Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Aliuska, la première femme monteuse de lignes électriques à Cuba (+ Vidéo)

Nous célébrons aujourd’hui le combat des femmes contre les violences : savez-vous qu’à Cuba selon une loi héritée des combats dans la Sierra Maestra, avant la prise du pouvoir, le viol est puni de la peine de mort même s’il y a aujourd’hui un moratoire sur les exécutions. Aujourd’hui nous avons envie de saluer le combat non pas des femmes seulement mais du genre humain qui, comme le disait Engels est au moins deux, l’homme et la femme ; les combats pour la paix, pour le travail, pour la souveraineté les voient en première ligne dans la construction du socialisme, quitte à devoir les mener sur plusieurs fronts à la fois celui des mentalités conservatrices et celui anti-impérialiste pour le socialisme. Ils sont nécessairement complémentaires. A Cuba en particulier durant la période spéciale on découvrait à quel point la résistance était en première ligne celle des femmes, au travail, dans le souci d’assurer le quotidien rendu de plus en plus difficile par la pénurie..

Par : Yunier Javier Sifonte DíazDans cet article : CycloneCubaCompagnied’électricité, Fédération des femmes cubaines (FMC),OuraganÉgalitéMayabequeSociétéFemmes, Catastrophesnaturelles23 novembre 2024 | |+Partager sur FacebookPartager sur TwitterPartager sur WhatsAppPartager sur Telegram

Aliuska a participé à la récupération de l’électricité à Mayabeque. Photo : Yunier Sifonte/Cubadebate.

Sous le casque se détache une chevelure blonde qui semble résister au soleil cubain. Sur le visage se détachent les sourcils, très fins et dessinés sur de petits yeux, mais capables de s’illuminer en un instant, d’un mot, comme s’ils étaient également mus par l’électricité.

Elle est épuisée. On le voit dans les sillons de son visage, dans la tension de ses mains, dans les taches sombres que la sueur laisse sur ses vêtements de travail.

Elle porte des gants très épais qui cachent la finesse de ses doigts. Sur ses pieds, elle porte des bottes spéciales, des outils et des harnais pendent à sa taille, mais elle se repose à peine. Elle s’appelle Aliuska Lores et elle est arrivée à Mayabeque seulement 24 heures après que l’ouragan Rafael ait causé de graves dommages à l’infrastructure électrique du territoire.

Être la première femme monteuse de lignes à Cuba et faire face, également pour la première fois de sa vie, à la réparation après un cyclone, ne lui laisse guère de temps pour le calme.

Elle entra dans la compagnie d’électricité en tant qu’ouvrière dans l’un des bureaux commerciaux de Santa Clara, mais son rêve était différent, un rêve retardé de quatre ans face aux malentendus et au machisme. Cependant, un jour, elle s’est levée avec courage et a postulé pour s’inscrire au cours en tant que monteur de lignes. Quelques mois plus tard, elle montre qu’il y a des passions irrépressibles.

« J’ai toujours aimé ce métier, et je suis là où le pays a besoin de moi », dit-elle sur le bord d’une route où le mouvement des camions remplis de poteaux électriques, de rouleaux de câbles, d’isolants, ne s’arrête pas. De l’autre côté de la route on voit les destructions que les compagnies d’électricité de Villa Clara sont déterminées à éliminer.

Sa brigade est arrivée à Mayabeque et la première image les a submergés. Des centaines de mètres de lignes électriques au sol, un parcours de poteaux tombés, de la tristesse, de l’obscurité. Ils se sont installés du mieux qu’ils ont pu et ont immédiatement commencé les travaux. Comme eux, de nombreux autres groupes du pays ont traversé les zones les plus endommagées pour commencer à récupérer ce qui avait été perdu.

« Bien que je sois plus petite, une femme, je me considère comme une femme de plus dans cette grande famille. C’est un travail où vous devez avoir les cinq sens concentrés sur ce que vous faites, parce que c’est dangereux, de force et beaucoup de technique. Être monteur de lignes demande des sacrifices, du temps et de la concentration, mais ce n’est pas difficile. À part ne rien faire, j’aime tout », dit-elle.

Aliuska ne ment pas. On peut la voir au sommet d’un poteau ainsi qu’à la base portant des câbles. Elle est tout autant dans le camion à organiser les outils qu’à assembler les pièces du nouveau poteau sur le sol avant son levage final. Chaque mât levé et fixé au sol est une bataille gagnée.

« Ici, peu importe qu’il y ait du soleil, de la bruine ou que nous soyons pris la nuit. Ce travail a besoin de cela, surtout maintenant où nous devons faire face à un ouragan. Il y a des gens qui nous critiquent, à cause de la situation difficile que connaît actuellement le système électrique national, mais la plupart d’entre eux apprécient ce que nous faisons », souligne-t-elle.

On peut la voir au sommet d’un poteau ainsi qu’à la base portant des câbles. Photo : Yunier Sifonte/Cubadebate.

Avec trois enfants à Santa Clara et un mari qui l’accompagne en tant que membre de la brigade des monteurs de lignes dans l’ouest de Cuba, cette femme ne connaît que trop bien les autres efforts pour réaliser un rêve. Mais elle connaît aussi les impulsions. L’une d’entre elles, par exemple, est de voir comment la plus jeune de ses filles aspire à suivre ses traces.

« Je la soutiens déjà », dit Aliuska avec un rire malicieux, comme si elle essayait de cacher une fierté qui remonte à la surface.

« Dans cette mission, j’ai laissé un morceau de mon cœur à la Villa Clara, mais quand il s’agit de travailler, il faut le garder dans son sac à dos pour que tout soit parfait », avoue-t-il.

Même sans date de retour, Aliuska Lores n’épargne pas la sueur et les rires. Quand on aime ce que l’on fait, on le définit avec beaucoup de mots, mais aussi avec des gestes salvateurs. Et à eux deux, elle découvre une essence fondamentale pour le présent et l’avenir de Cuba : la solidarité.

« La solidarité englobe beaucoup de choses. Maintenant, il s’agit de se rendre compte que nous sommes tous une seule famille, y compris les électriciens, et que nous partageons le soleil, le travail et le sacrifice. La solidarité, c’est apporter le travail que nous faisons à tout Cuba et être ensemble dans les bons comme dans les mauvais moments pour aller de l’avant.

En vidéo, plus de détails

https://youtube.com/watch?v=JkTbq2aj2lE%3Fsi%3DKBjyN8llxF4OlqDI

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