Cet article de Thierry Deronne comme ceux en provenance de Cuba et de toute l’Amérique latine témoigne de ce qu’ont été l’humanitaire et les droits de l’homme sous républicains comme démocrates… Mais quelles que soient les souffrances subies par les peuples qui ont résisté, j’ose affirmer qu’ils s’en sortent mieux que les « complices » et les vassaux. Il suffit de voir non seulement l’état de l’Ukraine mais celui politiquement de la France, la désagrégation de toute force organisée, des médias totalement inféodés sans la moindre exception, une extrême-droite qui a joui de la colère et du désespoir, les retourne contre le prolétariat, les divise… au point de faire du vendu officiel à l’USAID Robert Ménard la voix du bon sens français… et la gauche réduite à moins du tiers des votants qui s’attaque en priorité aux communistes alors que le pays est en crise et la situation se dégrade pour tous. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Publié par Venezuela infos dans déstabilisation et violences de la droite, Etats-Unis, Guerre économique, histoire de la révolution bolivarienne, impérialisme
Comment l’USAid a soutenu les déstabilisations de l’extrême droite au Venezuela.
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Après les révélations venant de la nouvelle administration états-unienne, le gouvernement vénézuélien a rappelé ses dénonciations de longue date de l’implication de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) dans le financement de l’opposition d’extrême droite et le soutien à ces groupes dans le but de déstabiliser le pays. L’agence états-unienne a une longue expérience de l’ingérence politique au Venezuela.
La première étape de cette trajectoire a été le rôle joué par l’Office of Transition Initiatives (OTI) d’USAid, en collaboration avec l’ambassade des États-Unis à Caracas et l’opposition, dans le coup d’État contre l’ancien président Hugo Chávez en 2002. À cette occasion, les opposants sont descendus dans la rue, menés par le chef du patronat Pedro Carmona Estanga et Carlos Ortega, alors président de la pro-patronale Confédération des Travailleurs Vénézuéliens (CTV).
À l’époque, Chávez avait été contraint par les forces armées de démissionner, sous la menace d’un bombardement du palais gouvernemental. Refusant de quitter ses fonctions, le président fut arrêté et évacué de force du Miraflores par les militaires putschistes. Il fut emprisonné pendant trois jours, mais le soutien populaire massif réclamant son retour a changé la donne et les militaires loyalistes ont arrêté Carmona et mis fin au coup d’État.
Dans un document secret du département d’État américain datant de juillet 2002, l’ambassadeur de l’époque, William Brownfield, nie avoir participé directement au complot, mais affirme avoir rencontré l’OTI et l’opposition vénézuélienne dans les jours qui ont précédé le coup d’État d’avril. La NED est un autre acteur important de cette implication. Cette organisation non gouvernementale est financée directement par l’USAID et a contribué à la formation des opposants de droite à l’époque.
L’OTI a été mis en place à Caracas un mois avant le coup d’État, le 11 avril 2002. L’objectif était « d’étudier l’environnement politique et social actuel du Venezuela et d’identifier d’autres possibilités de programmes pour les États-Unis afin de soutenir les processus démocratiques ».
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Photo : dans son ouvrage Venezuela, chronique d’une déstabilisation, le journaliste Maurice Lemoine, ex-rédacteur en chef du Monde Diplomatique, explique qui sont les « combattants de la liberté » soutenus par la NED, l’USAID et le narcotrafic colombien, entre autres.
Selon l’agence elle-même, l’OTI a été créée dans l’idée de disposer d’un fonds flexible de 1 million de dollars, à faible décaissement, « capable de répondre à l’évolution rapide de la situation politique au Venezuela ». Lors du coup d’État, le président de l’International Republican Institute (IRI), George A. Folsom, a déclaré qu’il collaborerait avec les organisations partenaires au Venezuela. L’institut reçoit des fonds directement de l’USAID et déclare sur son site web qu’il travaille au Venezuela depuis plus de dix ans pour « protéger l’espace démocratique, promouvoir la participation civique et soutenir ceux qui veulent un changement pacifique » (sic).
La participation au coup d’État contre l’ancien président n’était toutefois que l’une des premières actions de l’USAid au Venezuela. Plus tard, en août 2006, le Los Angeles Times a déclaré que l’OTI avait envoyé plus de 220 millions de dollars depuis 2002 pour des programmes au Venezuela, affectés à plus de 220 petites subventions. Ce montant était destiné à l’« Initiative de renforcement de la confiance au Venezuela » de l’USAID.
Si l’USAID a participé au financement de l’opposition, le gouvernement des États-Unis s’est également impliqué activement dans la politique vénézuélienne. Des documents divulgués par Wikileaks ont révélé qu’en 2006, l’ambassadeur des États-Unis à Caracas, William Brownfield, a envoyé un télégramme à d’autres ambassades et au commandement sud des États-Unis, basé à Miami, indiquant que, depuis 2004, il menait une mission au Venezuela avec cinq objectifs : renforcer les institutions démocratiques, pénétrer la base politique de Chávez, diviser le chavisme, protéger les entreprises états-unienne vitales et isoler Chávez sur le plan international.
L’un des groupes ayant reçu des fonds américains est l’ONG Sumate, dirigée par une ancienne députée ultra-libérale, l’oligarque putschiste María Corina Machado (photo). Les documents de WikiLeaks montrent que l’ambassade des États-Unis a elle-même remis en question la stratégie de délégitimation du système électoral de ce groupe à l’époque. Selon la diplomatie états-unienne, cela aurait nui à l’opposition elle-même lors des élections législatives de 2005, lorsque l’opposition a procédé à un boycott qui a donné la majorité de l’Assemblée Nationale au chavisme.
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La même ambassade états-unienne a demandé en 2009, selon les documents de WikiLeaks, une augmentation des ressources de l’OTI pour des programmes « vitaux pour préserver et renforcer les institutions et les pratiques démocratiques qui persistent au Venezuela », selon le chargé d’affaires de l’époque, John Caufield. Chávez a ordonné l’expulsion de l’OTI du Venezuela en septembre 2010, accusant le groupe de financer des activités déstabilisatrices dans le pays.
De 2014 à 2024, le Venezuela fut le sixième pays d’Amérique latine à recevoir le plus d’argent de la part de l’USAID. Au cours de cette période, le montant a été multiplié par 26 et est passé de 8 millions de dollars américains il y a 10 ans à 211 millions de dollars US l’année dernière. Ce montant est passé à 73 millions de dollars en 2019, l’année où les États-Unis ont décidé qu’un autre leader de l’extrême droite, Juan Guaidó, s’autoproclamerait président du Venezuela. Adoubé par l’internationale médiatique, ce fake-président a réalisé des tournées mondiales, appelant à renforcer les sanctions économiques contre son pays, dérobant des milliards de dollars d’actifs du Venezuela et signant un contrat (publié par le Washington Post) avec des mercenaires états-uniens et colombiens pour assassiner des dirigeants vénézuéliens, dont le président Maduro. (1)
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Photos : Juan Guaidó et le président Macron à l’Élysée en 2020. L’ambassadeur de France au Venezuela, Romain Nadal, « garde du corps » de Juan Guaidó (2019).
Un an plus tard, en 2020, les contributions de diverses agences fédérales états-uniennes, mais surtout d’USAid, ont augmenté pour atteindre 163,3 millions de dollars. En 2021, elles sont passées à 197,6 millions de dollars et en 2022 à 209,4 millions de dollars.
L’administration de Donald Trump a annoncé la fermeture de l’agence au début du mois. Officiellement, l’USAid avait pour seule mission de fournir des ressources financières à d’autres pays sous la forme « d’aide humanitaire » et de « projets de développement ». Les activités de l’agence ont été suspendues pendant 90 jours au motif de réduire les dépenses publiques et de « réévaluer et réorganiser l’aide étrangère états-unienne » (2). Le nouveau secrétaire du département d’État, l’extrême droitier Marco Rubio, est devenu responsable de l’USAID et a déclaré que l’agence, dans de nombreux cas, participe à des programmes qui « vont à l’encontre » de ce que l’administration Trump tente de faire en tant que stratégie nationale.
Comme l’explique le journaliste vénézuélien Clodovaldo Hernandez, « cette coupure financière est un coup dur pour une droite vénézuélienne devenue très dépendante des fonds occidentaux, au point que ses dirigeants semblent plus préoccupés par la sécurisation du soutien financier que par la conquête des suffrages. La suspension temporaire du financement a également ébranlé le paysage médiatique de l’opposition, car de nombreux médias ont été créés et soutenus par l’USAID et d’autres entités liées au gouvernement états-unien. En outre, le scandale a révélé de profondes divisions au sein de l’opposition, avec de féroces disputes internes sur les fonds étrangers, dont certains auraient fini sur les comptes personnels de dirigeants politiques. Le séisme causé par la décision de Trump concernant l’USAID a ébranlé les figures clés du « gouvernement intérimaire » qui a échoué, tandis que l’effondrement des attentes entourant l’investiture présidentielle du 10 janvier a affaibli l’alliance entre María Corina Machado et Edmundo González Urrutia. » (3)
Avec Lorenzo Santiago, à Caracas (Brasil de Fato)
Notes:
(1) Lire « Juanito la vermine, Roi du Venezuela », le nouveau livre de Maurice Lemoine. Interview de l’auteur par Thierry Deronne https://venezuelainfos.wordpress.com/2023/10/03/juanito-la-vermine-roi-du-venezuela-le-nouveau-livre-de-maurice-lemoine-interview-de-lauteur-par-thierry-deronne/
(2) Pour comprendre cette « réorganisation » de l’impérialisme états-unien, lire « Ce que Trump II signifie pour le Venezuela et l’Amérique latine : conversation avec Breno Altman », https://venezuelainfos.wordpress.com/2025/02/15/ce-que-trump-ii-signifie-pour-le-venezuela-et-lamerique-latine-conversation-avec-breno-altman/
(3) Lire « Venezuela in 2025: Unexpected Turns Mark the Start of the Political Year », https://venezuelanalysis.com/columns/venezuela-in-2025-unexpected-turns-mark-the-start-of-the-political-year/
Traduction du portugais : Thierry Deronne
URL de cet article : https://venezuelainfos.wordpress.com/2025/02/19/comment-lusaid-a-soutenu-les-destabilisations-de-lextreme-droite-au-venezuela/
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