Ce matin en présentant notre livre, je parlais du « spectacle » de la révolution conservatrice de Trump et du schisme avec l’Europe, du caractère inouï de ce qui s’était passé à l’ONU et bien ça continue, c’est même monté d’un cran avec le pugilat en direct entre Trump, Zelenski et Vance. Et la manière dont les médias français ont tenté de nous vendre cette provocation dangereuse.
L’arrivée au pouvoir d’un politicien autoritaire et impulsif et, en même temps, paradoxalement, un négociateur habile qui sait diriger dans des environnements complexes comme Donald Trump, a rendu beaucoup plus évident la mentalité américaine. En plus du désir de s’emparer des ressources naturelles, l’un des fondements de leur idéologie qui a permis et promu leur politique expansionniste est ce qu’on a appelé la Destinée manifeste, l’idée d’un peuple supérieur aux autres, choisi par Dieu. Cette pensée est largement partagée et la conduite de Zelenski aura révolté la grande masse des Étasuniens. Nous n’avons pas affaire dans le camp étasunien a des vertueux qui défendent le bien. Mais à des impérialistes qui se croient des droits avec un public que l’on a formé comme nous à l’idée que nous avons tous les droits.
Mais il s’avère que Trump ne veut pas de cette guerre qui selon lui et il n’a pas tort a été installée au cœur de l’Europe par des gens qui y trouvaient des intérêts personnels comme Biden, Nuland, Obama, Clinton. Il est vrai que tous ces gens ont favorisé en relation avec des oligarques locaux la naissance d’une telle situation. On a vendu aux USA, on a créé une « opinion publique » comparable à celle qui existe en France convaincue que les Russes, Poutine veulent envahir le monde. Mais il y a aussi un refus du coût de la guerre et de la conscience du profit qu’en tirent ceux qui prétendent la faire au nom de la justice et d’un petit peuple menacé. Il y a la fois la conscience de cela mais dans une société polarisée incapable de s’unir pour réclamer la paix. Entre la classe ouvrière blanche, incitée au racisme et les autres membres de la classe ouvrière hispanique ou afro-américains régnait une hostilité manifeste, mais la dernière élection de Trump a montré que cette division était en train d’être dépassée malheureusement comme dans bien des pays occidentaux au profit d’un « nationalisme » fasciste impulsé par des oligarques, face à des oligarques déconsidérés de la « gauche » démocrate ».
L’opinion publique aux Etats-Unis risque de réagir avec colère à ce qu’a fait Zelenski. Pas à cause de ce que dit de parfaitement juste et assez calmement Trump à savoir que Zelenski est venu pour provoquer et poursuivre la guerre et qu’il joue depuis des années avec la vie de millions de gens lui et Biden, qui a toléré de mettre les Etats-Unis au cœur d’une telle folie, mais à cause de l’intervention de Vance. Ce dernier a choisi une position plus traditionnelle et il l’accuse d’insulter les Etats-Unis en venant défier le président dans le bureau ovale. Vance d’ailleurs a déjà joué dans la même veine en disant aux Européens qu’ils jouaient les grands démocrates et qu’ils censuraient, empêchaient comme en Roumanie les choix populaires qui ne leur convenaient pas.
Mais Trump, qui a fait sa carrière dans l’immobilier, restait sur le fond et ne fermait pas la porte. Nos médias ont tiré argument du fait qu’il répétait le chiffre selon eux erroné de 300 milliards de Trump mais les comptes aux Etats-Unis sont mieux connus et se découvrent : les Etats-Unis par exemple ont investi des centaines de millions de dollars pour aider l’Ukraine à restaurer le réseau énergétique de l’ancienne république soviétique suite aux attaques de l’armée russe, a rapporté NBC News citant deux responsables de l’agence. Et les investissements sont comparables du côté de l’Europe, le cout de cette guerre est exorbitant et on l’entrevoit à travers le schisme entre l’UE et les USA, la bataille de chiffre dit ce qui a été déversé non seulement sur les industries d’armement mais sur d’autres multinationales et en sus l’achat des consciences journalistiques ou autres.
Oui Trump a raison. Comme l’Europe n’est pas son problème et que la dernière chose dont il a envie est de se retrouver impliqué dans un Afghanistan au milieu de l’Europe, il tente de calmer ceux qu’il considère comme des cinglés. Ses buts ne sont pas les nôtres, mais il n’a pas tort en expliquant à Zelenski que ça suffit qu’il n’a pas les cartes en main et sans l’aide américaine, il ne tient pas une semaine. Le diagnostic est imparable et il énonce cette vérité à Zelenski après avoir supporté la visite de Macron et celle de Starmer, des personnages invraisemblables qui sont venus préparer l’affaire avec des discours sans contenu réel, de la diversion. A cause de la provocation de Zelenski il se passe alors ce qui ne s’est jamais vu un débat tel qu’il se déroule à l’ordinaire à huis clos entre gens qui n’ignorent rien de ce dont chacun est capable et que l’on masque après dans la langue de bois de la diplomatie.
En ce qui concerne l’Europe il y a aussi des constantes qui en font le lieu d’où sont parties les guerres mondiales, on voit bien ce qui est partagé avec les USA à savoir le pillage, et la manière de déverser sur des marchés leurs produits, les crises de surproduction, le mépris des autres. Mais il y a aussi les contradictions internes de ce continent dans lequel lutte des classes et question des nationalités se confondent. Traditionnellement l’Europe et les Etats-Unis résolvaient les luttes des classes intérieures par l’expansion colonisatrice, celle-ci est différenciée, il y a des continents, l’Afrique en particulier que l’on dépèce sans tenir compte des autochtones et il y a ceux où on laisse subsister un gouvernement autochtone totalement vassalisé. Mais tout cela se fait avec des partages, des ententes, des sommets comme le G7 où l’on passe des compromis. L’exemple type historique a été le partage de l’Afrique à la conférence de Berlin. Mais soit on chasse en meute sous la direction de l’empire britannique, puis des USA, soit on provoque une guerre mondiale.
En général, la guerre intervient quand dans l’espace européen lui même, les mêmes nations sont arrivées à ne plus tenir leur classe ouvrière ou leur paysannerie, à ce moment-là qui est aussi celui d’une crise, on assiste à l’impossibilité de résoudre lesdits conflits dans des zones instables de l’Europe qui correspondent à la domination d’empires affaiblis, qu’il s’agisse de l’empire Ottoman ou de l’Autriche-Hongrie. Les Balkans sont le lieu idéal. Mais avec les monopoles financiarisés, l’implication des nations et des États est plus complexe et l’on peut considérer qu’avec l’avancée de l’OTAN, l’installation de nationalismes militarisés, l’Europe centrale, l’espace post soviétique est devenu à son tour un lieu comparable au Moyen orient et aux Balkans – des lieux d’où peut partir l’explosion et sur lesquels on fait jouer les révolutions de couleur. Tout l’ancien espace socialiste et toujours les Balkans en font partie avec là aussi une polarisation entretenue dans lesquels les intérêts des marchés financiers et des complexes militaro-industriels ont pris le pas sur les intérêts apparents des nations en fait de leur classe dominante. L’aspect absurde, hystérique des personnalités est d’autant plus mis en évidence que les intérêts nationaux sont visiblement le dernier problème de ces gens-là qui en sont réduit à tenter de vendre le patriotisme européen un mythe.
Le seul aspect positif de la situation c’est que ladite situation n’est plus celle des deux guerres mondiales, le centre de gravité s’est déplacé sur la zone Pacifique et sur tous les pays du sud qui tentent de s’opposer à la guerre dans un monde multipolaire. Ce que nous rapportons par ailleurs de la rencontre entre le président Xi et Choïgou qui est le messager direct du président Poutine dit la nécessité d’un réajustement permanent face à une situation dans laquelle se multiplient les provocations. En général la Chine ne fait état que des contacts diplomatiques officiels, pas des émissaires qui traditionnellement interviennent plus ou moins secrètement mais qui sont désormais dans tous les cas étalés au grand jour pour nuancer la position officielle dans une situation de déstabilisation des institutions internationales traditionnelles.
Il n’en demeure pas moins des « codes » de négociation

Zelenski savait exactement la limite de ce qui lui était proposé ; la signature d’une exploitation des terres rares, étant bien entendu que si les Etats-Unis avaient leurs entreprises en Ukraine leur présence était une garantie. Mais il avait vendu du vent parce que l’essentiel des terres rares se trouve dans les zones contrôlées par la Russie, ou dans celle de la minorité hongroise qui est aussi peu disposée à la guerre que la zone russe qui la subit depuis 2014. Il est venu habillé en chef de guerre et a dans la conférence de presse créé la surprise en sortant des photos sur le traitement supposé des prisonniers ukrainiens. Ce sont des clichés de propagande qui sont considérés par tous les négociateurs comme des fake news (il y en a aussi du côté russe mais cela n’entre pas dans des négociations sérieuses à ce niveau). Il réclame des armes et crée dans la conférence de presse un clash en brisant le contexte prévu de la négociation.
La question est avec qui il a organisé cette mise en scène. Certainement au profit des nationalistes fous nazis qui depuis des années exercent sur lui un chantage à la guerre et qui en cas d’élections dans les conditions où elles se feraient risquent fort de voir élu l’ambassadeur actuel de l’Ukraine en Grande-Bretagne. Quel est le rôle de ce pays ? Quel est celui de la France ? et quelle France, celle des plateaux de LCI ? Ce qui est dit ici est la simple vérité de ce que nous vivons depuis une dizaine d’années et que notre gouvernement, notre parlement assume avec Zelenski.
Macron et ses pareils retardent d’une guerre et d’une phase du capital, mais ils tentent de rejouer la partie pour enrayer leur déclin. Ils sont à la fois dangereux et dérisoires, partant en guerre sans moyens de la faire et tentant d’entrainer les Etats-Unis dans leur chaudron. On peut à la fois s’en rassurer même si Macron aussi halluciné que Zelenski en est à inventer une coalition de l’UE flanquée des Canadiens, des Japonais, des Indiens pourquoi pas… pour forcer Trump à faire son devoir et aller attaquer la Russie… ou pourquoi pas le destituer et installer un démocrate à la place… rien ne retient Macron, ni d’ailleurs les plateaux de télévision sur lesquels des retraités de l’OTAN, des « spécialistes » de la Russie ou de l’Ukraine qui ressemblent à des voyantes de baraque foraine, des illuminés comme Guetta qui viennent nous inviter à la troisième guerre mondiale pour défendre Montesquieu (je n’invente rien). On a envie à ce stade de lui dire Montesquieu combien de divisions. Ce serait simplement grotesque si concrètement ces gens-là n’allaient pas nous demander de sacrifier toute notre protection sociale, tous nos droits pour construire une industrie de la défense qui au meilleur des cas prendra plus de trois ans pour répondre aux besoins du front ukrainien alors imaginez une guerre mondiale.
Qu’est-ce qu’ils comptent faire avant d’avoir construit une industrie de l’armement à nos frais : comment maintenir le massacre ukrainien sans les Etats-Unis ? Envoyer sur Moscou une bombe nucléaire française ou britannique ? Même là ils ne sont pas de taille et les USA non plus…
Il y a eu une confirmation de la volonté d’escalade : Zelenski est apparu dans la soirée sur Fox News et il a dit qu’il n’avait pas l’intention de s’excuser auprès de Trump malgré les conseils de ses soutiens républicains et qu’il ne voulait pas retourner à la Maison Blanche. Il a également refusé de démissionner, d’organiser des élections et de mettre fin à la guerre.
Cela confirme qu’il s’agit d’un plan délibéré et approuvé pour rompre les relations avec les États-Unis et continuer la guerre contre la Russie avec le soutien de l’Union européenne.
La folie de ce type et les dirigeants européens vont conduire toute l’Europe au désastre absolu.
Que Zelenski et son fan club arrête son cirque … Mais si la population française dans son immense majorité ne veut pas la guerre, quelle force politique va avoir le courage de s’isoler du consensus atlantique pour s’opposer à cette folie ? Quand cela fait des années qu’il est cédé à la propagande des Etats-Unis alors même que l’on redécouvre à quel point les journalistes, les ONG ont été payés pour nous faire accepter le récit de l’héroïsme ukrainien et pour refuser d’entendre la protestation russe.
Le seul politique qui a conscience de la situation et qui mesure ce que cherche Macron est Fabien Roussel mais malheureusement il a une gauche la plus bête qui se puisse imaginer et qui s’avère incapable de mener une stratégie de paix comparable à celle par exemple de la présidente mexicaine et cette gauche va inexorablement vers la défaite la plus catastrophique qui se puisse imaginer aux élections municipales. Roussel est pris dans ce piège et tente de dégager, avec son parti qui n’est pas totalement au fait mais qui a un instinct en faveur de la paix, un espace qui ne détruise pas encore plus cette gauche tout en se battant pour la paix. Parce que vu les délires de la gauche française nous allons vers la perte massive de positions au niveau local mais tout cela se faisant avec l’assentiment de Macron au seul profit de la droite et surtout de l’extrême-droite se dirigeant vers des coalitions communes comme partout en Europe.
Au point où en est la situation en France, le seul espace qui reste réellement au PCF est de plus en plus celui d’une autonomie en faveur de la paix, de la souveraineté et de la défense des intérêts populaires face à la militarisation de l’économie. Là aussi Roussel tente de créer les conditions de cette reconquête malgré les campagnes de haine contre lui. Mais cela ne se reconstruira pas dans l’urgence.
Et cela ne pourra se réaliser qu’étant bien conscients que fort heureusement, la situation n’est plus celles des guerres mondiales précédents, il existe une alternative, la Chine témoigne de sa volonté d’être neutre et de pouvoir devenir un arbitre dans de véritables négociations. Parce que le fond de ce qu’elle dit officiellement est une leçon donnée à tous les protagonistes : le chemin d’une paix véritable est lent et difficile. Il ne se boucle pas en quelques opérations de communication. Il faut remonter aux causes réelles, et avancer pas à pas sur le conditions de chaque rencontre. Bref agir avec « anticipation » et précaution. Et l’on ne peut qu’être d’accord avec cette position. C’est pour cela que comme nous le défendons la référence chinoise est désormais incontournable. C’est la position que pourrait effectivement prendre le PCF. Décidément la France doit choisir d’adhérer aux BRICS et développer sa réflexion et sa pratique vers un socialisme à la française.

En attendant ce moment, le seul espoir immédiat réside dans l’incapacité réelle de l’UE à s’entendre non pas sur la nocivité de leurs entreprises mais sur qui la dirigera.
Danielle Bleitrach
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parcollet
conte de la folie ordinaire;
dirigeants mégalos destructeurs de tous bords..
les peuples asservis,endoctrinés à la sauce patriotique,politico-religieuse,avec un soupçon de psychanalyse à la petite semaine…
à gerber!!!
un citoyen ordinaire
lescure
Bonjour
Que pensez vous de l’intervention de Jeffrey Sachs au parlement européen?
Est ce que ça mériterait d’être diffusé plus largement?
admin5319
certainement pas, c’est en point d’appui avec l’Europe fédérale et ce que veut Macron
Joëlle Pitkevicht
Bonjour,
Merci pour cette analyse que je partage en tous points. Allez-vous venir présenter votre livre aux Éditions Delga à Paris et si oui, à quelle date ?
admin5319
certainement il y aura la participation de l’équipe des auteurs et à Paris. Mais le livre sortira à la fin du mois d’avril et à ce moment nous publirons un planning parce qu’il ya déjà des demandes de débats.
a bientôt donc et merci.
HetS
MICHEL Michel
Totalement d’accord avec cette analyse qui conforte le chemin emprunté par le parti depuis le 38ème congrès et aussi depuis la dernière conférence nationale. Merci. Vivement la fin avril