Un peuple qui a fait la Révolution n’oublie jamais le pouvoir des masses et la manière dont elles peuvent bousculer l’ordre des choses existant. Il existe chez les communistes russes et plus largement dans les peuples russes, ceux qui jadis ont formé l’URSS, un lien très fort avec l’Île de la liberté. A l’inverse de beaucoup de partis qui, après avoir bénéficié d’une aide multiforme de l’URSS, se sont retournés contre la patrie du socialisme, Cuba n’a jamais renié ce qu’elle devait à la Révolution bolchevique et a continué à manifester sympathie et respect aux camarades qui continuaient à lutter dans la contrerévolution. Aujourd’hui, les relations se renforcent avec la Russie, la Chine mais aussi de parti à parti. Dans notre livre, j’insiste sur la « camaraderie » qui existe au sein des partis qui n’ont rien renié et qui saluent la résistance du peuple cubain. Voici le discours de Novikov lors de la VIe conférence pour la mémoire de José Marti (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)
https://kprf.ru/party-live/cknews/231682.html
La Havane accueille ces jours-ci la VIe Conférence internationale « Pour l’équilibre du monde » en mémoire de José Martí. Tous les principaux événements se déroulent au Palais des Congrès de la République de Cuba. Le président Miguel Diaz-Canel Bermúdez, le président de l’Assemblée nationale du pouvoir populaire Esteban Laso et d’autres dirigeants de l’État y participent.
Au cours de la première session plénière de cette grande réunion internationale, Dmitri Novikov, vice-président du comité central du KPRF, premier vice-président de la commission des affaires internationales de la Douma d’État et chef du groupe d’amitié parlementaire Russie-Cuba, a notamment prononcé un discours de bienvenue à l’intention des participants à la conférence.
Nous offrons à nos lecteurs le texte de son discours.
– Chers camarades ! Chers amis !
Cher camarade Miguel Diaz-Canel !
La vie des vrais révolutionnaires est tournée vers l’avenir. Ils ne meurent pas. Ils vivent dans les cœurs et les réalisations de leurs partisans.
Le rôle de José Marti dans la reconnaissance de sa patrie comme « île de la liberté » est énorme. Lorsque José Marti était jeune homme, l’Espagne, qui avait perdu d’autres colonies, avait jusqu’à 200 000 soldats à Cuba et s’accrochait avec ténacité à sa « Perle des Antilles ». Les Espagnols représentaient 8 % de la population, mais possèdaient 90 % des richesses de l’île.
Les jeunes Cubains admirent les figures des « libertadores » – Simon Bolivar et d’autres héros de la lutte pour la liberté en Amérique latine. José Martí a lui aussi choisi leur voie. Ses poèmes patriotiques provoquent la colère et la répression des colonisateurs.
Des années d’errance ont endurci Martí. Le jeune poète a compris que l’injustice avait un caractère international et que la lutte pour la liberté devait donc être internationale. Ses idées sur la solidarité des peuples, son concept de « Notre Amérique » sont toujours d’actualité.
Le parti révolutionnaire fondé par Martí a joué un rôle décisif dans la préparation du soulèvement de libération nationale à Cuba. Le « Manifeste de Monte Cristi » des rebelles soulignait que leur action n’était pas seulement une lutte pour l’indépendance, mais aussi un combat contre le féodalisme, la ségrégation raciale et l’inégalité sociale.
José Martí a montré que l’indépendance juridique ne garantit pas la liberté. Seule l’indépendance socio-économique la donne. Cette idée était en parfaite harmonie avec l’essence de la théorie de Karl Marx et Friedrich Engels.
José Martí est mort, mais la révolte contre les colonisateurs a été couronnée de succès. Cuba est devenue indépendante, libérée de la tutelle espagnole. Et c’est là que l’on s’aperçoit que Marti avait tout à fait raison : la souveraineté formelle ne suffit pas ! Les États-Unis ont en effet occupé Cuba.
Comme le disait Simon Bolivar en 1829 : « Il semble que la providence ait ordonné que les États-Unis sèment le désastre en Amérique, soi-disant au nom de la liberté ». À l’époque, Washington utilisait déjà la doctrine Monroe dans sa politique étrangère.
Martí lui-même a écrit à propos des États-Unis : « J’ai vécu dans les profondeurs du monstre et j’en connais les entrailles ». José Martí était scandalisé par l’arrogance avec laquelle les États-Unis discutaient des projets d’annexion de Cuba, de mainmise sur le Canada et sur les terres du Mexique. Les chauvins pensaient que cela « calmerait » les protestations sociales et réduirait la gravité des problèmes à l’intérieur des États-Unis.
Il est étonnant de constater à quel point cette situation est similaire à celle d’aujourd’hui ! Donald Trump parle beaucoup de valeurs traditionnelles, mais c’est avant tout un impérialiste traditionnel. Le président du comité central du parti communiste de la Fédération de Russie, Guennadi Ziouganov, a intitulé son récent article « Les revendications territoriales de Trump sont celles d’un impérialiste ».
Jose Marti a averti que le fait de placer Cuba, Haïti, Porto Rico et la Jamaïque sous la domination des États-Unis créerait un « foyer de guerre », déclenchant une bataille entre les grandes puissances pour la domination du monde. Vladimir Lénine et José Marti étaient dans la même logique. C’est à partir de la guerre hispano-américaine de 1898 que Lénine voit surgir l’impérialisme à l’échelle mondiale.
Staline a également réfléchi à ces sujets. Lors d’une conversation avec l’ambassadeur d’Argentine en URSS, Leopoldo Bravo, Staline souligne que la création d’une alliance des pays d’Amérique latine les aiderait à se défendre contre l’expansion et à développer conjointement leurs économies.
José Martí a anticipé le rôle historique de la Russie. Dans son article sur l’exposition des peintures de Vassily Vereshchagin à New York, il donne une appréciation intéressante du peuple russe. À propos d’Alexandre Pouchkine, Marti a écrit : « le peuple qu’il a éveillé est devenu un véritable peuple ».
José Martí lui-même a réveillé le peuple cubain. Se préparant à prendre d’assaut la caserne Moncada, Fidel Castro a dit à ses camarades : « Si demain nous gagnons, ce dont Martí a rêvé sera bientôt réalisé, si nous sommes vaincus […] un nouveau peuple surgira, prêt à lever la bannière et à marcher en avant, prêt à mourir pour la patrie ».
Oui, la conclusion de José Marti est particulièrement importante aujourd’hui : la souveraineté formelle ne suffit pas ! En Russie, nous le savons bien. Après la destruction de l’URSS, la fausse souveraineté s’est transformée en pauvreté pour le peuple ukrainien. L’Ukraine est tombée dans l’esclavage des impérialistes américains et européens. Ils oppriment le peuple ukrainien et leurs propres collaborateurs. Ces gens ont trahi leur propre peuple. Ils ont trahi l’histoire commune des Russes et des Ukrainiens. Ils ont trahi la lutte du peuple soviétique contre le fascisme, la Grande Victoire et le drapeau rouge sur le Reichstag en mai 1945.
La destruction de l’Union soviétique a coûté cher à nos peuples et à l’humanité tout entière. Les politiques méprisables de Gorbatchev et d’Eltsine nous ont fait régresser sur le plan du développement économique, social et culturel. Dans les années 1990, le capital mondial a de plus en plus dominé la Russie. Nous risquions de perdre notre indépendance.
Lorsque le président V.V. Poutine, dans son discours à la conférence de Munich sur la sécurité et plus tard dans d’autres discours, a déclaré que la Russie avait besoin de souveraineté et d’un monde multipolaire, les impérialistes américains et européens ont lancé une nouvelle « croisade » contre Moscou. Aujourd’hui, ils utilisent tous les moyens : pression économique, chantage politique, sanctions, menaces de l’OTAN, provocations militaires et soutien au néo-fascisme.
Les communistes russes résistent activement à la pression des États-Unis et de leurs satellites. Il y a deux ans, à l’occasion de l’anniversaire de Lénine, les partis communistes de Russie et du Belarus ont organisé le premier forum international antifasciste à Minsk. Le deuxième forum international antifasciste se tiendra à Moscou dans trois mois. Dans les mêmes jours, nous célébrerons le 155e anniversaire de la naissance de Vladimir Lénine. Nous invitons toutes les organisations progressistes à envoyer leurs représentants à Moscou pour participer au IIe Forum international antifasciste.
Camarades ! La crise du capitalisme s’aggrave. Le prédateur blessé est d’autant plus dangereux. Seul le mouvement le plus large contre la guerre, l’impérialisme et le néo-fascisme peut vaincre les nouveaux colonisateurs !
Vive la solidarité des travailleurs et l’amitié des peuples !
Vive les 80 ans de victoire sur le fascisme hitlérien et le militarisme japonais !
Gloire aux combattants de la liberté, de la justice et du socialisme !
Non à l’agression impérialiste !
Vive Marti !
Vive Fidel !
Vive Cuba !
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