et le vice-président JD Vance à la Maison Blanche.

Le Wall Street Journal avait prédit plus tôt que l’Ukraine ne pourrait continuer à se battre à son niveau actuel que jusqu’à cet été dans un tel scénario. Voici cinq points à retenir de ce développement stupéfiant :

1. Trump veut vraiment négocier la paix

Zelensky a clairement indiqué lors de sa visite désastreuse à la Maison Blanche vendredi dernier qu’il était déterminé à poursuivre le combat et qu’il cherchait toujours à adhérer à l’OTAN et à recruter des troupes occidentales.

Ces appels sont désormais inacceptables pour Trump car, comme il l’a dit, ils risqueraient de provoquer la Troisième Guerre mondiale, mais il en irait de même pour la poursuite du conflit.

Trump s’est donc probablement rendu compte que la seule façon de forcer Zelensky à s’asseoir à la table des négociations de paix avec Poutine est de geler toute aide militaire jusqu’à ce qu’il modère sa position perçue par Trump comme extrême.

2. Trump et Poutine ont probablement un accord secret

Trump a déclaré la semaine dernière qu’« un cessez-le-feu pourrait avoir lieu immédiatement », ce qui était peut-être un aveu par inadvertance d’un accord secret avec Poutine.

Une paix durable ne pourra probablement pas être atteinte avant les prochaines élections présidentielles ukrainiennes, mais elles ne peuvent pas avoir lieu sans la levée de la loi martiale, d’où la nécessité d’un cessez-le-feu.

Bien que Poutine ait précédemment conditionné cela au retrait de l’Ukraine des régions contestées, il pourrait soutenir un cessez-le-feu pour justifier la réduction de l’aide américaine à l’Ukraine et légitimer les accords économiques russo-américains.

3. Mais ce n’est pas encore un accord global

Si la spéculation est exacte, cela ne signifie pas que ces deux-là ont un accord global.

Des questions sérieuses telles que la frontière russo-ukrainienne finale et la question des soldats de la paix n’ont pas encore fait l’objet d’un accord et pourraient ne pas être résolues avant les prochaines élections présidentielles et législatives ukrainiennes.

Il est donc prématuré de prédire que la ligne de contact deviendra la frontière finale et que des soldats de la paix occidentaux y seront déployés, d’autant plus que la Russie s’oppose aux deux.

4. La Pologne pourrait avoir un rôle central à jouer

Environ 90 % de l’aide militaire occidentale à l’Ukraine transite par la Pologne, de sorte que Trump pourrait lui demander d’empêcher les Européens d’utiliser son territoire pour armer l’Ukraine pendant un cessez-le-feu en échange d’avantages post-conflit.

Il ne veut pas que les Britanniques, les Français ou les Allemands encourageront l’Ukraine à violer le cessez-le-feu ou à provoquer la Russie à le faire et peut inciter la Pologne à empêcher cela en promettant de maintenir des troupes américaines là-bas, éventuellement d’en redéployer certaines de l’Allemagne vers la Pologne et de faire de la Pologne son principal partenaire en Europe.

5. La « nouvelle détente » est la priorité absolue de Trump

Tous les mouvements majeurs qui ont eu lieu depuis l’appel de Trump avec Poutine à la mi-février ont été fondés sur la promotion de son grand objectif stratégique d’une « nouvelle détente » russo-américaine, dont l’essentiel est de révolutionner les relations internationales par le biais d’un partenariat global qui change la donne.

C’est la poursuite de cet objectif qui a finalement poussé Trump à prendre la décision fatidique de geler toute aide militaire à l’Ukraine.

Les liens transatlantiques, les relations russo-américaines et la nature de l’hégémonie américaine se transforment sous les yeux de tous alors que Trump prend des mesures audacieuses pour forcer Zelensky à s’asseoir à la table des négociations de paix avec Poutine.

Son dernier scénario était littéralement l’un des pires scénarios du point de vue de l’Ukraine et de l’Europe, mais il n’y a pas grand-chose qu’ils puissent faire en réponse si ce n’est capituler devant ses exigences.

Les États-Unis ont toutes les cartes en main, comme Trump l’a rappelé à Zelensky vendredi dernier, et ceux qui pensent le contraire risquent d’en payer le prix.

Cet article a été publié pour la première fois sur le site Substack d’Andrew Korybko et est republié avec l’aimable autorisation. Abonnez-vous à la newsletter Andrew Korybko ici.