Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Face à la situation, il devient urgent de comprendre la stratégie des Chinois… Communauté de destin et socialisme de marché…

Dire que la situation se dégrade est un euphémisme, il devient urgent que les communistes, les progressistes comprennent le projet chinois, la communauté de destin, le socialisme de marché. Nous avons choisi Marianne et moi dans le livre collectif sur le sujet de déblayer le terrain de la plupart des stéréotypes qui l’encombrent. Ouvrir la porte d’une immense civilisation. Mais aussi affirmer des options qui peuvent être incomprises et montrer en quoi elles sont le fruit d’une « sagesse » et d’une révolution. Aujourd’hui nous partirons d’une donnée essentielle que les Chinois ne cessent de répéter en toutes occasions en particulier commerciales et diplomatiques : il y a une donnée essentielle pour comprendre la politique chinoise et que ses dirigeants ne cessent de rappeler que ce soit dans un contexte diplomatique et/ou commercial c’est qu’elle s’occupe de ses propres affaires. Pourtant en raison du choix d’avoir une économie intégrée avec le reste du monde cette « gestion intérieure » est toujours un événement important de la scène économique et politique mondiale.

Selon la méthode choisie pour notre partie à Marianne à moi, je vous annonce à la fin du chapitre déjà publié une dernière partie qui portera sur une question d’actualité brûlante mais l’éclairera aussi à partir de l’histoire de la Chine dans le continent asiatique et de la relation actuelle, le partenariat stratégique avec la Russie qui a elle aussi un back ground historique et une révolution qui s’inscrit en rupture et continuité :

Il y a une donnée essentielle pour comprendre la politique chinoise et que ses dirigeants ne cessent de rappeler que ce soit dans un contexte diplomatique et/ou commercial, c’est qu’elle s’occupe de ses propres affaires. Pourtant en raison du choix d’avoir une économie intégrée avec le reste du monde cette « gestion intérieure » est toujours un événement important de la scène économique et politique mondiale.

Ce choix est d’une actualité brûlante puisque alors que l’économie chinoise est confrontée à divers défis internes (le marché immobilier, la faiblesse de la demande) elle attend le choc annoncé de la guerre économique de Trump. Elle a pris des mesures de relance pour devancer les droits de douane. Ces mesures correspondent à la confirmation d’un choix qui dépasse les aléas de la conjoncture : la Chine affirme assumer plus que jamais son rôle de plus grand moteur de la croissance mondiale .

Il s’agit d’une idée qui concerne directement « la communauté de destin » et le socialisme de marché. A savoir le traumatisme mais aussi les « enseignements » tirés de la modernité capitaliste et de l’expansion coloniale et néocoloniale. Ici il nous faut retourner à la méthode suivie dans notre exposé et le rôle joué par nos démystifications.

Nous avons vu jusqu’ici que la Chine loin d’être un empire clos sur lui-même (ce qu’a décrit non sans mépris Engels et qui pourrait être caricaturé par la phrase de Marx sur l’Inde : la première révolution qu’ait connue l’Inde c’est l’arrivée des Anglais) quand on l’analyse à la lumière du matérialisme historique et des recherches les plus récentes présente une toute autre réalité que le poids de l’immuable, une histoire dans laquelle tradition et rupture révolutionnaire sont une dynamique.

Cette opinion sur la Chine comme foyer de l’immobilisme et de la réaction, qui fait partie des stéréotypes occidentaux, on la retrouve apparemment dans la dénonciation de Marx des atrocités commises par la révolte des Boxers, révolte qui a beaucoup servi pour effrayer les masses occidentales face aux « supplices chinois ». Marx n’a jamais la moindre sympathie ni pour le lumpenprolétariat, ni pour les bandes armées. Mais comme en témoigne l’article de Marx que nous publierons en illustration de ce chapitre historique, il perçoit bien les potentialités des formes inconnues primitives comme le mir (le village russe) ou les potentialités collectivistes de la Chine, qui ne passeront ni par Hegel ni par les atrocités de la « modernité » capitaliste, pour rejoindre l’idéal réalisé des Lumières et de la Révolution française. Ce point de vue mérite d’être précisé. Marx critique les tartufferies du capital dans ses pseudos valeurs et vertus mais il reste un héritier des Lumières et exige la réalisation des aspirations pas seulement le renoncement. Pour en revenir aux formes primitives, il apprend le russe et s’intéresse en mourant de plus en plus aux travaux de Morgan sur les formes primitives de la propriété collective. Ce n’est pas un hasard si malgré la somme des tâches qu’Engels doit affronter (la constitution du parti démocrate et la publication du Capital) il est poussé à la mort de son ami, toutes affaires cessantes à accomplir un immense travail sur l’origine de la famille de la propriété et de l’Etat. Cela nous met en relation avec une méthode.

Marx et Engels ne sont pas « marxistes », ils créent une discipline théorico-pratique dans l’esprit des Lumières et de Spinoza, dans laquelle est repensé le cloisonnement entre droit, philosophie, économie, histoire et surtout la méthode (c’est celui qui fait l’histoire qui la connait et l’aspect théorico-pratique) avec ses deux branches : l’une est le matérialisme dialectique qui est une approche de l’état du développement scientifique pour éclairer le rapport des êtres humains à la nature, à leur propre nature, dont l’élément conscient est le travail en tant qu’il est constamment dans un processus prométhéen d’appropriation de la connaissance. L’autre est le matérialisme historique et les modes de production. Hier à propos de la présentation par Xuan de la manière dont « la communauté de destin » se nourrissait en Chine des classiques en l’occurrence de Sun Tzu et de son « art de la guerre », j’ai tenté d’expliquer comment se jouait la dialectique entre la « sagesse » (philosophie, amour de la sagesse) et la révolution socialiste :

Dans le cadre de notre réflexion collective sur les temporalités de l’histoire et l’actuelle proposition chinoise d’œuvrer collectivement à une communauté de destin, Xuan nous proposait cette référence à Sun Tzu à la « sagesse » supposée du peuple chinois aujourd’hui dans une situation géopolitique marquée par l’inconnu de la fin d’un système et l’élargissement sans limite non de la guerre mais de la paix d’un monde naissant, la problématique commune de ce livre. J’ai tenté à partir du grand historien Duby qui dirigea mon mémoire de recherche en préparation de l’agrégation de proposer une méthode à la fois conceptuelle et dialectique: “à l’historien revient l’étude des discordances et des conflits entre ce que la terminologie marxiste nomme infrastructures et superstructures”, ce que l’on peut et doit aborder de l’extérieur indépendamment de la représentation que les êtres humains s’en font et ce qui est “conçu” par eux, c’est-à-dire entre le réel et le rituel. L’art de la guerre de Sun Tzu est un rituel, visant à maintenir la cohésion interne et la duperie systématique à l’extérieur, c’est une stratégie féodale: celui qui peut se payer des armes et des chevaux de prix est un guerrier alors que le mouvement réel de la guerre est la lutte des classes. C’est-à-dire que ce manuel nous permet de confronter en quoi un ensemble complexe de règles morales, de privilèges juridiques, de préjugés pris dans le mouvement de l’économie des temps actuels, ceux du socialisme de marché, propose un ordre différent de la hiérarchie sociale et plonge également ses racines dans ce qu’on appelle les images maitresses de l’histoire des mentalités et leur lente imprégnation.

Parce que quand on analyse une tradition, une « sagesse », se repose alors toujours la question : pour qui ce qui est dit là était-il compréhensible ? Il est difficile d’avoir des certitudes pour le passé, mais on sait que la révolution élargit ce patrimoine et l’universalise. Une révolution comme l’a noté Fidel Castro est une éclosion inouïe de compétences, de « génie politique », cela a été vrai pour la Révolution et la masse de « cadres » fils de tonneliers et autres qui ont créé l’appareil d’Etat républicain et celui de l’Europe. Cela l’a été encore plus pour la Révolution bolchevique et celle qui se sont créées dans son sillage, y compris pour les femmes.


Il faut voir que ce qui est “sagesse’” de la plus vieille civilisation du monde est alors prise dans cette transmutation qui relève à la fois de la conservation et de l’abolition des aspects rituels des hiérarchies et des castes. La révolution, le socialisme parce qu’il crée une base sociale élargie, avec la floraison des talents demeurés en jachère encore aujourd’hui dans le capitalisme, dans une définition étroite des “arts”, permet une appropriation toujours plus large, plus diversifiée qui de l’interne va vers l’internationalisation. C’est là un processus qui concerne toutes les formes de socialisme, et se traduit d’un point de vue de la recherche, de l’éducation, par un essor immense, une boulimie de savoir, mais aussi par le fait que la classe qui n’a aucun intérêt à la guerre se donne la paix pour but des relations sociales pour la première fois de l’histoire humaine et conçoit la sécurité de chacun comme celle de tous.

Donc la Révolution n’est pas la continuation simple de la tradition historique, elle en est l’abolition et le filtre vers l’universalisme.


Donc quand nous analysons en quoi à travers l’histoire de la Chine et celle de l’humanité on peut comprendre la particularité des solutions il ne s’agit pas d’une évolution, mais comme le dit Marx ‘l »anatomie de l’homme explique celle du singe », la forme achève celle en germe.

Donc quand je propose de partir des problèmes de l’actualité immédiate : la stratégie de la « communauté de destin » face à la guerre économique de Trump, qui intervient comme une aggravation de tout ce qui pèse depuis au moins le COVID sur le marché, cela me permet de voir la particularité chinoise et en quoi elle tend vers l’universel :

d’où l’affirmation :
Il y a une donnée essentielle pour comprendre la politique chinoise et que ses dirigeants ne cessent de rappeler que ce soit dans un contexte diplomatique et/ou commercial c’est qu’elle s’occupe de ses propres affaires. Pourtant en raison du choix d’avoir une économie intégrée avec le reste du monde cette « gestion intérieure » est toujours un événement important de la scène économique et politique mondiale. La tendance à prendre cet autocentrage d’un point de vue « moral » une sorte d’égoïsme non c’est une méthode qui est une rupture avec le capitalisme et l’impérialisme.

Déjà toute l’analyse sur l’histoire de la Chine que nous vous avons présentée est une démystification de nos stéréotypes sur l’immobilisme, l’empire clos sur lui-même. Et nous allons reprendre brièvement à travers la Chine des XIXe et XXe comment se joue le traumatisme et l’enseignement.

La Chine des Qing est un empire suzerain avec une influence politico-culturelle sur toute l’Asie. L’arrivée et la mise à genoux de cet empire a ce visage multiple : en particulier celui de ce que représentent les puissances occidentales et la perte de sa suzeraineté.

Comprendre de l’extérieur le traumatisme colonialiste puis néocolonial nous rend aveugles à bien des aspects essentiels.


1) Le premier c’est l’inversion de la nature des faits : c’est une constante à peu près sur tous les continents soumis à la prédation européenne d’abord puis à la même sous la direction de leur rejeton sanglant les Etats-Unis. Quand les guerres qui caractérisent le continent européen se déclenchent cela représente un moment de soulagement inespéré y compris pour le bénéfice et l’écoulement de leur production et ressources pour les terres colonisées. Y compris comme en Amérique latine gérée par les descendants des conquistadors. Ce soulagement explique même la manière dont on observe des sympathies lors de la deuxième guerre mondiale pour les régimes fascistes italiens et allemands avec leur affirmation nationaliste qui s’attaque aux colonisateurs États-unien, anglais, français et hollandais… Si les communistes font la différence ce n’est pas toujours le cas des « nationalistes » bourgeois.


2) Si au XVIIIe siècle, l’Asie a constaté l’arrivée de ces pillards comme elle pouvait le faire de certaines invasions qui après la mise à sac repartaient ou s’intégraient dans des dynasties locales, là le phénomène était différent. Les « grandes puissances » sitôt remises des guerres qui les ont épuisées se jettent avec un appétit renouvelé sur leurs proies et la Chine empire suzerain est une proie de choix que l’on attaque à la marge en coupant ses possessions ou ses vassaux comme le Vietnam, la Corée, le Japon sur le plan culturel comme économique.


3) De ce point de vue le cas du Japon qui se prend pour une puissance occidentale doit être étudié parce qu’on retrouve des traits comparables en Corée du sud et ailleurs. L’occidentalisation dans le conservatisme des traditions « féodales » est une « stratégie ».


4) La Chine avec le pouvoir décadent des Qing attire irrésistiblement les grandes puissances et l’obsession est particulièrement forte à Londres avec la volonté de voir s’ouvrir les portes de l’empire au libre échange, au marché gigantesque pour les produits mais aussi un produit que la compagnie des Indes orientales produit en grande quantité. L’abomination de la guerre de l’opium est très bien perçue par Marx (dans le capital livre II, il décrit les femmes rentrant en usine pour fabriquer à faible coût les produits manufacturés et gorgeant leur nourrissons de sirop à l’opium et il parle de « la terrible vengeance » de l’orient à ce propos, en ayant conscience de qui paye l’atrocité du capital).

Donc nous allons tenter de revoir dans un raccourci saisissant ce fait inouï qui a fait qu’une des civilisations les plus raffinées, les plus développées dont l’influence couvrait toute l’Asie, pendant des millénaires, une influence culturelle mais pas militaire, riche des inventions et dont les productions avaient donné lieu à un immense commerce se retrouve un pays colonisé et aujourd’hui se revendique comme leader de la décolonisation.

5) Mais l’analyse ne serait pas complète si l’on exclut les relations entre la Russie, l’URSS et la Chine, au moment de la ruée colonisatrice avec le passage au socialisme et aujourd’hui. A travers le cas de Vladivostok. La Russie tsariste vient participer au dépeçage de la Chine, au Tibet mais surtout dans les provinces de Sibérie, à Vladivostok alors capitale d’une Province impériale qu’elle s’approprie. On insiste beaucoup sur la querelle sino-soviétique mais on ne voit pas qu’à l’inverse de ce qui se passe avec l’Inde où les tracés hérités de la colonisation britannique sont l’occasion de conflits constants et sont utilisés encore par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, les conflits frontalier ont été réglés durant la période « stalinienne ». Il y a une ignorance totale du rôle d’apaisement du socialisme. Il faut le mettre en évidence.

Quand nous aurons compris cet aspect de l’histoire il nous faudra en percevoir un autre tout aussi essentiel et qui concerne la stratégie de développement que la Chine propose d’abord aux pays du sud mais concerne la France en tant qu’une part de ses problèmes est liée à un vassalité soumission aux Etats-Unis dans son ex-domaine colonial avec des dimensions internes les problèmes dits d’immigration et les crises dans les DOM TOM, etc…

Comment s’articulent socialisme et marché ? Et en quoi la réflexion originale sur le développement part de deux expériences celui de l’effondrement de l’empire Qing et celui de l’ex-URSS.

Et nous aboutissons à L’ESSENTIEL : pourquoi la Chine considère-t-elle que la priorité face à l’effondrement de l’Occident est de créer les conditions de l’échange international sur d’autres bases, en quoi accepte-t-elle de mener à bien ce processus et en quoi le fait d’être socialiste est-il là aussi l’aspect fondamental.

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1 Commentaire

  • koursk
    koursk

    Dès sa création en 1949, la République Populaire de Chine, comme l’URSS depuis les années 20, sont sous blocus et sanctions imposés par les cartels *** De la rencontre en 1972 à Pékin entre Mao et nixon larbin de la grosse mafia, celle-ci escomptait voir ses bazars dominer le pays, mettre fin à la République Populaire, reconfétiser le pays en concessions internationales et territoires de seigneurs de la guerre comme dans le bon vieux temps *** De cette rencontre, la Chine conditionne l’acceptation des gourbis de la pègre sur son territoire en échange de la suppression des sanctions et blocus *** En 1989, lors du coup de force à Tiennan Men fomentée par les bandits multimilliardaires otaniens, la Chine libérée des sanctions avait déjà franchi une étape dans son développement, et l’accumulation de son stock d’or la rendait invulnérable face à toute contre-révolution *** Les Chinois défendront leur RPC avec détermination, car en tant qu’asiatiques, tout comme les africains et amérindiens, ils se savent méprisés par les élites possédantes occidentales qui imposaient leur autorité sur le pays du temps de l’empire des qing, et du kuomintang républicain *** La Chine communiste n’a pas d’ambition pour elle-même *** Elle se comporte en acteur capitaliste que contre les cartels mafieux otaniens *** Le but étant de les ruiner et les démanteler pour une planète stable *** Le risque étant que la grosse mafia, sentant ses intérêts financiers menacés, ordonne à ses séides gouvernementaux de frapper la Chine avec l’arsenal nucléaire otanien

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