Il faut bien comprendre “l’originalité” de la politique de Trump par rapport à ses prédécesseurs démocrates. Fabien Roussel, et à travers lui on peut espérer une autre parole qui réveillerait “la gauche” et les forces progressistes de leur atlantisme, commence à percevoir que Trump et Harris c’est bonnet blanc et blanc bonnet, c’est un grand pas. Il faut considérer que simplement la gauche a réussi à donner d’elle l’image d’une élite méprisant le peuple alors que l’extrême-droite prône un “protectionnisme” plus pacifique mais qui continue à se sentir menacée par des autocrates qui eux sauraient mener virilement des politiques agressives dont il faut se préserver… Fabien Roussel a accompli un pas immense en dénonçant les “actionnaires”, “le coût de l’énergie” et la guerre… A l’inverse de ceux qui refusent de voir le caractère meurtrier de la bataille et qui croient que les BRICS sont un diner de gala, il mesure les terribles dangers de la période. Il est bien seul pour affronter le consensus ambiant, l’irresponsabilité générale et pourtant, il encore au milieu du guè, de ce qu’il faudrait pour articuler une politique socialiste à la française avec l’architecture géopolitique des BRICS. S’interesser à l’expérience chinoise serait de plus en plus idispensable…
Donald Trump reviendra à la Maison-Blanche après avoir défini son approche de politique étrangère pour les quatre prochaines années. Les électeurs américains ont choisi un dirigeant qui adhère au principe de “l’Amérique d’abord” où ce qui est défini comme “les intérêts américains” passent en premier, et qui devrait être plus “isolationniste'” que le président actuel, Joe Biden. Cette politique que l’UE a aussitôt suivie en décidant l’élévation des droits de douane face aux voitures électriques est entièrement dirigée contre la Chine, mais elle ne sera pas la seule victime.
Pour la Chine, qui a connu une détérioration de ses relations avec les États-Unis depuis Obama et son pivot asiatique, la première présidence de Trump a été marquée par une quasi déclaration de guerre mais dont les effets ont été plus contrastés qu’il n’y parait ce qui fait que le retour d’une administration Trump à la Maison Blanche n’est probablement pas une bonne nouvelle pour Pékin, elle n’est pas non plus totalement négative, elle marque simplement la nécessité d’une accélération dans divers domaines, qui marquent déjà les défis qu’elle doit relever et qui en accélèrent les solutions pratiques, comme on l’a vu en ce qui concerne le changement de relation entre l’Inde et la Chine à Kazan et l’ouverture de ces BRICS sur le “marché” asiatique.
Cela marque surtout une bataille titanesque qui risque encore d’aggraver la situation de milliards d’individus sur la planète, en Europe comme aux Etats-Unis et ce qui est effrayant est de savoir à qui on va faire payer la folie de ce capitalisme ? Nul n’y échappera… la Chine tente au maximum d’abord de préserver vingt pour cent de l’humanité qu’est le peuple chinois et de proposer à d’autres d’en faire autant.
Les défis économiques de la Chine
Trump a poursuivi l’offensive d’Obama contre la Chine en prétendant mener une guerre économique contre la deuxième plus grande économie du monde, en juillet 2018 et a ce titre il a imposé des droits de douane allant jusqu’à 25 % sur les importations chinoises entrant aux États-Unis. Trump évite les affrontements militaires mais il ne peut non plus ignorer la pression du système militaro-financiarisé et son poids sur les USA. Mais alors que les “donateurs” ont financé massivement la campagne d’Harris il pense bénéficier d’une sorte d’indépendance qu’il va utiliser pour échapper à cette stratégie. Il n’aime pas plus les sanctions. Son arme privilégiée reste le jeu sur les droits de douane, l’isolationnisme (qui joue moins sur l’arrière-cour de l’Amérique latine). Tout au long de sa campagne il n’a pas renié ce protectionnisme qui flattait le prolétariat américain et au-delà. Ainsi lors de ses discours de campagne de 2024, Trump a suggéré que les droits de douane américains sur les produits chinois pourraient aller jusqu’à 60% voire 200%.
Les commentateurs qui en général ignorent superbement l’état réel des économies “occidentales” et celui en particulier des vassaux européens et asiatiques mettent en avant les problème qui fragilisent la Chine et qui rendrait particulièrement efficace cette politique douanière. Si on les écoute les dégâts peuvent être plus importants aujourd’hui face aux problèmes que rencontre la Chine et ils citent les prix de l’immobilier, l’endettement élevé des gouvernements locaux et un taux de chômage élevé chez les jeunes alors même que la population vieillit et que doit être élargi le système de protection sociale. De nouveaux droits de douane pourraient-ils paralyser la stratégie de relance économique de la Chine qui dépend fortement des exportations ?
Un autre aspect de la stratégie de Trump, soutenue par l’UE, sur lequel ces commentateurs insistent pour nous inciter à toutes les formes de guerre, serait que cela limiterait la quantité de technologie en provenance des Etats-Unis ou de l’Europe vers la Chine, ce qui est sensé bloquer la mutation de la Chine de pays manufacturier vers un rôle leader dans les transformations des forces productives. Non seulement depuis la première présidence de Trump il y a eu une évolution et la Chine est en particulier en train de réussir son pari de devenir le leader mondial de l’IA mais la politique de Trump dans ce domaine atteint en fait tout une organisation en particulier asiatique mais aussi quand on considère le cas des voitures Tesla de secteurs qui se sont déjà déportés vers ce lieu d’innovation. Nous publions aujourd’hui un article russe qui explique cette accélération.
J’ai reçu à Cuba eux excellentes mises en garde concernant la Chine, la première était qu’il y a toujours un fait fondamental, incontournable quand on prétend commenter la politique chinoise. La première est que le parti communiste chinois doit nourrir un milliard trois cent mille bouches et que s’il oublie cela il est mort politiquement parce qu’il perd le “mandat” de son peuple qui est son principal atout. La seconde est que quand on croit avoir compris quelque chose à la politique chinoise on s’aperçoit que la certitude est dépassée.
Ainsi Fabien Roussel a enfin compris que les délocalisations n’étaient pas dues à la perversité de la Chine mais bien à un système financiarisé qui n’a pas craint aux Etats-Unis comme en France de détruire la base productive industrielle. D’ailleurs si aux Etats-Unis cela se passe en priorité avec la Chine, en France cela s’est produit dans le cadre de l’UE et ça continue. Les Chinois ont bossé comme des dingues dans les manufactures mais pas seulement, ils ont consacré leurs gains à transformer les conditions de la production, à passer de la “camelote” à des produits de haute qualité et ils l’ont fait à partir d’une transformation du “travail” en Chine. A chaque crise ils vont de l’avant vers une amélioration du système de santé et ils ont fait des pas gigantesques en matière de lutte en faveur de l’environnement.
Donc si Fabien Roussel a commencé malgré le secteur international à mesurer à quel point la Chine n’est pas la coupable de la destruction du tissu industriel français, il reste en retard quand il glisse comme dans son interview de hier un stéréotype sur la Chine qui pollue, il ne mesure pas à quel point il y a un effort dans ce domaine en Chine et comment cet effort est freiné par la pression sur les “exportations” chinoises.
La nouvelle administration américaine prétend également poursuivre une stratégie de découplage économique chinoise et elle est suivie par l’UE. Cela est censé réduire la dépendance des États-Unis vis-à-vis de la Chine en déplaçant leur chaîne d’approvisionnement et pourrait restreindre les investissements américains en Chine. Une manne que l’on fait miroiter à d’autres pays asiatiques comme le Vietnam et l’Inde. Mais outre le fait que les résultats précédents n’ont rien d’évident cela ne peut que se traduire par une montée de l’inflation, ce qui est non seulement une des causes du mécontentement des citoyens mais qui pèse sur les capacités de l’industrie elle-même autant que sur la possibilité dans ce cas d’accompagner le “progrès” numérique.
Cette récession organisée pèse déjà aujourd’hui sur les pays producteurs d’énergie et accélère là encore le recours aux BRICS. C’est d’ailleurs déjà ce qui ne fait pas de la Russie le soutien que l’on imagine de Trump et de ses promesses de lâcher l’Ukraine. Par parenthèse, il envisage de lâcher Taïwan qui produit 60% des semi-conducteurs de la planète et qui selon lui a “volé” aux Etats-Unis cette industrie et veut se faire livrer gratuitement des armes. Contrairement à Biden, et aux provocations de Nancy Pelosi, Trump est plus qu’ambigu sur la question de savoir s’il défendrait Taïwan en cas d’invasion chinoise. Et le marchandage à propos de l’Ukraine peut être le même qu’en ce qui concerne Taiwan. Mais dans les deux cas la situation a évolué et en particulier Moscou a gagné la guerre et sait que l’avenir de cette victoire dépend d’une autre configuration qui lui interdit de rompre avec la Chine mais aussi avec l’Iran, ou même à renouer avec la politique de l’Union soviétique ou celle des non alignés menée avec Chavez au sein de l’OPEP comme nous l’avons vu dans un texte précédent.
Depuis la première administration Trump tout a beaucoup évolué sur le plan économique, celui du développement des forces productives et sur la traduction de ce mouvement dans des rapports politiques et diplomatiques alors que nos politiciens sont visiblement en retard d’une dizaine d’années et plus.
Pourtant Trump ne change pas de stratégie et il a affirmé qu’il pourrait augmenter les droits de douane avec la Chine jusqu’à 200 %. La Chine semble attendre et laisser venir mais en fait elle a comme les Etats-Unis, dans le cadre des BRICS et au-delà, réorganisé son économie et ses liens, Pékin est obligé comme la Russie de poursuivre des alliances en dehors du monde occidental. La Chine doit s’engager de plus en plus avec l’Association des nations du sud-est et le conseil de coopération du Golfe, en limitant et asphyxiant de fait l’occident dans ses exportations et ses investissements. Ce qui pourrait se traduire par un mécontentement des citoyens autant que par une absence de moyens pour faire face à une “menace” chinoise et russe qui ont été créées de toutes pièces par des gens incapables de l’affronter.
Le bras de fer sera néanmoins très douloureux pour ceux que l’on envoie au massacre comme pour ceux qui perdent leur emploi et qui quand ils en ont un ont de plus en plus de mal à se loger, se soigner, et éduquer leurs enfants.
Pour décrire toute l’ambiguïté de cette “guerre”, il reste à voir le rôle qu’Elon Musk jouera dans la deuxième présidence : il apparait en ce moment comme un deuxième vice-président et Trump a indiqué que Musk dirigerait une “commission d’efficacité gouvernementale” ce qui pose déjà un problème puisque les financements dont il bénéficie sont largement ceux de L’État américain (par exemple la NASA) mais surtout le fait que les voitures électriques Tesla dépendent fortement du marché chinois et que Tesla a une de ses principales usines à Shanghai.
Fabien Roussel et à travers lui on peut espérer une autre parole qui réveillerait “la gauche” et les forces progressistes de leur atlantisme commence à percevoir que Trump et Harris c’est bonnet blanc et blanc bonnet, c’est un grand pas. Il faut considérer que simplement la gauche a réussi à donner d’elle l’image d’une élite méprisant le peuple alors que l’extrême-droite prône un “protectionnisme” plus pacifique mais qui continue à se sentir menacée par des autocrates qui eux sauraient mener virilement des politiques agressives dont il faut se préserver… Fabien Roussel a accompli un pas immense en dénonçant les “actionnaires”, “le coût de l’énergie” et la guerre… Il est bien seul pour affronter le consensus et pourtant il n’est qu’au milieu du gué dans sa dénonciation courageuse.
Danielle Bleitrach
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Xuan
En face de Duhamel qui ne cessait pas de lui couper la parole, il a défendu un point de vue de classe avec acharnement et une juste position sur les violences inacceptables à Amsterdam. Mais j’ai noté que son ton a changé et qu’il est beaucoup plus offensif.
En effet, la Chine pollue, mais au prorata de sa population elle n’est pas le premier pollueur et elle fait beaucoup d’efforts pour s’améliorer, tous les pays y compris développés ne peuvent pas en dire autant et certains font des pieds et des mains pour entraver le développement des véhicules électriques.
L’avis des camarades cubains nous alerte aussi : les peuples du sud global ont également le droit d’avoir des machines à laver, des fours micro ondes, des voitures, au lieu de laver leur linge dans les rivières ou dans un marigot, ou pas du tout parce qu’ils n’ont même plus d’eau.
Ils ont eux aussi le droit de sortir d’une économie agraire et de s’industrialiser, et probablement le feront-ils plus proprement.
Concernant l’interview du 11 novembre, qu’il a signalée sur https://liberte-actus.fr/politique/vie-politique/eFR
Interview déjà relatée ici, je relève
« La coopération entre les peuples, l’amitié entre les peuples, la création des liens économiques et justes entre les pays, sont des questions essentielles pour construire un monde de paix. Travailler à faire en sorte que nous ayons des relations équilibrées, des instances internationales qui ont autorité pour apaiser les conflits et les tensions sont des objectifs qu’il importe aujourd’hui d’affirmer ».
Ainsi que le lien étroit entre la paix et le progrès social.
Tout ceci rejoint de très près les nombreux efforts de la Chine pour la paix, tant dans ses initiatives dans les instances internationales et dans ses propres problèmes frontaliers, que dans les réseaux et infrastructures économiques. Elle affiche aussi un remarquable bilan dans le progrès social, depuis l’instauration du socialisme.
A peu près à la même époque la Chine des empereurs Ming et Qing avait fermé ses frontières tandis que l’Europe s’aventurait dans le monde, et c’est une des raisons (à part le colonialisme) du déclin de l’une et de l’essor de l’autre
C’est en créant sur son propre territoire de tels réseaux et infrastructures qu’elle a pu atteindre son niveau actuel de développement, ainsi qu’en s’ouvrant au monde extérieur. Et c’est une leçon de l’histoire que dans tous les pays le désenclavement et l’extension des voies commerciales a permis l’essor des sociétés.
L’effort de la Chine Populaire en faveur de la paix mondiale est discret, il ne fait pas de bruit, surtout dans nos médias et sur nos plateaux TV. C’est aux communistes de notre pays de le rappeler.
Bosteph
Attention, à propos des véhicules électriques – voitures en particulier vous vouliez parler, je présume . C’ est une folie que de vouloir un marché de véhicules 100% électriques pour 2035, comme le veut “Bruxelles” (ce qui devrait déjà interpeller !) . Tout le monde ne pourra pas se payer une voiture électrique, malgré les aides de l’ État (d’ ailleurs plutôt revues à la baisse) . Par contre, il faut encourager les transports collectifs, notamment les trains (TER notamment), et les meilleurs correspondances possibles avec les métros/tramways/BHNS et autres bus “plus classiques” . PACA peut servir d’ exemple, notamment avec les (envisagés) SERM de Marseille, Toulon, et Nice.
zor
PACA, dirigée par Muselier, entre autre admirateur et soutien de Macron, commence la privatisation du réseau TER en attribuant les TER Marseille Nice à Transdev, une société de hauts-fonctionnaires qui vont vivre grassement sur fonds régionaux. Souhaitons grèves et blocages de ces trains Transdev et retour rapide au seins de SNCF avec intervention des syndicalistes de lutte pour remettre un service public de transport et débarrasser cette région des imposteurs cachés et guidés par Muselier – Ciotti et autres nervs.
Bosteph
Je vous comprends et je partage, à propos de la privatisation . Par contre, les SERM ou “RER Métropolitain”) n’ ont rien à voir avec Transdev sur les circulations Marseille – Nice . D’ ailleurs, c’ est le symbole de futurs problèmes qui se dessinent : comment bien articuler les futurs TER de Transdev avec les autres TER style Marseille – Aubagne – Toulon ou Nice – Cannes – Saint Raphaël/Grasse . Les correspondances sont importantes, et avoir syr une même ligne des opérateurs concurrents, c’ est l’ assurance de “futures guerres de correspondances”, comme au début de la privatisation du Rail Britanniques..
Etoilerouge
Il est clair que la production industrielle de l’occident en matière d’automobiles est étonnante: sa production est immensément chère aux consommateurs alors que la production industrielle a comme effet premier la baisse des coûts des produits finis. Seule baisse certaine les salaires de la classe ouvrière. Alors la concurrence chinoise leur pose problème car eux baissent les coûts des produits finis automobiles ou autres tout en augmentant les salaires. L’IA de ce pays socialiste leur permettra sûrement d’amplifier ce cercle vertueux. De l’autre côté Japon colonies euro américaines usa les coûts augmentent et les désordres sociaux et monétaires aussi. Augmenter les taxes contre la seule chine communiste ne fait qu’augmenter l’inflation, les impôts des travailleurs et la récession par mesures de rétorsion.Mais 900 millions de citoyens des pays ne peuvent arrêter 6 milliards qui veulent vivre et se développer voitures électriques incluses. La France est colonisée par le GD capital anglo saxons et non la Chine.