Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Irina Abramova : Moscou n’a pas cherché à évincer les Français d’Afrique. Ils ont été chassés parce qu’ils se sont mal conduits

Quelques réflexions à partir de ce riche interview : d’abord sur ce que la collaboration Chine Russie dit fort heureusement de prise de conscience de la nécessité de s’allier et non de s’affronter pour vaincre le sous-développement, sur un continent qui a plus que les autres souffert de la querelle sino-soviétique alors que l’occident global s’abattait sur lui avec ses plans d’ajustement structurel. Quelque chose est né dans ces convulsions et l’assassinat des héros africains qui aujourd’hui est aussi à la base des BRICS comme si l’Afrique disait le néocolonialisme de l’hégémonisme partout, une force aussi et une dignité qui s’exprime le mieux à travers la relation à Cuba. Oui la France s’est mal conduite non seulement en pillant et méprisant les relations fraternelles que des communistes comme Suret Canal avaient tissé sur tout le continent et en particulier dans l’Afrique de l’ouest. Macron est en bout de course de cette trahison qui est passé du pillage paternaliste de la Françafrique au génocide Rwandais, à l’assassinat de Sankara jusqu’à devenir le mercenaire de l’emprise des Etats-Unis. Mais ce qui m’a frappée à Vénissieux, dans cette ville où la richesse de l’apport de l’immigration africaine est aussi un combat quotidien contre le sous-développement français c’est que j’y ai retrouvé avec les communistes l’écho de ce qu’a représenté le PCF, leur contribution aux luttes anticoloniales, le contraire de la débâcle misérable et raciste de Macron. Il serait temps que le PCF retrouve l’esprit de Vénissieux et se débarrasse du misérable secteur international et son atlantisme de fait pour qu’il renoue avec ce qui est décrit ici, un monde de coopération dans lequel les concurrences doivent céder la place à des projets concrets dans lesquels se concrétise la fraternité et la paix du projet communiste (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)

https://svpressa.ru/politic/article/438233/

« Des projets conjoints entre la Russie et la Chine sur le continent africain sont inévitables »

Texte : Mikhaïl Zoubov

Il n’y a pas si longtemps, un groupe de « pays civilisés » voulait retirer tous les droits miniers aux États africains. Les détails de cette histoire ne sont révélés que maintenant, à la veille d’une date festive.

Le 20 novembre est la Journée de l’industrialisation de l’Afrique. Cette journée a été instituée par l’Assemblée générale des Nations unies en 1989 à l’initiative de notre pays.

La Russie a non seulement contribué de manière significative à la libération des États du continent de l’esclavage colonial, mais elle a également construit plus de 300 usines, fabriques et centrales électriques dans différents États africains.

Aujourd’hui, les relations entre la Russie et un certain nombre de pays africains connaissent un nouvel essor. Irina Abramova, directrice de l’Institut d’études africaines de l’Académie russe des sciences, membre correspondant de l’Académie russe des sciences, a répondu aux question de « Svobodnaya Pressa » sur ce que nous pouvons nous apporter mutuellement à l’avenir, sur la plateforme de RIA « Novosti ».

« SP » : Aujourd’hui, les relations entre la Russie et les anciennes colonies françaises de la zone des savanes africaines se développent de la manière la plus dynamique. Est-ce la Russie qui a évincé la France des États du Sahel ou les circonstances historiques se sont-elles produites d’elles-mêmes ?

– La Russie n’a pas évincé la France du territoire sahélien, la France s’est comportée de telle sorte sur le continent que les Africains ne veulent plus coopérer avec elle.

Le territoire du Sahel (Niger, Mali, Burkina Faso) est une zone d’opération pour de nombreux groupes terroristes. La traite des êtres humains et le trafic de drogue y prospèrent. Le contingent français, qui s’y est rendu à une époque pour soi-disant résoudre ces problèmes, a honteusement échoué.

Dans le même temps, la France prétendait contrôler totalement les finances de ces pays. Ceux-ci étaient obligés de conserver leurs réserves d’or en France, de ne procéder à des émissions monétaires qu’avec l’autorisation de la Banque centrale française, de donner de l’uranium et d’autres minerais pratiquement gratuitement.

La particularité du colonialisme français a toujours été que les Français n’ont pas négocié avec les élites locales, mais les ont simplement balayées et ont placé leurs vice-rois sur le trône. Personne en Afrique n’a oublié ce traitement cruel et méprisant. Et, bien que le français soit parlé dans ces pays, anciennes colonies françaises, l’aversion pour le Français (gentleman blanc) est historiquement très élevée.

La combinaison de toutes ces raisons a conduit les pays du Sahel à décider que les Français et leurs vice-rois n’étaient pas en mesure d’offrir une vie décente, mais seulement de la gâcher. Les Français ont été chassés et leurs regards se sont tournés vers la Russie.

« SP » : Quelle est l’importance du rôle du Corps africain russe dans ces pays ?

– L’autorité de la Russie, en termes de capacité à mener des opérations antiterroristes, s’est accrue de manière très significative depuis les événements en Syrie, lorsque nous sommes intervenus et avons aidé à préserver ce pays et sa souveraineté.

La souveraineté n’étant pas un vain mot pour les Africains – ils se sont battus pour l’obtenir – ils considèrent la Russie comme le garant de cette souveraineté.

Le Corps africain a été créé et il accomplit des tâches à la demande des gouvernements des pays qui ont demandé l’aide de la Russie. En même temps, nous n’imposons nos services à personne, mais nous agissons en stricte conformité avec la Charte des Nations unies et les souhaits des États africains.

Je pense que si les actions du Corps africain sont bien accueillies, nous pouvons en conclure qu’elles seront couronnées de succès.

Par ailleurs, l’assistance militaire doit s’accompagner d’un large éventail d’autres types de coopération.

« SP » : Nous avons commencé à aider au développement des minerais.

– Mais ce n’est pas suffisant. Il faudrait une coopération humanitaire : ouvrir des centres de langue russe, former du personnel.

La Russie devrait entrer en Afrique de manière globale. Je suggérerais que les entreprises n’entrent pas une par une, mais par le biais d’un groupe d’entreprises. Elles viennent, construisent une école russe sur place, forment le personnel local pour le travail futur. Elles réfléchissent à la manière de fournir de l’électricité. Aujourd’hui, 48 % de la population africaine ne connait l’électricité qu’à travers des histoires, mais elle vit sans.

Il existe un chiffre remarquable : au fil des années de coopération avec les pays africains, notre pays a formé 700 000 étudiants originaires de ces pays. Et pas seulement à Moscou et à Saint-Pétersbourg, mais aussi dans dix universités russes que nous avons construites en Afrique. Aujourd’hui, nos étudiants sont devenus des chefs d’État et d’entreprises africaines prospères. Il ne faudrait pas ralentir ce rythme.

« SP » : Comment l’ « Occident collectif » est-il perçu dans l’Afrique moderne ?

– En 2007, alors que l’Allemagne présidait le G8, j’ai assisté à une conférence sur les ressources naturelles. On y a avancé une idée « brillante » selon laquelle les pays africains ne peuvent pas gérer leurs ressources naturelles de manière indépendante en raison de la corruption élevée.

Ces gisements devraient donc être confiés à la gestion de la communauté démocratique internationale – les « pays civilisés », les pays occidentaux.

Naturellement, les Africains ne sont pas satisfaits de cette approche. C’est pourquoi ils sont enclins à coopérer avec la Russie, la Chine et l’Inde », a déclaré la spécialiste à Svobodnaya Pressa.

Irina Abramova a également été interrogée par des représentants d’autres médias. Voici une des questions :

– La Chine s’intéresse beaucoup à l’Afrique. Les intérêts de nos pays sont-ils en concurrence sur le continent ? Et si oui, la Russie résiste-t-elle à cette concurrence ?

– La Chine est le premier investisseur en Afrique. À cet égard, nous ne sommes pas concurrents. Mais l’Afrique offre un vaste champ d’action pour des projets communs.

Par exemple, la Russie est une autorité incontestée dans le domaine de l’énergie nucléaire, et la Chine dans celui de l’énergie solaire. Et la question d’une centrale commune qui pourrait utiliser les deux sources d’énergie et alimenter plusieurs États de la zone sahélienne à la fois est déjà à l’étude.

Pour les panneaux solaires, les territoires du désert du Sahara qui se trouvent à l’intérieur des frontières de ces États sont à leur entière disposition.

Des projets ferroviaires communs sont également envisageables. À l’heure actuelle, personne au monde ne construit plus et mieux que les chemins de fer russes (à l’exception des routes à grande vitesse). Et la Chine peut doter ces lignes d’une infrastructure moderne.

Il est préférable que la Chine et nous soyons des partenaires en Afrique, et non des concurrents.

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