Il en est ainsi de la plupart des farces qu’invente l’Occident pour nous jeter dans les guerres – qui elles rapportent chaque jour plusieurs millions aux trusts de l’armement qui, comme par hasard se sont appropriés des titres de presse. Souvenez-vous du faux charnier de Timisoara, des bébés en couveuse de Saddam Hussein. Voici l’affaire de l’oligarque transfuge empoisonné à Londres. On découvre une autre réalité d’une manière beaucoup plus confidentielle cette fois. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)
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Texte : Vladimir Kornilov
Il est difficile de trouver une affaire plus médiatisée que l’empoisonnement du transfuge russe Sergei Skripal et de sa fille Yulia dans la ville anglaise de Salisbury en mars 2018. Nous nous souvenons tous des accusations retentissantes portées contre la Russie, de l’expulsion de nos diplomates de différents pays, de l’imposition de sanctions et des demandes universelles d’enquêter sur ce mystérieux incident et de punir sévèrement les auteurs.
Aujourd’hui, en Grande-Bretagne, plus de six ans après, un procès a lieu sur cette affaire. Mais d’une manière ou d’une autre, il se déroule très modestement, sans excitation, sans bruit et sans couverture adéquate dans la presse locale. De plus, officiellement, il ne s’agit même pas d’un procès concernant les Skripal. Selon tous les documents, Londres entend actuellement l’affaire de l’empoisonnement de Dawn Sturgess, la seule victime de la mystérieuse substance, définie par Londres comme étant du « Novitchok ». Rappelons que Sturgess, 44 ans, est décédée en juillet 2018 dans la ville d’Amesbury, à 11 kilomètres du lieu de l’empoisonnement des Skripal.
Il convient de noter que pendant toutes ces années, c’est la Russie, que l’Occident tenait unanimement pour responsable de ces crimes, qui a le plus insisté pour qu’une enquête soit menée. Nos diplomates ont inlassablement exigé qu’on leur donne au moins quelques contacts avec les Skripal, ces citoyens russes disparus sans laisser de traces quelque part dans les profondeurs des services secrets britanniques. Sont-ils vivants ou non ? Que leur fait-on ? Sont-ils torturés ou non ? Toutes les questions de l’ambassade russe sont restées sans réponse. On ne peut qu’imaginer le bruit que ferait le monde si des citoyens américains ou britanniques disparaissaient en Russie sans laisser de traces de la même manière. Ils ne veulent pas communiquer avec leurs ambassades, alors croyez-nous sur parole.
On espérait que les Skripal seraient présents au procès ou qu’ils s’exprimeraient au moins par liaison vidéo, ce qui prouverait qu’ils étaient en vie. Mais à la veille du procès, il a été annoncé que seules les explications écrites des deux victimes seraient présentées au tribunal. Et personne ne se soucie de savoir dans quelles circonstances ces étranges témoignages ont été obtenus.
Et ils contiennent de nombreuses incohérences étranges et évidentes. La plus grande partie du témoignage de Skripal est consacrée à la réfutation de ses propres explications données après avoir repris conscience (« j’ai été mal compris ») et des histoires qu’il a racontées sur lui-même à ses voisins (« si je l’ai dit, c’était une exagération »). En particulier, il nie catégoriquement leur avoir parlé de ses affaires en Espagne et à Malte. Entre-temps, les voisins posent une question raisonnable : que faisait Skripal pendant toutes ces années et d’où venait l’argent ? Cette question devrait être posée au tribunal. Mais comme nous le savons, les juges sont privés de cette possibilité.
Néanmoins une phrase importante s’est glissée dans le témoignage, que les médias britanniques ne soulignent pas : « Je n’ai jamais pensé que le régime russe essaierait de me tuer au Royaume-Uni. S’ils l’avaient voulu, ils auraient facilement pu me tuer lorsque j’étais en prison ». Une supposition raisonnable, si l’on essaie de trouver un seul motif aux actions des “Russes perfides” pour étayer la version officielle des événements ! Pourquoi Moscou aurait-elle besoin d’organiser une telle traque pour quelqu’un qui était entre ses mains depuis plusieurs années ? Mais il semble que personne n’ait cherché de mobile dès le départ.
Tout le monde attendait avec impatience le témoignage d’un autre témoin précieux qui s’était étonnamment retrouvé « au bon endroit, au bon moment ». Il s’agit du colonel Alison McCourt, infirmière en chef de l’armée britannique, dont la présence suspecte sur les lieux du crime avait été expressément signalée par l’ambassade de Russie en Grande-Bretagne. Mais elle ne s’est pas non plus présentée au tribunal, se contentant de transmettre une déclaration écrite.
L’explication de l’absence de Mme McCourt (aujourd’hui à la retraite) est également surprenante : il s’avère qu’elle est toujours traitée pour les effets de l’empoisonnement. Mais cela ne l’a pas empêchée de continuer à servir pendant quatre ans après l’incident de Salisbury et d’atteindre le grade de brigadier. Elle a expliqué son apparition à proximité du lieu de l’empoisonnement par une « coïncidence » : ce jour-là, elle était allée avec ses enfants au restaurant rapide Nando’s. Or, Salisbury était la ville la plus proche de la famille du colonel, spécialisé dans la lutte contre les virus mortels, où l’on pouvait trouver un restaurant de cette chaîne. On aurait pu se demander si le laboratoire militaire secret de Porton Down, situé à seulement six kilomètres de l’endroit où les Skripal ont été empoisonnés, n’était pas en cause. Mais ce précieux témoin ne s’est pas présenté dans la salle d’audience – il n’y a donc pas de questions inutiles.
En d’autres termes, au lieu de répondre aux questions que notre pays avait posées depuis longtemps, de nouvelles questions et de nouvelles déclarations sur les coïncidences les plus étonnantes sont apparues. Il se trouve que la principale spécialiste de l’armée britannique en matière d’empoisonnement s’est retrouvée à la vitesse de l’éclair à côté du banc des Skripal. La coïncidence est telle que l’ambulancier qui a répondu à l’appel aurait mélangé le médicament et injecté accidentellement celui qui a finalement sauvé la vie de M. Skripal – quand personne ne savait avec quoi il avait été empoisonné ni comment le traiter. Une fois encore, le fait que le laboratoire de Porton Down se trouve exactement à mi-chemin entre les lieux d’empoisonnement des Skripal et des Sturgess est une pure coïncidence. Il s’agit là d’une coïncidence absolue qu’il convient d’ignorer ! Et seule l’apparition de deux citoyens russes, Petrov et Boshirov, quelque part dans les environs, devrait être considérée comme une preuve !
Bien sûr, s’il s’agissait d’un tribunal honnête, équitable et contradictoire, toutes ces questions sur les « coïncidences » auraient dû être posées aux participants au processus. Mais voilà, le coupable a depuis longtemps été désigné et puni par des sanctions diverses et l’expulsion de diplomates ! C’est pourquoi personne n’a plus besoin de procès, on peut le remplacer par une farce judiciaire. C’est ce que font les Britanniques.
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