Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Michelin licencie, c’est la faute à la Chine ou aux actionnaires ? l’impérialisme aujourd’hui, par Xuan

De temps en temps face à l’absurdité de la propagande occidentale où l’art d’éviter l’essentiel pour nous perdre dans des gadgets mensongers dont nous donnons par ailleurs l’exemple, il faut en revenir à l’essentiel de la politique de l’occident global sur le mode des USA. Ce sont les capitalistes, managers, soumis au diktat financiers des “actionnaires” investisseurs qui ont détruit aux USA le tissu industriel et transformé une classe ouvrière qualifiée en sous-prolétariat et en le divisant sur des bases raciales. En partant d’une alliance au sein des “démocrates” qui faisaient de la bureaucratie syndicale leurs meilleurs alliés contre “le communisme”. Ils ont baptisé ainsi toutes les tentatives des pays du sud pour avoir la maitrise de leurs ressources. Avec l’aide des dirigeants syndicaux et des dirigeants démocrates ils ont attaqué idéologiquement des nations entières. C’est donc ce système derrière le capitaliste qui est seul à connaitre la réalité de l’économie qui a désindustrialisé le pays et a investi en Chine, comme depuis Mitterrand la France s’est délocalisée en Europe, dans le sud mais aussi dans les anciens pays socialistes parce que les pays socialistes avaient un meilleur niveau de formation des travailleurs que les pays du tiers monde d’où partait une population rurale. Ce sont comme le dit Roussel les actionnaires qui ont vidé nos pays de son potentiel industriel et aujourd’hui les mêmes continuent à vouloir attribuer à la Chine cette ruine qu’ils ont voulue. Tout cela pour entraîner une économie de guerre qui profitera aux mêmes et détruira un peu plus. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Michelin licencie 1250 salariés, Auchan 2389, après s’être gavés de subventions.

Michelin se plaint de la « concurrence chinoise » mais il faut rappeler que Michelin avait investi plus d’un milliard d’euros sur dix ans en Inde pour “acquérir 100% d’une nouvelle société, Michelin India Tamil Nadu Tyres, mise sur pied en avril 2009”, puis supprimé alors 1100 postes.
https://www.challenges.fr/automobile/michelin-un-milliard-d-euros-d-investissement-en-inde_400684

D’autre part c’est la baisse des ventes qui est en cause, y compris en Chine, qui a provoqué une baisse du chiffre d’affaires de 4,2 % à taux de change constant au troisième trimestre.
https://www.lerevenu.com/reussir-bourse/conseils-bourse/michelin-victime-de-la-conjoncture-mondiale/

Deux semaines avant la destruction du gazoduc Nord Stream, Michelin gros consommateur d’énergie cherchait à passer du gaz à l’électricité « en cas de rupture d’approvisionnement ou de flambée des cours en raison de la crise entre la Russie et l’Europe à propos de l’Ukraine »
https://www.challenges.fr/economie/michelin-pret-a-suspendre-la-co-generation-pour-economiser-le-gaz_827042

Ainsi la hausse du prix du gaz qui en a résulté, avec une facture cumulée de 4 milliards d’euros fin 2022 dont 2,5 pour l’année 2022, est une des causes des difficultés de Michelin.

Le protectionnisme et les crises économiques

Après la crise de 2008, un article de Finance et Développement paru en mars 2010 s’intitulait « Éviter le protectionnisme »
https://www.imf.org/external/pubs/ft/fandd/2010/03/henn.htm

Je ne cite pas tout l’article, juste quelques extraits, mais il serait utile d’y jeter un œil.
L’article attirait l’attention sur les effets du protectionnisme en 1930 et le risque qu’il ferait courir dans une situation comparable :

« …Les récessions et leurs conséquences ont été un terreau fertile pour les pressions protectionnistes. Lorsque la production économique chute et que le chômage augmente, l’idée que le commerce extérieur est en quelque sorte en cause est séduisante. La tentation grandit d’exporter le chômage en bloquant les importations et en subventionnant les industries nationales, même si les faits montrent que de telles politiques sont contre-productives.

La Grande Dépression des années 1930 a donné lieu à de graves mesures protectionnistes qui ont exacerbé et étendu le chaos économique et social dans le monde… »
[…]
« En 1929, le Congrès américain avait commencé à travailler sur une augmentation substantielle des droits de douane avant même le krach boursier. La promulgation de la loi Smoot-Hawley Tariff Act en juin 1930, malgré les fortes objections de nombreux économistes, a provoqué un profond ressentiment et des représailles à l’échelle mondiale. Une conférence de la Société des Nations convoquée en 1930 pour éviter un cycle de protectionnisme a échoué. En 1931, le commerce mondial s’est détérioré de manière accélérée et une « ruée chaotique pour protéger les marchés intérieurs et préserver la balance des paiements » a eu lieu (Eichengreen et Irwin, 2009). Les principaux pays ont procédé à d’importantes dévaluations de leur monnaie, imposé des restrictions de change ou fortement resserré les droits de douane et introduit des quotas d’importation. En l’absence d’une politique monétaire indépendante, les pays qui maintenaient leur monnaie fixe par rapport à l’or étaient plus susceptibles de restreindre les échanges commerciaux, en particulier lorsque les pays partenaires dévaluaient leur propre monnaie.

Le volume des échanges mondiaux a chuté de 25 % entre 1929 et 1933, la moitié de cette baisse étant imputable à la hausse des barrières commerciales. Aux États-Unis, le nouveau tarif douanier a fait passer le taux moyen des importations passibles de droits de douane de 40 % à 47 %. L’effet le plus important est toutefois venu de l’interaction entre la déflation et l’utilisation de tarifs « spécifiques ». Irwin (1998) a conclu que les augmentations des tarifs effectifs (tant dues à la loi Smoot-Hawley que de la déflation) ont entraîné une baisse de 12 à 20 points de pourcentage des importations américaines entre 1930 et 1932.

Bien que le protectionnisme n’ait pas été la cause de la Grande Dépression, la hausse des barrières commerciales l’a exacerbée et, surtout, a contribué à étouffer la reprise. La production mondiale est revenue à ses niveaux d’avant la crise en 1938, mais avec un ratio échanges/PIB inférieur de 20 % à celui de 1929. Même si les différentes couches de restrictions ont été supprimées à partir de 1934, il a fallu dans certains cas des décennies pour inverser les erreurs de 1930-1932. »

Le protectionnisme est ainsi une des causes du fascisme et de la guerre.

Le développement contemporain de l’impérialisme

On ne peut pas comparer trait pour trait la situation actuelle et celle qui a précédé la seconde guerre mondiale.

Cette époque-là était encore celle d’un monde partagé entre plusieurs impérialismes et où l’URSS venait de naître. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes était un processus à peine naissant.

La révolution soviétique avait produit un changement historique en mettant fin à l’ère des révolutions nationales démocratiques bourgeoises, et en les transformant en « une partie de la révolution prolétarienne mondiale », selon l’analyse de Staline en 1925 : « Il serait ridicule de ne pas voir que, depuis, la situation internationale s’est transformée radicalement ; que la guerre, d’une part, et la Révolution d’Octobre en Russie, de l’autre, ont transformé la question nationale en faisant d’un élément de la révolution démocratique bourgeoise un élément de la révolution socialiste prolétarienne. Déjà en octobre 1916, dans son article: “Le Bilan de la discussion sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes”, Lénine disait que le point essentiel de la question nationale relatif au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes avait cessé d’être une partie du mouvement démocratique général, qu’il était déjà devenu partie intégrante de la révolution socialiste prolétarienne générale.» [“Encore une fois sur la question nationale”]

Mais après la seconde guerre mondiale et tout particulièrement depuis la contre-révolution en URSS, l’impérialisme US a brisé l’ensemble des anciennes puissances coloniales et établi un pouvoir hégémonique, instaurant une situation nouvelle où de nouveaux impérialismes ne peuvent plus renaître.

Parallèlement, au milieu des années 70, la « guerre du pétrole » montrait que la révolution nationale et démocratique passait de la lutte armée pour l’indépendance nationale à la lutte pour l’indépendance économique et technologique. Elle prenait alors une forme nouvelle, où le développement du capitalisme, opposé à l’impérialisme et à l’hégémonisme, n’est pas un nouvel impérialisme, contrairement aux thèses néo trotskistes dans lesquelles impérialisme et anti impérialisme sont jetés dans la même poubelle.

Nous voyons par contre que la révolution nationale démocratique du « sud global » se développe collectivement mais de façon inégale, et que les bourgeoisies nationales qui les dirigent la plupart du temps cèdent parfois face à l’hégémonisme, ne permettent pas le bien-être des masses et pratiquent la corruption voire la répression.

L’expérience historique montre que seuls les prolétariats et leurs partis communistes peuvent conduire ces révolutions à leur terme et établir des sociétés socialistes.

Mais le rôle dirigeant de la Chine Populaire donne à ces révolutions lorsqu’elles se poursuivent une nature comparable à celle des révolutions de démocratie nouvelle définies par Staline puis Mao Zedong : « une partie de la révolution prolétarienne mondiale ».

L’émergence de la Chine Populaire ainsi que la poursuite des révolutions nationales démocratiques sous la forme économique et technologique, créent alors un monde alternatif, à la fois lié et opposé à l’hégémonisme et à l’impérialisme dans le cadre de la mondialisation.

Cette interconnexion contradictoire engendre une « communauté de destin », qui vise une mondialisation multipolaire, antagonique avec l’hégémonisme US.

Ainsi, le Global Times écrivait le 29 octobre :
« L’intensification continue de la campagne de répression technologique des États-Unis perturbera davantage les activités commerciales normales, en particulier celles des entreprises américaines qui se développent ou envisagent d’étendre leurs activités sur le vaste marché chinois, mais cela n’empêchera pas la capacité croissante de la Chine en matière d’innovation technologique indépendante ».
https://www.globaltimes.cn/page/202410/1322083.shtml

La réaction militaire violente de l’hégémonisme US ainsi que ses mesures de découplage s’opposent factuellement à la mondialisation, au développement des forces productives mondiales. Elles menacent la paix et l’équilibre économique mondial, mais aussi le développement des USA lui-même, voire l’unité interne des Etats-Unis.

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En ce qui concerne les pays impérialistes comme le nôtre, ils sont pris entre l’hégémonisme et l’essor du sud global, ce qui précipite leur effondrement.

La rente impérialiste de notre pays fond comme un glacier sous le dérèglement climatique, et la crise qui le secoue dans tous les domaines aussi bien économique que social et institutionnel, est parfaitement identifiée par les masses. Mais l’absence de direction et d’organisation révolutionnaire des masses laisse libre cours à la division et à l’impuissance.

Des courants nationalistes chauvins et racistes s’affichent contre l’hégémonisme ou contre les mesures anti sociales mais c’est du flan. Ils font des pressions pour un « retour aux valeurs traditionnelles », pour le protectionnisme, pour l’exclusion et la division du peuple, c’est-à-dire pour l’Union Sacrée derrière les monopoles capitalistes.

La division du peuple, le repli sur soi et le protectionnisme ne peuvent pas s’opposer à l’hégémonisme, ni à la mondialisation multipolaire qui est irréversible. Les conséquences sont la hausse des prix à l’intérieur, la baisse de la compétitivité sur le marché international, la baisse de la croissance économique, de la recherche et de l’innovation, le vieillissement du système productif, le retard technologique et le ralentissement du progrès technique. Les effets d’une crise économique y sont décuplés.

C’est-à-dire que les courants nationalistes bourgeois n’ont pas davantage d’issue que la clique dépareillée au pouvoir, ouvertement atlantiste. L’accaparement capitaliste par la rente financière a détruit le tissu industriel et agricole, et il détruit aussi le réseau commercial. Seul le socialisme peut réorienter l’investissement vers la production réelle, rétablir les services publics, développer les forces productives, planifier la reconstruction du pays.

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2 Commentaires

  • Maslonka
    Maslonka

    C’est terrible mais rien n’est écrit sur l’union européenne les Gope grandes orientations politiques économiques rien sur le ont programme national réforme que la France a signé a Bruxelles par un certain François H président de goooche en en janvier 2013 il y a 11 ans ou tout est écrit dont dont la disparition de la SNCF

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  • Roger
    Roger

    Une anecdote qui illustre bien l’avidité de la bourgeoisie et qui a un rapport avec cet article.
    J’ai commandé sur Aliexpress une dizaine de stylo encre (il y a un an, il valait souvent moins de 1 €). Le nombre de stylos a attiré l’attention de la douane et j’ai reçu ensuite une notification obscure sur l’indisponibilité future de ces produits en France pour des questions de loi du marché. Il faut dire que ces mêmes stylos son vendus plus de 10 fois plus cher par un papetier français, dont je tairais le nom. Ce papetier ne propose même pas le système chinois de cartouches rechargeables. Ces stylos me rappellent ma vie d’étudiant, quand mon futur directeur de thèse a interrompu son cours en se demandant si l’étudiant en face de lui écrivait ce qu’il disait même maintenant, tellement il me voyait le nez dans la feuille alors que la plupart se contentait bizarrement de noter un mot par ci par là. Cette technique de prise de note m’a d’ailleurs bien servie dans ma vie militante.
    Pour revenir au capitalisme, on voit que cette avidité de la bourgeoisie qui se contente maintenant de faire coller des étiquettes sur des produits chinois a pour effet de découpler la bourgeoisie de ses moyens de productions. Pour la bourgeoisie occidentale d’aujourd’hui, les moyens de productions sont réduits au minimum et se concentrent dans la superstructure idéologique et la sphère commerciale, d’échange. Tout cela pour favoriser la bourgeoisie financière, les baleines style Blackrock et Avantgard qui opèrent en pompant le maximum de plus value des biens qu’ils contrôlent (encore un peu de moyens de productions, beaucoup de moyens d’échanges qu’ils détruisent pour en tirer le maximum, y compris des banques).
    Dans ce sens, on peut remarquer aussi que cette bourgeoisie contrôle les superstructures étatiques et supranationales en occident. sans cela, elle n’aurait pas ce pouvoir. Elle se cache aussi derrière ces structures. Le rôle des communistes est aussi de les désigner en tant que tel, de dénoncer ces mécanismes qui correspondent au stade ultime (actuel?) du capitalisme. Ainsi, on peut s’étonner et remercier les dirigeants du parti communiste Chinois, qui ont su garder un certain cap alors qu’ils étaient dans des difficultés incroyables dans les années 60 à 80. Cela montre qu’il ne faut jamais capituler, oublier les fondements du marxisme et aussi les enrichir. la bourgeoisie connait tout cela et en occident finance toutes sortes de pseudo-organisations qui sont chargées d’occuper la niche révolutionnaire, d’aboyer et de mordre pour éviter toute renaissance des idées communistes ‘autres qu’une soupe froide réchauffée et insipide qu’elle propose au menu).

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