Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

L’état d’esprit yin-yang pourrait aider à guérir l’Occident polarisé

Par ailleurs nous décrivons une autre face de “l’harmonie dialectique” chinoise : le légalisme ou le pouvoir qui s’abat avec la peine de mort sur le fonctionnaire communiste corrompu. C’est aussi un complément de Confucius et de Lao Tseu ici présentés déjà dans la synthèse du yin et du yang, faire un exemple pour ramener les égarés dans la “complémentarité” du socialisme à la chinoise tout en favorisant les investissements étrangers et ceux qui seront rebutés nécessairement par la politique de Trump. Le fait est que ce qui s’oppose en occident se joue en complémentarité dont les subtilités peuvent échapper au cartésianisme français. De toute manière, il y a là incontestablement au moins tentative de coopération sans négation du but qui peut être utile. Je précise que le terme holistique renvoie à la méthode qui traite de la totalité et non des parties isolées :

Une vision du monde plus holistique devait transcender les idéologies de division de la modernité et favoriser une éthique mondiale enracinée dans l’équilibre et la réciprocité. Jan Krikke26 décembre 2024

L’Occident serait bien avisé de rééquilibrer son yin et son yang. Image : Adobe

« Le Tao Te Ching de Lao Tseu peut guider l’humanité vers une nouvelle culture planétaire. »

– William Irwin Thompson

L’Occident prospère souvent sur la polarisation. Les nations sont classées en démocraties ou dictatures, en alliées ou en adversaires. Les individus sont étiquetés libéraux ou conservateurs, mondialistes ou nationalistes, multiculturalistes ou nativistes. Le juste milieu est devenu terra incognita, un espace oublié et inexploré.

Le philosophe social américain William Irwin Thompson, dans son livre « Coming into Being », a proposé une voie à suivre à travers l’ancien système chinois yin-yang. Il a fait valoir que cette vision holistique du monde offre un moyen de transcender les idéologies clivantes de la modernité et de favoriser une éthique mondiale enracinée dans l’équilibre et la réciprocité.

Origines du dualisme

Le système yin-yang de la Chine a ses racines dans l’animisme. Les sociétés préhistoriques partageaient la croyance animiste selon laquelle tout dans la nature – arbres, rivières, animaux, objets inanimés – était interconnecté et imprégné d’esprits. La réalité était considérée comme holistique et indivisible.

Au fur et à mesure que les civilisations émergeaient, l’animisme holistique a cédé la place à des paradigmes dualistes. Les Proto-Indo-Européens, par exemple, ont développé des dichotomies telles que le chaos et l’ordre, la lumière et les ténèbres.

Zoroastre, le fondateur de la première religion monothéiste, a introduit une cosmologie dualiste. Il a décrit une lutte éternelle entre Ahura Mazda, le sage seigneur de la lumière, de la vérité et de l’ordre, et Angra Mainyu, l’esprit destructeur des ténèbres, de la tromperie et du chaos. Ce cadre religieux a influencé les traditions monothéistes ultérieures et a renforcé la pensée dualiste.

Les Chinois, cependant, ont pris un chemin différent. Ils envisageaient le dualisme non pas comme une opposition mais comme un complément. Leur système yin-yang mettait l’accent sur l’interaction dynamique des opposés, des forces mutuellement dépendantes qui forment ensemble un tout unifié. Cette perspective a imprégné la cosmologie, la culture et la compréhension de la création chinoises.

La vision chinoise de la Création : « Lorsque le yin et le yang, initialement unis, se sont séparés pour toujours, les montagnes ont déversé de l’eau. »

La langue chinoise reflète les liens profonds entre le yin-yang et les phénomènes naturels, en particulier le magnétisme. Le caractère du yin englobe des significations telles que ombragé, nuageux, lune et charge négative (magnétique). Le caractère yang signifie brillant, ensoleillé, montagne et charge positive.

Au cours de la dynastie Zhou, les Chinois ont découvert les pierres magnétiques, ou magnétisme, et les ont utilisées pour créer les premières boussoles magnétiques. Ces « pointeurs sud » consistaient en une cuillère en magnétisme sur une assiette marquée des quatre points cardinaux. Cette première boussole reflète le principe yin-yang : le nord est le yin et le sud est le yang.

La première version de la boussole chinoise ou « pointeur sud ». La cuillère était faite de magnétisme. Le nord est le yin, le sud est le yang.

Le concept de qi (ou ch’i) illustre davantage ce lien. Le Qi représente la tension et l’interaction entre le yin et le yang, souvent traduites par « puissance cosmique », « force vitale » ou « matière-énergie ». Influencé par la physique quantique, le sinologue Joseph Needham a décrit le qi comme une interaction de la matière et de l’énergie.

Les Chinois utilisent le radical qi dans le caractère composé pour le mot moderne électricité. Le même radical est utilisé dans les caractères composés pour le Tai Chi et le Qigong. Les Huit Trigrammes, à la base du Yi Jing, font également allusion aux phénomènes électromagnétiques.

Le trigramme Zhen représente la foudre et est associé à une énergie soudaine et dynamique. Le trigramme Li symbolise le feu et la luminosité et est associé à la chaleur. Li représente les qualités de chaleur, d’illumination et de transformation.

Les huit trigrammes et leurs attributs, les huit phénomènes naturels et leurs caractéristiques ou tendances.

Systématiser le yin et le yang

Après avoir déterminé que la polarité yin-yang est fondamentale pour le cosmos, les Chinois ont estimé qu’ils devraient appliquer ce principe dans le développement de leur culture. Cela garantirait que leur civilisation serait alignée avec le Tao, la « source » du yin et du yang.

Par conséquent, les Chinois classaient tous les aspects de l’existence en polarités yin ou yang : le ciel (le soleil) et la terre, l’homme et la femme, la croissance et la décomposition, le haut et le bas, l’espace et le temps, l’avance et le retrait, quelque chose et rien, l’actif et le réceptif, le mouvement et le repos.

De plus, presque tous les aspects de la culture chinoise étaient basés sur le principe du yin-yang : l’architecture, l’art, la philosophie, l’art de gouverner, les habitudes alimentaires et la médecine et, surtout, sa structure sociale confucéenne.

Confucius a ajouté les huit membres de la famille en tant qu’attributs aux huit trigrammes, intégrant la vie humaine dans la cosmologie yin-yang.

Confucius, qui a étudié le Yi King toute sa vie, a basé sa construction sociale sur le Yi Jing. Il a ajouté les huit membres de la famille comme attributs aux huit trigrammes. Cette société « enchâssée » dans la cosmologie yin-yang du Yi Jing. Sa Voie du Milieu est devenue la norme dans tous les aspects de la société chinoise, publique et privée :

Vie personnelle :

Intérêt personnel (Yin) : Se donner la priorité peut nuire aux relations et à l’harmonie sociale.

Altruisme (Yang) : Un sacrifice de soi excessif peut conduire à la négligence des besoins personnels et à l’épuisement professionnel.

La voie médiane confucéenne est basée sur la réciprocité (shu), où l’on recherche le bénéfice mutuel et l’équité.

Continuité:

Tradition (Yin) : L’adhésion rigide à la tradition peut entraver le progrès.

Innovation (Yang) : Une innovation excessive sans respect de la tradition peut conduire au chaos ou à la perte d’identité.

Voie médiane : Confucius préconise le maintien des valeurs éthiques fondamentales de la tradition tout en étant adaptable et ouvert aux changements nécessaires.

Gouvernance:

Autorité (Yin) : Un leadership trop strict risque d’aliéner et de ressentir du ressentiment.

Bienveillance (Yang) : Un leadership trop indulgent peut conduire au désordre ou à la perte de respect.

Voie médiane : Un leader doit faire preuve d’un équilibre entre fermeté et compassion, assurant la justice tout en maintenant la confiance et le bien-être du peuple.

La Voie du Milieu confucéenne est la voie du qi, la voie entre les polarités yin-yang. Lorsque les polarités sont en équilibre, la société est en équilibre et la perte par frottement sera au minimum.

Rapprocher les visions du monde

Dans « Coming into Being », William Irwin Thompson a défendu la vision du monde yin-yang, en particulier telle qu’elle est articulée par Lao Tseu, comme une voie vers la transcendance du dualisme moderne. Il y voyait un élément essentiel pour guider l’humanité vers une nouvelle culture planétaire :

– Les enseignements de Lao Tseu mettent l’accent sur l’unité des contraires (par exemple, le yin et le yang). C’est crucial pour surmonter la pensée binaire qui divise et qui caractérise souvent la politique, l’économie et le discours culturel modernes.

– La vision de Lao Tseu d’un leadership non coercitif, humble et au service du bien commun offre un modèle de gouvernance dans une culture planétaire basée sur une éthique mondiale décentralisée et coopérative.

– L’humanité est à l’aube d’une phase de transformation de l’évolution culturelle, se dirigeant vers une civilisation mondiale. Le Tao Te Ching offre un cadre spirituel et philosophique pour naviguer dans cette transition.

– Une nouvelle culture planétaire nécessite d’intégrer les meilleurs aspects des traditions orientales et occidentales. Le Tao Te Ching, avec sa profonde simplicité et son attrait universel, pourrait servir de pont entre ces visions du monde.

Thompson insiste sur la nécessité de réconcilier les opposés dans tous les aspects de la vie : le cœur et l’esprit, l’Orient et l’Occident, l’esprit et la matière, le personnel et le social. Comme le diraient Lao Tseu et Confucius :

Ne soyez pas progressiste ou conservateur ; soyez les deux ;

Ne soyez pas matérialiste ou spirituel ; soyez les deux ;

Ne soyez pas idéaliste ou réaliste ; soyez les deux.

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2 Commentaires

  • Xuan

    Peut-être ce qui explique pourquoi le “de la contradiction” de Mao ne s’étend pas sur la métaphysique comme le fait Politzer.
    Ce n’était pas une nécessité.
    Par contre la dialectique n’est pas une coexistence harmonieuse.
    La lutte contre la corruption c’est un aspect l’emporte sur l’autre.
    C’est aussi l’identité des contraires qui se muent l’en en l’autre.
    Mao citait Lenine à ce sujet.

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  • Xuan

    Pour être plus clair sur cette notion un peu compliquée, “l’identité des contraires qui se muent l’en en l’autre”, c’est par exemple le prolétariat qui devient de classe dominée une classe dominante

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