Nous allons entrer dans la “trêve des confiseurs”, cette période qui correspond à la nuit et au froid le plus intense, du moins dans l’hémisphère nord, à l’origine depuis pas mal de siècles de pas mal de guerres et autres drames, et qui daigne relâcher son emprise.le temps des festivités. Est-ce un hasard si la Révolution cubaine, la dernière révolution socialiste intervenue dans le monde a eu lieu à la saint Sylvestre alors que les USA réveillonnaient ? Cet hémisphère nord ou plutôt cet impérialisme s’est proclamé l’esprit de l’Histoire en mouvement,Pour se parer d’un tel titre, il a opéré un “vol” non seulement des ressources et de la force de travail dans le sud, mais l’a justifié par une sorte de primat spirituel de civilisation sur la barbarie, de l’esprit sur la matière. Mais puisque nous sommes dans ce moment de méditation entre la fin et le commencement, voyons comment le matérialisme historique, cette discipline inaugurée par Marx et Engels nous aide à repenser l’actualité et à resituer ce qui parait de l’ordre du fait divers dans une perspective où nous pouvons enfin être les acteurs conscients de notre propre histoire… Un conte de Noël pour vous convaincre de vous replonger dans les livres et dans l’action en quelques événements “d’actualité”..
Notre Dame de Paris, les marchands du temple, et le pape dans la “crèche corse”…
Le pape François, qui en tant que jésuite d’Amérique latine, sait voir l’état réel du monde a refusé de participer à la célébration de l’hégémonie occidentale dans la cathédrale de Notre Dame de Paris. Il y avait en effet dans cette inauguration quelque chose entre les marchands du temple vendant leur camelote dans un lieu sacré, mais aussi une manière de sacraliser le pire pouvoir, celui que chacun s’était affirmé à dénoncer, Trump une sorte de caricature que tout ce beau monde s’empressait d’embrasser. Là aussi il y a quelque chose d’étonnant, le retour du baiser de judas dans cette manie des grands de ce monde à se faire la bise : imagine-t-on De Gaulle, Churchill, Roosevelt et Staline en train de se peloter de la sorte ? Le pape s’est distancié de ce spectacle, en marquant à sa manière son choix des Misérables, dans une petite île française de la Méditerranée sacrifiée. La Corse serait l’équivalent de la crèche, l’étable misérable dans laquelle le christ aura choisi de naître… Le pape dit : ce monde souffre et il a plus que jamais besoin de l’illusion que je représente, et le capitalisme qui a fait son temps tel que vous le représentez aura encore et toujours plus que jamais besoin de ce que nous représentons de plainte de l’humanité sacrifiée.
C’est du moins ainsi que j’ai toujours lu le texte de Marx duquel est extraite la fameuse remarque sur l’opium du peuple et dans lequel Marx se montre tout sauf un anticlérical primaire.
“Le fondement de la critique irréligieuse est : c’est l’homme qui fait la religion et non l’inverse. La religion est la conscience de soi qu’a l’homme qui ne s’est pas encore trouvé lui-même. Et l’homme, ce n’est pas un être abstrait blotti quelque part hors du monde. L’homme, c’est le monde de l’homme, la société, l’Etat. Cet Etat, cette société produisent la religion, conscience inversée du monde, parce qu’ils sont eux-mêmes un monde à l’envers. La religion est la théorie générale de ce monde. ]…[ Elle est la réalisation fantastique de l’être humain…]…[ Lutter contre la religion c’est donc aussi lutter contre ce monde là dont la religion est l’arôme spirituel. La détresse religieuse est, pour une part, l’expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple. L’abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l’exigence que formule son bonheur réel. Exiger qu’il renonce à une situation illusoire, c’est exiger qu’il renonce à une situation qui a besoin d’illusions. La critique de la religion est donc dans son germe, la critique de la vallée des larmes, dont l’auréole est la religion. La critique de la religion détruit les illusions de l’homme pour qu’il pense, agisse et façonne sa réalité comme un homme sans illusions parvenu à l’âge de raison, pour qu’il gravite autour de lui-même, c’est à dire autour de son soleil réel. La religion n’est que le soleil illusoire qui gravite autour de l’homme tant que l’homme ne gravite pas autour de lui-même “. Marx. Critique de la philosophie du droit de Hegel. 1843.
Pour que la démonstration soit plus saisissante tandis que Macron venait dans l’île Corse en proie à la ferveur une autre île française témoignait de l’impuissance à soulager la détresse réelle, Mayotte… Pour qui connait la culture des Comoriens, leur interprétation de la religion musulmane, la force de certains rutuels comme le grand mariage, mais aussi le pélerinage à la Mecque, tout ce qu’ils sacrifient à ces pratiques somptuaires en travaillant d’arrache pied… imaginez qu’au milieu du drame de ces collectifs déchirés par l’inquiétude, un Etat impuissant veuille les convaincre d’abandonner leur foi leur ultime recours.. Le Comorien dans l’île, celui qui tente en vain de le joindre par téléphone, quand ils assistent aux rituels de l’Etat français ne pensent-ils pas?:non seulement ils nous accablent mais ils veulent le faire en nous interdisant l’anesthésie de la religion ?
ici en contrepoint l’appel de Fabien Roussel à propos de ce qui se passe à Mayotte, loin de toute récupération politicienne ou autre, mais qui peut faire quoi pour faire face…
Il n’est pas d’autre voie que la longue marche du parti et du peuple…
En ce moment, beaucoup de choses nous ramènent à cette compréhension de la nécessaire “inversion” de la démarche qui est celle par lequel le capital a tenté de nous expliquer le monde, la nécessaire émancipation pied sur terre, pour que l’être humain ne s’invente plus être le soleil dans un paradis qui tournerait autour de lui mais pense le monde comme sien et exige ses droits…
Alors prenons notre propre réalité, celle de décembre 2024, la manière dont le peuple français et singulièrement celui que l’on prive de tout comme le capital l’a fait pour tant d’autres peuples, et prétende lui arracher les conquis des luttes séculaires. La surdité, le mépris d’ un pouvoir qui ne l’entend pas. Face au déni de démocratie, aux jeux politiciens, le véritable événement est peut-être ce qui s’est passé ce 14 décembre : le commencement de sursaut du PCF, le fait que la classe ouvrière, les couches populaires vont enfin avoir leur parti à elle, leur expression démocratique et pas seulement au parlement, partout où elles sont en train de subir l’injustice.
Nous nous félicitons de la Conférence nationale du PCF, même si par bien des côtés, en particulier sur le plan international le blocage est réel . Nous y reviendrons ne gâchons pas notre plaisir…
L’essentiel est que cette conférence a choisi avec Fabien Roussel de mettre le parti à l’offensive par un retour aux besoins populaires, àlutte contre la destruction des emplois ouvriers et du secteur public, à ce que cela représente d’attaque contre la souveraineté française.
Le refus de voir l’importance de ce pas, caractérise la masse des médias, ceux de la classe dominante, mais aussi les liquidateurs du parti, ceux qui depuis des décennies l’ont coupé de la classe ouvrière et du peuple pour l’enfermer dans les jeux politiciens autour des candidats à la présidence et qui ont osé l’invraisemblable pétition lui demandant de démissionner. Décidément les “mélenchonistes” ne savent faire que ça exiger des démissions pour toujours plus accélérer le rôle d’arbitre puis de maitre du jeu de l’extrême droite. Mais ce refus de voir est aussi celui des “dogmatiques” qui veulent voir reproduites les conditions antérieures sans même comprendre ce qu’il ne reconnaissent pas. L’appel de Roussel serait faux parce qu’adressé aux Français et pas à la classe ouvrière, mais à qui s’adresse Lénine, Mao, Fidel, Ho chi Minh ? Autre chose est le fait qu’il est adressé franchement au nom des communistes parce que c’est la seule base d’unité révolutionnaire. Fabien Roussel n’est pas à ce stade-là, celui de lénine, Fidel, ni même à celui de Thorez mais le chemin qu’il choisit et dans lequel il se montre incroyablement à l’aise, convainquant est celui d’une accélération de la prise de conscience.
Mes amis communistes encartés ou non, progressistes et même tout simplement ceux qui ne veulent pas de la guerre, du fascisme, réflechissez bien, il n’y a pas d’autre issue, ni dans ce qui a déjà échoué et qui nous a conduit là ooù nous sommes, ni dans un de vos hypothétiques regroupements qui tiennent dans une cabine téléphonique…
Certes c’est insuffisant et on peut gloser sur tous les manques, mais il y a plus de chances d’avancer en tentant de créer les cellules d’entreprises qu’en dissertant gravement sur les problèmes du syndicalisme dans sa relation à la politique, ou l’inverse ou en se réfugiant dans la grève comme issue. C’est à partir des difficultés concrètes que l’on va de plus en plus retrouver la richesse du matérialisme historique et des expériences et pas comme un dogme qui n’a plus la force de travailler… et qui ne sait que se relire
Il faut simplement partout renverser la preuve de la charge et oser partout placer les véritables responsables d’une situation qui ne cesse d’empirer en accusation… C’est bien de cela qu’il est questionencore et toujours et ce renversement ne peut pas être le fait d’un individu isolé qui ne peut que céder aux procès inquisitoires, même pas à la torture, non simplement à avoir le droit de penser. .
En ce moment, personnellement j’arrive au bout de ce que j’espérais et de ce que je pouvais percevoir. Je peux encore mesurer ce que le moment révolutionnaire représente. Il y a le temps long, celui des masses, de la classe qui fait l’histoire, celui que Marx décrit comme la taupe creusant ses galeries. Il m’apparait de plus en plus difficile de mener la moindre action collective dans le secteur international et le mal est très profond, il est dans le retard de la conscience du processus, et de l’incapacité des “intellectuels” à lire autre chose que ce qu’ils savent déjà à savoir leurs propres productions. Les intellectuels sont comme le reste de la population : ils ont besoin d’un élan ambitieux qui les sorte d’eux mêmes, de leur étroitesse amphigourique et nombriliste. C’est ll’asphyxie et heureusement il y a les livres…
La Chine pourra se passer d’Hegel, disait Marx…
Marx salue les luttes des classes en France par un retour à la taupe de l’histoire de Hamlet de Shakespeare, ce n’est pas le premier emprunt : depuis le fantôme qui hante l’Europe, jusqu’au nombreux emprunts au Timon d’Athènes et à Macbeth, Marx revient à Shakespeare pour retrouver Hegel et le renverser.
C’est par ces mots qu’Hamlet parle au fantôme de son père. « Tu as bien travaillé, vieille taupe ». C’est de cette manière que Hegel le traduit dans ses Leçons sur l’histoire de la philosophie, désignant ainsi l’œuvre de l’esprit dans le « sous-sol » de l’histoire et sa capacité de secouer la « croûte terrestre » de notre présent. Marx parlera d’une manière assez semblable dans Le 18 brumaire de Louis Bonaparte, en attribuant à la Révolution l’habileté du mineur shakespearien : « Tu as bien creusé, vieille taupe ! ».
L’idée à laquelle renvoie cette image est toujours la même et elle est caractéristique de la manière dont la bourgeoisie dans son abolition conservation de l’ordre féodal perçoit que le passé n’est pas du tout mort et enterré comme on le croit mais qu’il est quelque chose de spirituel qui travaille intérieurement. Le passé y compris dans la tradition qui est devenu le propre des peuples n’est pas une simple accumulation d’événements.
« La tradition – explique Hegel – ne se réduit pas à une ménagère qui prend soin avec dévotion de ce qu’elle a reçu comme s’il s’agissait de statuettes de pierre à conserver intactes et à transmettre aux générations à venir. » La tradition est un organisme vivant. Voilà pourquoi, continue Hegel, elle « se gonfle comme un fleuve impétueux et grossit d’autant plus qu’elle s’éloigne de sa source ». La tradition doit plutôt être pensée comme un lien, une « chaîne sacrée » (eine heilige Kette, dit encore Hegel) qui unit et donne un sens au présent en vue du futur. La tradition est, certes, un fleuve impétueux qui grossit au fur et à mesure qu’il s’éloigne de sa source, mais ce fleuve est déjà contenu par sa source.
Marx reprend cette dialectique à propos du temps long de l’histoire, celui du matérialisme historique, le développement des forces productives et des rapports de production, le “fleuve objectif” mais également de ce qu’Hegel considère comme l’esprit de l’histoire, devient la lutte des classes, avec le “travail” comme conscience de cette dialectique. C’est ce renversement et en même temps la richesse politique de la dialectique hégélienne que l’on retrouve chez tous les grands révolutionnaires. L’histoire, le fleuve impétueux est déjà là, il nous inonde mais il exige l’intervention consciente des êtres humains, de la classe réalisatrice de l’émancipation.
Non, les grands révolutionnaires ne sont pas des visionnaires mystiques ou des complotistes de bas étage, ils travaillent les faits et la théorie pour percevoir ce qui est déjà là et que le passé mythifié et mythifiant de la classe qui perd son pouvoir continue à dire être la réalité d’aujourd’hui. Ils ne peuvent percevoir que ce qui est mais avec plus ou moins d’ampleur dans le temps et dans l’espace. Cette pensée n’est pas individuelle, elle est collective et l’ampleur, l’audace est le produit de ce collectif théorico-pratique, celui d’un parti, celui d’une nation, vu d’un point de vue de classe.
En ce moment, où il s’avère que l’écriture d’un livre dans une grande solitude qui exige toujours plus de travail qui recrée les conditions d’une démarche collective absente, douloureusement absente, à deux doigts de l’abandon parce que son utilité disparait… parce que l’injustice subie depuis tant d’années n’a plus le sens d’un combat mais celui des regrets, l’idée de ce qu’a été la guerre de l’opium imposée à la nation chinoise, se télescope avec ce que Marx dit de la religion opium du peuple dans le texte ci-dessus en référence à la dialectique hégélienne.
Alors que comme Engels il a longtemps considéré que l’arrivée des Anglais est la première révolution qu’ait connu l’Inde avec le mépris pour ces empires despotiques de l’Asie et y compris de la Russie tsariste, il y chez Marx la perception d’une autre histoire dans laquelle se jouent différemment l’origine de l’Etat, de la propriété privée et de la famille… Le matérialisme historique en tant qu’approche scientifique par laquelle l’humanité maîtrise sa propre histoire. Mais ce n’est pas la Chine qui l’incite à voir autrement le mouvement colonisateur parce que c’est bien de cela qu’il s’agit, c’est l’exploitation des Chinois dans la construction des chemins de fer aux USA vers la côte Pacifique. Il voit naître un autre espace d’affrontement entre les Etats-Unis et la Chine dans la zone pacifique. Et il conclut étrangement par l’affirmation que la Chine a sa propre dialectique et qu’elle pourra se passer de Hegel.
Chaque événement aujourd’hui renvoie à la fois à la mort d’un système et à l’insuffisance de la maturation révolutionnaire de celui qui est déjà là…
Si l’on accepte l’image de la taupe que l’on peut féliciter : “tu as bien travaillé vieille taupe” et si l’on considère que l’histoire n’est pas “l’esprit de la civilisation” telle que la prône Hegel et qui n’est pas très éloigné de ce que défend François le pape en choisissant une île méditerranéenne et en obligeant les grands de ce monde à venir lui rendre hommage tels les rois mages… Alors que la terre de naissance du Christ est déchirée et livrée à leurs armées… mais un mouvement objectif dont la conscience émancipatrice est la lutte des classes cela exige de reprendre pied sur la terre.
En ce moment, il devient essentiel de garder la tête froide et de ne pas entrer dans les assauts de désinformation qui nous assaillent de toutes parts. La caractéristique de ces “narratifs” dans lesquels nous sommes immergés, comme d’ailleurs des “provocations” sur le terrain, est double.
1) Cette hystérisation correspond à des négociations dans lesquelles chacun tente de paraitre le plus à son avantage … on roule les mécaniques mais pas seulement…
2) Nous sommes dans ce que que le “système” dans ses représentations, ses initiatives politiques a de plus dangereux, il s’agit de ce très dangereux interrègne entre une administration Biden dégénérée et un Trump dont on ignore où il va… Biden parait accumuler les situations irréversibles les plus proches de l’explosion, et tout l’appareil de “régulation” étatique des “alliés” est frappé de la même crise.
La crise de la classe dominante, de son État, ses institutions, ses représentations est un des symptômes de la fissure révolutionnaire qui s’agrandit et par laquelle la nouvelle classe et la société tout entière intervient et transforme l’ordre existant.
Mais en France en particulier, on a un mouvement ouvrier particulièrement divisé et atone, incapable de la moindre réaction qui gobe à peu près tout de ce qu’on lui fait avaler y compris quand il croit être “radical”. Les seuls principes dans ce cas qui m’ont toujours guidée c’est le retour à l’essentiel à partir des peuples.
Le fait est que vouloir faire passer les actuels “vainqueurs” en Syrie pour des émanations démocratiques d’un peuple en train de se libérer est une escroquerie que nous avons déjà vue dans d’autres circonstances dans la région sous Saddam Hussein et Kadhafi et ailleurs, alors qu’il s’agissait de photomontages de publicistes made in Hollywood. On a toute raison de croire que le portrait du vainqueur revenu de ses “errances” djihadiste et la diabolisation du vaincu, est le fruit publicitaire d’une entente avec Washington et Israël.
Ce qu’on ignore c’est la nature de l’entente sunnite entre la Turquie, le Hamas pour s’attaquer à l’Iran y compris depuis le 7 octobre, tout est possible. Mais la partie ne se joue pas qu’au Moyen orient, les marchandages prennent en compte l’Asie centrale, y compris la Chine et l’Inde, quel rôle vont jouer les BRICS ? Le fait est que dans cette alliance multipolaire la relation des “régimes” à leur peuple sont très différentes, le baasisme n’est pas le socialisme.
La seule chose que nous puissions donc affirmer avec certitude est qu’il faut en finir avec les ingérences étrangères en Syrie comme partout et refuser la partition de la Syrie.
Ce que dit Bachar El Assad à la limite est beaucoup moins pertinent que ce que rapporte le chœur des médias occidentaux qui sont aussi prompts à se ranger derrière Trump qu’ils ont traité de dictateur, que de saluer leurs nouveaux héros de la liberté dont pourtant la tête est mise à prix.
Alors que les troupes israéliennes sont à un peu plus de 25 km de Damas, Mohammed al Joulani, qui est un ancien combattant d’Al-Qaïda et de Daesh, a déclaré à Sky News que « la Syrie n’entrera pas dans une autre guerre. Le pays n’est pas prêt pour une autre guerre « Les plus grandes inquiétudes étaient le Hezbollah, les milices soutenues par l’Iran en Syrie et le régime [qui n’existe plus]. »
On ne saurait être plus clair, avec ces déclarations, al Joulani montre ce qui arrive et ne cache pas l’importance d’Israël et des États-Unis dans la nouvelle stratégie pour le pays. Le dirigeant iranien, l’ayatollah Khamenei, a rapporté le même jour que son pays avait averti Bachar el-Assad il y a trois mois qu’il se préparait une nouvelle tentative de renverser le régime syrien. Selon Khamenei, les combattants iraniens ont toujours essayé de retenir l’offensive, mais non seulement l’armée syrienne s’est révélée inopérante, mais les combattants de l’ancienne branche d’Al-Qaïda étaient mieux préparés car cette fois-ci ils avaient des armes occidentales. Il est clair que la Turquie joue un rôle celui de l’ancien empire Ottoman rêvant de reprendre sa zone d’influence ancestrale mais malgré les ambitions d’Erdogan elle n’a pas les moyens de maintenir un ordre indépendant soit des Etats-Unis, soit des “BRICS” et elle navigue entre les deux en jouant les sunnites. Depuis combien de temps se prépare l’opération si elle est menée par Israël et par les Etats-Unis, plus les Français et surtout les Britanniques ? Rien que l’explosion des portables détruisant tous les cadres du Hezbollah et obligeant au rapatriement de ceux de Syrie, comme d’ailleurs les mystérieux assassinats des dirigeants iraniens nécessitent plusieurs années d’infiltration, comment alors juger de ce qu’a été le 7 octobre et le rôle réel du Hamas ?
Que cette information concernant la manière dont les nouveaux maîtres de Damas et leur hostilité affichée à l’Iran et leur volonté de négocier avec Israël soit vraie ou non, le fait est qu’elle coïncide avec l’évolution dans le domaine des événements et la réaction des différents acteurs. Al-Qaïda ou Daesh ont très rarement attaqué l’État du territoire d’Israël ou les intérêts israéliens et il existe de nombreuses preuves de collaboration entre ces forces et les pays occidentaux. Dans la plupart des cas, l’Occident a permis et incité ces organisations tout en combattant d’autres qui ne défendent pas leurs intérêts. Comment Israël a fait avec le Hamas pour affaiblir les forces progressistes et révolutionnaires en Palestine. Que ce soit Al-Qaïda, Al-Nosra ou Daesh, leur but était de mettre fin aux États panarabes, non confessionnels et anti-impérialistes et de balkaniser le Moyen-Orient en l’enfonçant dans une guerre sans fin qui favorise les intérêts des États-Unis et de l’Union européenne (et en l’occurrence la Turquie).
S’il est probable que la Turquie d’Erdogan joue sa place dans les “grands” de l’Asie centrale, sa priorité officielle en Syrie est de lutter contre les combattants séparatistes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et des Unités de protection du peuple (YPG), un objectif soutenu par le nouveau gouvernement syrien du moins à ce que l’on en sait. Ce qui revient pour Ankara a considérer que les FDS (Forces démocratiques syriennes) sont un groupe terroriste, ce qui la place en opposition directe avec l’administration américaine de Joe Biden. Washington considère ce groupe comme « crucial » afin d’empêcher une résurgence des djihadistes du groupe Etat islamique en Syrie. Bref comme Vincent Boulet le secteur international du PCF et toute la social démocratie et trotskisme affilié le FDS est leur petit protégé.
Les FDS, soutenues par les Etats-Unis, ont dirigé le combat contre l’EI dans ses derniers bastions syriens avant sa défaite en 2019. Elles sont dominées par les YPG, considérées par Ankara comme une émanation du PKK, interdit. « Nous l’avons fait savoir à nos amis américains. Nous attendons qu’ils réévaluent leurs positions », a déclaré Yasar Güler mais il y a peu de chance que les Turcs obtiennent une telle reconnaissance pas plus que les militants du PCF n’ont de chance de se libérer du “boulet” américain acccroché à leur flanc. Ce qui laisse mal augurer de la campagne enfaveur de la paix du PCF et de l’ensemble de la gauche. Comme le Hamas cher au cœur de la LFI s’est rallié au nouveau pouvoir pro-américain et on s’interroge sur quand s’est produit ce ralliement, il s’avère que les liens traditionnels du PCF avec l’OLP demeurent les moins pourris comme son choix de renforcer les liens avec Cuba qui dans cette affaire comme dans d’autres demeure un phare.
La seule complexité de la situation réside dans ce que sont les BRICS. La réunion du groupe initial(Brésil, Russie, inde, Chine, Afrique du sud) a été décidé ce lundi 17 mars. Tous ces jeux des services secrets ne correspondent pas aux intérêts des populations, ils n’en sont pas l’émanation et désormais ils affichent ouvertement leurs choix terroristes . On peut même souligner que la fragilité des Etats panarabes qu’ils soient non confessionnels ou confessionnels est tributaire de leurs relations avec leurs peuples, leur antiimpérialisme à l’inverse de ce qu’on voit à Cuba ou au Vietnam ou en Chine et même en Russie (un cas qui doit être mieux étudié) ne s’appuie pas sur une base antiimpérialiste, les communistes ont été et restent réprimés dans la plupart de ces pays y compris quand ils participent aux “fronts”comme en Syrie .
Dans le flot de propagande qui nous assaille, dans les quelques jours de l’interrègne entre Biden et Trump, avec en coulisse les négociations, un des thèmes lancé par les USA, pentagone ou CIA, ou d’autres officines spécialisés des vassaux, est la crise que traverseraient les relations sino-russes. Or depuis 2014, quand la Russie s’est tournée vers la Chine pour signer des accords énergétiques importants, les analystes n’ont cessé d’y voir une alliance de circonstance fragile, alors qu’au contraire elle n’a fait que se renforcer. Si l’on suit ce qui s’écrit dans les deux pays on est frappé par la volonté d’inscrire cette relation, ce partenariat stratégique dans la durée y compris culturelle avec l’accent mis sur le choix révolutionnaire, antiimpérialiste. Et chaque événement qui était prévu pour les éloigner, y compris la guerre en Ukraine, les conséquences du 7 octobre et aujourd’hui ce qui se passe en Syrie a été un nouveau rapprochement… Qu’est ce qui se joue du socialisme dans cette évolution ? qu’est ce qui est mort assurée ?
Quand nous en sommes à ce point là, avec les Précisions importantes de V.Poutine sur la dissuasion nucléaire alors que l’occident s’affirme “terroriste” ouvertement, certes il l’a toujours été mais la fiction de la “légalité” était maintenue y compris en inversant les rôles… maintenant nous sommes dans un film où le superpuissant déchaîné produit sa propre loi à chaque mouvement destructeur…et des peuples qui se considèrent en état de légitime défense… Il faut écouter et dialoguer…
🇷🇺💬Déclarations du Président russe Vladimir Poutine lors d’une réunion au Ministère russe de la Défense, le 16 décembre 2024:
🔹La situation militaire et politique dans le monde reste difficile et instable […] L’Occident n’abandonne pas ses tentatives de maintenir sa domination mondiale, il continue d’imposer ses soi-disant règles à la communauté mondiale;
🔹Dans le but d’affaiblir notre pays et de nous infliger une défaite stratégique, les États-Unis continuent d’injecter des armes et de l’argent dans le régime de facto illégitime au pouvoir à Kiev, d’envoyer des mercenaires et des conseillers militaires et d’encourager ainsi une nouvelle escalade du conflit;
🔹Nous avons clarifié les principes de base de l’utilisation des armes nucléaires, qui sont énoncés dans les fondements actualisés de la politique de dissuasion nucléaire de l’État. Je tiens à souligner une fois de plus, afin que personne ne nous accuse de brandir des armes nucléaires, qu’il s’agit d’une politique de dissuasion nucléaire;
🔹La Russie lèvera ses restrictions volontaires sur le déploiement de missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée si les États-Unis commencent à déployer de tels systèmes;
🔹La production en série des missiles Orechnik sera organisée dans un avenir proche;
🔹Compte tenu de la montée des tensions géopolitiques, nous sommes contraints de prendre des mesures supplémentaires pour assurer la sécurité de la Russie et de nos alliés. Nous le faisons avec prudence et de manière équilibrée, sans nous laisser entraîner dans une véritable course aux armements. (site Ambassade de Russie)
Oui les outills que nous avons à notre disposition sont insuffisants, mais nous n’avons pas d’autre choix que de tabler sur une dynamique qui est la seule en France et élargir toujours plus dans le temps et dans l’espace les possibilités qu’elle porte. Nous sommes au coeur même de cet impérialisme et dans le moment le plus dangereux, la trêve de Noël risque d’être compromise…
Zt si par chance elle ne l’était pas, ce que je nous souhaite à tous , il faudrait ne pas considérer que nous sommes quitte mais que tout reste à faire.
Donc s’il y a une conclusion que l’on peut tirer de tous ces événements c’est bien celui de retourner vers la classe ouvrière, les couches populaires, avec une exigence d’organisation et de formation qui corresponde non à la seule “indignation” morale, mais bien à une compréhension nécessaire à l’action révolutionnaire de qui est qui et ce qu’on peut en attendre. Et comme toujours alors c’est là que l’on éprouve une boulimie de savoir, de connaissances y compris livresques, parce que tout alors fait fructifier votre volonté d’aller vers une issue, une transformation, de la nuit à la lumière…
Danielle Bleitrach
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Danièle je viens de faire disparaître le petit texte que je t’avais écrit
Ton article Danièle est magnifique. Il est 2h54. Je le relirai. Chaque mot est digne, et digne d’une grande intellectuelle dont les camarades peuvent se nourrir . Tu as su rendre là très vivant nombre de questions complexes, difficiles avec une fluidité rare, comme un fleuve allant à la mer. Très beau style. Très belle démonstration de marxisme historique, de richesses d’expression et d’analyse. Ds chaque mot j’ai ressenti ta concentration pour te faire comprendre, pour lier les choses . C’est humain trop humain. Comme un nouvel humanisme naissant de ce matérialisme historique comme je n’en avais plus lu depuis si longtemps, comme si je sortais,te lisant, d’un très long tunnel. Merci Danièle de cet immense effort gratuit. Mais si enrichissant