Le PCF se rend à l’évidence : c’est encore loin le socialisme ? par Danielle Bleitrach

L’évidence est celle de la photo entre ces deux débiles complices, le président français et celui de l’Argentine a été prise au G20 le contexte est bien sûr l’enthousiasme commun devant la décision de Biden d’autoriser l’envoi de missiles au nom de l’OTAN en Ukraine… Plus on est de fous plus on rit. Mais au-delà de ce cliché révélateur il y a le chemin et le fait que certains commencent à entrevoir l’évidence de la perspective et même s’interrogent : c’est encore loin le socialisme? On peut saluer l’évolution de la direction du PCF qui au moins “se rend à l’évidence” du mensonge de la propagande atlantiste mais pour qui l’évidence n’est pas encore la sortie de l’OTAN, l’adhésion au BRICS, et le choix du socialisme, mais quand les communistes commencent à avancer sur le chemin de la paix, de la justice sociale, de la souveraineté nationale, ils avancent à pas de géant aux côtés des travailleurs ouvriers, employés des services publics, agriculteurs en colère, défenseurs de l’environnement, élus locaux en colère, bref tous ceux qui n’en peuvent plus…

La colère des agriculteurs : voulez-vous encore d’une agriculture française ? d’une industrie ? des services publics ? jusqu’où braderez-vous la France ?

Mais le contexte c’est aussi celui des plans de fermeture de sites et de délocalisation des industries françaises, un séisme, c’est la colère ce lundi 18 novembre des agriculteurs contre l’accord de libre-échange avec le Mercosur, dont le débile argentin est devenu la pièce maitresse en matière de livraison de produits d’élevage et autres… Les agriculteurs français percutés par les mauvaises récoltes, les maladies animales émergentes, les agriculteurs français se mobilisent d’une manière existentielle pour demander à ce gouvernement de syndic européen de faillite s’ils veulent vraiment qu’il existe encore une agriculture française ?

Ce lundi 18 novembre, il y avait 85 points de rassemblement en particulier en Occitanie, les exploitants agricoles de la Haute-Garonne, du Tarn, du Gers, du Tarn-et-Garonne et de l’Ariège ont lancé des actions pour exprimer leur colère et rappeler que leurs situations sont toujours aussi périlleuses. De nombreuses manifestations sont attendues dans le Midi toulousain : à Albi, Auch, Montauban, Foix et autour de Toulouse. Ils ne veulent pas bloquer le pays mais l’interroger parce qu’ils s’estiment dupés dans les résultats de leur colère de l’hiver dernier… Après les belles promesses, la dissolution inconséquente a servi de prétexte pour que les 70 engagements pris par Macron et Attal soient en jachère sous Macron Barnier, Le Pen, les Républicains …

Ce qui est en cause pour les agriculteurs comme pour les ouvriers, les travailleurs des services publics une logique de déclin derrière l’UE, celle de madame Von der Leyen ralliée à une totale vassalité de sa commission aux stratégies nord-américaine et les communistes non seulement à travers les déclarations de Fabien Roussel mais des sections du PCF reviennent comme en janvier dernier en soutien de cette colère paysanne.

Mais depuis cette date, une partie toujours plus importante du PCF (malgré la volonté du secteur international, des journalistes de l’Humanité sur le même créneau) ont commencé à s’intéresser au contexte international, au BRICS. Le Mercosur reste le poumon de l’ultra libéral Milei qui a renoncé à son association avec les BRICS considérées par lui comme “communistes” et renforcé ses liens avec les Etats-Unis, le dollar, il règne sur une Argentine dont désormais 53% de la population est sous le seuil de pauvreté qui prétend exporter alors que sa population crève de faim. Les hommes liges de l’impérialisme des USA, celui de Biden comme celui de Trump défendent jusqu’au bout les intérêts de ceux qui acceptent au nom de grandes coalitions contre les BRICS et “le communisme” de Cuba, celui attribué à tout peuple qui résiste…

Ces questions nationales relèvent de la guerre contre les peuples menée par le capital financiarisé, militarisé…

Le PCF commence donc malgré son secteur international a faire le lien entre l’offensive militaire du capitalisme hégémonique des USA et la guerre économique menée contre les peuples. Hier Fabien Roussel a fait une importante déclaration réclamant une convocation de l’Assemblée nationale face à la déclaration de Biden sur les missiles contre la Russie. Depuis le 11 novembre 2024 désormais la direction du PCF a opéré le lien nécessaire entre la guerre et la politique de destruction de l’emploi, des filières de production française… Son soutien à la classe ouvrière, aux couches populaires s’ouvre sur l’internationalisme… Cela va s’accompagner du silence médiatique, les micros ne seront plus tendus et tout va de plus en plus dépendre de la force de rassemblement du parti, de son unité pour en finir avec les forces d’inertie…

L’enjeu est important et il bénéficie de la colère des peuples, des travailleurs, de tous ceux qui ne croient plus ceux qui les gouvernent dont cette photo dit le grotesque dérisoire… Pour sacrifier ainsi leur propre peuple il faut des produits de marketing comme Macron, Milei, Zelensky et tant d’autres. Il faut l’étroitesse du chauvinisme et de la xénophobie, la volonté de faire prospérer les racismes, antisémitismes, et autres stigmatisations réactionnaires, pour masquer ce qui devient toujours plus évident la racine de classe des ententes contre les peuples. C’est pour cela que le marxisme, les partis communistes, ceux qui se battent pour le socialisme, le vrai (pas le canada dry de Hollande et autres…) sont le véritable facteur d’unité et de rassemblement autour d’une perspective politique qui est la seule capable de gagner. Alors que la gauche actuelle divise en clientèles électorales opposées les unes aux autres ou en dupant sur la nature du mouvement du monde…

LE G20, le rapport des forces et les faibles résultats de ce sommet des “alternatives”…

Le G20 à l’inverse du G7 qui n’est plus que le club de l’occident global est le lieu où se rencontrent tous les “grands” acteurs du bouleversement mondial. Lula en était l’hôte et il avait bien besoin de résultats après les échecs successifs de sa candidate aux élections des Etats-Unis et la déroute face à la droite traditionnelle aux élections municipales et régionales au Brésil… Son attitude, son absence et le veto mis sur la candidature du Venezuela aux BRICS de Kazan ayant été diversement appréciée(1). Macron s’est jeté dans ses bras comme deux grands blessés de la voltige entre tranchées…

Magnanimes la Russie et la Chine (mais aussi le Mexique) lui ont offert avec les autres dirigeants du G20 l’approbation lundi de l’idée de coopérer pour taxer « effectivement » les personnes très fortunées, « Dans le plein respect de la souveraineté fiscale, nous chercherons à nous engager de manière coopérative afin d’assurer que les personnes très fortunées soient effectivement taxées », indique la déclaration finale. L’économiste spécialiste des inégalités Gabriel Zucman, à qui la présidence brésilienne du G20 avait commandé un rapport sur le sujet plus tôt cette année, a salué « une décision historique ». Il suggérait notamment une taxe de 2 % sur les 3000 milliardaires de la planète permettant de récolter 250 milliards de dollars par an.

L’ Alliance contre la faim était l’initiative sociale phare de Lula pour la présidence brésilienne du G20 : une Alliance globale contre la faim et la pauvreté qui a été lancée lundi, avec 82 pays signataires. L’Alliance globale contre la faim vise à unir les efforts afin de dégager des moyens financiers ou de répliquer les initiatives qui fonctionnent localement. L’objectif est d’atteindre un demi-milliard de personnes d’ici 2030, en donnant une dimension internationale au combat contre la faim et les inégalités. Cela va tout à fait dans le sens des BRICS et en particulier de la Chine qui ne cesse de plaider pour qu’il n’y ait plus de concurrence dans ce domaine mais des contributions de tous à des projets concrets. Au lieu d’envisager des rivalités dans l’aide au développement unissons-nous il n’y aura pas trop de bonnes volontés pour résoudre les problèmes et cette orientation avait été répétée par Xi à Biden au sommet de l’APEC, la semaine passée au sommet du Pérou.

Comme nous en faisons état dans un autre article, la présidente mexicaine qui n’appartient pas aux BRICS mais est un des meilleurs soutiens de Cuba et un défi permanent aux USA dans sa politique de blocus et de corruption en Amérique latine a proposé de prendre 24 milliards à l’armement pour la forestation. Parce que c’est bien dans les mesures climatiques que le sommet a marqué ses limites.

Alors que la conférence sur le climat COP29 de Bakou n’a pas permis, en plus d’une semaine, de dessiner un accord entre pays riches et pays émergents sur qui doit financer l’adaptation au changement climatique, une grande attente était placée dans les dirigeants du G20. Dans leur déclaration finale, les dirigeants du G20 reconnaissent « le besoin d’augmenter la finance climatique » et de la porter à « des milliers de milliards de dollars, provenant de toutes les sources ». Mais sans préciser qui mettra la main à la poche.

La guerre en Ukraine a beaucoup dominé les débats au G20, au lendemain du feu vert donné par les États-Unis à Kiev pour l’utilisation de leurs missiles de longue portée contre la Russie, une décision jugée « tout à fait bonne » par Emmanuel Macron. Pas question d’obtenir une telle approbation en dehors de l’Argentin qui ne quitte plus Macron qui lui se colle à Scholz et aux “ventres mous” que sont Lula et Modi mais à qui il est impossible néanmoins d’arracher autre chose qu’un vague « Nous considérons bienvenues toutes les initiatives pertinentes et constructives en faveur d’une paix juste » et « durable » en Ukraine, écrivent les dirigeants dans leur déclaration. Les Etats-Unis en ont appelé à la charte des Nations Unies « pour la promotion de relations pacifiques, amicales et de bon voisinage entre les nations ». Mais comme l’an dernier lors du sommet du G20 à New Delhi, si le texte dénonce de manière générale « la menace et l’emploi de la force » visant à obtenir des gains territoriaux, malgré la pression des USA et des valets comme Macron, il ne fait pas mention explicitement d’une « agression » russe parce que quel que soit l’art et la manière de ne pas s’opposer au monstre US, aucun des géants du sud ne peut accepter l’ordre néocolonial que représentent les USA et leurs propositions de coalition avec des paillassons comme Macron, Milei, Zelensky et d’autres.

Les pays du G20 ont obtenu l’unanimité face à l’agression israélienne et se disent « unis pour soutenir un cessez-le-feu » à Gaza et au Liban. « Tout en exprimant notre profonde inquiétude au sujet de la situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza et l’escalade au Liban, nous soulignons la nécessité urgente d’étendre le flux de l’assistance humanitaire et de renforcer la protection des civils ». Mais l’unanimité dit aussi qu’il n’y a pas grand chose à attendre de la part de signataires comme Biden, Macron, Milei sans parler de certains pays arabes…

Danielle Bleitrach

(1) Aleida Guevara qui représentait au Brésil l’union des mouvements révolutionnaires de Cuba, Venezuela, Nicaragua et autres l’a dit sans langue de bois comme le rapporte telesur … Les Cubains quand ils sont les représentants du parti communiste et des révolutionnaires emploient un langage direct, en revanche, ils respectent ce qu’ils croient être l’opinion de leur hôte quand ils interviennent en tant qu’ambassadeurs Cuba sait toujours s’adresser au niveau politique qui convient …

Aleida Guevara s’inquiète de l’attitude récente de Lula à l’égard du Venezuela – teleSUR