Cette enquête sur les mères ukrainiennes nous fait souvenir avec Marianne du mur auquel nous nous sommes heurtées dans les médias y compris la Marseillaise qui a refusé de venir écouter les mères de ceux qui avaient été brûlés vifs à la maison des syndicats à Odessa, par les troupes de Kolomoisky, l’oligarque qui a installé Zelensky à la tête de l’Ukraine (celui-ci avait promis de faire la paix). Il y avait la mère d’un jeune communiste de 18 ans et il n’y a pas eu envers ces mères la moindre main tendue tant l’atlantisme régnait en maitre dans toute la presse et cela n’a pas changé… Au même moment l’hebdomadaire ELLE faisait sa Une avec l’une des hyènes nazies qui avaient brûlé vifs les pro-russes ou désignés comme tels parce qu’ils refusaient le coup d’Etat du Maidan et ne voulaient pas se voir imposer l’ukrainien et l’interdiction du russe. Quelques temps après on trouvait cette “héroïne” des médias en train d’agiter un drapeau nazi. Alors ce que l’on fait aux “mères” des réfugiés n’a rien d’étonnant… Ce qui l’est plus c’est qu’il ne se soit pas trouvé un seul média pour dire la vérité sur les “héros”, leur corruption, leurs crimes… Parce que l’UE ce n’est rien d’autre que la mise en concurrence des forces de travail, la surexploitation et la privatisation des terres vouées à la guerre civile, et les citoyens des ex-pays de l’est qui ont bénéficié des vestiges d’un système éducatif et d’une formation issue du socialisme sont parmi les plus appréciés, ce qui ne veut pas dire rétribués en conséquence… (note de Danielle Bleitrach)
Depuis le déclenchement des combats dans leur pays, de nombreux Ukrainiens ont dû fuir pour aller s’installer dans d’autres pays. Mais même loin de la guerre, les difficultés continuent. Les mères réfugiées, en particulier, doivent affronter sur le marché du travail des discriminations et une sous-valorisation de leurs compétences.
Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine en février 2022, des millions d’Ukrainiens ont été contraints de fuir leur pays, cherchant refuge dans les pays voisins. Parmi eux, un grand nombre de mères ont traversé la frontière polonaise dans l’espoir de reconstruire leur vie dans un environnement inconnu. Même si des pays européens comme la Pologne ont d’abord accueilli ces réfugiées avec beaucoup de bienveillance, leur intégration durable sur le marché du travail demeure pleine de difficultés.
Notre étude explore les expériences de ces femmes, révélant comment elles naviguent dans un entrelacs complexe de maternité, de statut de réfugiée et d’identité culturelle, tout en affrontant une forte méconnaissance de leurs compétences. Ainsi, elles n’ont pas la possibilité de négocier les conditions de leur inclusion.
La double identité de mère et réfugiée
La méconnaissance, telle que conceptualisée par le sociologue Pierre Bourdieu, se réfère à la dévalorisation ou sous-valorisation des capitaux sociaux, économiques et culturels d’un individu au sein d’une société donnée. Pour les mères réfugiées ukrainiennes, cette méconnaissance se manifeste sous diverses formes, depuis la non-reconnaissance de leurs qualifications professionnelles jusqu’à la perception de leur rôle dans la société de réception.
Bien que ces femmes soient hautement qualifiées et expérimentées dans leurs domaines, elles se retrouvent souvent reléguées à des emplois mal rémunérés et de faible statut, bien en deçà de leurs compétences. Des managers ou docteurs se retrouvent ainsi parfois à travailler dans des pizzerias, pour des salaires bien inférieurs. Leurs diplômes et expériences professionnelles sont souvent ignorés parce qu’ils ne sont pas reconnus institutionnellement, et elles subissent le stigmate lié au statut de réfugiée mère, perçu comme peu qualifié. Les groupes marginalisés sont en effet souvent confrontés à de plus grandes difficultés pour établir leur légitimité dans des contextes qui perpétuent les inégalités de pouvoir et l’oppression. Par conséquent, les rapports de pouvoir empêchent ces femmes de négocier les conditions de leur inclusion.
L’intersection de la maternité et du statut de réfugiée exacerbe les difficultés auxquelles ces femmes sont confrontées. Contrairement aux migrants volontaires qui peuvent anticiper leur transition, les mères réfugiées sont souvent non préparées à ce changement soudain de pays. Ce manque de préparation, combiné à leur responsabilité principale qui consiste à prendre soin de leurs enfants, limite sévèrement leur capacité à négocier de meilleures conditions de travail ou à chercher un emploi correspondant à leurs compétences. Cette situation est encore compliquée par l’absence de réseaux de soutien, car beaucoup ont non seulement quitté leur foyer, mais aussi leurs familles et leurs communautés élargies.
La violence symbolique et l’exclusion du marché du travail
La violence symbolique, un autre concept forgé par Pierre Bourdieu, désigne les formes subtiles, souvent invisibles, de domination qui perpétuent les inégalités sociales. Pour ces mères réfugiées, la violence symbolique se manifeste dans la façon dont leurs capitaux symboliques et culturels comme les diplômes sont systématiquement dévalorisés. De plus, les mères, quand elles sont contraintes de garder leurs enfants malades à la maison, risquent souvent de perdre leur emploi. Sans réseau de soutien, elles se retrouvent isolées et démunies. La violence symbolique persiste aussi parce qu’elle n’est pas reconnue, car les mères réfugiées ne remettent pas en question leurs conditions de vie.
Ces femmes sont souvent également confrontées à des préjugés et stéréotypes, tels que l’attente selon laquelle les travailleurs ukrainiens devraient accomplir plus de travail pour moins de salaire. Cette attente découle de la croyance que ce groupe, perçu comme différent du groupe dominant dans la société, va tout accepter pour s’intégrer. Ces conditions créent une forme d’inclusion conditionnelle, où les mères réfugiées peuvent participer au marché du travail, mais uniquement selon des termes qui renforcent leur position inférieure.
La nécessité d’un changement structurel
Les conclusions de notre étude soulignent la nécessité de politiques et pratiques plus inclusives sur le marché du travail. Les employeurs, les décideurs politiques et la société civile doivent reconnaître les défis uniques auxquels sont confrontées les mères réfugiées et prendre des mesures pour surmonter les barrières systémiques qui entravent leur inclusion.
Cela inclut non seulement la reconnaissance et la valorisation de leurs qualifications professionnelles, mais aussi la fourniture d’un soutien adéquat en matière de garde d’enfants et la création de voies pour leur mobilité ascendante sur le marché du travail. Mais la nécessité la plus grande est de reconnaître les enjeux de pouvoir au sein de la société qui mettent les groupes marginalisés en difficulté.
Aneta Hamza-Orlinska ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.
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